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France > société

travail, stress, éducation, chômage, pauvreté,
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logement, comportements sociaux, émeutes

 

 

 

La crise sociale française :
des nouvelles précarités, des salariés plus isolés

 

21.11.2005 | 15h36 • Mis à jour le 21.11.2005 | 15h36
Article paru dans l'édition du 22.11.05
Le Monde
Eric Maurin

 

Au premier regard, la société française reste la société de classes qu'elle était dans les années 1950, avec un haut et un bas bien identifiés, se reproduisant implacablement de génération en génération.

Non seulement les classes populaires (ouvriers et employés) n'ont pas disparu, mais elles représentent toujours la majorité de la population active (environ 60 %). En apparence, leur situation salariale reste également très stable : un ouvrier (ou un employé) gagne 2,5 à 3 fois moins qu'un cadre, aujourd'hui comme il y a vingt ans. De même, le chômage touche toujours 3 ou 4 fois plus souvent les ouvriers ou les employés que les cadres. Enfin, la démocratisation de l'accès à l'enseignement secondaire n'a pas vraiment atténué les inégalités considérables de perspectives scolaires et sociales pour les enfants des différentes catégories.

L'échec scolaire au primaire et au collège reste 4 à 5 fois plus fréquent chez les ouvriers que chez les cadres : une majorité des enfants de cadres finiront cadres et une toute petite minorité (moins de 10 %) finiront ouvriers ou employés ; inversement, une majorité des enfants d'ouvriers finiront ouvriers ou employés. En somme, si l'on regarde le paysage à partir des catégories forgées dans l'après-guerre — ouvriers, employés, cadres, etc. —, il nous renvoie l'image d'une France très stable.

Et pourtant, tout a changé.

Le symptôme le plus cru en est la crise générale de la représentation politique : des pans entiers du salariat modeste ont déserté la gauche et ne se sentent plus du tout représentés par les partis traditionnels. En mai 1981, le Parti socialiste rassemblait 74 % du vote ouvrier ; en avril 2002, il n'en captait plus que 13 %. La droite parlementaire ne profite guère de ce rejet : le vote des classes populaires a d'abord nourri la montée de l'abstention et, en second lieu, le vote pour les extrêmes. Lors de la dernière élection présidentielle, près du tiers des ouvriers qualifiés et des contremaîtres ont voté pour l'extrême droite.

Que s'est-il donc passé ? En réalité, les instruments mobilisés pour décrire le social racontent une société en trompe-l'oeil.

Les mêmes mots — ouvriers, professions intermédiaires, cadres... — décrivent des réalités sociales n'ayant plus beaucoup à voir avec la situation des années 1970. La classe ouvrière puissante et organisée a cédé la place à un nouveau prolétariat de services, invisible et dispersé. Employés de commerce, personnels des services directs aux particuliers, chauffeurs, manutentionnaires... Quelques métiers de services peu qualifiés regroupent désormais à eux seuls plus de 5 millions d'actifs, près de 3 fois plus que les ouvriers qualifiés de type industriel, figure naguère centrale de la classe ouvrière.

Un peu plus haut dans la hiérarchie salariale, les professions intermédiaires se divisent de plus en plus profondément entre une fonction publique surdiplômée, agressée par le rétrécissement du périmètre de l'Etat, et des classes moyennes du privé de plus en plus menacées par l'insécurité professionnelle. Plus haut encore, les emplois de cadres se sont multipliés, mais leur statut s'est inexorablement banalisé, surtout dans le privé : un nombre croissant d'entreprises gèrent leurs effectifs de cadres comme auparavant ceux de leurs salariés ordinaires.

Un même mouvement de fragilisation des relations d'emploi traverse le haut comme le bas de la société, divisant et transformant les anciennes classes sociales. Encore résiduels au début des années 1980, les contrats à durée déterminée représentent désormais plus des deux tiers des embauches. Ils sont devenus un passage obligé pour quiconque doit trouver ou retrouver un emploi. Un tiers seulement des contrats temporaires sont transformés en contrats à durée indéterminée.

Les emplois se créent aujourd'hui dans des termes plus incertains que naguère. Par la suite, leur destin s'écrit de façon également beaucoup plus aléatoire. Au-delà des hauts et des bas de la conjoncture, le risque annuel de perte d'emploi pour le chômage a augmenté en vingt ans de 30 % environ, dans tous les métiers salariés. Aux pires moments des restructurations du début des années 1980, 4 % des salariés perdaient leur emploi pour se retrouver au chômage l'année suivante. Quinze ans plus tard, durant la phase exceptionnelle de créations d'emplois de la fin des années 1990, ce même taux de perte d'emploi était supérieur à 5 %. La croissance n'endigue plus la montée de l'insécurité des emplois, laquelle est surtout très nette dans le secteur des services.

La fragilisation des relations d'emploi touche tout le monde, mais à des degrés divers. Les métiers d'ouvrier et d'employé sont certes davantage exposés que les métiers plus qualifiés, mais — au sein de chaque grande classe sociale — les emplois impliquant une relation de service sont davantage exposés que les autres. Plus de 25 % des employés de commerce et des personnels des services directs aux particuliers sont au chômage ou sous contrats à durée limitée, près de 2 fois plus que la moyenne nationale. Les inégalités de salaires sont restées très stables en France, mais les inégalités d'exposition à des conditions d'emploi fragiles ont augmenté considérablement.

La proportion d'ouvriers sous contrats précaires est aujourd'hui 7 fois plus forte que celle des cadres, alors que ce rapport n'était que de 1 à 4 vingt ans plus tôt. Ces nouvelles formes d'inégalité sont aujourd'hui bien plus profondes que dans la plupart des autres pays occidentaux. Elles génèrent des disparités de statut inédites, assez spécifiques à la France et qui sont en réalité des inégalités dans le rapport à l'avenir et dans le degré de socialisation. Elles représentent l'une des dimensions essentielles de la nouvelle architecture sociale.

Beaucoup plus que la mondialisation, c'est l'avènement d'une économie tournée vers la production de services qui transforme la condition salariale (les métiers ouvriers eux-mêmes s'exercent désormais en majorité dans les services). Au fur et à mesure qu'elles s'enrichissent, nos sociétés se détournent des produits industriels standardisés. Les entreprises industrielles elles-mêmes deviennent un lieu où se créent de plus en plus d'emplois de services (services d'études et de commercialisation notamment), à la périphérie de la production à proprement parler.

Plus fragile, le salariat est également isolé dans des structures de production plus petites où les rapports avec l'employeur, le client et le marché sont pluspersonnels et directs. Lors de la grande période de désindustrialisation (1980-1995), la taille des entreprises françaises s'est homogénéisée et a diminué en moyenne d'un tiers. Les enquêtes sur les conditions de travail révèlent que cette évolution s'accompagne d'une multiplication des tensions liées à la pression directe du marché, du client. Plus du tiers des ouvriers doivent désormais respecter des délais de production inférieurs à une heure.

L'éclatement du salariat dans de petites structures de services favorise également l'émergence d'arrangements extrêmement divers sur les horaires et les conditions de travail entre employeurs et salariés. Cette évolution rend très difficiles l'identification de problèmes communs entre salariés d'entreprises différentes et l'émergence d'identités collectives, et complique le travail de représentation des syndicats, lesquels sont très peu implantés dans les nouveaux secteurs de services. Pour les salariés, la multiplicité et l'hétérogénéité des arrangements locaux sont la source d'un sentiment diffus d'injustice, d'arbitraire et d'illisibilité du monde du travail. La nouvelle entreprise capitaliste a peu à peu cessé d'être pourvoyeuse d'identité et de statut social. De ce point de vue, le fossé s'est creusé entre le salariat des grandes entreprises et celui des PME, le salariat du privé et le salariat du public.

Le statut de la fonction publique apparaît de plus en plus comme un privilège aux yeux des salariés du privé, dont l'horizon d'emploi s'est rétréci et les conditions de travail durcies. Mais les salariés du public connaissent d'autres difficultés : durant ces années de chômage de masse, la fonction publique a été le refuge d'un nombre croissant de surdiplômés. Ces nouvelles générations de fonctionnaires ont le sentiment d'avoir déjà payé leur statut par une forme de déclassement. Elles ressentent comme d'autant plus injuste toute tentative de remise en question des termes du contrat qu'elles ont signé avec l'Etat.

Le malentendu et les clivages entre public et privé sont de fait de plus en plus saillants. Les résultats exprimés lors de la dernière élection présidentielle ont révélé une distance tout aussi grande entre les classes moyennes du privé et du public qu'entre les classes populaires et les classes moyennes. Gagnées par l'abstention et tentées par l'extrême droite, les classes moyennes du privé rejettent de plus en plus radicalement la société en train de s'édifier.

De nouvelles distances se creusent entre ceux que leurs statuts et leurs diplômes protègent devant l'avenir et les autres. Elles ne sont nulle part aussi visibles que sur le territoire et dans les choix résidentiels. Les changements de résidence restent en France relativement fréquents (10 % par an environ), mais ils ne donnent lieu à aucun brassage social.

Parmi les personnes changeant de résidence, les plus aisées, les plus diplômées, se massent de plus en plus exclusivement dans les quartiers les plus riches, et ainsi de suite, les plus pauvres n'ayant par défaut que les quartiers les plus déshérités pour emménager. Au final, les populations les plus riches se concentrent dans quelques territoires seulement, plus encore aujourd'hui qu'il y a vingt ans. Les quartiers sensibles ne sont qu'une conséquence d'un processus de séparation traversant toute la société.

L'âpreté de la ségrégation territoriale rend sensible un changement très profond dans la façon dont les classes sociales se définissent désormais les unes par rapport aux autres. La désindustrialisation a sonné le glas de catégories sociales complémentaires dans le processus de production et sur le lieu de travail. La complémentarité et la coexistence des différentes classes sociales sur les lieux de production disparaissent au profit de relations de clients à donneurs d'ordres, c'est-à-dire de relations médiatisées par le seul marché.

En forçant le trait, on pourrait dire que plus rien ne soude entre elles les différentes fractions de classes, elles n'ont plus rien à négocier et partager. Cette évolution libère et met à nu les tensions purement séparatistes et endogamiques qui sommeillent dans notre société.

 

BIOGRAPHIE

Eric Maurin, 42 ans, est directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) depuis 2004. Ancien élève à Polytechnique et à l'Ecole nationale de la statistique et de l'administration économique (Ensae), il a d'abord fait carrière à l'Insee. Economiste, il aborde les questions de société à partir de statistiques inédites.

Son dernier ouvrage, Le Ghetto français (La République des idées/Le Seuil, 96 p., 10,50 euros), décrit les mécanismes de ségrégation en France.

    La crise sociale française : des nouvelles précarités, des salariés plus isolés, Le Monde, 21.11.2005 | 15h36 • Mis à jour le 21.11.2005 | 15h36, Article paru dans l'édition du 22.11.2005,  http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-712484@51-705467,0.html

 

 

 

 

 

En France,
une femme sur dix est victime de violences au sein même de son foyer

 

21.11.2005 | 17h35 • Mis à jour le 21.11.2005 | 18h19
Lemonde.fr

 

Une campagne nationale de prévention et de sensibilisation pour dénoncer les violences conjugales faites aux femmes a débuté, lundi 21 novembre. Sept chaînes françaises diffusent jusqu'au 4 décembre un film de trente-cinq secondes à l'initiative de la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF), qui regroupe 59 associations, et à l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, qui se tiendra le 25 novembre.

Le film montre une jeune femme terrorisée qui court dans la forêt, avant de se retrouver soudain face à un mur. Elle se retourne : "Chaque jour en France, une femme sur dix vit dans la terreur au sein même de son foyer". Cette femme est "piégée, dans son propre foyer, sous son propre toit", explique la FNSF.


"FAIRE CHANGER LA HONTE DE CAMP"

"Une femme sur dix déclare avoir été victime de violences de la part de son conjoint ou ex-conjoint dans les douze derniers mois", précise le docteur Gilles Lazimi, coordinateur de la campagne. "On veut responsabiliser les hommes sur leurs comportements sexistes et leur rappeler ce qu'ils encourent", poursuit le docteur Lazimi. "En ciblant pour la première fois les agresseurs (...), on déculpabilise les femmes et on libère leur parole". "Il faut faire changer la honte de camp", conclut-il.

Ce médecin généraliste a questionné lui-même cent de ses patientes. Une sur cinq a fait état de violences sexuelles subies au cours de sa vie et près d'une patiente sur trois a reconnu des violences physiques. En France, six femmes meurent chaque mois à cause des agressions masculines domestiques – une tous les cinq jours –, un tiers d'entre elles poignardées, un autre tiers abattues par arme à feu, 20 % étranglées et 10 % rouées de coups jusqu'à la mort.

 

6 % DES PLAINTES ONT DES SUITES JUDICIAIRES

Une enquête menée en 2000 a montré que seulement 8 % des femmes victimes de violences conjugales portent plainte et que 6 % de ces plaintes ont des suites judiciaires. Les hommes violents encourent en France jusqu'à vingt ans de prison ou la perpétuité en cas de meurtre. Le plus souvent, seules des peines de quelques mois avec sursis sont prononcées.

Cette campagne télévisuelle s'accompagnera d'actions en Ile-de-France et en régions jusqu'au 25 novembre. En Seine-Saint-Denis, treize représentations de théâtre sont organisées à l'initiative de l'Observatoire départemental des violences faites aux femmes. En Rhône-Alpes, un bus itinérant filmera les témoignages de jeunes et un concert gratuit est prévu à Lyon.

    En France, une femme sur dix est victime de violences au sein même de son foyer, Lemonde.fr, 21.11.2005 | 17h35 • Mis à jour le 21.11.2005 | 18h19, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-712718@51-712725,0.html

 

 

 

 

 

La crise des banlieues

Dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés

Des jeunes Blancs issus de milieux défavorisés comparaissent devant la justice.

 

Vendredi 18 novembre 2005
Libération
Lille de notre correspondante
Haydée SABERAN

 

C'est un Français «issu de l'immigration», mais pas celle que l'on croit. Jérémy V. habite Arras. Il porte un nom flamand, preuve que ses ancêtres venaient de... Belgique. L'arrestation de ce jeune homme de 20 ans, jeune intérimaire à Arras, prouve que les jeunes des quartiers en difficulté qui brûlent des voitures échappent aux clichés.

A Lille, ces prévenus inattendus ont peuplé les tribunaux ces derniers jours. «Les deux tiers des jeunes qui passent en comparution immédiate après les incendies nocturnes sont des Jean-Marc et des Maxime», indique un journaliste familier du tribunal de grande instance. «Ce ne sont pas que des bronzés», confirme Serge Damiens, éducateur à la mission locale de Lille. «Dans le quartier des Bois-Blancs à Lille, quand l'école a brûlé, la première demi-heure, ils étaient tous blancs.» Ça ne l'étonne pas. «La couleur de la peau est un handicap à l'embauche, c'est vrai. Mais l'adresse aussi. Ceux qui veulent s'en sortir donnent souvent l'adresse fictive d'une tante, hors du quartier, ou dans la ville voisine.» Il reconnaît que ces enfants des quartiers populaires partent quand même dans la vie avec un handicap de moins : «Les CRS passent plus de temps à contrôler les têtes frisées que les Patrick et les Gérard.»

Dans le Nord et le Pas-de-Calais, terre d'immigration ancienne, l'immense majorité des quartiers populaires sont ethniquement mixtes. Les fils d'ouvriers ­ et de plus en plus, de chômeurs ­ qui vivent dans les quartiers en difficulté sont français dits «de souche», ou issus de l'immigration belge, polonaise, portugaise, espagnole, maghrébine et africaine. La présence de ces jeunes «Blancs» dans les tribunaux correctionnels depuis deux semaines n'étonne pas non plus Maryse Esterle-Hedibel, sociologue. «Le contraire m'aurait surpris», dit-elle. Ancienne éducatrice de rue en région parisienne, elle travaille sur les quartiers de Roubaix depuis quatre ans. «Contrairement à ce que j'ai vu dans le Val-d'Oise et le Val-de-Marne, j'ai découvert ici une population très spécifique, sans discriminant "immigré-pas immigré".» Il y a ici des familles «blanches» très pauvres. «Des enfants qui ne mangent pas assez, qui vivent sans chauffage parce qu'EDF a coupé l'électricité, des mères de famille qui ont seize ans. Le quart monde.»

Pour elle, les émeutes urbaines de ces derniers jours ne s'analysent pas en termes ethniques : «Cet argumentaire autour de la polygamie, c'est de la propagande pure et simple. En revanche, ce qui est certain, c'est que des quartiers entiers ont été dévastés par la déshérence économique. Les anciennes solidarités ouvrières ont disparu, remplacées par l'assistanat. Le quartier de l'Alma, à Roubaix, c'est 40 % de chômage. Les mères de ces jeunes filles qui quittent l'école à quinze ans en présentant un certificat de grossesse, elles auraient été ouvrières à La Redoute, il y a trente ans. C'est quand même autre chose qu'être au RMI.»

Autres lieux, autres profils, et autres clichés. Alors que Nicolas Sarkozy déclarait, péremptoire, que «75 à 80 %» des jeunes interpellés étaient «déjà connus pour de nombreux méfaits», les magistrats de différents tribunaux de grande instance ont montré, hier, chiffres à l'appui, que la plupart sont plutôt des gamins sans antécédent judiciaire. Ainsi, à Bobigny, «la très grande majorité» des mineurs ont «un profil de primo délinquant» a déclaré Denis Fauriat, secrétaire général du parquet. Même analyse à Lyon, Nancy, ou Marseille.

    Dans le Nord, au tribunal, des émeutiers loin des clichés, Libération, 18.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=339304

 

 

 

 

 

France

The aftermath

 

Nov 17th 2005 | PARIS
From The Economist print edition

 

Questions about French society after the recent orgy of rioting

ONE measure of the ambient violence is that the French government this week welcomed the burning of 215 cars in one night as “a near-normal situation”. At the peak of the recent riots, over 1,400 vehicles were torched in a single night. A week after the government declared a state of emergency, the Paris suburbs were mostly quiet—although sporadic arson attacks, including on nursery schools, continued elsewhere. The government has rushed through a law prolonging the state of emergency for three months.

As France picks itself up after the riots, hard questions are being asked. Nobody can agree on the riots' underlying causes, which include joblessness, segregation, hard-line policing, discrimination, drug mafias and a lack of parental control—especially, according to one outspoken minister, in polygamous families. But all recognise that something must change. Even President Jacques Chirac, invisible during most of the rioting, acknowledged on television this week that there was a “profound malaise” in France.

In response, a mix of sticks and carrots is now on the table. The state of emergency gives the police powers to arrest and detain suspects, with prison sentences for minors who violate local curfews, few of which have in fact been imposed. Nicolas Sarkozy, the interior minister and head of the ruling UMP party, plans to expel foreigners found guilty of rioting; ten such expulsion orders are under way.

As for carrots, Dominique de Villepin, the prime minister, is working on a plan banlieue. One idea, says Thierry Breton, the finance minister, is “to restore economic activity to the suburbs so that they do not become dormitory zones”. Measures to lure businesses to certain areas through tax incentives, in return for obligations to hire locally, will be expanded. Another element, says Gérard Larcher, the jobs minister, will be vocational training for 14-year-olds, to discourage school drop-outs. A voluntary civilian service will be set up for 50,000 school-leavers a year, starting in 2007. Almost all of this, insists Mr Breton, can be financed from existing budgets.

More vexing is a broader question: how can France alter its self-image to reflect its non-white citizens? Officially, the egalitarian, colour-blind republic embraces all. But the reality of segregation and discrimination, especially against those of north and west African origin, has exposed this model's limits. For the first time, there is now a vigorous debate about representation, symbols and role models. In this respect, indeed, the riots could prove to be a turning-point.

Usually, politicians on the left and right dismiss calls for more ethnic representation—on television, in debating chambers, in the police or in boardrooms—as a dangerous step towards multiculturalism. Few distinguish between a system of quotas and a voluntary approach that relies on peer pressure and self-interest. This week, however, Mr Chirac spoke of the need to recognise “the diversity of French society”, adding that companies, unions, political parties and the media should “better reflect the reality of today's France.”

Symbolically, this is a big change. How such intentions are put into practice is another matter. The government rejects quotas. But it does want to encourage a voluntary approach. The (private) Institut d'Etudes Politiques (Sciences-Po) in Paris, and ESSEC, a top (also private) business school, both run schemes to recruit bright pupils from poor areas, many of them non-white. Yet many questions remain, not least the refusal to let employers record their progress with race-based statistics.

Will any of this help to rescue the government's reputation? Despite its failures over the riots, the answer may be yes. As Dominique Reynié, a political scientist at Sciences-Po, puts it: “when the French are fearful, they swing to the right. It happened after 1968. Logically, it will happen in the run-up to 2007.” Insecurity is likely to dominate ahead of the elections that year. An Ipsos poll this week showed a jump in the approval ratings of both Mr Sarkozy and Mr de Villepin.

It is not only the centre-right that may gain, however. Jean-Marie Le Pen, of the far-right National Front, studiously silent during the worst of the riots, now claims to be the only politician to have foreseen the trouble. “Immigration, explosion of the suburbs: Le Pen said so!” boasts his latest poster. Fears of insecurity and immigration play to the National Front's strength.

Yet Mr Le Pen is not the only politician talking tough. Mr Sarkozy's expulsion orders and his use of the term racaille (scum) to describe the rioters have increased his appeal to the authoritarian right. “A majority of National Front voters are volatile, and could vote for Sarkozy,” says one of his advisers. The battle promises to be as fierce between the right and the far right, as between the traditional right and left.

    The aftermath, The Economist, 17.11.2005, http://www.economist.com/world/europe/displaystory.cfm?story_id=5176017

 

 

 

 

 

Violences:
retour à la normale général, état d'urgence prorogé de 3 mois

 

17/11/2005 17h18
AFP

 

PARIS (AFP) - La situation était revenue à la normale jeudi partout en France après trois semaines de violences urbaines, a annoncé la police, quelques heures après l'adoption par le Parlement de la prorogation pour trois mois de l'état d'urgence.

La direction générale de la police nationale (DGPN) a constaté un "retour à une situation normale partout en France" dans la nuit de mercredi à jeudi, au cours de laquelle 98 véhicules ont été incendiés, soit la moyenne nocturne habituelle.

Aucun affrontement ou incendie grave de bâtiment, public ou privé, n'a été relevé.

Policiers et gendarmes, dont près de 10.000 étaient encore mobilisés dans la nuit, n'ont eu à déplorer aucun blessé.

Trente-trois personnes ont été interpellées, preuve que "la mobilisation policière reste très forte", a indiqué un responsable policier.

Selon un total établi par la DGPN, 9.071 véhicules ont été brûlés depuis le début des émeutes, parties de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) après la mort de deux adolescents.

Au total, 2.921 fauteurs de troubles présumés ont été interpellés, dont un gros tiers de mineurs, selon des sources policières. 126 policiers et gendarmes ont été blessés.

Dans le Rhône, le préfet a levé le couvre-feu imposé le 12 novembre aux mineurs entre 22H00 et 06H00 dans 13 communes du département "compte tenu de l'amélioration sensible constatée encore cette nuit".

Les transports en commun devaient à nouveau fonctionner normalement à partir de jeudi soir dans l'agglomération lyonnaise.

Dans le Loiret, la préfecture a également levé le couvre-feu instauré depuis le 9 novembre dans six communes, dont Orléans, pour les mineurs de moins de seize ans non accompagnés "compte tenu de la situation qui va vers l'apaisement dans les quartiers". Orléans reste toutefois sous couvre-feu en vertu d'un arrêté municipal du 8 novembre.

Mercredi soir, le Parlement a définitivement approuvé la prorogation de l'état d'urgence, après l'adoption sans modification par le Sénat du texte voté la veille par les députés.

"Rien n'est encore définitivement acquis", a plaidé le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, assurant qu'instaurer l'état d'urgence s'inscrivait dans une "logique de précaution, logique de prudence" et qu'il en serait fait un "usage mesuré, responsable et proportionné aux nécessités du rétablissement de l'ordre".

L'état d'urgence est prorogé pour trois mois à compter du 21 novembre mais peut être interrompu d'ici là par décret en Conseil des ministres.

Au même moment, plus de 2.000 personnes avaient participé à une manifestation Place Saint-Michel à Paris (VIe) contre "l'état d'exception".

Jeudi dans la matinée, le président Jacques Chirac a réuni le chef du gouvernement Dominique de Villepin et les principaux ministres concernés par la mise en place du service civil volontaire dont il a annoncé la création lundi.

Ce service, destiné à aider les jeunes à aller vers l'emploi en leur permettant d'intégrer différents corps de métier (Défense, police, environnement, santé, culture, et secteur associatif), doit entrer en vigueur dès 2006.

Par ailleurs, la désignation de la polygamie comme "l'une des causes" des violences urbaines par des responsables de la majorité, le ministre délégué à l'Emploi Gérard Larcher et le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale Bernard Accoyer continuait de provoquer des remous.

Le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé a estimé qu'"on ne pouvait pas faire un lien aussi étroit" et assuré que "rien n'était tranché" sur une éventuelle modification des conditions du regroupement familial.

"Faire croire que le problème des banlieues, c'est la polygamie, c'est se moquer du monde", a affirmé Daniel Vaillant, député socialiste de Paris et ancien ministre de l'Intérieur.

SOS Racisme s'est joint au tollé des organisations de défense des droits de l'Homme, imputant ces déclarations à "une grossière volonté de détourner l'opinion publique des vrais problèmes". L'association se dit curieuse d'entendre "les analyses de MM. Accoyer et Larcher sur le lien de causalité entre la consommation du mafé et la fabrication de cocktails Molotov".

    Violences: retour à la normale général, état d'urgence prorogé de 3 mois, NYT, 17.11.2005, http://www.afp.com/francais/news/stories/051117171637.gnj63xwj.html

 

 

 

 

 

Retour à la normale en France après 20 nuits de violences urbaines

 

17/11/2005 08h24
AFP

 

PARIS (AFP) - La police a fait état d'un "retour à une situation normale partout en France" dans la nuit de mercredi à jeudi, après la vague de violences entamée dans les banlieues le 27 octobre.

98 véhicules ont été incendiés, ce qui représente la moyenne habituelle enregistrée chaque nuit en France, a précisé la direction générale de la police nationale (DGPN). Aucun affrontement ou incendie de bâtiment, public ou privé, n'a été relevé. Policiers et gendarmes, dont près de 10.000 étaient encore mobilisés dans la nuit, n'ont eu à déplorer aucun blessé. Trente-trois personnes ont été interpellées, ce qui démontre que "la mobilisation policière reste très forte", a indiqué un responsable policier.

Cette annonce survient alors que la prorogation pour trois mois de l'état d'urgence, jusqu'en février, a été définitivement approuvée mercredi soir par le Parlement et que la polygamie faisait irruption dans le débat.

L'état d'urgence jusqu'en février a été définitivement approuvé par le Parlement, après l'adoption sans modification mercredi soir par le Sénat du texte voté la veille par les députés. Défendu par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, le "projet de loi prorogeant l'application de la loi du 3 avril 1955" a recueilli 202 voix contre 125, celles des groupes PS et PCF, et des radicaux de gauche. Aux termes des trois articles du projet de loi, l'état d'urgence est prorogé pour trois mois à compter du 21 novembre. "Il peut y être mis fin par décret en Conseil des ministres avant l'expiration de ce délai. En ce cas, il en est rendu compte au Parlement".

Pendant que le Sénat adoptait définitivement ce texte, plus de 2.000 personnes ont participé à une manifestation Place Saint-Michel à Paris (VIe) contre "l'état d'exception". Les manifestants qui ont marché entre la place Saint-Michel et les jardins situés derrière le Sénat, répondaient à un appel, initié par la Ligue des droits de l'Homme (LDH), d'une cinquantaine d'associations, de syndicats et de partis politiques. Le groupe socialiste au Sénat a indiqué avoir ensuite reçu en soirée au palais du Luxembourg une délégation qui avait participé à la manifestation.

Selon un communiqué, cinq représentants du collectif d'organisations ont été reçus par les sénateurs Yannick Bodin (Seine-et-Marne) et Jean-Marc Todeschini (Moselle), qui leur ont réaffirmé le refus du groupe PS "d'apporter son soutien" au projet de loi. Celui-ci a été adopté tandis que l'accalmie s'était confirmée une accalmie dans la nuit du 15 au 16 novembre avec 163 véhicules incendiés contre 215 la veille. Deux mineurs de 15 et 16 ans, interpellés mardi à Evry (Essonne) et soupçonnés d'implication dans la fabrication de cocktails Molotov découverts dans le quartier du Parc aux Lièvres, ont été présentés à un juge d'instruction mercredi.

Dans l'agglomération lyonnaise, les transports en commun devaient à nouveau fonctionner normalement à partir de jeudi, après une diminution des violences urbaines constatée ces derniers jours. Au total, 126 membres des forces de l'ordre ont été blessés depuis le début des émeutes, 2.888 personnes interpellées et 8.973 véhicules (bus, voitures, motos, cyclomoteurs) détruits par le feu, a dénombré la DGPN.

L'incendie d'une église, mardi soir dans la banlieue de Romans-sur-Isère (Drôme), a été vivement condamné mercredi, en particulier par le président Jacques Chirac qui l'a qualifié d'"inacceptable" et a affirmé que ses auteurs seront "poursuivis et sanctionnés". Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a déclaré que, face à un tel acte, "notre indignation doit être totale et absolument égale, quel que soit le culte outragé". Cet incendie, vraisemblablement criminel, a détruit du mobilier et quelques mètres carrés de toiture. Il est survenu dans un quartier difficile, mais où aucun incident n'avait été observé ces derniers jours.

Selon un sondage Ipsos-Le Point, l'action du ministre de l'Intérieur contre les violences urbaines est largement soutenue par l'opinion: près de sept Français sur dix (68%) l'approuvent depuis le début des émeutes, 30% des personnes interrogées la désapprouvent. Celle du Premier ministre Dominique de Villepin est approuvée à hauteur de 62%, 32% étant d'un avis contraire. A l'inverse, selon cette enquête faite le 12 novembre avant l'intervention télévisée du chef de l'Etat, une majorité de Français (54%) désapprouve l'attitude de Jacques Chirac, 41% déclarant l'approuver.

    Retour à la normale en France après 20 nuits de violences urbaines, AFP, 17/11/2005 08h24, http://www.afp.com/francais/news/stories/051117082413.31cxcttu.html

 

 

 

 

 

L'accalmie se confirme en France au vingtième jour des violences urbaines

 

16/11/2005 11h49
AFP

 

PARIS (AFP) - L'accalmie se confirmait mercredi après une 20e nuit de violences avec 163 véhicules incendiés, contre 215 la veille, et 50 interpellations, au lieu de 71, tandis que le Sénat devait examiner à son tour le projet de loi prolongeant de trois mois l'état d'urgence, adopté mardi par l'Assemblée.

Il y a eu 27 véhicules détruits en Ile-de-France (60 la veille) et 136 en province (155), selon un décompte définitif de la Direction générale de la police nationale (DGPN).

La DGPN a précisé que "cinq communes seulement, dont Arras, Brest et Vitry-le-François (11 chacune) comptent plus de cinq véhicules brûlés", tandis que, comme la veille, "ailleurs, on observe une forte dissémination de ces incendies, dont le lien avec les violences urbaines n'est pas toujours avéré".

Il n'y a pas eu d'affrontement majeur entre les fauteurs de troubles et les 11.200 policiers et gendarmes engagés. Un policier a toutefois été blessé au cours de la nuit, lors de l'interpellation à Pont-Evêque (Isère) d'un groupe de personnes qui lançaient des bouteilles d'acide.

"Cent vingt six membres des forces de l'ordre ont été blessés depuis le 27 octobre", début des émeutes, relève la DGPN. Le nombre total des interpellations s'élève à "à 2.888, tandis que 8.973 véhicules (bus, voitures, motos, cyclomoteurs) ont été détruits par le feu".

A Dijon, mardi soir, plus de 200 personnes ont défilé en silence pour "protester contre l'usage de la violence comme mode d'expression", dans un quartier où une dizaine de voitures avaient brûlé dans la nuit du 5 au 6 novembre.

Dans la banlieue de Romans-sur-Isère (Drôme), un incendie, vraisemblablement criminel, a détruit mardi soir du mobilier et quelques mètres carrés de toiture d'une église. Cet incendie est survenu dans un quartier difficile mais où aucun incident n'avait été observé ces derniers jours.

Une école maternelle a également été endommagée par un incendie criminel à Lunel (Hérault) mais devrait pouvoir rouvrir lundi.

Mercredi à partir de 16H30, le Sénat devait à son tour se saisir du projet de loi prolongeant l'état d'urgence décrété le 8 novembre, voté mardi par l'UMP et l'UDF à l'Assemblée nationale, le PS, le PCF et les Verts votant contre.

Lors de l'examen du texte à l'Assemblée, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, tout en reconnaissant un "retour progressif au calme" dans les banlieues, a fait valoir que la prorogation de l'état d'urgence pour trois mois était "nécessaire" car "rien n'est encore définitivement acquis".

Mais il a affirmé que la loi de 1955 serait appliquée avec "mesure", "seulement là où c'est nécessaire" et en "prévention".

M. Sarkozy a par ailleurs indiqué que dix procédures d'expulsion d'étrangers ayant participé aux émeutes des banlieues avaient été "engagées" mardi.

L'action de Nicolas Sarkozy sur les violences urbaines est largement soutenue par l'opinion: près de sept Français sur dix (68%) l'approuvent depuis "le déclenchement des émeutes dans les banlieues", selon un sondage Ipsos-Le Point. Trente pour cent des personnes interrogées la désapprouvent.

Celle du Premier ministre Dominique de Villepin est approuvée par 62% des personnes interrogées (32% d'un avis contraire, 6% sans opinion).

A l'inverse, une majorité de Français (54%) désapprouve l'attitude du président Jacques Chirac. Quarante et un pour cent déclarent l'approuver et 5% ne se prononcent pas, selon cette enquête d'opinion réalisée le 12 novembre, avant l'intervention télévisée du chef de l'Etat.

Après le ministre délégué à l'Emploi Gérard Larcher, selon ce que rapporte le quotidien britannique Financial Times, le président du groupe UMP à l'Assemblée Bernard Accoyer a lui aussi estimé mercredi que la polygamie était "certainement l'une des causes" des violences urbaines.

Selon lui, les pouvoirs publics se sont montrés "étrangement laxistes" avec la polygamie, alors qu'elle est interdite en France.

    L'accalmie se confirme en France au vingtième jour des violences urbaines, AFP, 16/11/2005 11h49, http://www.afp.com/francais/news/stories/051116114943.jib76ea7.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Banlieues

Bienvenue dans trois mois d'exception

Alors que les violences refluent, l'Assemblée a voté hier la prolongation de l'état d'urgence jusqu'en février.

 

Mercredi 16 novembre 2005
Libération
Par Antoine GUIRAL et Didier HASSOUX et Vanessa SCHNEIDER

 

Spéciale banlieue pour Dominique de Villepin. Alors que la Direction générale de la police nationale évoque «un retour à une situation quasi normale», le Premier ministre a consacré sa journée aux violences urbaines. Et obtenu dans la soirée à l'Assemblée une prorogation de trois mois de «l'état d'urgence» par 346 voix de députés UMP et UDF contre 148 PS et PCF et 4 abstentions. Récit de cette journée où le gouvernement a réussi à placer l'hiver sous couvre-feu.

8 h 30. Les éléphants de la majorité se retrouvent pour un petit déjeuner à Matignon. Tout le monde se félicite de l'intervention, la veille, du chef de l'Etat. Même Nicolas Sarkozy qui parle de «justesse». Le ministre de l'Intérieur précise qu'il travaille à l'élaboration d'un profil des émeutiers. «Au moins 80 %» des individus interpellés seraient des «récidivistes». Christian Poncelet, le président du Sénat, a à peine le temps de beurrer ses tartines que les agapes s'achèvent.

9 h 15. Dominique de Villepin quitte la rue de Varenne, direction Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Seul un «pool» de journalistes l'accompagne : le chef du gouvernement se fait discret pour éviter d'être hué et sifflé comme Sarkozy sur les Champs-Elysées samedi. Malgré l'heure matinale, il évite de se promener dans les quartiers difficiles, préférant foncer vers la Maison de l'entreprise et de l'emploi. Pour sa première visite en banlieue depuis le début des violences le 27 octobre, il reste enfermé, écoutant pendant une heure des habitants du quartier. A la sortie, il explique que «tous ceux qui enfreignent les règles doivent être sanctionnés», mais que ceux qui souhaitent «s'en sortir, réaliser leurs projets, trouver un emploi» doivent être accompagnés. Il va ensuite rencontrer des élus à la préfecture de Bobigny. Et revient trop tard à Paris pour participer à la réunion de groupe des députés UMP. Sarkozy n'y est pas non plus.

Pendant ce temps-là au groupe socialiste, Jean-Marc Ayrault s'essaie à la synthèse. A 72 heures du congrès du Mans, le président du groupe s'assigne «l'unité» comme seule ligne. Manuel Valls, député de l'Essonne, y déroge : il se prononce en faveur du couvre-feu (lire ci-contre). A l'UDF, François Bayrou et le président du groupe Hervé Morin ouvrent la réunion en étant «plutôt contre» le projet de loi. La discussion entre députés les fait changer d'avis. «On est dans le symbole, explique Morin. On ne pouvait pas apparaître comme ceux qui ne veulent pas le rétablissement de l'ordre républicain.» Ils voteront le texte. Chez les communistes, pas d'état d'âme. Aucun député ne «veut cautionner l'état d'urgence». Marie-George Buffet le signifie en refusant de répondre à l'invitation du Premier ministre à Matignon.

14 heures. Tous les autres représentants de groupes, ainsi que les présidents des deux assemblées s'y retrouvent pour une réunion de 45 minutes de pure forme. Interpellé lors des questions d'actualité, le Premier ministre justifie la prorogation de l'état d'urgence pour trois mois en déclarant que «la situation reste difficile dans un grand nombre de quartiers». «Nous ne pouvons pas accepter que plus de 200 voitures» continuent de «brûler chaque nuit», ajoute-t-il. Dans les couloirs, les députés de la majorité ne se bousculent pas pour défendre une loi qui leur semble avant tout symbolique. Le président du groupe UMP, Bernard Accoyer, évoque la possibilité de «légiférer à nouveau» sur le regroupement familial.

16 h 30. Les députés commencent l'examen du projet de loi défendu par Nicolas Sarkozy. En dépit de la gravité du sujet, les bancs sont très clairsemés, surtout à l'UMP. A la tribune, le ministre de l'Intérieur demande qu'on «regarde lucidement les faits en face». «Pyromane», lance un député PCF. Sarkozy dégaine ses statistiques et fustige «l'état d'esprit qui a trop longtemps prévalu dans notre pays : celui de la passivité et de l'impunité». Puis il se plaît à dresser le portrait d'un pays, dirigé depuis dix ans par Jacques Chirac, qui «doute, craint le déclassement et désespère de l'avenir». Jonglant entre ses casquettes de ministre, de chef de parti et de candidat à l'Elysée, il en profite pour asséner ses vérités sur la crise du «modèle français» appelant à «rompre ­ et j'emploie ce mot à dessein ­ avec les mensonges (...) derrière lesquels les conservatismes et les blocages prospèrent».

Gêné aux entournures, le président du groupe PS, Jean-Marc Ayrault, explique que ses députés ne voteront pas «contre ce projet par angélisme ou parce qu'il émane de votre gouvernement, mais parce que son efficacité ne nous paraît pas adaptée à la situation». Pour l'UDF, Nicolas Perruchot semble tout aussi embarrassé. Il assure que «le couvre-feu n'est pas la condition nécessaire pour rétablir le calme» mais qu'en raison «d'un besoin d'ordre et de paix civile, le groupe UDF acceptera cette prolongation de l'état d'urgence». Son collègue Jean-Christophe Lagarde (UDF), député-maire de Drancy, en Seine-Saint-Denis, ne participera pas au vote puisqu'il «ne s'agit pas aujourd'hui en France d'une situation de guerre civile».

Tandis que la droite déserte de plus en plus l'hémicycle, au point de nécessiter une brève suspension de séance par le président de l'Assemblée, Jean-Louis Debré, André Gerin (PCF) dénonce «le lamentable bilan du président de la République». Il évoque «le mur de l'argent», «le capitalisme qui se fait dur, impitoyable» et s'en prend au «règne de l'aristocratie, de la rente et autres nababs du show-biz et du sport». Cette leçon de néomarxisme et une nouvelle vague d'orateurs finissent d'exaspérer le ministre de l'Intérieur qui quitte les débats à plusieurs reprises. Une ultime foucade de Noël Mamère (Verts) rappelant le caractère «colonial» de la loi d'exception n'y change rien : la France se retrouve sous couvre-feu potentiel pour trois mois supplémentaires.

    Bienvenue dans trois mois d'exception, Libération, 16.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=338757

 

 

 

 

 

France:
l'Assemblée vote l'état d'urgence, Villepin dans une cité du 93

 

16/11/2005 06h22
AFP

 

PARIS (AFP) - L'Assemblée nationale a voté mardi le projet de loi prolongeant l'état d'urgence jusqu'en janvier, tandis que le Premier ministre Dominique de Villepin visitait pour la première fois l'une des cités touchées par les violences, en Seine-Saint-Denis.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a pour sa part annoncé à l'Assemblée nationale que dix procédures d'expulsion d'étrangers ayant participé aux émeutes des banlieues avaient été "engagées" mardi.

La "situation reste difficile dans un grand nombre de quartiers", a-t-il ensuite déclaré à l'Assemblée, qui a voté par 346 voix contre 148 et 4 abstentions la prorogation de l'état d'urgence, qui doit être soumise au sénat mercredi.

Le chef du gouvernement a estimé inacceptable que plus de 200 voitures brûlent encore chaque nuit.

159 véhicules incendiés et 44 interpellations ont été enregistrés à 04H00 en France pour la nuit de mardi à mercredi, contre respectivement 162 et 42 relevés la nuit précédente à la même heure, selon un bilan provisoire de la direction générale de la police nationale (DGPN).

La DGPN ne signale aucun policier blessé lors de cette 20e nuit de violence urbaine. Un l'avait été au cours de la nuit précédente.

Pour la première fois depuis le début de ces violences, deux départements d'Île-de-France ont passé une nuit (à 04H00) sans connaître d'incendies de véhicules: les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne

Le maintien de l'état d'urgence permet aux préfets de disposer des "instruments nécessaires au rétablissement de l'ordre", et a aussi pour but de protéger les "populations touchées", a encore argumenté M. de Villepin.

Cette prolongation pour trois mois, au-delà du réveillon, est "nécessaire", a enchaîné le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy "car rien n'est encore définitivement acquis".

Quatre mineurs sortis non-accompagnés après 22H00 ont été arrêtés dans l'agglomération lyonnaise, où quatre véhicules ont été incendiés en début de soirée, contre 17 à la même heure la veille, selon la préfecture.

Treize communes du Rhône, dont Lyon et des villes de la banlieue est, sont sous le coup d'un couvre-feu imposé aux mineurs entre 22H00 et 06H00 jusqu'à mercredi matin.

Pour le quartier de La Madeleine à Evreux (Eure), le couvre-feu qui concernait mineurs et majeurs entre 22h00 et 06h00 depuis le 9 novembre, a été levé. En Seine-Maritime, le couvre-feu pour mineurs qui concernait Rouen, le Havre et Elbeuf a également été levé.

Trois couvre-feux sur les cinq instaurés par arrêté préfectoral étaient encore en vigueur dans les Alpes Maritimes (21 communes), la Somme (Amiens), et le Loiret (six communes dont Orléans). Trois autres couvre-feux décidés par deux maires de région parisienne et à Belfort restaient également en place.

Auparavant, M. de Villepin avait visité dans la matinée la Cité des 3.000 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Il y a délivré un double message de "fermeté" et de "responsabilité".

"Tous ceux qui enfreignent les règles doivent être sanctionnés", a-t-il affirmé, tout en ajoutant que les personnes qui souhaitent "s'en sortir, réaliser leurs projets, trouver un emploi" doivent être accompagnées et en appelant à la mobilisation de tous "contre les discriminations".

Lundi soir, le président Jacques Chirac s'était adressé directement aux Français, dans une allocution solennelle, évoquant "un malaise profond" et appelant à "combattre ce poison pour la société que sont les discriminations", sans pour autant cesser de "sanctionner" les fauteurs de trouble.

Le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) a salué "certaines paroles fortes, attendues bien que tardives à l'endroit des jeunes de banlieue, notamment en reconnaissant qu'ils sont +tous fils et filles de la République+", mais appelé à des "résultats visibles et conséquents" dans la lutte contre les discriminations.

Depuis le début des violences, 2.838 personnes ont été interpellées et plus de 375 condamnées.

A Arras, un jeune homme de 20 ans a ainsi été condamné à quatre ans de prison ferme pour l'incendie volontaire de deux magasins. Le tribunal a dépassé les réquisitions du procureur.

    France: l'Assemblée vote l'état d'urgence, Villepin dans une cité du 93, AFP, 16/11/2005 06h22, http://www.afp.com/francais/news/stories/051116062254.376jilsb.html

 

 

 

 

 

MM. de Villepin et Sarkozy
justifient devant les députés la prorogation de l'état d'urgence

 

15.11.2005 | 17h40 • Mis à jour le 15.11.2005 | 18h00
Lemonde.fr

 

Le premier ministre, Dominique de Villepin, est intervenu, mardi 15 novembre à l'Assemblée nationale, devant les députés appelés à voter pour entériner la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence. La situation reste "difficile dans un grand nombre de quartiers", a-t-il estimé.

"Nous ne pouvons pas accepter que plus de deux cents voitures" continuent de "brûler chaque nuit", a dit le premier ministre, qui s'était rendu plus tôt dans la journée à Aulnay-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, l'une des banlieues parisiennes les plus touchées par les émeutes qui ont éclaté jeudi 27 octobre. C'est la première fois que le chef du gouvernement se rendait sur le terrain depuis le début des violences urbaines.

"J'ai donc proposé au président de la République la prorogation de la loi de 1955 pour trois mois", a-t-il dit à l'Assemblée nationale, où le parti gouvernemental UMP détient la majorité. "C'est une mesure de précaution qui permet au préfet, avec l'accord du maire, de disposer des instruments nécessaires au rétablissement de l'ordre si les circonstances l'exigent", a ajouté M. de Villepin. "C'est aussi une mesure de protection des populations touchées par les violences", utilisée "avec un grand discernement", et "le gouvernement pourra y mettre fin par un décret dès que le calme sera durablement rétabli", a-t-il souligné.

 

M. SARKOZY EN APPELLE AU "SURSAUT NATIONAL"

Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, s'est exprimé après lui devant les députés. Plus virulent, il a appelé au "sursaut national". "Nous sommes en présence d'une des crises urbaines les plus aiguës et les plus complexes que nous ayons eu à affronter. Elle exige de la fermeté, celle-ci a été demandée sur quasiment tous les bancs de l'Assemblée nationale. Elle exige beaucoup de sang-froid", a déclaré le ministre de l'intérieur.

"Elle exige aussi un sursaut national dont chacun doit se sentir partie prenante", a-t-il ajouté, appelant les députés "au sens de l'intérêt général et de l'unité nationale". Pour Nicolas Sarkozy, cet "intérêt général" passe par le vote de la prolongation de l'état d'urgence, une mesure "nécessaire". Cette prolongation est fixée pour une période de "trois mois au plus à compter du lundi 21 novembre", car "rien n'est encore définitivement acquis", malgré "un retour progressif au calme", a ajouté le ministre.

 

LE REFLET DU "MALAISE FRANÇAIS"

Selon son analyse, les violences constatées en France ces dernières semaines sont imputables à "la volonté de ceux qui ont fait de la délinquance leur activité principale". Le ministre de l'intérieur a rappelé que les personnes interpellées dans les émeutes sont pour "75 à 80 %" d'entre elles "déjà connues pour de nombreux méfaits". Mais "le mal des banlieues est aussi le reflet d'un malaise plus large et plus profond qui n'est autre que le malaise français", a-t-il ajouté.

Concernant l'application de l'état d'urgence, Nicolas Sarkozy a précisé qu'il "a été, est et sera appliqué avec discernement et mesure par le gouvernement (...) seulement là où c'est nécessaire". Il a promis un "juste équilibre" entre "les exigences de l'ordre public et celles du respect des libertés individuelles". Il a par ailleurs précisé que les perquisitions administratives, prévues par la loi sur l'état d'urgence, se feraient sous le contrôle des autorités judiciaires.

Ce débat intervient alors que la police fait état d'"un retour à une situation quasi-normale" sur le terrain. Le plus strict couvre-feu de France, imposé aux majeurs et aux mineurs dans un quartier sensible d'Evreux, sera d'ailleurs levé à compter de mercredi, a annoncé la préfecture.

    MM. de Villepin et Sarkozy justifient devant les députés la prorogation de l'état d'urgence, Lemonde.fr (avec AFP), 15.11.2005 | 17h40 • Mis à jour le 15.11.2005 | 18h00, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-710578@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

La prorogation de l'état d'urgence examinée par les députés français

 

15/11/2005 13h06
AFP

 

PARIS (AFP) - Le projet de loi prorogeant de trois mois l'état d'urgence à compter du 21 novembre qui a été approuvé lundi en Conseil des ministres, est examiné mardi à partir de 16H30 par les députés.

L'examen du projet débutera après la séance des questions au gouvernement. Le débat sera ouvert par une intervention du gouvernement, suivie de celle de la commission des Lois. Chaque groupe disposera de 40 minutes pour s'exprimer, motion de procédure comprise.

La commission des Lois de l'Assemblée nationale a adopté mardi matin sans modification le projet, a-t-on appris de source parlementaire. Les députés UMP de la commission ont voté pour, les PS contre. L'UDF et le PCF n'avaient aucun représentant à cette réunion.

Les socialistes ont fait valoir qu'il n'était pas utile d'avoir "un texte supplémentaire" et se sont demandés s'il n'allait pas être interprété comme "une provocation" à un moment où l'on assiste à une "décrue" des violences urbaines.

Le Premier ministre Dominique de Villepin devait réunir à 14H00 les présidents des deux assemblées, Christian Poncelet et Jean-Louis Debré, les présidents des groupes parlementaires des deux assemblées, les présidents des formations politiques représentées au Parlement et les présidents des commissions des lois des deux assemblées pour "une réunion d'information" sur le projet de loi.

Le vote de la prorogation de trois mois de l'état d'urgence qui intervient alors que diminuent les violences dans les banlieues, est le signe que "la détermination du gouvernement est totale" pour rétablir l'ordre public, a indiqué lundi le porte-parole du gouvernement Jean-François Copé.

La nuit de lundi à mardi, la 19ème depuis le déclenchement des violences urbaines le 27 octobre, a confirmé l'accalmie observée les jours précédents dans les banlieues.

Le projet de loi, présenté par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy lors d'un Conseil des ministres avancé exceptionnellement de deux jours, prévoit que l'état d'urgence sera prorogé "pour une durée de trois mois à compter du 21 novembre".

Le décret pris le 8 novembre dernier pour instaurer l'état d'urgence et le couvre-feu expire en effet le 20 novembre.

"La gravité et l'extension à de nombreux centres urbains de ces violences, dirigées sans distinction contre les personnes et les biens, justifiaient cette mesure", a jugé le gouvernement.

Devant les ministres, Jacques Chirac a précisé qu'il s'agissait là d'"une mesure de protection et de précaution", nécessaire "pour donner aux forces de l'ordre tous les moyens dont elles ont besoin pour ramener définitivement le calme".

"Bien entendu c'est une mesure strictement temporaire et qui ne s'appliquera que là où elle est strictement nécessaire et en plein accord avec les élus", a souligné le chef de l'Etat, qui s'est exprimé devant la Nation lundi soir, lors de sa première intervention solennelle radio-télévisée depuis le début des émeutes.

Le projet de loi prévoit que le gouvernement peut, par simple décret, mettre un terme à l'état d'urgence, avant l'expiration du délai des trois mois.

L'UMP s'est félicitée du "message de fermeté du gouvernement", soulignant que "l'action déterminée du gouvernement permet aux zones de non droit de reculer". Le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a jugé cette mesure "réaliste et adaptée aux circonstances exceptionnelles" que connaît la France.

En revanche, le Parti socialiste a émis les plus grandes réserves, son porte-parole Julien Dray indiquant ne pas voir "à ce stade pourquoi prolonger" l'état d'urgence.

Le projet de loi sera examiné mercredi à partir de 16h30 au Sénat, au lendemain de son passage à l'Assemblée nationale, a-t-on appris mardi auprès de la présidence.

Les groupes politiques (UMP, UDF, RDSE, PS, PCF) disposeront chacun de 15 minutes de temps de parole et les non-inscrits de cinq minutes. S'exprimeront aussi le représentant du gouvernement et le rapporteur, a-t-on précisé.

    La prorogation de l'état d'urgence examinée par les députés français, AFP, 15/11/2005 13h06, http://www.afp.com/francais/news/stories/051115130626.0h9cgl66.html

 

 

 

 

 

Violences:
Villepin dans une cité du 93 au lendemain du discours de Chirac

 

15/11/2005 11h38
AFP

 

PARIS (AFP) - Dominique de Villepin s'est rendu mardi dans une cité de Seine-Saint-Denis, pour faire le point sur la situation dans les banlieues, au lendemain d'un discours de Jacques Chirac évoquant "une crise de sens", "de repères", "d'identité".

Le Premier ministre a dialogué pendant une heure mardi matin avec des habitants d'Aulnay-sous-Bois, pour sa première visite dans une commune de banlieue depuis le début des violences urbaines, le 27 octobre.

Dominique de Villepin y a délivré un double message de "fermeté" et de "responsabilité". "Tous ceux qui enfreignent les règles (républicaines, ndlr) doivent être sanctionnés", a-t-il affirmé à l'issue d'une rencontre à la Maison de l'entreprise et de l'emploi, aux abords à la cité des 3000.

Le chef du gouvernement a également déclaré que les personnes qui souhaitent "s'en sortir, réaliser leurs projets, trouver un emploi" doivent être accompagnées et a appelé à la mobilisation de tous "contre les discriminations".

Dans la nuit de lundi à mardi, 215 véhicules ont été incendiés (dont 155 en province) et 71 personnes interpellées en France, selon la Direction générale de la police nationale (DGPN) qui évoque "un retour à une situation quasi-normale". La DGPN souligne également qu'il n'y a pas eu d'affrontement majeur entre les fauteurs de troubles et les 11.200 policiers et gendarmes engagés, dont aucun n'a été blessé.

Parmi les faits marquants de la nuit, la police a recensé le jet d'engins incendiaires contre une mosquée à Saint-Chamond (Loire). L'édifice religieux a "été la cible de trois cocktails Molotov, sur la façade et l'arrière du bâtiment, provoquant cependant peu de dégâts", a indiqué la DGPN.

Lundi soir, le président de la République s'était adressé directement aux Français, dans une allocution solennelle à la télévision, évoquant "un malaise profond", "une crise de sens, une crise de repères, une crise d'identité".

"Je veux dire aux enfants des quartiers difficiles, quelles que soient leurs origines, qu'ils sont tous les filles et les fils de la République", a déclaré Jacques Chirac, mettant en valeur "la diversité de la France" et appelant à "combattre ce poison pour la société que sont les discriminations".

Le chef de l'Etat a annoncé la "création d'un service civil volontaire" pour 50.000 jeunes.

Il n'a pas pour autant renoncé à la fermeté affichée par le gouvernement: il a insisté sur la nécessité de "sanctionner" les familles ne prenant pas "leurs responsabilités", de lutter contre "l'immigration irrégulière et les trafics qu'elle génère".

Lundi, le gouvernement a approuvé lors d'un Conseil des ministres un projet de loi prorogeant l'état d'urgence de trois mois à compter du 21 novembre. Ce projet doit être examiné mardi par l'Assemblée nationale et mercredi par le Sénat.

Depuis le début des émeutes le 27 octobre, 2.838 personnes ont été interpellées et 8.810 véhicules détruits par le feu.

En Moselle, trois jeunes hommes de 18 ans, jugés pour des actes de vandalisme à Carling, ont été condamnés lundi à un an de prison ferme et écroués.

Le même jour, à Besançon, trois majeurs se sont vus infliger des peines de 2 à 6 mois ferme pour leur implication dans le caillassage d'un centre commercial et de plusieurs policiers.

    Violences: Villepin dans une cité du 93 au lendemain du discours de Chirac, AFP, 15/11/2005 11h38, http://www.afp.com/francais/news/stories/051115113855.4obslror.html

 

 

 

 

 

Banlieues

Dans les cités, le désarroi des victimes

Leur voiture ou leur commerce ont été détruits, souvent par des habitants de leur propre quartier. Témoignages.

 

Lundi 14 novembre 2005
Libération
Par Olivier BERTRAND (à Lyon), Michaël HAJDENBERG (à Pau) et Gilbert LAVAL (à Toulouse)

 

Pourquoi moi ? Qui m'en veut ? Dans les cités, les victimes des émeutes cherchent quelques minutes, parfois une nuit entière, un mobile. Puis reviennent à la réalité. Cette voiture, cette institution, ce commerce qui brûle est bien le leur; mais il aurait pu appartenir à un autre. 374 véhicules ont encore brûlé dans la nuit de samedi à dimanche. Et dans les cités, les victimes balancent entre colère et incompréhension, aigreur et fatalisme.

A l'Ousse-des-Bois (Pau), un incendie a ravagé le café-restaurant marocain d'Omar dans la nuit de vendredi à samedi. Les murs, le carrelage, la toiture sont «morts». Sa fille de 22 ans, Mina, qui lui donnait souvent un coup de main, témoigne du désarroi familial: «Pourquoi toucher à un café que tous les habitants fréquentent ? Ce matin, les enfants qui viennent d'habitude acheter des bonbons étaient dégoûtés. Ceux qui viennent prendre un café étaient atterrés. Pourquoi s'en prendre à quelqu'un qui travaille de 7 à 21 heures tous les jours, qui est là depuis seize ans, qui ne refuse jamais un café à quelqu'un sous prétexte qu'il n'a pas d'argent sur lui? »

Pourquoi? Mina commence toutes ses phrases par «pourquoi». Même si elle résignée: «Qu'on pleure ou qu'on retrouve les personnes, ça changera rien.» Avant de reprendre: «Mais pourquoi s'en prendre à des trucs que les gens utilisent ? Ou bien ils ont rien dans la tête ou bien...» Mina ne voit pas. «On est doublement victimes. Moi aussi j'envoie dix CV sans retour. Moi aussi je suis démoralisée. D'ailleurs, si vous entendez parler de quelque chose, je cherche comme caissière, vendeuse en boulangerie ou... n'importe quoi.»

Mohamed, lui, n'a plus de souci d'emploi: il est retraité. Mais «surendetté». Alors, quand il a vu sa «Ford Sierra de 83» prendre feu dans le quartier des Planètes, à Pau, il a tout de suite pensé à ce que l'assurance allait lui donner : «Un coup de pied au cul.» Sa femme, qui fait des ménages jusqu'à 20 heures, termine trop tard pour le dernier bus. Dorénavant, elle revient en taxi. Mohamed ne veut même pas savoir combien ça lui coûte. Au centre social du Hameau, qui a aussi brûlé, il est venu dire «ses sentiments» à une adjointe au maire. Un instant presque compréhensif pour «ces jeunes qui n'ont pas un sou en poche et qui vivent dans des caves» ; et puis soudain en colère: «Il faut les envoyer au Maroc pour qu'ils voient comment ça se passe avec la police.» Mohamed menace. «C'est comme ça qu'ils s'expriment ? Ben moi aussi, je vais m'exprimer. Je suis en état de légitime défense maintenant. La voiture va finir à la ferraille, la main courante du commissariat sûrement à la poubelle, mais eux à l'hôpital.» Mohamed en veut aux autorités : «Le maire dit: "Ne vous affolez pas." Moi, je vais lui envoyer une lettre avec une photo de la carcasse et lui demander: "Alors, je m'affole pas ?"»

Cloîtrés. Philippe, lui, veut «dégager d'ici», des Minguettes (Lyon). Passionné de Citroën, il avait, à 46 ans, réussi le 14 octobre à s'acheter une XM d'occasion. Elle avait 13 ans, mais il avait fait refaire la peinture. «On avait tout mis dedans.» Elle a brûlé le 7 novembre. Il avait aussi un vieux minibus (21 ans), pour transporter les quatre enfants. Il a brûlé fin octobre. «Maintenant, dit-il, on est vraiment dans un ghetto, cloîtrés. Je n'ai plus de voiture et il n'y a plus de bus à partir de 19 heures. Heureusement que je bosse chez Renault Trucks, il y a un ramassage.» Préparateur de commandes et cariste, il est intérimaire, gagne 1 300 euros net par mois. Pour acheter la XM, il avait économisé plusieurs années. «Je l'ai eue pour 2 900 euros avec la peinture et les réparations pour être tranquille. Il me reste 1 500 euros à payer, pour une carcasse.»

Le premier incendie, celui du minibus, s'est produit sous ses yeux, vers 23h30, le 29 octobre. Il était au balcon. Les jours suivants, il a garé la XM sur un parking. Mais le 7 novembre, sa fille de 17 ans s'est levée d'un bond. «Elle a entendu un grand boum et elle est arrivée en courant, en disant "C'est la nôtre, c'est la nôtre".» Depuis trois jours, il n'a plus mis le pied dehors. «Je veux partir, je ne peux plus voir ce quartier, je ne supporte plus cet appartement.»

«Ça se fait pas». Toumbou, lui, aimerait bien quitter le Mirail-Reynerie (Toulouse). Quand il a vu des flammes sortir sous sa Ford, il était chez lui. «Les jeunes ont répandu l'essence sur le parking et ils l'ont enflammée. Ils auraient jeté un cocktail Molotov dans le pare-brise, j'aurais rien pu faire.» Ce menuisier de 28 ans, père de trois enfants, pense s'en être bien tiré: «Il a suffi que je la déplace.» Comme si c'était le sort du quartier d'être accablé de malheurs et que la chance avait choisi de l'épargner. «Il a fallu que je coure vite aussi», corrige-t-il.

Considérant l'école maternelle incendiée, il parle de sa fille de 10 ans: «Elle y a passé quatre ans. Ça se fait pas de brûler une école.» Que les jeunes détruisent des voitures, y compris la sienne, ne le plonge apparemment pas dans de pareils abîmes d'incompréhension. Toumbou sait qu'ils «veulent faire parler d'eux» et devine que l'incendie de véhicules qui déclenche l'affrontement avec la police est une façon de dire leur ras-le-bol. Il vit à la Reynerie depuis sept ans. Avec des feuilles de paie pour les six premières années seulement. «Ma boîte a coulé. Je suis intérimaire ailleurs depuis le 30 mai. Quand je dis ça, le HLM ne veut pas me loger dans un autre quartier.» Il gagne 1 100 euros par mois. N'en demande pas beaucoup plus. C'est le sentiment d'être scotché à ce plancher qui le désespère. Il balance du chef: «Je travaille, mais ça suit pas. C'est la crise partout.» Toumbou travaille tous les jours de 3 heures à 11 heures du matin. Il n'aurait pas eu beaucoup de bus pour le conduire au boulot s'il avait perdu sa voiture. Il hausse les épaules sans accablement particulier: ce n'est pas une galère de plus qui changerait grand-chose à sa vie.

    Dans les cités, le désarroi des victimes, Libération, 14.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=338197

 

 

 

 

 

Violences: Chirac s'adresse aux Français, l'état d'urgence prorogé

 

14/11/2005 20h44
AFP

 

PARIS (AFP) - Jacques Chirac s'est adressé pour la première fois directement aux Français lundi, dans une allocution solennelle à la télévision sur les violences en France, dénonçant la "discrimination" et justifiant le "nécessaire" prolongement pour trois mois de l'état d'urgence.

Les émeutes qui ont éclaté à partir du 27 octobre, traduisent "une crise de sens, une crise de repères, une crise d'identité", a déclaré le président de la République.

"Nous ne construirons rien de durable si nous ne reconnaissons pas et n'assumons pas la diversité de la société française", a-t-il insisté, en demandant aux entreprises et organisations syndicales de se "mobiliser" sur cette question.

S'adressant directement "aux enfants des quartiers difficiles" il leur a dit qu'ils étaient "quelles que soient leurs origines (...) tous les filles et les fils de la République" et annoncé la "création d'un service civil volontaire" pour 50.000 jeunes qui auraient ainsi accès à formation et assistance.

Il n'a pas pour autant renoncé à la fermeté affichée par le gouvernement depuis le début de la crise des banlieues, insistant notamment sur la nécessité de "sanctionner" les familles ne prenant pas "leurs responsabilités", de lutter contre "l'immigration irrégulière et les trafics qu'elle génère".

Le président a justifié son souhait de proroger l'état d'urgence "pour une durée limitée" par la nécessité de "rétablir l'ordre public" et de "donner au gouvernement les moyens d'agir".

"Ceux qui s'attaquent aux biens et aux personnes doivent savoir qu'en République on ne viole pas la loi sans être appréhendés, poursuivis et sanctionnés", a déclaré le président, qui s'exprimait pour la troisième fois sur la crise des banlieues, après les 6 et 10 novembre.

Auparavant, le gouvernement avait approuvé lors d'un Conseil des ministres un projet de loi prorogeant l'état d'urgence de trois mois à compter du 21 novembre, sur fond d'accalmie dans les violences.

Ce projet devait être examiné mardi par l'Assemblée nationale et mercredi par le Sénat. Le gouvernement pourra interrompre l'état d'urgence avant l'expiration du délai de trois mois.

"C'est une mesure nécessaire pour donner aux forces de l'ordre tous les moyens dont elles ont besoin pour ramener définitivement le calme", avait déjà déclaré Jacques Chirac devant le gouvernement.

La gauche et SOS Racisme ont critiqué cette prolongation.

Les socialistes "manifestaient leur extrême réserve", selon le porte-parole du parti Julien Dray, jugeant l'état d'urgence "peu appliqué".

Les Verts ont annoncé leur intention de voter "contre cet état d'urgence qui fait croire à une guerre civile qui n'existe pas".

La présidente du groupe communiste au Sénat, Nicole Borvo, a dénoncé cette "nouvelle provocation d'un gouvernement qui érige la démonstration de force en stratégie politique".

Le Syndicat de la Magistrature (SM, gauche) a pour sa part envoyé une lettre ouverte au président, estimant qu'en déclarant cet état d'urgence, il avait fait "un choix fort dangereux et contestable au regard des libertés publiques et des droits fondamentaux".

La nuit de dimanche à lundi, la 18e depuis le début des violences urbaines, a "confirmé l'accalmie" observée les deux nuits précédentes, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin: le nombre de véhicules incendiés était notamment de 284, contre 374 la veille.

Dimanche, 2.767 personnes avaient été interpellées depuis le début des troubles, dont 375 ont été condamnées à de la prison ferme.

Un homme soupçonné d'avoir lancé vendredi soir des engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras (Vaucluse) était toujours activement recherché.

Par ailleurs, un policier placé en détention provisoire pour son implication présumée dans l'agression d'un jeune homme à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) le 7 novembre, en marge des violences urbaines, a été libéré sur décision de la cour d'appel de Paris.

Le même jeune homme a pour sa part été mis en examen lundi soir à Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour "violences aggravées" pour avoir lancé des projectiles sur des pompiers vendredi.

Une quarantaine de communes restent sous couvre-feu en France en vertu de l'état d'urgence.

    Violences: Chirac s'adresse aux Français, l'état d'urgence prorogé, AFP, 14/11/2005 20h44, http://www.afp.com/francais/news/stories/051114204427.claohdkd.html

 

 

 

 

 

Banlieues : les médias américains sans complaisance

 

14.11.2005 | 14h22 • Mis à jour le 14.11.2005 | 14h22
Article paru dans l'édition du 15.11.05
Le Monde
Eric Leser
CORRESPONDANT NEW YORK

 

La couverture par les médias américains des émeutes en France a été intensive et est allée crescendo avant d'être supplantée par les attentats terroristes en Jordanie. Cela était vrai à la fois pour les chaînes télévisées d'information en continu comme CNN, Fox News et MSNBC, les classiques CBS, ABC, NBC, les grands quotidiens et les magazines.

Sur les chaînes d'information, la dramatisation et la mise en scène étaient comme toujours spectaculaires et sans nuances. CNN Etats-Unis ouvrait systématiquement ses reportages avec en titre "Paris burning" (Paris brûle) sur fond d'images de voitures en feu. Fox News marquait sa différence avec en lettres rouges "Muslim Riots" (émeutes musulmanes) devant un drapeau bleu blanc rouge flottant au vent.

Les médias américains ont relaté les émeutes comme la guerre en Irak ou le tremblement de terre au Pakistan, avec des cartes, des reporters sur place aux endroits névralgiques et de nombreux experts invités en plateau.

Ils se sont intéressés à l'histoire des banlieues et de l'immigration en France, se sont interrogés sur les causes des émeutes et se sont beaucoup préoccupés d'un lien éventuel avec le terrorisme islamiste. CBS a diffusé un reportage sur les risques d'attentats en France. ABC évoque "le soutien croissant, dans les banlieues françaises, au terrorisme islamiste depuis la guerre en Irak". CNN a organisé un sondage pour savoir "comment les autorités françaises devraient traiter les violences". Plus de 20 000 personnes (63 %) ont répondu : "déployer des troupes".

Bill O'Reilly, la star de début de soirée de Fox News, n'a pas résisté au plaisir de se lancer dans une diatribe anti-chiraquienne. "La France est maintenant assiégée par des musulmans amers, et la faiblesse du gouvernement de Chirac s'étale aux yeux du monde. Les insurgés musulmans pensent qu'ils peuvent faire se qu'ils veulent. Et, parce que Chirac est si faible, ils ont à peu près raison".

Les quotidiens américains ont multiplié eux aussi récits et reportages et ont tous ajouté, sans exception, au moins un éditorial. Le New York Times en a même écrit plusieurs. Ils étaient en général plus nuancés que les commentaires télévisés. Le Times dénonçait notamment "l'échec de l'intégration des immigrés dans la société (française) et une élite politique et des ministres totalement décalés, plus intéressés par une élection présidentielle qui est encore dans près de deux ans".

"Pris par surprise, lents à réagir, obnubilés par les postures politiques et les mises en accusation, les dirigeants français ont montré qu'une mauvaise réponse à une crise n'est pas seulement une spécialité américaine", a estimé pour sa part le Washington Post. Pour le quotidien conservateur Washington Times, "le vrai problème est la culture de la violence trop longtemps tolérée".

 

"UNE GUERRE DES MONDES"

Le New York Daily News évoque une "guerre des mondes". Le Wall Street Journal, particulièrement sévère, soulignait dans un texte titré "Les Misérables" que "les banlieues de Paris sont la vitrine de l'échec de l'Europe à intégrer ses immigrants". Dans le même quotidien, une tribune sur la France, signée de l'écrivain Théodore Darlymple, avait pour titre "Le bûcher des vanités" — allusion au célèbre roman de Tom Wolfe sur les dérives des banlieues et de la société américaines des années 1980.

Sur la Côte ouest, le Los Angeles Times parle d'une France "obsédée par son passé et son influence culturelle déclinante", qui "n'est plus une puissance majeure mais une parodie de puissance majeure".

Pour avoir plus de recul, les magazines n'étaient pas pour autant plus nuancés. Le Weekly Standard, hebdomadaire néoconservateur, annonce : "L'Intifada arrive en France". Newsweek se demande si "les émeutes vont gonfler les rangs des djihadistes" et Time Magazine dénonce la politique d'intégration française : "La discrimination, religieuse ou raciale, n'a jamais trouvé sa place dans l'idée que la France se fait d'elle-même, noyée dans tant de platitudes floues sur la République. Mais pour les gens perdus dans les rues, c'est une réalité."

Même les humoristes de télévision comme Jon Stewart, populaire présentateur du "Daily Show", se sont emparés des émeutes françaises. Il a d'abord montré comment d'après lui les médias français couvrent les violences dans un clip noir et blanc, avec de la musique d'accordéon et un commentaire lu par une voix suave à l'accent français. Cela se termine sur l'image d'un homme, cigarette au bord des lèvres, "from Clichy-sous-bois, this is Jean-Luc Godard". Un peu plus tard un faux envoyé spécial à Paris, dans un faux reportage, constate que "c'est rafraîchissant de voir un pays imploser dans un violent orgasme de haine, tout en sachant qu'il ne peut pas nous accuser (les Etats-Unis) pour cela".

    Banlieues : les médias américains sans complaisance, Le Monde, 14.11.2005 | 14h22 • Mis à jour le 14.11.2005 | 14h22, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-709977,0.html

 

 

 

 

 

Enquête

Journal d'un médecin du travail

 

14.11.05 | 14h20 • Mis à jour le 14.11.05 | 15h03
Article paru dans l'édition du 15.11.2005
Le Monde

 

Je suis le médecin du travail d'un hypermarché appartenant à un grand groupe de distribution depuis dix-neuf ans. Cet établissement a environ 480 salariés. Je me suis aperçue depuis longtemps que les conditions de travail y sont très pénibles, tant sur le plan physique (manutentions très lourdes, répétées, souvent sans matériel adapté, et sous contrainte de temps) que sur le plan psychologique : pression morale et brimades sont constantes, la plus fréquente étant la suppression des congés (ou le changement de jour de repos) lorsque l'on revient d'un arrêt de travail – pour maladie ou accident du travail.

Mais je m'imaginais que seuls les salariés de terrain pouvaient en être victimes. D'une façon primaire, je pensais que les "chefs" étaient tous des sales types payés pour malmener leur équipe. Ils me semblaient bâtis sur le même modèle.

A l'embauche, ils sont comme "gonflés", d'un ego sans limites : c'est sûr, dans cette société, ils auront un avenir brillant ; d'ailleurs, on leur a dit que leur avancement serait très rapide à condition de donner (beaucoup de temps, d'énergie), donner toujours pour le bien de l'entreprise (...).

Lors des visites suivantes, je trouve deux catégories :

– Des jeunes gens qui souffrent, épuisés physiquement et moralement. Les mêmes propos me reviennent : "Je n'ai pas les moyens de faire tout ce qu'on me demande ; mon chef veut que je me débrouille pour virer ce salarié, mais je ne peux pas, il a des enfants, et puis il ne bosse pas plus mal qu'un autre, alors, pourquoi le virer ?"

"Je ne pourrai pas tenir mon objectif, mais je n'y suis pour rien" – un événement inattendu, comme de la pluie en été, a réduit les ventes de vêtements légers ou de salades, mais la direction ne veut rien savoir, le chiffre n'est pas fait, et le chef est convoqué pour avertissement. "Je donne sans compter mon temps, je rentre le soir crevé, je ne peux plus supporter mes gosses, avec ma femme, on s'engueule constamment."

Très souvent, je conseille à ces jeunes sans ancienneté de quitter la société, car leur souffrance les rendra malades.

– Dans la deuxième catégorie, je mets tous les chefs qui semblent adhérer au système. Au fil des visites, j'ai l'impression de rencontrer les membres d'une secte : mêmes réactions, mêmes discours, mêmes remarques désobligeantes sur leurs équipiers malades ou accidentés, bref une espèce de "pensée unique". Ils sont comme blindés. (...) Ils vivent souvent seuls ou ont une vie parallèle à celle de leur famille. Certains livrent parfois leur souffrance privée, mais refusent d'envisager qu'elle puisse être liée à leurs conditions de travail. (...) Je me débrouillais donc avec tout ça, jusqu'au jour où je vois, en visite de reprise de travail, l'un de ces chefs "imperméables".

Mai 2000. Daniel

Daniel travaille depuis dix ans comme chef de rayon. Il a été arrêté plusieurs mois pour dépression. Lors de la visite de reprise, il est très angoissé, se dévalorise, décrit des idées noires. Il est complètement insomniaque. (...) Quand je lui parle de son travail, il s'écroule, sanglote : son chef l'a humilié à plusieurs reprises devant ses équipiers et même devant la clientèle. Ça le paralyse. Il l'entend hurler, sans comprendre un mot ; il se dit incapable de supporter "tout ça" à nouveau.

Je mets donc Daniel en inaptitude temporaire. (Cette décision protège le salarié en suspendant son contrat de travail.) Puis, après un nouvel arrêt de travail, un traitement médicamenteux et une prise en charge psychiatrique, je le déclare inapte à tous les postes de l'entreprise, tant il se sent harcelé et a peur de revenir. [Cette décision donne un mois à l'entreprise pour le licencier avec ses indemnités ou lui offrir un poste dans un autre établissement du groupe.]

Son chef de secteur et le directeur m'expliquent alors que Daniel "est nul". L'inaptitude médicale leur semble une bonne chose. Daniel sera effectivement licencié et touchera de grosses indemnités, compte tenu de son ancienneté. Il retrouvera très vite un travail dans un secteur d'activité différent.

Quant à moi, je me mets à voir la direction de l'établissement d'un œil nouveau. Comment peut-on juger "nul et incompétent" un homme qui tient ses objectifs et a dix ans d'ancienneté ? Est-ce pour l'entreprise une victoire ou un échec ? (...)

[L'effondrement de Daniel, qu'elle considérait jusque-là comme un homme arrogant et sûr de lui, est un révélateur pour le docteur Ramaut.]

A partir de ce moment, je me mets à écouter les chefs d'une oreille plus attentive. (...) Sans doute parce que je suis plus réceptive, ils se livrent beaucoup plus facilement, certains me racontent qu'avec le nouveau directeur ils sont obligés, plus souvent que par le passé, de faire des choses qu'ils réprouvent. (...)

Je les incite à ne pas agir contre leur propre conscience et à parler entre eux, puisqu'ils sont tous plus ou moins concernés. (...) Très vite, je m'aperçois que les quelques chefs qui ont osé parler sont mis en quarantaine par les autres et deviennent victimes de brimades, voire de véritable harcèlement. (...). Tout cela me désempare et me laisse très perplexe, je m'interroge sur les conséquences de mon action et le fonctionnement du management.

Novembre 2000. Mathieu

Mathieu, chef de rayon depuis 1988, est arrêté depuis plusieurs mois pour des lombalgies très invalidantes. Je le reçois en visite de préreprise. Mathieu a 35 ans et ressemble à un vieillard. Il marche courbé, boîte, s'appuie sur une canne. (...) Il veut pourtant reprendre le travail et m'explique qu'il a pris rendez-vous avec un "grand chirurgien". Je négocie une reprise après l'avis du "grand chirurgien". Quelques semaines plus tard, Mathieu m'explique, au téléphone, que ce chirurgien ne peut rien pour lui, qu'il souffre toujours autant, mais qu'il faut qu'il reprenne son travail. N'ayant, exceptionnellement, aucune vacation dans le magasin cette semaine-là, je propose de le recevoir ailleurs. (...) Il se tient droit, boîte moins et oublie sa canne dans la salle d'attente. Il se plaint toujours beaucoup de son dos.

Comme je lui fais remarquer qu'il a oublié sa canne, il me révèle que, depuis quelque temps, il n'en a besoin que pour se rendre au magasin. Je laisse alors de côté la pathologie lombaire et évoque ses conditions de travail, notamment ses relations avec son chef de secteur, Benoît, dont plusieurs autres chefs de rayon se sont plaints. Le visage de Mathieu s'éclaire, il me dit : "Vous aussi, vous savez !"(...) Il ajoute : "Vous connaissez la dernière ?" (Non, je ne sais pas !) Benoît vient de nommer un autre chef de rayon à sa place, en prétendant qu'il ne reviendra jamais. (...)

Je comprends pourquoi Mathieu est si pressé de reprendre le travail malgré sa symptomatologie très douloureuse... [Le docteur revoit plusieurs fois Mathieu, en dehors du magasin, et il finit par expliquer le fond de l'affaire] Benoît lui a demandé de "virer" un salarié jugé trop lent et inefficace. Ne pouvant lui trouver de faute, Mathieu a refusé de le licencier pour un vol imaginaire.

Très vite, il reçoit des missions impossibles à remplir, Benoît l'humilie, l'atteint dans sa dignité de chef, puis d'homme, jusqu'au jour où il a tellement mal au dos qu'il s'arrête.

[Au fil des entretiens, le médecin amène Mathieu à accepter une prise en charge psychiatrique et le met en inaptitude définitive en novembre 2001.]

Sournoisement, j'ai conseillé au directeur des relations humaines de constater ma décision, car j'espère que, par ce biais, le médecin inspecteur régional du travail et l'inspection du travail seront alertés et pourront intervenir. Je serai bien déçue, car au-delà du soutien qu'ils me manifesteront, leur action n'aura pas les répercussions que j'espérais sur les dysfonctionnements de l'entreprise.

Pendant ce temps, Mathieu est très inquiet pour sa femme. Elle travaille dans un autre magasin de la même enseigne et il est persuadé qu'on va "lui en faire voir". Elle subira en effet des pressions.

Actuellement Mathieu va très bien. Il fait une nouvelle formation professionnelle.

Décembre 2001. Thibault

En faisant mes courses dans le magasin, je rencontre deux employés qui me disent être très inquiets pour leur chef, Thibault ; ils l'ont vu pleurer dans la réserve, lui qui est d'habitude si courageux, qui supporte tout. Ils m'apprennent que, depuis quelque temps, le chef de secteur, Benoît [le même que celui qui avait harcelé Mathieu], est toujours "sur son dos"(...).

Thibault se présente très en retard à sa visite médicale. Il a l'air absent, le regard vide. A ma première question, il s'écroule littéralement (...), s'autodévalorise, et présente des idées noires, avec menaces de passage à l'acte.

Il parle abondamment de ses déboires conjugaux : sa femme va le quitter. (...) Je ramène l'entretien sur son travail. Depuis des mois, Benoît essaye de le "virer" (...). Justement, il vient de lui demander l'inventaire du rayon pour le lendemain. Thibault sait que c'est matériellement impossible à réaliser, même en faisant travailler son équipe toute la nuit, ce qu'il se refuse, de toute façon, à demander à "ses gars".

Je le dirige en urgence vers une structure adaptée. (...) Après une prise en charge psychothérapique et un traitement médicamenteux lourd, je le mets en inaptitude définitive à tout travail dans l'entreprise, en juin 2002.

Trois semaines plus tard, le directeur me signifie, par lettre recommandée, que (...) d'autres établissements du groupe peuvent accueillir Thibault. (...) Ce dernier m'explique qu'il est à tout jamais marqué au fer rouge ; où qu'il aille, il sera un paria. Il cite plein d'exemples. Je confirme donc ma décision. Plusieurs recommandés suivent. Je reconnais, par le style et le vocabulaire, qu'ils ont été écrits par un avocat.

[Le docteur Ramaut informe la direction du service de médecine inter-entreprises pour lequel elle travaille. Celle-ci, pour la soulager, lui propose qu'un autre médecin prenne le relais.] Je réponds que c'est hors de question. Pourtant je ne vais pas très bien. Ces affaires successives m'ébranlent, mais les vacances approchent et j'ai décidé de ne pas leur faire le cadeau de craquer ! A l'automne, Thibaut est finalement licencié dans les règles. Aujourd'hui, il va très bien. Ses difficultés conjugales se sont estompées. Il a eu un deuxième enfant et il vient de retrouver du travail.

Mars 2002. Aurélie

Aurélie m'est adressée en urgence par l'inspecteur du travail (...). Je ne la connais pas. Elle vient d'arriver. [Auparavant, elle a travaillé une quinzaine d'années dans une autre enseigne, rachetée par le groupe.] C'est une femme de 42 ans, élégante, mais son visage ne colle pas avec son allure vestimentaire : elle n'est ni coiffée ni maquillée. Dès que j'aborde les raisons de sa visite, elle s'écroule, sanglote, en me disant qu'elle ne comprend pas ce qui lui arrive, qu'elle est "tombée chez des fous !". Tout lui est devenu intolérable, arriver sur le parking est déjà une épreuve terrible (...).

(Aurélie ne supporte pas les agissements et la grossièreté de son chef de secteur, Jérôme, vis-à-vis de l'un de ses collègues, qu'il insulte régulièrement, ridiculise et rabaisse. Pour le défendre, elle a osé tenir tête à Jérôme.)

Très vite, Jérôme adopte le même comportement humiliant à l'égard d'Aurélie. Alors, elle craque et fait une grosse dépression. Je la mets en inaptitude temporaire et l'adresse à un psychiatre (...).

Le collègue qu'elle a défendu est licencié pour faute grave – je ne le verrai jamais en visite médicale.

(Aurélie prend un avocat, contacte d'autres harcelés, et porte plainte aux prud'hommes. Cinq cadres l'imitent. Deux auront finalement gain de cause. Aurélie perdra et fera appel. Le docteur Ramaut la revoit, deux ans et demi plus tard.)

Aurélie présente toujours un gros syndrome dépressif. Elle me semble usée, elle est angoissée, insomniaque. Sur le plan administratif, elle est toujours en arrêt de travail, mais elle n'est plus indemnisée, et je la mets en inaptitude. Finalement, elle sera licenciée, après trois années de procédure.

Fin 2002

[Peu après les problèmes de Mathieu, Thibault et Aurélie, d'autres cas de harcèlement moral se terminent soit par des licenciements pour faute, soit par des inaptitudes temporaires. Le docteur Ramaut tente d'alerter la direction du magasin, puis celle du groupe, en vain. Elle essaye également de saisir le comité hygiène et sécurité du comité d'entreprise, mais ses propos ne sont jamais retranscrits dans le compte rendu. Elle persiste et relate les faits dans le rapport annuel qu'elle présente au CE.]

L'ambiance était très tendue. Les représentants du personnel (...) baissaient la tête et se taisaient. Une déléguée a même affirmé que ce que je disais était faux. Cette même déléguée est ensuite venue me voir pour me confier qu'elle avait été forcée de dire ça mais qu'il fallait que je continue ! (...)

J'avoue être passée par de longues périodes de doute et de désarroi. Il m'est devenu très difficile de travailler dans ce magasin tant mes propres conditions de travail se sont dégradées. Les chefs de secteur disent à leurs chefs de rayon de se méfier de moi (...). Certains refusent de passer la visite médicale. D'autres font des scandales dans la salle d'attente (...). D'autres encore refusent de se déshabiller. L'un d'eux fait même un compte rendu écrit de sa visite, destiné à ses équipiers. (...) Au fond, je les plains. Je sais qu'ils se croient obligés de tenir ce rôle. Lors de la consultation, certains me le disent, ils me décrivent leur souffrance et leur impuissance.

Plusieurs me mettent en garde : faites attention, "ils" cherchent à vous virer, "ils" vont essayer de mettre un objet dans votre sac ou dans votre poche pour vous accuser de vol. (...)

J'ai décidé de ne rien changer à mon comportement : si j'ai peur, je suis "cuite", ils ne m'auront pas, je ne craquerai pas.

Je continue à faire régulièrement mes courses dans le magasin, mais j'essaye de varier les jours et les horaires. Je ne prends qu'un tout petit sac à main que je tiens près du corps. Je ne porte pas de vêtements amples... Dès qu'un salarié s'approche, je recule. Je sais que le danger peut venir de toutes parts.

J'ai le sentiment de devenir parano. J'en parle à plusieurs consœurs, elles m'écoutent, mais je sens bien qu'elles pensent que j'en rajoute. Je ne sais plus bien où j'en suis. On me conseille de me syndiquer, au cas où... (...)

A cette époque, je vois régulièrement, à sa demande, le chef de secteur Benoît, accusé de harcèlement. Il ne comprend rien à ce qui lui arrive, il ne va pas bien du tout. (...)

Juillet 2003

[Le directeur de l'établissement a été licencié, les deux chefs harceleurs et le DRH mutés.]

J'ai, depuis quelque temps, des conditions de travail normales. Le nouveau directeur est beaucoup plus courtois avec moi ; il me fait croire que le dialogue est possible. Il l'est, mais ne sert à rien. (...)

J'ai le sentiment que, malgré mes démarches, tout continue de fonctionner comme avant, si ce n'est que, depuis que j'ai réussi à mettre les problèmes sur la scène publique, les langues se délient plus facilement. C'est aujourd'hui ma seule satisfaction. (...)

Décembre 2004

[Depuis plusieurs mois, un nouveau chef de rayon a généré d'autres problèmes. Les syndicats ont demandé, en cachette, au docteur d'intervenir. Elle a alerté le directeur, en vain.]

Un matin, un employé du libre-service pète les plombs au cours d'une réunion où, comme chaque jour, il a été insulté, avec ses collègues. Il quitte violemment la réunion et me téléphone afin que je le reçoive. Il est extrêmement agité et profère des menaces de mort : "Je vais le tuer !", dit-il, à plusieurs reprises. Je le mets en inaptitude temporaire et lui conseille d'appeler l'inspection du travail. Quelques jours plus tard, il reçoit une lettre pour un entretien en vue d'un licenciement.

[Cette fois, les syndicats réagissent. Une grève paralyse le service. Un comité hygiène et sécurité exceptionnel est convoqué. Il est décidé que le docteur Ramaut animera des réunions avec les cadres pour parler de harcèlement moral.]

Mars 2005

Je crois sincèrement (...) que ces réunions ont été appréciées. Pour la première fois, dans le magasin, on a parlé de harcèlement. Pour certains, qui avaient été eux-mêmes victimes sans se l'avouer ou témoins, des mots étaient mis sur leur souffrance. D'autres découvraient que cela s'était produit, et se produisait encore.

Octobre 2005

On me reconnaît désormais comme une professionnelle de la santé au travail, mais à quoi cela sert-il puisque, sur le terrain, les gens continuent à souffrir ?

    Journal d'un médecin du travail, Le Monde,14.11.20O5 | 14h20 • Mis à jour le 14.11.2005 | 15h03, Article paru dans l'édition du 15.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-709997,0.html

 

 

 

 

 

Le Conseil d'Etat valide l'état d'urgence, un bémol sur les perquisitions

 

14.11.2005 | 18h42
AFP

 

Le Conseil d'Etat a rejeté lundi une requête qui demandait la suspension de l'état d'urgence instauré sur le territoire national pour faire face aux violences urbaines, mais il a mis un bémol sur les pouvoirs de perquisition du préfet, qui doivent rester "sous contrôle judiciaire".

Le Conseil d'Etat se prononçait en référé sur la requête d'un professeur agrégé des facultés de Droit, Frédéric Rolin, qui considérait que l'instauration de l'état d'urgence était "exagérée" car le gouvernement "aurait pu aboutir au même résultat avec les pouvoirs normaux des préfets" et parce que les troubles ne concernaient que quelques centaines de communes.

Le juge des référés Bruno Genevois a estimé qu'il ne pouvait exister de "doutes sérieux" sur la légalité de l'instauration de l'état d'urgence étant donné "l'aggravation continue depuis le 27 octobre 2005 des violences urbaines, leur propagation sur une partie importante du territoire et la gravité des atteintes portées à la sécurité publique".

Interrogé par l'AFP, le Pr Rolin a trouvé que les attendus du Conseil d'Etat portaient en eux le germe d'autres contestations: en justifiant l'état d'urgence par l'ampleur des troubles, il ouvre la porte à d'autres requêtes quand, alors qu'il aura été prolongé pour trois mois, les violences se seront calmées, a-t-il expliqué en substance, estimant que le débat pourrait se déplacer vers le Conseil constitutionnel.

Tout en justifiant l'état d'urgence, le juge Genevois a nuancé l'interprétation qui veut que la loi du 3 avril 1955, qui permet son instauration, autorise le pouvoir administratif à procéder seul à des perquisitions.

L'article 11 de cette loi prévoit en effet qu'une disposition expresse peut conférer aux autorités administratives "le pouvoir d'ordonner des perquisitions à domicile de jour et de nuit".

Le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, avait même précisé que ce serait le cas lorsqu'il y aurait "suspicion" de détention d'armes, tandis que le Premier ministre Dominique de Villepin envisageait celui où des projectiles auraient été tirés depuis un domicile sur les forces de l'ordre.

Mais pour le Conseil d'Etat, les législateurs n'avaient pas dans l'esprit de "soustraire au contrôle de l'autorité judiciaire l'exercice par le ministre de l'Intérieur ou le préfet de missions relevant de la police judiciaire".

En clair, explique-t-on au Conseil d'Etat, préfet ou ministre de l'Intérieur doivent "rendre compte à l'autorité judiciaire" qui doit "contrôler" la façon dont les perquisitions "se passent".

Samedi, le Conseil d'Etat avait rejeté une requête en référé de SOS-Racisme contestant l'annonce, le 9 novembre à l'Assemblée nationale par Nicolas Sarkozy, de mesures d'expulsions d'étrangers condamnés pour des violences urbaines.

    Le Conseil d'Etat valide l'état d'urgence, un bémol sur les perquisitions, AFP, 14.11.2005 | 18h42, http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26062357@7-37,0.html

 

 

 

 

 

Plusieurs associations critiquent la prolongation de l'état d'urgence

 

Lemonde.fr
14.11.2005 | 17h48 • Mis à jour le 14.11.2005 | 18h04

 

Plusieurs associations ont exprimé leur inquiétude suite à la décision du conseil des ministres, lundi 14 novembre, de prolonger de trois mois l'état d'urgence en France.

Dans un communiqué diffusé aujourd'hui, le Syndicat de la magistrature estime qu'en "raison du caractère gravement attentatoire aux libertés d'une telle mesure, les conventions internationales prévoient que les Etats, lorsqu'ils font ce choix, doivent en informer pleinement le secrétariat général de l'ONU et de celui du Conseil de l'Europe". Le syndicat a adressé à Jacques Chirac une lettre ouverte lui demandant de rendre publics "les éléments d'information transmis aux autorités compétentes, tant sur les motifs qui ont présidé à une telle décision que sur le détail des mesures prises aussi bien sur le plan du symbole historique désastreux" que représenterait cette décision. Dans cette lettre, l'organisation estime que cette décision met en péril plusieurs droits constitutionnels, tels la liberté d'expression, la liberté de réunion et d'association et le droit au respect de la vie familiale et privée.

L'organisation SOS Racisme a également protesté, dans un communiqué, émettant de "sérieux doutes" sur cette mesure : "SOS Racisme tient à exprimer sa totale réprobation (...). Des doutes très sérieux peuvent être exprimés sur une telle mesure". "SOS Racisme s'interroge, alors que le calme est en train de se réinstaller, sur la légalité d'une telle volonté ainsi que sur le but poursuivi", peut-on lire dans le texte.

Un collectif, composé d'une douzaine d'associations et de partis d'opposition (dont Attac, CGT, Lutte ouvrière, FIDH, FSU, Les Verts, MRAP, PCF, Syndicat de la magistrature, Union nationale lycéenne, UNSA, notamment) s'est également constitué ad hoc pour prendre position sur l'état d'urgence : "On ne répond pas à une crise sociale par un régime d'exception (...). Ce sont des années de politique centrée sur le tout-sécuritaire qui sont en cause". "Il y a là une véritable urgence nationale : il faut substituer à l'état d'urgence policier un état d'urgence sociale, afin que les actes des gouvernants cessent de contredire la devise de la République".

Selon Agnès Herzog, vice-présidente du Syndicat de la magistrature, d'autres actions communes sont prévues. Une réunion dans les locaux de la Ligue des droits de l'homme, lundi soir, réunira une trentaine d'associations de défense des droits de l'homme qui envisagent un texte commun.

    Plusieurs associations critiquent la prolongation de l'état d'urgence, Lemonde.fr avec AFP, 14.11.2005 | 17h48 • Mis à jour le 14.11.2005 | 18h04, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-710193@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Violences en France: état d'urgence prorogé, Chirac à la télévision

 

14/11/2005 17h36
AFP

 

PARIS (AFP) - Le gouvernement a approuvé lundi en Conseil des ministres un projet de loi prorogeant l'état d'urgence de trois mois à compter du 21 novembre, sur fond d'accalmie dans les violences, à quelques heures d'une intervention télévisée du président Jacques Chirac.

Un policier placé en détention provisoire pour son implication présumée dans l'agression d'un jeune homme à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) le 7 novembre, en marge des violences urbaines, a été libéré sur décision de la cour d'appel de Paris.

Le projet prorogeant l'état d'urgence, instauré le 9 novembre, doit être examiné mardi par l'Assemblée nationale et mercredi par le Sénat. Le gouvernement pourra interrompre l'état d'urgence avant l'expiration du délai de trois mois.

En Conseil des ministres, le président a souligné qu'il s'agissait d'une "mesure strictement temporaire qui ne s'appliquera que là où elle est strictement nécessaire et en plein accord avec les élus", selon le porte-parole du gouvernement, Jean-François Copé.

"C'est une mesure nécessaire pour donner aux forces de l'ordre tous les moyens dont elles ont besoin pour ramener définitivement le calme", a précisé Jacques Chirac, qui devait prononcer une déclaration à 20H00 sur la crise des banlieues, la troisième sur ce sujet après les 6 et 10 novembre.

La gauche et SOS Racisme ont critiqué cette prolongation.

Les socialistes "manifestaient leur extrême réserve", selon le porte-parole du parti Julien Dray, jugeant l'état d'urgence "peu appliqué".

"On ne voit pas, à ce stade, pourquoi le prolonger", a-t-il dit.

Les Verts ont annoncé leur intention de voter "contre cet état d'urgence qui fait croire à une guerre civile qui n'existe pas" et exhorté les socialistes à faire de même. La "seule réponse" que Jacques Chirac "ait trouvée pour lutter contre la fracture sociale, c'est le bâton", selon les Verts.

La présidente du groupe communiste au Sénat, Nicole Borvo, a dénoncé cette "nouvelle provocation d'un gouvernement qui érige la démonstration de force en stratégie politique". "Le retour au calme se confirme dans les banlieues", a-t-elle souligné.

La nuit de dimanche à lundi, la 18e depuis le début des violences urbaines, a "confirmé l'accalmie" observée les deux nuits précédentes, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin.

284 véhicules ont été incendiés (dont 68 en Ile-de-France et 216 en province) et 115 personnes ont été interpellées en France (contre 374 véhicules incendiés et 212 personnes interpellées la nuit précédente).

Le préfet de police Pierre Mutz a révélé que depuis le 27 octobre, 217 véhicules avaient été incendiés à Paris, "le nord de la capitale étant un peu plus touché", et une centaine de personnes interpellées.

A Lyon, où le préfet a pris un arrêté interdisant dimanche dans le centre-ville tout rassemblement susceptible de troubler l'ordre public, la police n'a signalé aucun incident.

Le préfet du Rhône a maintenu jusqu'à mercredi un couvre-feu imposé aux mineurs entre 22H00 et 06H00, qui touche désormais 13 communes du département.

A Toulouse, une voiture enflammée lancée dimanche après-midi dans la cour d'une école maternelle du quartier de la Reynerie a endommagé une salle de classe.

Le retour au calme s'est également confirmé dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, avec une baisse du nombre de véhicules incendiés recensés, tout comme en Alsace et en Lorraine, avec 9 voitures incendiées à 00H00 contre 13 la veille à la même heure.

Dimanche, 2.767 personnes avaient été interpellées depuis le début des troubles, dont 375 ont été condamnées à de la prison ferme.

Un homme soupçonné d'avoir lancé vendredi soir des engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras (Vaucluse) était toujours activement recherché.

Une quarantaine de communes restent sous couvre-feu en France en vertu de l'état d'urgence.

Par ailleurs, le député-maire UMP de Draveil (Essonne), Georges Tron, a annoncé la suspension "immédiate" dans sa commune des aides sociales aux familles des auteurs de violences ou de dégradations.

    Violences en France: état d'urgence prorogé, Chirac à la télévision, AFP, 14/11/2005 17h36, http://www.afp.com/francais/news/stories/051114173606.7wjmh2w8.html

 

 

 

 

 

Comment

Riots are a class act - and often they're the only alternative

France now accepts the need for social justice. No petition, peaceful march or letter to an MP could have achieved this

 

Monday November 14, 2005
The Guardian
Gary Younge

 

'If there is no struggle, there is no progress," said the African American abolitionist Frederick Douglass. "Those who profess to favour freedom and yet depreciate agitation are men who want crops without ploughing up the ground; they want rain without thunder and lightning. They want the ocean without the awful roar of its many waters ... Power concedes nothing without a demand. It never did and it never will."
By the end of last week it looked as though the fortnight of struggle between minority French youth and the police might actually have yielded some progress. Condemning the rioters is easy. They shot at the police, killed an innocent man, trashed businesses, rammed a car into a retirement home, and torched countless cars (given that 400 cars are burned on an average New Year's Eve in France, this was not quite as remarkable as some made out).

But shield your ears from the awful roaring waters for a moment and take a look at the ocean. Those who wondered what French youth had to gain by taking to the streets should ask what they had to lose. Unemployed, socially excluded, harassed by the police and condemned to poor housing, they live on estates that are essentially open prisons. Statistically invisible (it is against the law and republican principle to collect data based on race or ethnicity) and politically unrepresented (mainland France does not have a single non-white MP), their aim has been simply to get their plight acknowledged. And they succeeded.

Even as the French politicians talked tough, the state was suing for peace with the offer of greater social justice. The government unrolled a package of measures that would give career guidance and work placements to all unemployed people under 25 in some of the poorest suburbs; there would be tax breaks for companies who set up on sink estates; a €1,000 (£675) lump sum for jobless people who returned to work as well as €150 a month for a year; 5,000 extra teachers and educational assistants; 10,000 scholarships to encourage academic achievers to stay at school; and 10 boarding schools for those who want to leave their estates to study.

"We need to respond strongly and quickly to the undeniable problems facing many inhabitants of the deprived neighbourhoods," said President Chirac. From the man who once said that immigrants had breached the "threshold of tolerance" and were sending French workers "mad" with their "noise and smell" this was progress indeed.

"The impossible becomes probable through struggle," said the African American academic Manning Marable. "And the probable becomes reality."

And the reality is that none of this would have happened without riots. There was no petition these young people could have signed, no peaceful march they could have held, no letter they could have written to their MPs that would have produced these results.

Amid the charred chassis and broken glass there is a vital point of principle to salvage: in certain conditions rioting is not just justified but may also be necessary, and effective. From the poll tax demonstrations to Soweto, history is littered with such cases; what were the French and American revolutions but riots endowed by Enlightenment principles and then blessed by history?

When all non-violent, democratic means of achieving a just end are unavailable, redundant or exhausted, rioting is justifiable. When state agencies charged with protecting communities fail to do so or actually attack them, it may be necessary in self-defence.

After the 1967 riots in American cities, President Johnson set up the Kerner commission. It concluded: "What white Americans have never fully understood - but what the Negro can never forget - is that white society is deeply implicated in the ghetto. White institutions created it, white institutions maintain it, and white society condones it." How else was such a damning indictment of racial discrimination in the US ever going to land on the president's desk?

Following the inner-city riots across Britain in 1981, Lord Scarman argued that "urgent action" was needed to prevent racial disadvantage becoming an "endemic, ineradicable disease threatening the very survival of our society". His conclusions weren't perfect. But the kernel of a message black Britons had been trying to hammer home for decades suddenly took centre stage. A few years later Michael Heseltine wrote a report into the disturbances in Toxteth entitled It Takes a Riot.

Rioting should be neither celebrated nor fetishised, because ultimately it is a sign not of strength but weakness. Like a strike, it is often the last and most desperate weapon available to those with the least power. Rioting is a class act. Wealthy people don't do it because either they have the levers of democracy at their disposal, or they can rely on the state or private security firms to do their violent work for them, if need be.

The issue of when and how rioting is effective is more problematic. Riots raise awareness of a situation, but they cannot solve it. For that you need democratic engagement and meaningful negotiation. Most powerful when they stem from a movement, all too often riots are instead the spontaneous, leaderless expression of pent-up frustration void of an agenda or clear demands. Many of these French youths may have had a ball last week, but what they really need is a party - a political organisation that will articulate their aspirations.

If Kerner and Scarman are anything to go by, the rioters will not be invited to help write the documents that could shape racial discourse for a generation. Nor are they likely to be the primary beneficiaries.

"During the 80s, everyone was desperate to have a black face in their organisation to show the race relations industry that they were allowing black people to get on," says the editor of Race & Class, Ambalavaner Sivanandan. "So the people who made this mobility possible were those who took to the streets. But they did not benefit." The same is true of the black American working class that produced Kerner.

Given these uncertain outcomes, riots carry great risk. The border between political violence and criminality becomes blurred, and legitimate protest risks degrading into impotent displays of hypermasculinity. Violence at that point becomes not the means to even a vague aspiration but the end in itself, and half the story gets missed. We heard little from young minority French women last week, even though they have been the primary target of the state's secular dogma over the hijab.

Finally, violence polarises. The big winner of the last two weeks may yet prove to be Sarkozy. The presidential-hopeful courted the far-right with his calculated criticisms of the rioters; if he wins he could reverse any gains that may arise. Le Pen also lurks in the wings.

The riots in France run all these risks and yet have still managed to yield a precarious kind of progress. They demand our qualified and critical support.

Power has made its concessions. But how many, for how long and to whom depends on whether those who made the demands take their struggle from the margins to the mainstream: from the street to the corridors of power.

    Riots are a class act - and often they're the only alternative, The Guardian, 14.10.2005, http://www.guardian.co.uk/france/story/0,11882,1641908,00.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

An underclass rebellion        The Economist        14.11.2005
http://www.economist.com/agenda/displaystory.cfm?story_id=5138990

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

An underclass rebellion

 

Nov 14th 2005
From The Economist Global Agenda


The unrest in France’s cities shows that social and policing policy has failed, as well as integration

 

THEY rammed a car into the local McDonald’s, set it alight, and scarpered. In the daylight, the charred skeleton of the roof now hangs precariously beside the empty children’s slide. Across the road, riot police face a group of hooded youngsters outside the treeless estate of Les Tarterêts. Amid this destruction, a billboard on what remains of the roof carries a painfully incongruous message: “What you were not expecting from McDonald’s”.

For more than two weeks, France has been gripped by unrest that began in one suburb north-east of Paris, later spreading around the capital’s periphery and to scores of cities across the country. In scenes that have rocked the country and are broadcast nightly on television, more than 6,000 vehicles have been set alight in nearly 300 towns; over 1,500 people have been arrested; one man has died. By Monday November 14th, the violence had subsided in many of the worst-hit areas, though incidents were still being reported across the country; on Sunday night, more than 280 vehicles were torched and 115 people arrested.

It is the worst social turmoil the country has seen since the student-led unrest of 1968, and the government has appeared powerless to contain it. It took President Jacques Chirac ten days to appeal publicly for calm. After an emergency cabinet meeting last week, Dominique de Villepin, his prime minister, declared a state of emergency, invoking a 1955 law that allows a curfew to be imposed in troubled areas and which—with unfortunate symbolism—dates from the war in Algeria. On Monday, the government said it would ask parliament to extend the state of emergency by three months; the decree was originally due to last 12 days.

Two incidents triggered the rioting. On October 27th, two teenagers—one of North African origin, the other of Malian—apparently believing themselves pursued by the police, were electrocuted in an electricity substation in the suburb of Clichy-sous-Bois. A few days later, as trouble spread, a riot-police tear-gas grenade ended up—under unexplained circumstances—inside a prayer hall in Clichy. With no official explanation for either episode, rumour and indignation spread in equal measure.

This rapid domino effect reflects two broader failings and two policy problems. First, the mass unemployment that persists in a welfare system supposedly glued together by “social solidarity”. Second, the ethnic ghettos that have formed in a country that prides itself on colour-blind equality. These problems have been worsened in recent years by a deliberate hardline policing policy, and by disputes over how best to accommodate Islam in France.

The bleak high-rise estates that encircle the French capital have long been neglected in more ways than one. Physically removed from the elegant tree-lined boulevards of central Paris, they house a population that is poor, jobless, angry and, mostly, of north African or west African origin. France’s overall jobless rate of nearly 10% is worrying enough; its latest youth unemployment rate of 23% is among Europe’s worst (see chart). In the “sensitive urban zones”, as officialdom coyly calls them, youth unemployment touches a staggering 40%.

For all young people in France these days, proper jobs are scarce. As Mr de Villepin has acknowledged, 70% of all new contracts are now only temporary, and half of those last less than a month. For young people, the figure is four-fifths. The reason is what economists call an “insider-outsider” labour market: full-time permanent jobs are so protected by law that employers try not to create many, preferring instead temporary workers or interns whom they can shed more easily when times get tough. This suits the insiders, particularly those on sheltered public-sector contracts. But it leaves a whole swathe of youngsters with the very sensation of insecurity that the social system is designed to prevent.

 

Integration’s failings

Worse still, for those whose name is Hasim or Omar, or whose address carries the 93 postcode of Seine-Saint-Denis—the department covering the northern Paris suburbs, including Clichy-sous-Bois—securing even an interim job is a struggle. Since official French statistics do not record ethnic origin, figures are imprecise. But according to a report last year by the Institut Montaigne, a think-tank, the unemployment rate of “visible minorities” is nearly three times the national average. Young women seem able to get and hold down jobs; but many job applications from young men end up unread in the bin. This is why Claude Bébéar, the president of the Institut Montaigne, has proposed that CVs should be anonymous.

Discrimination against minorities is particularly awkward in France because its model of integration does not recognise that such minorities exist. Some 40-50 years after emigrants from its north African colonies stepped off the boat in Marseille, there is no hyphenated term for their French-born children or grandchildren. Hence the continuing, but inaccurate, use of “immigrant” as a proxy. Yazid Sabeg, author of the Institut Montaigne report, prefers “visible minorities” to cover the estimated 5m-6m French residents of north African origin (or roughly 10% of the population), who are mostly French. France, he says, needs to acknowledge its multiracial complexion by adapting its vocabulary, rather than hiding behind “the myth of republican equality”.

This is not just a matter of semantics. France’s integrationist approach relies on individuals clambering up the ladder by themselves. Yet this meritocratic theory clashes with the reality of segregation and poverty. The current riots, says Manuel Valls, mayor of Evry and a Socialist member of parliament, “are the consequences of 30 years of ethnic and social segregation” resulting in what he calls “territorial apartheid”, combined with the “bankruptcy of the model of integration: in France, our social elevator is blocked.”

France has never been shy to articulate what the country stands for and what it expects of its citizens. The ban in 2004 on the Muslim headscarf in state schools, not to mention the frequent expulsion of radical imams, make its philosophy crystal clear. Given the fresh emphasis on citizenship in multicultural countries, this is in some ways a strength of the French system. Yet, at the same time, the failure of minorities to get far up the social ladder shows the limits of the French model.

At the top end, the contrast with multicultural Britain is noticeable. There are now 15 British members of parliament from ethnic minorities, including Muslims; some of the best-known broadcasters are black or brown. In France, aside from those representing its overseas territories, there are no minorities in parliament. French television news anchors are almost exclusively white, as is much of the police force. Role models with credibility tend to be entertainers or sports stars. As Nicolas Sarkozy, the interior minister and head of the ruling UMP party, often says: “If we want young Muslim offspring of immigrants to succeed we need examples of success, and not only from football.”

France has no monopoly on isolated ghettos with high unemployment. But this trouble has been long brewing. Even before the riots, car-burning had become a ritual gesture of criminal defiance in the suburbs. In the first seven months of this year, an astonishing 21,900 vehicles were torched across the country, up on the previous year. Two further factors seem to turn general malaise into chronic violence: a zero-tolerance policing policy, and the stigmatisation of Islam.

 

Frustrations on the ground

To see how the two are intertwined, consider the neighbouring suburbs of Evry and Corbeil-Essonnes, south of Paris. Each is home to rain-streaked concrete high-rise estates; multiple faiths, tongues and colours; and the usual cocktail of joblessness, broken families, truancy and drug-dealing. Each has also, however, embarked on big renovation schemes for their worst housing projects. Evry has secured €60m ($70m) to renovate its worst estate, Les Pyramides. Two towers in Les Tarterêts, in Corbeil, are due to be demolished.

It took a week for the riots to spread there from the northern suburbs. Two primary schools were torched in Evry, as was the McDonald’s in Corbeil. The police discovered a store of over 100 Molotov cocktails, along with petrol cannisters and balaclavas, in a warehouse located—believe it or not—underneath a disused municipal police station in Evry.

Not far from that stash, young men eating kebabs and frites at the Etoile Sandwicherie Patisserie, Spécialités Turques, are quite clear about the causes of the violence. “It’s Sarkozy’s fault,” says one. The police harass anybody “with the wrong skin colour,” adds another. Further down the road, at the mosque, a young man mopping the steps agrees: “The police don’t leave us alone,” he says. “They stop you for no reason.”

One complaint against Mr Sarkozy is his choice of words. To call the rioters “scum” may go down well on the right, but was sheer provocation for the youths on the streets. The other broader grudge against him is his tough policing methods. These were introduced in 2002, when he was first made interior minister, to counteract a widespread feeling of insecurity. Mr Sarkozy cracked down on illegal immigrants and prostitutes, forbade “hostile gatherings” in the entrance halls of buildings and armed the municipal police with Flash Ball rubber pellets.

Yet the price is that young minorities feel victimised as never before, rather as Afro-Caribbean Britons did ahead of the 1981 Brixton riots, which led to a shake-up of British policing. Official complaints are few, as many are afraid to lodge them. But given the rage felt against les keufs (street slang for les flics, or cops), copycat riots, however mindless, became a chance for young minorities to get their own back.

The role of Islam in the rioting is more complicated. Some commentators see signs of a jihad on the streets of Paris. Ivan Rioufol, a columnist for Le Figaro, called it “the beginnings of an intifada”. Yet intelligence sources suggest that this is not organised violence but anarchic rioting, helped by internet and mobile-phone contact. Roughly half of those arrested have been teenagers, most of them in their own suburbs, since they lack the transport to go anywhere else. Even in Evry, where the petrol-bomb store was uncovered, officials say that the teenagers involved were petty criminals, not radicalised fanatics. This was the angry rebellion of a beardless, Nike-wearing teenage underclass.

Many of the country’s Muslim clerics agree. “This is not about Islam,” declares Khalil Merroun, rector of the Evry mosque. “The rioting youths have no notion of Islam or what the Koran teaches.” The Union of Islamic Organisations of France (UOIF), a hard-talking group, has issued a fatwa forbidding Muslims from taking part in the violence. Some local Muslim associations have been organising night-time patrols to try to calm the rioters.

At the same time, the Muslim background of many of the rioters is a factor. France boasts Europe’s biggest Muslim population, and has had more trouble digesting this minority than any that arrived before it. Young Muslim men in particular seem to feel emasculated by their failure to get jobs like their sisters, victimised by the police and unrepresented by the society they live in. Ready potential recruits, in other words, for seductive ideologies such as radical Islam.

Of the country’s 1,500 or so mosques or informal prayer places, some 50 are run by radical Islamists, according to a report last year by the Renseignements Généraux, a domestic intelligence-gathering service. Of those, 30 are in or near Paris. Officials are particularly concerned by French Muslims now in Iraq, and by recent converts, especially those who found their faith in prison; over half the country’s prison population is Muslim, according to a study by Farhad Khosrokhavar, a sociologist.

It was partly to try to bring Islam out from the shadows, and to co-opt its tough-talking leaders, that Mr Sarkozy set up the French Council of the Muslim Faith (CFCM) in 2003. The idea was to give Islam an official voice, and to temper it by offering recognition. In one sense, this has worked. Although the component factions on the council have spent much time squabbling, the CFCM helped the government with its headscarf ban by deciding not to contest it. Even the UOIF’s decision this week to issue a unilateral fatwa was a useful appeal for calm. But the worry now is that radical groups, unrepresented on the council, may exploit the current anger.

 

While the suburbs burn

When the French rejected the European Union constitution earlier this year, it seemed at the time to be the final humiliation for Mr Chirac. Less than six months later, his government has been making headlines around the globe for its inability to control the riots. The referendum rejection was seen as a wake-up call for the governing class from an electorate that was fed up and fearful. Now France has delivered one even more shrill.

Even assuming that the rioting works itself out, no mainstream politician is likely to emerge unscathed. The far right will surely gain support. But the Socialist Party has been too split to offer any sensible suggestions. And the centre-right government has been left looking impotent, confused and more engrossed by the undeclared contest between Mr de Villepin and Mr Sarkozy ahead of the 2007 presidential election than by the need to formulate social policy.

For Mr Chirac, the riots have underlined how removed he appears from the daily lives of people only a few kilometres from his doorstep. In his 11th year in the presidency, the sudden discovery of the blighted suburbs appears disingenuous. Mr de Villepin comes out little better. In October, having faced down striking workers, he had appeared to gain authority. But the riots have diminished it. His decision to declare a state of emergency was greeted as too late or too drastic; his promise of more policemen, more jobs, more apprenticeships, more money sounded all too familiar.

Harder to judge is how Mr Sarkozy will fare. His social-policy mantra is “firmness but fairness”: acting tough on security while being fair towards minorities. This is how he explains the logic of his policy of cracking down on illegal immigration with one hand, while with the other advocating “positive discrimination” to promote ethnic minorities. Such ideas have the merit of raising hard questions about racial equality in France, though they are viewed as “unFrench” by both left and right. When Mr Sarkozy named the country’s only “Muslim” prefect, and labelled him as such, he was lambasted for pushing the country towards multiculturalism.

So far, Mr Sarkozy has managed to tread a road between what might be called social authoritarianism and progressive liberalism. But he may get tangled in their contradictions. The political right certainly approves of his tough talk. And he has at least had the courage to head to the suburbs at night to try to calm things down. But he has been no more effective at that than anyone else. A poll carried out for Paris-Match magazine during the rioting suggested that his popularity had dropped relative to Mr de Villepin’s.

Back in Evry, frustration runs high on all sides. At the mosque after midday prayers, one man considers the burning of McDonald’s fair game—“It’s American”—but is outraged at the torching of the primary schools. In the town hall, officials are distressed that their efforts to improve the worst estates have not deflected trouble. All agree that something in France has to change. “If the young are to get to love France,” reflects the mayor, Mr Valls, himself of immigrant Spanish origin, “France has got to learn to love them.”

    An underclass rebellion, The Economist, 14.11.2005, http://www.economist.com/agenda/PrinterFriendly.cfm?story_id=5138990

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

An underclass rebellion        The Economist        14.11.2005
http://www.economist.com/agenda/displaystory.cfm?story_id=5138990

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France: le retour au calme semble se confirmer dans les banlieues

 

13/11/2005 22h40
AFP

 

PARIS (AFP) - La nuit de dimanche à lundi, la 18e depuis le début des violences urbaines, semblait confirmer l'accalmie observée les deux nuits précédentes et dans la journée de dimanche dans les banlieues parisiennes et en province, au terme d'un week-end moins agité qu'attendu.

A Lyon, où le préfet a pris un arrêté interdisant dimanche dans le centre-ville tout rassemblement susceptible de troubler l'ordre public, l'après-midi a été "calme et aucun incident n'a eu lieu", selon la police. Cet arrêté avait été pris à la suite d'affrontements entre plusieurs dizaines de jeunes et des forces de l'ordre et l'explosion d'un coktail Molotov sur la grande mosquée.

Dans l'agglomération lyonnaise, seuls quinze véhicules ont été brûlés dimanche et trois personnes transportant de l'essence ont été interpellées, selon la préfecture.

A Toulouse, une voiture enflammée a été lancée dimanche après-midi dans la cour d'une école maternelle, dans le quartier de la Reynerie, causant des dommages dans une salle de classe, selon la préfecture. Au total, six voitures ont été incendiées dans la journée à Toulouse.

A l'exception de l'incendie vite maîtrisé d'une station-service, aucun incident particulier n'a été relevé dimanche à Paris, où la police était particulièrement vigilante du fait de messages menaçants diffusés sur des blogs ou par SMS.

Dans le nord de la France, les pompiers ont dû intervenir une quarantaine de fois pour des feux de véhicules, de poubelles, de biens publics et privés. La police a interpellé huit personnes.

En Alsace et en Lorraine, 9 voitures ont été incendiées dimanche soir, contre 13 lors de la soirée précédente.

La décrue des violences s'était accentuée sur tout le territoire dans la nuit de samedi à dimanche, malgré quelques tensions subsistant dans certaines villes, la police parlant même de "grande accalmie", avec 314 véhicules incendiés (502 la veille), selon le décompte établi par la Direction générale de la police nationale (DGPN).

En tout, les forces de l'ordre avaient procédé dimanche après-midi à 2.652 arrestations depuis le début des troubles et 375 personnes avaient déjà été condamnées à de la prison ferme.

Dimanche, trois jeunes ont été placés en garde à vue à Carpentras (Vaucluse) pour des faits de la nuit précédente. Deux d'entre eux sont soupçonnés d'avoir lancé un coktail Molotov sur une voiture, un autre aurait participé aux tentatives d'incendie contre un foyer du troisième âge, une école maternelle du centre-ville et un magasin de literie.

L'homme casqué soupçonné d'avoir lancé vendredi soir des engins incendiaires contre la mosquée de Carpentras était toujours activement recherché dimanche soir.

Le jeune homme violemment frappé au sol lundi dernier par des policiers à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) devant des caméras de France 2, et interpellé samedi pour des jets de projectiles devait par ailleurs être déféré au parquet dans la nuit de dimanche à lundi, selon une source policière.

Fait notable du week-end, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a été chahuté sur les Champs-Élysées, où il s'était rendu samedi soir pour une inspection des lieux en compagnie du préfet de police Pierre Mutz.

Il a été accueilli par une bousculade, puis par les insultes et huées, notamment de jeunes qui sont parvenus parfois à s'approcher non loin de lui.

Selon un sondage Ifop paru dans Le Journal du dimanche, Nicolas Sarkozy arrive en tête (53%) des personnalités auxquelles les Français font "confiance pour apporter des solutions aux problèmes des banlieues", suivi à un point par le Premier ministre Dominique de Villepin.

Quarante villes restaient sous couvre-feu en France dans le cadre de l'état d'urgence décrété par le gouvernement, qui devait se réunir lundi en Conseil des ministres pour envisager sa prorogation.

    France: le retour au calme semble se confirmer dans les banlieues, AFP, 13/11/2005 22h40, http://www.afp.com/francais/news/stories/051113224056.25x5rdw3.html

 

 

 

 

France:
accalmie dans les banlieues, quelques incidents en province

 

13/11/2005 17h25
AFP

 

PARIS (AFP) - La décrue des violences s'est accentuée dans la nuit de samedi à dimanche, la police parlant même de "grande accalmie", mais la 17e nuit d'émeutes a toutefois été marquée par des incidents en province, comme à Carpentras et Lyon où la grande mosquée a été visée.

Trois cent soixante quatorze véhicules ont été incendiés cette nuit sur tout le territoire français, contre 502 la veille, selon le décompte établi par la Direction générale de la police nationale (DGPN).

Le patron de la DGPN, Michel Gaudin, a fait état d'une "grande accalmie", ajoutant que "les choses devraient se normaliser rapidement". Selon une source gouvernementale, la situation devrait être désormais "plus facile à maîtriser".

Si la baisse se confirme en province, avec 298 véhicules détruits, soit 118 de moins par rapport à la nuit précédente, la tension subsiste dans certaines villes.

A Lyon, le préfet a pris un arrêté interdisant dimanche dans le centre-ville tout rassemblement susceptible de troubler l'ordre public, en réaction aux affrontements qui avaient opposé samedi plusieurs dizaines de jeunes aux forces de l'ordre.

C'était la première fois que des heurts de ce type éclataient dans le coeur d'une ville depuis le début des troubles.

Une soixantaine de véhicules ont été par ailleurs incendiés dans la nuit dans l'agglomération lyonnaise et un cocktail molotov a été lancé, sans exploser ni faire de dégâts, contre la grande mosquée. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a exprimé dimanche sa "solidarité" à l'égard du recteur de la mosquée, Kamel Kabtane, déclarant que "tout sera entrepris pour retrouver et punir l'agresseur".

Vendredi, c'est la mosquée de Carpentras (Vaucluse) qui avait été la cible d'engins incendiaires. Dans la nuit de samedi à dimanche, la ville a également été le théâtre de nombreux incidents, avec deux classes d'une maternelle incendiée et une voiture brûlée devant un foyer du 3e âge, inoccupé au moment des faits.

Dans le reste du pays, l'accalmie se confirmait, y compris à Toulouse, où des foyers d'émeutiers subsistaient.

En région parisienne, les chiffres des violences urbaines répertoriées cette nuit --76 véhicules brûlés contre 86 la veille-- tendaient à confirmer un retour à une situation quasi normale.

Samedi, un policier avait été touché à la tête et à l'épaule par une boule de pétanque jetée d'un immeuble à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) mais son état n'inspirait toutefois pas d'inquiétude.

A l'exception de l'incendie vite maîtrisé d'une station-service, aucun incident particulier n'a été relevé à Paris, où la police était particulièrement vigilante du fait de messages menaçants diffusés sur des blogs ou par SMS.

La préfecture y avait interdit entre samedi 10H00 et dimanche 08H00 "toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics".

Fait notable, Nicolas Sarkozy a été chahuté sur les Champs-Élysées, où il s'était rendu samedi soir pour une inspection des lieux en compagnie du préfet de police Pierre Mutz.

Il a été accueilli par une bousculade, puis par les insultes et huées, notamment de jeunes qui sont parvenus parfois à s'approcher non loin de lui.

Une source policière a concédé "un problème" dans l'organisation du dispositif policier entourant cette visite ministérielle, sans plus de commentaire.

Selon un sondage Ifop paru dans Le Journal du dimanche, Nicolas Sarkozy arrive en tête (53%) des personnalités auxquelles les Français font "confiance pour apporter des solutions aux problèmes des banlieues", suivi à un point par le Premier ministre Dominique de Villepin.

Au niveau des interpellations, la situation restait stable, avec 212 cette nuit, contre 206 la veille, ce qui, selon Michel Gaudin, traduit la "mobilisation" continue des forces de l'ordre.

En tout, les forces de l'ordre ont procédé à 2.652 arrestations depuis le début des troubles et 375 personnes ont déjà été condamnées à de la prison ferme.

Quarante villes restent sous couvre-feu en France dans le cadre de l'état d'urgence décrété par le gouvernement, qui devait se réunir lundi en Conseil des ministres pour envisager sa prorogation.

    France: accalmie dans les banlieues, quelques incidents en province, AFP, 13/11/2005 17h25, http://www.afp.com/francais/news/stories/051113172506.zl4ow5e6.html

 

 

 

 

 

France:
moins de voitures incendiées mais toujours des violences en banlieues

 

13/11/2005 06h33
AFP

 

PARIS (AFP) - La nuit de samedi à dimanche, la 17e nuit de violences urbaines, a vu le nombre de voitures incendiées décroître mais les affrontements ont persisté, notamment en province, alors que dans l'après-midi des heurts s'étaient produits pour la première fois au coeur d'une grande ville, Lyon.

Selon un bilan provisoire de la direction générale de la police nationale, 315 véhicules avaient été incendiés et 161 personnes interpellées dimanche à 04H00 en France, contre respectivement 384 et 162 relevés la nuit précédente à la même heure.

De plus, selon la même source, deux policiers ont été blessés lors de cette 17ème nuit de violence urbaine, dont l'un a été hospitalisé après avoir été atteint par une boule de pétanque à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis. Ses jours ne sont pas en danger.

La nuit précédente, le bilan définitif des violences avait finalement été de 502 véhicules détruits pour 206 interpellations.

Aucune violence n'a été signalée à Paris, qui avait été placée sous haute surveillance, la police voulant parer une éventuelle "descente" des jeunes banlieusards sur la capitale. La préfecture y avait interdit entre samedi 10H00 et dimanche 08H00 "toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics".

Samedi, avant même la nuit, des incidents se sont produits place Bellecour à Lyon, quelques heures avant l'entrée en vigueur d'un couvre-feu pour les mineurs. Les forces de l'ordre ont tiré des grenades lacrymogène pour disperser des groupes de jeunes qui leur jetaient des projectiles et des poubelles.

Ce sont les premiers incidents en centre-ville depuis le début des violences urbaines le 27 octobre, après la mort par électrocution de deux adolescents qui s'étaient réfugiés dans un transformateur.

Dans la nuit, des voitures ont été incendiées dans l'Est, dans les agglomérations toulousaine et lyonnaise notamment, mais Carpentras (Vaucluse) a été le théâtre de nombreux incidents, a relevé la police, avec une maternelle incendiée, une voiture brûlée devant un foyer du 3e âge, inoccupé au moment des faits, et une attaque à la voiture-bélier contre une école, sans compter "une multitude de petits faits".

La veille, dans la même ville, la mosquée avait été la cible de jet d'engins incendiaires sans qu'on sache si cet acte est lié aux violences urbaines.

Pour la première fois, samedi, la police de la région parisienne a manifesté de la grogne : la section Seine-Saint-Denis d'Alliance, 1er syndicat des gardiens de la paix, a même appelé les policiers à observer un service minimum, pour protester contre l'incarcération d'un des cinq policiers poursuivis pour l'agression d'un jeune de 19 ans, lundi à La Courneuve.

"J'avais prévenu qu'en cas de faute je sanctionnerais. Cette sanction est tombée", a dit Nicolas Sarkozy, qui a reçu des collègues du policier écroué.

L'affaire avait connu un rebondissement samedi matin avec l'interpellation de la victime de la bavure soupçonnée d'avoir caillassé des pompiers vendredi soir.

En début de soirée, Nicolas Sarkozy a reçu un rude accueil lors d'une brève visite sur les Champs-Elysées qui a provoqué bousculades, huées et insultes, couvrant les applaudissements de ses supporteurs, alors qu'il venait inspecter le dispositif de sécurité.

Plus tôt, le Conseil d'Etat avait rejeté une requête en référé de SOS-Racisme contestant l'annonce des mesures d'expulsions d'étrangers condamnés pour des violences urbaines. Des procédures sont déjà "en cours", a annoncé samedi soir le ministre.

Dans plusieurs villes, samedi, par petites centaines, des habitants de cités et membres d'associations se sont réunis pour appeler au calme, comme à Stains (Seine-Saint-Denis), Auby (Nord), Toulouse ou Paris.

    France: moins de voitures incendiées mais toujours des violences en banlieues, AFP, 13/11/2005 06h33, http://www.afp.com/francais/news/stories/051113063332.yr20tdga.html

 

 

 

 

 

French interior minister vows tough action over riots

 

Sun Nov 13, 2005 2:43 AM ET
Reuters
By Matthew Bigg

 

PARIS (Reuters) - France's interior minister pressed home his pledge of tough action including the expulsion of immigrants involved in 17 consecutive nights of unrest by youths protesting harsh police treatment and lack of opportunities.

Youths burned 130 vehicles and set fire to a nursery school on Saturday evening and police fired tear gas to disperse those who attacked cars and stalls in France's second city Lyon earlier in the day in the first violence to hit a city center.

But the intensity of the violence by disaffected French citizens of Arab and African origin as well as white youths has dropped from its peak last Sunday since emergency measures including curfews came in on Wednesday.

Interior Minister Nicolas Sarkozy restated a pledge of further action at a meeting of police in central Paris on Saturday night.

"If you want to live in France with a residency permit you have to abide by the laws .... Immigration laws allow expulsions. I am the interior minister and I will apply the law," he said.

Police and witnesses said central Paris remained calm as thousands of police deployed and authorities enforced a ban on gatherings that could provoke trouble during the Armistice holiday weekend marking the end of World War One.

"All those who wish to commit acts of violence will be brought to justice," Sarkozy said.

He has been criticized by the rioters and by politicians for his tough language and he was heckled when he inspected security forces on Saturday evening on Paris' elegant Champs Elysees avenue, seen as a possible flashpoint.

But in a poll published in Le Journal du Dimanche newspaper, 53 percent of those surveyed said they were confident Sarkozy could resolve the problems in impoverished suburbs.

 

RIVALRY

The worst unrest to hit France in 40 years has given a new twist to rivalries in the run-up to presidential elections in 2007, in which Sarkozy is seen as one of several possible candidates along with Prime Minister Dominique de Villepin.

Some 52 percent of the 953 people voted yes for Villepin when asked to say whether each of a list of prominent politicians could solve problems in the suburbs.

President Jacques Chirac, accused of keeping too low a profile during the crisis, polled 29 percent while the leader of the opposition Socialist party Francois Hollande who is another possible candidate for the presidency polled 31.

The number of cars burned by midnight on Saturday was less than at the same time the previous night, police said.

In the town of Carpentras, where the nursery school was burned, a burning car was pushed up to an old people's home doing little damage but causing panic among residents, police said.

The previous night two fire bombs were thrown at a mosque in the southern town, sparking condemnation from the president, prime minister and religious groups.

Elsewhere, a member of the riot police force was injured after being hit by a metal ball thrown from an apartment block in a suburb outside Paris, police said.

The violence has sparked a debate, not just on how to restore order but also on social problems in poor suburbs and the integration of immigrants.

Many of those involved say they have been frozen out of the benefits offered by French society and discriminated against because of their racial origin or because they live in grim suburbs outside big towns and cities.

"We must make France a country of diversity and one in which different people are accepted," Azouz Begag, minister delegate for parity and professional equality, told Le Parisien newspaper in an interview published on Sunday.

    French interior minister vows tough action over riots, Reuters, Sun Nov 13, 2005 2:43 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-13T074343Z_01_HAR953036_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

Paris Police Are on Guard as Fear Rises Over Threats

 

November 13, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Nov. 12 - Unrest continued to percolate through poor, predominantly minority neighborhoods across France on Saturday, though by the afternoon there were no signs that the arson attacks would again reach into the heart of the capital as had been feared.

The police have invoked emergency measures in Paris, banning unauthorized gatherings until Sunday morning and fanning out across the city to guard landmarks and patrol subways and trains in an effort to prevent further violence. The precautions were taken after the police intercepted calls for "violent actions" in the city that had been posted on the Internet or passed by text messages to cellphones.

"This is not a rumor," the national police chief, Michel Gaudin, told reporters Saturday, saying that sites popular with tourists, like the Eiffel Tower and the Champs-Élysées, were among the potential targets.

In the Paris region, there a was a small drop in the number of car-burnings Friday to 86; that figure, Mr. Gaudin said, "sadly is no more than we would expect on any normal weekend."

Emergency measures were also invoked in other cities, most notably Lyon. The authorities there imposed a curfew that bars minors without adult supervision from the streets from 10 p.m. to 6 a.m. on weekends. Security forces fired tear gas to disperse youths there on Saturday and arrested 10 people, Reuters reported.

The unrest that has swept France since Oct. 27 held steady at reduced levels on Friday, amid concerns by officials that the youths involved may be regrouping in an effort to raise the violence again to the levels that drew international attention during the week. The mayhem, mostly in the form of arson attacks on cars, began after the accidental deaths of two youths, one of Arab descent, the other of African descent, who were hiding from the police. It has touched nearly every urban area and alarmed the nation.

Even if the level of violence continues to decline, it has started a national debate about topics that include police comportment, racial discrimination, unemployment and educational inequalities. The unrest is certain to preoccupy the government as it searches for ways to address those issues and others that have alienated millions of young people who were born here and grew up in the immigrant communities but feel abandoned by French society.

Officials have also been bracing for reprisal attacks against immigrant communities. On Friday evening, two homemade explosive devices were tossed at a mosque in the southern city of Carpentras, slightly damaging the entryway. President Jacques Chirac vowed to find and punish the perpetrators.

Two police officers were injured Friday, police officials said.

Over all, the number of injuries in the rash of attacks has been remarkably small given the amount of property destroyed. Only one death has been attributed to the violence, that of a 61-year-old man who died of injuries sustained when he was punched by a neighborhood youth.

Many French attribute the low level of injuries to the tight gun control laws here. The most serious incident involving gunfire was a series of shotgun blasts fired at police officers from a distance. Ten officers were hit, but only two were hospitalized, and their injuries were not life-threatening.

    Paris Police Are on Guard as Fear Rises Over Threats, NYT, November 13, 2005, http://www.nytimes.com/2005/11/13/international/europe/13france.html

 

 

 

 

 

A Very French Message From the Disaffected

 

November 13, 2005
The New York Times
By MARK LANDLER

 

PARIS, Nov. 11 - The last time France was convulsed by rioting as serious as the current bout - the student revolts of 1968 - the symbol of the insurrection was a paving stone, which the protesters dug out of the streets by the hundreds to hurl at the truncheon-wielding police officers.

This time around, it is a burning car, going up like a brandy-doused flambé or smoldering like a crushed cigarette.

More than 7,000 vehicles have been set ablaze since the civil unrest began in the suburbs of Paris on Oct. 27. The daily damage report posted by the French police is a car owner's nightmare: 502 burned on Friday night, 463 the previous night, 482 the night before that, and so on.

No other country in Europe immolates cars with the gusto and single-minded efficiency of France. Even during tranquil periods, an average of 80 vehicles per day are set alight somewhere in the country.

"Burning cars is rather typically French," said Michel Wieviorka, a French sociologist who has studied the phenomenon. "The last two weeks have been unusual, but it is more common than people realize."

The practice, he said, goes back to the end of the 1970's, when the suburbs began to seethe. Empty, parked cars made an inviting target for gangs of young men, nursing a grudge and hungry for attention.

"It is very easy and quite spectacular," Mr. Wieviorka said. "Set a fire and the whole world watches you. It calls the attention of the media, and when the media comes, the politicians follow."

Though it is difficult to pinpoint the incident that set off the trend, the city where it first became an urban sport is Strasbourg, the Alsatian capital and home of the European Parliament. Since the 1980's, gangs there have marked New Year's Eve by hunting cars with lighters and cans of gasoline.

Today, the image of a car in flames is emblematic of France's restive suburbs, with their disaffected populations, predominantly French of African descent. Far-right political groups use the pictures to dramatize the supposed dangers of immigration.

But wrecking cars speaks to more than a simple urge to deface property or demand attention. Cars offer - and symbolize - mobility, Mr. Wieviorka said, something the residents of these projects lack in French society.

In Grigny, a working-class suburb south of Paris where the clashes between residents and the police turned violent, the sense of confinement is not only psychological but physical. The housing project is set off from other neighborhoods, with buildings that encircle windswept inner courtyards.

Last Sunday night, youths used blazing cars to form a barrier against the police. Several of them said they only singled out vehicles that belonged to people who they believed had connections to the police. Besides, said a 26-year-old man of Senegalese descent who gave his name as Djibri, "What else are you going to burn?" It is less harmful than attacking people, he noted.

In truth, burned cars are a fraction of the cost of the mayhem. The French insurance industry estimates the total damage so far at $235 million, of which only $23 million was damage to vehicles. As Anne Morrier, a spokeswoman for the French insurers' federation, pointed out, "There aren't the most beautiful cars in these neighborhoods."

With Renaults and Peugeots being turned into blackened carcasses every night, the French auto industry cannot be thrilled. But the carmakers have said little.

"This is a complicated social issue," said Isabelle Cros, a spokeswoman for PSA Peugeot Citroën. "The car is merely an object."

    A Very French Message From the Disaffected, NYT, November 13, 2005, http://www.nytimes.com/2005/11/13/international/europe/13cars.html

 

 

 

 

 

The World

The French Riots: A Political Scorecard

 

November 13, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH
PARIS

A LONGSIDE the urban unrest that has swept France in the last two weeks, another battle has been taking place. It is the political contest over who among France's politicians will gain and who will lose from the rioting. Thus far, one observation seems inescapable: tough talk seems to be working with the public, as opposed to a discussion of the general condition of the alienated children and grandchildren of immigrants, whose frustration has fueled the violence.

The major power struggle has been within the governing center-right party, and so far it looks as if the winner has been Interior Minister Nicolas Sarkozy. He has managed to dominate government policy by expressing the sentiments of the angry, anti-immigrant right while drowning out arguments that immigrants have grievances that should be addressed. Here's a look at five of the biggest figures in French politics and how they have fared in the crisis.

 

 

 

 

 

 

 

 

Regis Duvignau/Reuters
 

 

 

 

 

THE LAME DUCK

Name Jacques Chirac

Age 72

Title President of the Republic

Biography

Mr. Chirac's reputation as a forceful, if diplomatic, figure suffered this year when France voted against ratifying a draft European constitution, which he had backed. Then in September he suffered what many people believe was a minor stroke, and he has since stayed largely out of the public eye. His presidency ends after elections in 2007.

Position on the Unrest

Mr. Chirac has remained in the background throughout the crisis, and his government has appeared paralyzed. He emerged only briefly before the television cameras to urge calm, and that was 10 days after the unrest began. He didn't speak publicly again about the crisis until last week, when he said he would wait until order was restored before commenting more fully. The French press has attacked him for his silence.

Future

Unless Mr. Chirac can somehow take charge of the crisis and end it quickly, many people believe he could be a spent political force after the crisis dies down.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michel Euler/Associated Press
 

 

 

 

 

THE SPOTLIGHT-GRABBER

Name Nicolas Sarkozy

Age 50

Titles Minister of state, interior minister

Biography

Mr. Sarkozy, the son of an immigrant descended from Hungarian aristocracy, leapt to national prominence during a 1993 hostage crisis in Neuilly-sur-Seine, a Paris suburb, where he was mayor; he became Mr. Chirac's interior minister in 2002. Media-savvy (reporters call him Sarko) and ambitious, he has become a thorn in Mr. Chirac's side, outmaneuvering the aging president and claiming the national spotlight. Mr. Chirac forced Mr. Sarkozy out of the government when he ran for president of Mr. Chirac's own Union for a Popular Movement Party. But Mr. Sarkozy won, and then the draft constitution lost. And so Mr. Chirac was forced to ask Mr. Sarkozy to come back as interior minister.

Position on the Unrest

Mr. Sarkozy, who has pursued a zero-tolerance anticrime drive, has maintained his aggressive style of tough, law-and-order talk throughout the crisis, although many people say that style helped set it off and keep it going - notably when he referred to the rioters as "dregs." But Mr. Sarkozy has refused to back down, and the public seems to have liked that. In a poll published by the conservative newspaper Le Figaro, 56 percent of the French said they approved of the way he had handled the crisis.

Future

Mr. Sarkozy could confound his critics and emerge stronger politically when it is over. His forceful performance continues to fascinate the French news media, though a worsening crisis would carry high risk for him.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emmanuel Fradin/Reuters

 

 

 

 

 

THE ANOINTED PRINCE

Name Dominique de Villepin

Age 51

Title Prime Minister

Biography

Mr. Villepin, the son of a diplomat, is widely thought to be Mr. Chirac's heir apparent, but he has a long-term rival for advancement: Mr. Sarkozy. Once the face of France's opposition to the American-led war in Iraq, Mr. Villepin became Mr. Chirac's prime minister in the government shuffle that followed France's rejection of the constitution last spring.

Position on the Unrest

Mr. Villepin initially distanced himself from Mr. Sarkozy's hard-line position but was slow in coming up with a promised "action plan" of his own that would address the frustration of youth born to immigrants. He closed ranks with Mr. Sarkozy as the violence grew, eventually declaring the country's first state of emergency in 50 years.

Future

Mr. Villepin's admirers say he acted with appropriate gravity in the face of the situation; his critics say he seemed befuddled and was outmaneuvered by the energetic Mr. Sarkozy. This much seems certain: He has not emerged as a strong leader

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Philippe Huguen/Agence France-Presse -- Getty Images
 

 

 

 

 

THE OPPOSITION LEADER

Name François Hollande

Age 51

Title Socialist Party Chairman

Biography

Mr. Hollande, a doctor's son, backed the draft European constitution, an issue that split and badly weakened the Socialist Party, which is the main opposition to Mr. Chirac's party. He has recently been preoccupied with garnering the Socialist Party's support to stand as its candidate in the 2007 presidential elections.

Position on the Unrest

Mr. Hollande has been reminding voters that since Mr. Chirac came to power, the political right has unwound a number of policies that the Socialists put in effect that might have lessened tensions in the immigrant areas - like providing money to create jobs and installing patrol officers in troubled neighborhoods. He has also been attacking Mr. Chirac and his government as fumbling and ineffectual.

Future

Whatever points Mr. Hollande is making, the Socialists appear to be in too much disarray to pose a credible threat yet to Mr. Chirac's governing party.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Henghameh Fahimi/Agence France-Presse -- Getty Images

 

 

 

 

 

THE ANTI-IMMIGRANT

Name Jean-Marie Le Pen

Age 77

Title National Front Party President

Biography

Mr. Le Pen, the son of a fisherman in Brittany, founded the anti-immigrant National Front Party in 1972, and its fortunes have risen along with nationalist sentiment since the mid-1980's. Mr. Le Pen shocked Europe and the world by getting 17 percent of the vote in 2002, putting him into a run-off for president against Mr. Chirac. Mr. Le Pen drew 18 percent.

Position on the Unrest

Mr. Le Pen has seized on the unrest to support his longstanding contention that the French nation and European culture both are threatened by non-European immigration. His thinly veiled racist attitudes were well expressed in a computer-generated video that his party posted on its Web site last week. The video, with the headline "Immigration explosion in the suburbs; Le Pen foretold it," depicts Paris burning as if after a war. It then shows a red-white-and-blue fireball falling from the sky that eventually cleanses and renews the city, France and finally Europe as the clouds recede toward North Africa.

Future

The rioting seems to play into Mr. Le Pen's arguments, but any support he may garner could be diluted by the loss of some of his voters to Mr. Sarkozy.

    The French Riots: A Political Scorecard, NYT, November 13, 2005, http://www.nytimes.com/2005/11/13/weekinreview/13smith.html

 

 

 

 

 

Lyon burns as riots hit city centre

Violence moves out of the suburbs for the first time while Paris prepares for the worst


Sunday November 13, 2005
The Observer
Alex Duval Smith in Paris

 

Riots spread to the centre of a French city for the first time last night as police clashed with youths in Lyon.
Officers in the city's famous Place Bellecour moved in with tear gas to disperse rioters vandalising vehicles. Police said they had been attacked by groups brandishing bottles, stones and dustbins.

The confrontation, which led to two arrests, happened shortly after the local prefect had announced a weekend curfew on minors.

Meanwhile, Paris was under siege yesterday as thousands of police guarded key tourist sites such as the Eiffel Tower and the Champs-Elysées and enforced emergency laws, including a ban on groups of people gathering.

The capital's prefect of police, Pierre Mutz, said the record deployment of some 3,000 officers was in response to a barrage of text messages and weblogs thought to have come from youths linked to the previous 16 nights of unrest in the city's suburbs. They called for 'the biggest riot ever seen'.

'The police and gendarmes have been ordered to be very firm,' said Mutz. 'It's time to say, "That's enough" to those who might be envisaging provoking riots in Paris.'

While arson attacks on buildings and cars were reported to have declined around Paris, violence in other cities - including Toulouse, Dunkirk, Amiens and Grenoble, remained intense.

Elsewhere across France, mayors organised silent marches to call for peace on troubled housing estates. About 350 people marched in Stains, in the suburbs of Paris, and up to 600 marched in Toulouse. In Montpellier, a 500-strong march was organised by members of a mosque in the troubled area of La Paillade.

In Paris, police were most visible on the railways serving suburban trains - at Gare du Nord and Les Halles - and around the Champs-Elysées.

Under the terms of the 1955 state of emergency law, the authorities have the right to ban 'any meeting of a nature likely to incite or maintain disorder on the street or in public places'. The offence carries a maximum punishment of two months in jail and a fine of €3,750 (£2,520).

Police attempting to seal central Paris were helped by bylaws in the suburbs, including a curfew on unaccompanied minors in Seine-et-Marne and a ban on the sale of petrol in jerry cans - an attempt to prevent anyone making Molotov cocktails.

The ban on gatherings, which took effect yesterday at 10am and expires at 8am today, is coupled with a state of emergency and covers all of Paris within the ring road.

The only demonstration permitted in the capital yesterday was staged at Saint-Michel by anti-racism groups protesting against the emergency laws and the 'colonial mentality' of the government. A march with a similar theme was held in Toulouse, the scene of some of the worst violence outside Paris.

So far, the clashes with police and attacks on cars and buildings have been the work of small gangs who have communicated by text message and travelled by scooter and in stolen cars.

Today, the National Front leader Jean-Marie Le Pen is due to appear on RTL radio in advance of a demonstration in central Paris by his supporters tomorrow. Many believe the riots have played into the hands of extremists such as Le Pen.

    Lyon burns as riots hit city centre : Violence moves out of the suburbs for the first time while Paris prepares for the worst, The Observer, Sunday November 13, 2005, http://observer.guardian.co.uk/international/story/0,6903,1641567,00.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

The Economist - North America Edition        Nov 12th 2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France:
les violences en légère augmentation, grogne chez les policiers

 

12/11/2005 14h40
AFP

 

PARIS (AFP) - Les violences urbaines ont sensiblement augmenté en province dans la nuit de vendredi à samedi, notamment dans le département du Rhône, alors que la grogne monte chez les policiers après le placement en détention d'un des leurs impliqué dans la bavure de La Courneuve.

502 véhicules ont été incendiés et 206 personnes interpellées en France lors de 16e nuit d'émeutes consécutive, contre respectivement 463 et 201 la nuit précédente, selon un décompte dressé par la Direction générale de la police nationale (DGPN).

Cette hausse est due à la situation en province où 416 véhicules ont été détruits contre 352 la veille, à l'image du département du Rhône, où 101 voitures ont été incendiés. Le préfet du département a pris samedi une mesure de couvre-feu interdisant dans 11 communes, dont Lyon, la circulation des mineurs de 22H00 à 06H00 jusqu'à lundi matin.

En région parisienne, on constate en revanche une légère baisse des actes de violences avec 86 véhicules détruits contre 111 dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le nombre d'interpellations réalisées par les forces de l'ordre reste stable, avec 206 contre 201 la veille. Au chapitre judiciaire, un nouveau bilan rendu public samedi par la Chancellerie fait état de 359 condamnations à des peines d'emprisonnement ferme, depuis le début des émeutes.

La légère reprise des violences survient sur fond de grogne des policiers. Le section Seine-Saint-Denis d'Alliance, premier syndicat des gardiens de la paix, a ainsi annoncé que les policiers du département étaient en service minimum, à son appel, pour protester contre l'incarcération d'un des cinq policiers poursuivis dans l'agression d'un jeune de 19 ans, lundi à La Courneuve.

Les interventions relatives aux troubles urbains sont toutefois toujours assurées.

Jean-Claude Delage, secrétaire général-adjoint d'Alliance, a de son côté déclaré qu'une "tension" était "très perceptible dans les commissariats", et a lancé un appel "au calme".

L'affaire a connu un rebondissement samedi matin avec l'interpellation de la victime de la bavure, soupçonnée d'avoir caillassé des pompiers dans la soirée de vendredi.

Cette 16e nuit consécutive d'émeutes urbaines a par ailleurs été marquée comme les précédentes par des incidents. Dans l'Aisne, un gardien de la paix a été blessé à Saint-Quentin, légèrement brûlé par l'explosion d'un cocktail molotov.

A Carpentras, la mosquée a été la cible de jet d'engins incendiaires, sans qu'aucun lien n'ait été établi entre cet acte et le climat de violence actuel.

"Cette agression est aussi indigne qu'inacceptable", a réagi le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en exprimant sa solidarité à l'égard des musulmans. Le président Jacques Chirac a "condamné avec la plus extrême fermeté" cette agression, de même que le Premier ministre Dominique de Villepin.

Des rassemblements ont eu lieu samedi matin pour appeler au calme dans les banlieues. A Stains (Seine-Saint-Denis), 350 personnes ont exprimé leur "refus de la violence", tandis que des centaines de personnes se sont rassemblées à Auby (Nord) pour une marche silencieuse. Une manifestation était également prévue à Toulouse.

Ce week-end, des mesures de sécurité particulières ont été mises en place à Paris alors que, selon la police, "des messages diffusés depuis quelques jours par internet et par SMS ont appelé le 12 novembre à des rassemblements dans Paris et à des +actions violentes+".

La préfecture a ainsi interdit entre samedi 10H00 et dimanche 08H00 "toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics".

Un rassemblement sur le thème "urgence sociale en banlieues" a toutefois été autorisé et devait avoir lieu à 17h30 place Saint-Michel.

Un dispositif policier renforcé de 2 à 3.000 policiers et gendarmes est déployé à Paris et les lignes de transports en commun menant vers la capitale, notamment celles du réseau express régional (RER), ont été "placées sous surveillance" pour prévenir toute tentative de débordements à Paris.

Enfin, depuis jeudi, la vente d'essence au bidon est interdite à Paris intra muros.

    France: les violences en légère augmentation, grogne chez les policiers, AFP, 12/11/2005 14h40, http://www.afp.com/francais/news/stories/051112144034.zssep8wr.html

 

 

 

 

 

France:
les violences en légère augmentation en province
après une 16e nuit d'émeutes

 

12/11/2005 11h24
AFP

 

PARIS (AFP) - Les troubles urbains ont sensiblement augmenté en province dans la nuit de vendredi à samedi (plus 64 voitures incendiées) alors qu'en région parisienne la situation est restée calme, comme la nuit précédente.

Selon un décompte définitif dressé samedi matin par la Direction générale de la police nationale (DGPN), 502 véhicules ont été incendiés et 206 personnes interpellées en France, contre respectivement 463 et 201 la veille.

Cette hausse est due à la situation en province où 416 véhicules ont été détruits contre 352 la veille. La région parisienne a connu en revanche une légère baisse des actes de violences avec 86 véhicules détruits par les flammes contre 111 dans la nuit de jeudi à vendredi.

Le nombre d'interpellations réalisées par les forces de l'ordre lors de cette 16e nuit d'émeutes reste stable, avec 206 contre 201 la veille.

Samedi matin, le jeune homme qui avait été roué de coups par des policiers lundi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis) a été interpellé à son domicile, au Bourget (Seine-Saint-Denis). Il est soupçonné d'avoir caillassé des pompiers dans la soirée de vendredi.

Selon le directeur général de la police nationale Michel Gaudin, l'homme, âgé de 19 ans, aurait été reconnu parmi un groupe de jeunes jetant des pierres sur des pompiers venus éteindre un incendie de voiture au Bourget.

La veille, cinq policiers impliqués dans cette bavure, filmée et diffusée par France 2, avaient été mis en examen à Bobigny. L'un des deux auteurs présumés des coups a été placé en détention provisoire, ce qui suscite l'indignation des syndicats de la police nationale.

Les quatre autres policiers, poursuivis à des degrés divers, ont été placés sous contrôle judiciaire.

Cette 16e nuit consécutive d'émeutes urbaines a été marquée comme les précédentes par de nombreux incidents sur le territoire français, alors que des marches appelant au calme dans les banlieues sont prévues samedi, à Toulouse et à Stains (Seine-Saint-Denis).

Dans l'Aisne, un gardien de la paix a été blessé à Saint-Quentin, brûlé par l'explosion d'un cocktail molotov qui se trouvait dans une voiture en feu dont il tentait d'éteindre les flammes.

Dans le grand ouest, une dizaine de bâtiments publics ont été, comme la nuit précédente, la cible d'attaques incendiaires qui ont provoqué des dommages plus ou moins importants.

Dans le Haut-Rhin, les pompiers ont été caillassés alors qu'ils intervenaient sur l'incendie d'un boîtier de distribution de gaz.

A Gonesse dans le Val d'Oise, en région parisienne, des coupures d'électricité ont touché le quartier de la Fauconnière lors de légers affrontements entre des groupes de jeunes et les forces de l'ordre.

A Carpentras, la mosquée a été la cible de jet d'engins incendiaires, sans qu'aucun lien ait été établi entre cet acte et le climat de violence actuel.

A Paris, des mesures de sécurité particulières ont été mises en place ce week-end alors que "des messages diffusés depuis quelques jours par internet et par SMS ont appelé le 12 novembre à des rassemblements dans Paris et à des actions violentes".

La préfecture a ainsi interdit entre samedi 10H00 et dimanche 08H00 "toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics".

Un rassemblement sur le thème "urgence sociale en banlieues", organisé à l'appel de plusieurs associations, a toutefois été autorisé et devait avoir lieu à 17h30 place Saint-Michel.

Un dispositif policier renforcé d'environ 2.000 policiers et gendarmes est par ailleurs déployé à Paris et les lignes de transports en commun menant vers la capitale, notamment celles du réseau express régional (RER), ont été "placées sous surveillance" pour prévenir toute tentative de débordements à Paris.

Enfin, depuis jeudi, la vente d'essence au bidon est interdite à Paris intra muros.

    France: les violences en légère augmentation en province après une 16e nuit d'émeutes, AFP, 12/11/2005 11h24, http://www.afp.com/francais/news/stories/051112112426.43lj1u53.html

 

 

 

 

 

"Rien ne sépare les enfants d'immigrés du reste de la société"

 

12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 17h12
 Article paru dans l'édition du 13.11.2005
Le Monde

 

En 1995, vous analysiez la "fracture sociale", expression dont le candidat Jacques Chirac s'était alors servi avec succès pour sa campagne présidentielle. Dix ans après, où en est-on ?

L'expression "fracture sociale" n'est pas de moi. Elle est de Marcel Gauchet, mais elle m'est invariablement attribuée. Tant pis, j'ai renoncé à lutter. Dans une note de la Fondation Saint-Simon, à l'époque, j'avais décrit la réapparition des forces populaires après l'effondrement du communisme, en rappelant que les ouvriers et les employés représentaient toujours 50 % de la population. Au simple vu des recensements, l'idée giscardienne des "deux Français sur trois" dans les classes moyennes ne tenait pas.

Entre deux élections, la classe politique se laisse régulièrement aveugler par les sondages d'opinion, qui sont le reflet des couches supérieures de la société. Cela donne ces enquêtes qui montrent que Balladur va être élu, que les référendums vont passer facilement... Ce n'est que pendant les campagnes électorales que les milieux populaires s'activent progressivement. Chacun croit alors assister à un changement d'humeur de l'électorat, quand il s'agit, en fait, de l'émergence de l'opinion populaire : celle des gens qui n'ont pas forcément un avis sur tout à tout moment.

Depuis dix ans, scrutin après scrutin, l'aliénation des milieux ouvriers et populaires à l'égard de la classe dirigeante au sens large n'a fait que croître : les résultats du dernier référendum du 29 mai sur l'Europe l'ont bien montré.

 

Les violences dans les banlieues françaises sont-elles une conséquence de cette aliénation ?

Dans les années récentes, la vie politique française n'a été qu'une suite de catastrophes qui laissent les observateurs étrangers de plus en plus stupéfaits et narquois. La première catastrophe, c'est la présidentielle de 2002, avec un premier tour qui amène l'extrême droite dans le duo de tête et un second tour où Jacques Chirac est élu avec plus de 80 % des voix.

La deuxième catastrophe, si l'on se place du point de vue des classes dirigeantes, c'est le référendum sur l'Europe. Pendant des mois, tous les commentateurs étaient convaincus que le oui allait passer et, à la fin, le non l'a emporté haut la main. Choc, surprise, abattement. Les classes dirigeantes commencent tout juste à se rendormir, en tentant de se persuader que la société est redevenue stable, quand survient la troisième catastrophe : cet embrasement des banlieues dont nul ne sait encore s'il est terminé. Et, chaque fois, la délégitimation des classes dirigeantes devient plus flagrante.

 

Le scénario des catastrophes dont vous parlez est-il toujours le même ?

Non, elles ne font pas agir les mêmes couches. Le Pen au second tour en 2002, c'est le vieux monde populaire français qui forme le coeur du vote FN. Le non au référendum, c'est l'entrée en scène d'une partie des classes moyennes, liée à la fonction publique, que je qualifierais de petite bourgeoisie d'Etat. La troisième catastrophe, celle des banlieues, met en jeu d'autres acteurs : des jeunes issus de l'immigration. Ceux-ci sont encore séparés des milieux populaires français pour des raisons historiques et culturelles, bien qu'ils appartiennent au même monde en termes sociaux et économiques. Les trois groupes que je viens de décrire ont en commun un antagonisme à l'égard du système et des classes dirigeantes.

En revanche, on ne voit pas apparaître de solidarité entre eux. Par exemple, je reste persuadé que les deux classes qui ont produit le non au référendum ­ les milieux populaires et la petite bourgeoisie d'Etat ­ ont des intérêts profondément divergents. Les premiers sont en rage contre le statu quo, qui signifie, pour eux, chômage et écrasement des salaires dans un monde ouvert à la concurrence ; la seconde désire le maintien du statu quo, qui la laisse à l'abri du libre-échange et lui assure une garantie de l'emploi.

 

N'y a-t-il pas un antagonisme entre ces deux catégories et la troisième, celle des jeunes issus de l'immigration qui brûlent des voitures ?

C'est très inquiétant de voir brûler des voitures, des autobus et des maternelles. Et les choses peuvent encore dégénérer. Malgré tout, je penche pour une interprétation assez optimiste de ce qui s'est passé. Je ne parle pas de la situation des banlieues, qui est par endroits désastreuse, avec des taux de chômage de 35 % chez les chefs de famille et des discriminations ethniques à l'embauche.

Mais je ne vois rien dans les événements eux-mêmes qui sépare radicalement les enfants d'immigrés du reste de la société française. J'y vois exactement le contraire. J'interprète les événements comme un refus de marginalisation. Tout ça n'aurait pas pu se produire si ces enfants d'immigrés n'avaient pas intériorisé quelques-unes des valeurs fondamentales de la société française, dont, par exemple, le couple liberté-égalité. Du côté des autres acteurs, la police menée par le gouvernement, les autorités locales, la population non immigrée, j'ai vu de l'exaspération peut-être, mais pas de rejet en bloc.

 

Voulez-vous dire que les jeunes se révoltent parce qu'ils ont intégré le modèle républicain et sentent qu'il ne fonctionne pas ?

Exactement. Je lis leur révolte comme une aspiration à l'égalité. La société française est travaillée par la montée des valeurs inégalitaires, qui touche l'ensemble du monde développé. Assez bien admise aux Etats-Unis, où son seul effet politique est le succès du néoconservatisme, cette poussée inégalitaire planétaire passe mal en France. Elle se heurte à une valeur anthropologique égalitaire qui était au coeur des structures familiales paysannes du Bassin parisien. Ce substrat, qui remonte au XVIIe siècle, ou plus loin encore, ne se retrouve pas du tout dans la paysannerie anglaise, chez qui la transmission des terres était inégalitaire.

Quand on est en haut de la société, on peut se faire à la montée de l'inégalité, même si on est contre sur le plan des principes : ce n'est pas trop inconfortable. En revanche, les milieux populaires ou les classes moyennes la vivent très mal. Cela donne le vote FN, qui a une composante d'égalité, avec cette capacité à dire merde aux élites, et une composante d'inégalité, avec le fait d'aller chercher plus bas que soi l'immigré bouc émissaire.

Pour ce qui est des gosses de banlieue d'origine africaine ou maghrébine, ils ne sont pas du tout dans la même situation que les Pakistanais d'Angleterre ou les Turcs d'Allemagne. Chez nous, les taux de mariages mixtes tournaient au début des années 1990 autour de 25 % pour les filles d'Algériens, alors qu'ils étaient de 1 % pour les filles de Turcs et d'epsilon pour celles de Pakistanais. La simple mixité ethnique des bandes de jeunes en France est impossible à concevoir dans les pays anglo-saxons. Evidemment, je ne suis pas en train de donner une vision idyllique de la France de 1789 qui serait à l'oeuvre, avec le postulat de l'homme universel, ce rêve des nationaux républicains.

 

Que pensez-vous de la réaction de la République face aux émeutes ?

Je n'étais pas contre la possibilité d'un couvre-feu devant des violences vraiment inquiétantes. Dans l'ensemble, je trouve que la réaction de la police et du gouvernement a été très modérée. En mai 1968, on criait bêtement "CRS : SS", mais, en face, les forces de l'ordre ont fait preuve d'une maîtrise exceptionnelle. A l'époque, les milieux de gauche disaient que la police n'avait pas tiré parce que la bourgeoisie ne voulait pas tuer ses propres enfants.

Là, dans les banlieues, on a vu que la République ne tirait pas non plus sur les enfants d'immigrés. Ceux-ci n'étaient d'ailleurs pas seuls concernés. Il y a eu un effet de capillarité entre toutes les jeunesses, même au fin fond de la province française. Le premier décès, périphérique aux événements, a entraîné une décrue immédiate. La presse étrangère qui ricane de la France devrait méditer cet exemple.

Je trouve d'une insigne stupidité de la part de Nicolas Sarkozy d'insister sur le caractère étranger des jeunes impliqués dans les violences. Je suis convaincu au contraire que le phénomène est typique de la société française. Les jeunes ethniquement mélangés de Seine-Saint-Denis s'inscrivent dans une tradition de soulèvement social qui jalonne l'histoire de France. Leur violence traduit aussi la désintégration de la famille maghrébine et africaine au contact des valeurs d'égalité françaises. Notamment l'égalité des femmes. Pourtant, malgré les soubresauts inévitables, la deuxième et la troisième génération de fils d'immigrés s'intègrent relativement bien au sein des milieux populaires français, et certains rejoignent les classes moyennes ou supérieures.

Si je ne suis pas optimiste sur le plan économique ­ je pense que la globalisation va peser de plus en plus sur l'emploi et les salaires ­, je suis optimiste sur le plan des valeurs politiques. En termes de résultat, après ces deux semaines d'émeutes, que voit-on ? Ces gens marginalisés, présentés comme extérieurs à la société, ont réussi à travers un mouvement qui a pris une ampleur nationale à intervenir dans le débat politique central, à obtenir des modifications de la politique d'un gouvernement de droite (en l'obligeant à rétablir les subventions aux associations des quartiers). Et tout ça en réaction à une provocation verbale du ministre de l'intérieur dont on va sans doute s'apercevoir qu'ils auront brisé la carrière. On peut être plus marginal !

Emmanuel Todd, 54 ans, est historien et démographe. Essayiste original, il a notamment publié, en 1994, Le Destin des immigrés (Seuil).

    "Rien ne sépare les enfants d'immigrés du reste de la société", propos recueillis par Raphaëlle Bacqué, Jean-Michel Dumay et Sophie Gherardi, Le Monde, 12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 17h12, article paru dans l'édition du 13.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-709613@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Financièrement,
les villes riches d'Ile-de-France
sont de moins en moins solidaires des communes pauvres

 

12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 18h06
Article paru dans l'édition du 13.11.2005
Le Monde

 

L'embrasement des banlieues a relancé le débat entre villes riches et villes pauvres en Ile- de-France. "Si on ne veut pas que quatre personnes soient mortes pour rien pendant ces violences, il faut que l'on s'attaque enfin à l'accentuation des inégalités de richesse entre nos communes", s'est exclamé, jeudi 10 novembre, Patrick Braouezec, président de la communauté d'agglomération de Plaine-Commune qui regroupe huit villes de Seine-Saint-Denis.

L'ancien maire (PCF) de Saint-Denis venait pourtant d'apprendre une bonne nouvelle. Jean-Paul Huchon, président (PS) de la région Ile-de-France, l'avait convié ­ ainsi que tous les maires franciliens ­ à une rencontre pour annoncer la création d'un fonds d'urgence de 20 millions d'euros. Financé par la région, il doit aider à la reconstruction des bâtiments publics détruits par les violences. Un effort assorti de 2 millions d'euros supplémentaires pour dédommager les personnes dont la voiture a été brûlée ou abîmée.

Ce geste de solidarité a été salué par la centaine de maires présents, gauche et droite confondues. Mais il n'a pas suffi à apaiser la rancoeur de ceux qui, à la tête de leur commune, ont le sentiment d'être chaque jour au bord du gouffre financier. "Il est paradoxal que l'Ile-de-France, région parmi les plus riches d'Europe, soit aussi celle où les écarts de richesse entre les communes sont les plus flagrants", a poursuivi M. Braouezec. "Cinq communes d'Ile-de-France sont parmi les plus pauvres de France. La région compte aussi les intercommunalités les moins bien dotées du pays", s'est désolé François Pupponi, maire (PS) de Sarcelles (Val-d'Oise), tandis que Xavier Lemoine, maire (UMP) de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), confiait, en marge de la réunion : "Sur la nécessité d'une plus grande solidarité financière entre les communes, je suis prêt à y aller au bazooka..."

 

"APARTHEID SOCIAL"

Les élus concernés sont d'autant plus alarmés qu'ils ont vu "fondre", depuis 2003, les aides que les communes les plus riches sont censées leur apporter. La plupart des 38 villes qui financent le fonds de solidarité pour les communes de la région d'Ile-de-France (FSRIF) ont profité de la réforme de la taxe professionnelle en 1999 et du changement de calcul de l'évaluation de leur richesse pour cotiser de moins en moins.

En 2005, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) n'a versé au FSRIF que 3 millions d'euros contre 6 millions, les années passées. Puteaux (Hauts-de-Seine) n'a consenti que 14 millions contre une vingtaine en 2004.

Par ailleurs, l'intercommunalité, vantée en 1999 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'intérieur, comme "un outil de lutte contre l'apartheid social", a eu l'effet inverse en Ile-de-France. Elle a enrayé les transferts de richesses. En France, la plupart des groupements intercommunaux ont agrégé autour d'une ville-centre plutôt aisée des communes qui le sont moins, afin de mutualiser leurs ressources. "L'Ile-de-France est la seule région où les villes riches ont réussi à se regrouper entre elles, obligeant les pauvres à s'organiser de leur côté", s'insurge M. Pupponi.

Les communes nanties de la région se sont ainsi souvent unies pour conserver le pactole de la taxe professionnelle. Ayant mis en commun cette ressource, elles estiment pouvoir se dispenser d'autres formes de solidarité.

Lorsque le FSRIF a été créé, en 1991, l'intercommunalité était très peu développée en Ile-de-France. Depuis aucun verrou législatif n'a été prévu pour éviter que les regroupements intercommunaux n'assèchent ce fonds. Et les communes riches se sont engouffrées dans la brèche.

Pour les maires victimes du système, l'Etat porte aussi une part de responsabilité dans le développement des égoïsmes intercommunaux. Aucun préfet n'a remis en cause les contours des intercommunalités dessinés par les élus. Commune de 800 habitants dans le Val-d'Oise, Bonneuil-en-France encaisse une partie de la taxe professionnelle de l'aéroport du Bourget. Cette petite ville cossue ressemble au "village d'Astérix", ironise M. Pupponi. Bien que située au centre de la communauté d'agglomération de Val-de-France, elle est soigneusement restée en dehors. Villiers-le-Bel et Garges-lès-Gonesse, en revanche, font partie de Val-de-France. Elles sont parmi les cinq villes françaises les plus pauvres...

De même, les communes qui profitent de la manne fiscale de Roissy - Charles-de-Gaulle se sont regroupées en laissant à l'écart les villes pauvres alentour. "L'Etat doit obliger le préfet à redécouper les intercommunalités", en conclut M. Pupponi.

En 2004, Sarcelles a perdu 300 000 euros sur 4,2 millions de dotation du FSRIF. Soit le montant de ce que la ville consacre à la construction d'un gymnase ou d'un stade. Clichy-sous-Bois, qui percevait 2,2 millions d'euros en 2003, a vu s'évaporer 200 000 euros. "La fonte du FSRIF compromet gravement les actions dans nos communes", ont expliqué, jeudi, d'autres élus de l'Essonne et du Val-de-Marne. Tous veulent faire de la révision en cours du schéma directeur de la région Ile-de-France (SDRIF) l'occasion d'une nouvelle bataille pour réduire les inégalités territoriales.

 

B. J

 

 

 

Encadré > MODE D'EMPLOI


CRÉATION.

Le Fonds de solidarité pour les communes d'Ile-de-France (FSRIF) a été créé en 1991. C'est le seul fonds de ce type en France.

 

 

CRITÈRES.

La richesse d'une commune est définie par son potentiel financier, calculé à partir de ses recettes fiscales pondérées par ses charges. Celles qui ont un potentiel fiscal très élevé cotisent au FSRIF.


PÉRÉQUATION.

L'écart de potentiel financier des villes en France se situe dans une fourchette entre 7 403 euros par habitant et 168 euros par habitant (Commissariat général du Plan, 2004). Les dotations de l'Etat versées aux communes permettent de corriger 40 % des inégalités, contre 34 % en 1994. Depuis 2003, "l'égalité entre les collectivités territoriales" est un principe reconnu par la Constitution.

 

 

LEXIQUE


DSU.

Outre le FSRIF, les communes perçoivent des dotations de l'Etat. Parmi celles-ci, la dotation de solidarité urbaine (DSU) est attribuée aux communes pauvres. En 2005, elle a augmenté de 40 millions en Ile-de-France.

Elle s'élève à 161 millions d'euros. Elle est perçue par 165 villes.

 

 

CHIFFRES


MONTANT.

Le FSRIF s'élevait à 170 millions d'euros en 2003, 161 millions en 2004, 170 millions en 2005.

 

 

CONTRIBUTEURS.

Le nombre de communes contributrices est passé de 75 en 1999 à 38

en 2005. Paris contribue pour 98 millions d'euros.

 

 

BÉNÉFICIAIRES.

Les villes bénéficiaires sont 122 en 2005, contre 108 en 1999.

 

    Financièrement, les villes riches d'Ile-de-France sont de moins en moins solidaires des communes pauvres, Le Monde, 12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 18h06, Article paru dans l'édition du 13.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-709580@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

La répartition des commissariats remise en question

 

12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 18h25
Article paru dans l'édition du 13.11.2005
Le Monde
Béatrice Jérôme et Piotr Smolar

 

Pour mesurer l'ampleur du déséquilibre, il suffit de se pencher sur les chiffres. Clichy-sous-Bois, 28 000 habitants, pas de commissariat. Le Raincy, 13 000 habitants à la vie bien plus tranquille, un commissariat. Livry-Gargan et les communes voisines de Coubron et de Vaujours, 50 000 habitants, un commissariat mais pas de commissaire, le poste attendant depuis trois mois un nouveau titulaire.

La mort par électrocution de deux adolescents de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et le cycle de violences qui a suivi ont mis au jour les incohérences de la répartition des postes de police et des effectifs entre les différentes communes de Seine-Saint-Denis. Dénoncées depuis longtemps, en pure perte, par des élus locaux, elles trouvent aujourd'hui un nouvel écho.

Certains considèrent que la correction de ces curiosités aurait permis sinon d'éviter, au moins d'endiguer la contagion des premières violences. Le maire (PS) de Clichy, Claude Dilain, en est convaincu : "Il faut une police du quotidien qui soit comme un poisson dans l'eau, acceptée par les jeunes, dit-il. La présence d'un commissariat à Clichy serait un symbole très fort, qui témoignerait de l'implication de la police dans les quartiers."

La délimitation des circonscriptions de police date de la création des départements de la petite couronne, au début des années 1970. Depuis, Le Raincy et Clichy-sous-Bois d'une part, Montfermeil et Gagny de l'autre, sont couverts par les mêmes fonctionnaires.

Cet arbitrage ne satisfait plus grand monde aujourd'hui, car il ne tient pas compte de la réalité de la délinquance. "Il faut au moins dix minutes pour que les policiers de Gagny viennent chez nous, parfois plus. C'est souvent trop !", dénonce Xavier Lemoine, maire (UMP) de Montfermeil, qui a les mêmes problèmes de délinquance que Clichy, alors que Le Raincy est une commune plus aisée.

En 2004, à la demande de l'ancien préfet de Seine-Saint-Denis, Michel Sappin, la direction départementale de la sécurité publique avait réalisé une étude technique sur le reformatage des circonscriptions. Transmise au ministère de l'intérieur, elle est restée, pour l'heure, sans effet.

"Pourtant, il y aurait une cohérence, en termes de bassin de délinquance, à ce que Clichy et Montfermeil soient réunis", souligne un haut responsable policier. "Même très efficaces, les policiers du Raincy sont plus habitués à réprimer la délinquance classique, estime M. Dilain. A Clichy, on a affaire aux incivilités, au petit vandalisme, à des groupes de jeunes... Il nous faut des agents spécifiquement formés."

Dans cette affaire, se pose à nouveau la question de l'organisation de la police et de sa mission, en tant que service public. A l'époque du développement de la police de proximité, un poste avait été créé pour couvrir le secteur du grand ensemble Montfermeil-Clichy. Mais ses effectifs ont fondu.

A la direction générale de la police nationale, on assure que le dossier de ces circonscriptions sera examiné dans les prochaines semaines. On souligne, également, les avancées accomplies avec le redéploiement des forces de l'ordre sur le territoire depuis 2002 : "On a tout de même fermé 40 commissariats dans 65 départements et transféré 1 700 fonctionnaires."

Les élus de Seine-Saint-Denis soupçonnent par ailleurs le maire du Raincy, Eric Raoult (UMP), d'être responsable de la situation. Ils lui reprochent d'avoir à tout prix voulu conserver un commissariat sur son territoire, privant, indirectement, Clichy et Montfermeil d'une chance d'avoir des policiers basés sur leurs propres communes. "Il est parvenu à bloquer le projet grâce à sa proximité depuis quelques mois avec Nicolas Sarkozy", estime Alain Calmat, maire (div. g.) de Livry-Gargan, qui déplore la perte de vingt policiers dans son commissariat en trois ans.

"Il ne faudrait pas que cela tourne à la querelle "ville riche qui a un commissariat contre ville pauvre qui n'en a pas"", s'insurge M. Raoult, qui se défend de tout "égoïsme". Député de la circonscription, il rappelle avoir déposé une question écrite à l'Assemblée nationale, en 1988, dans laquelle il demandait "déjà" l'ouverture d'un commissariat à Clichy et à Montfermeil.

"Mais ne réagissons pas dans l'urgence, tempère-t-il. Je ne suis pas sûr que construire un commissariat au pied des barres ou dans une cité difficile, comme cela pourrait se faire à Clichy ou à Montfermeil, est une bonne idée. Certaines personnes pourraient être dissuadées d'aller porter plainte."

Le commissariat, poursuit-il, peut être une cible tentante pour les fauteurs de troubles : "On l'a vu à Montfermeil, ces jours derniers, quand certains émeutiers ont fait le siège de la petite antenne de police."

    La répartition des commissariats remise en question, Le Monde, 12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 18h25, Article paru dans l'édition du 13.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-709579@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

La station Skyrock procède à une surveillance renforcée de ses blogueurs

 

12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 17h12
Article paru dans l'édition du 13.11.05
Le Monde
Pascale Santi

 

Trois jeunes qui appelaient à l'émeute sur leurs blogs (journal intime en ligne) ont été arrêtés, lundi 7 novembre. L'un d'entre eux, "Nike la France", appelait "à l'émeute et à l'attaque des commissariats de police". Un autre, "Nique l'Etat", appelait à "tout faire cramer", notamment "les keufs" (Le Monde du 9 novembre). Ces trois blogs étaient hébergés par la radio Skyrock, qui compte plus de 3,1 millions de "skyblogs". La station les a interdits aussitôt.

Skyrock assure procéder à une surveillance accrue des blogs. La radio dispose d'une équipe d'une trentaine de personnes, qui utilisent un filtrage par mots-clefs (155) et sélectionnent les articles qui les mentionnent (195 000 articles signalés chaque jour). La loi punit les provocations à la haine, à la discrimination ou à la violence, les propos racistes, les injures, notamment celles fondées sur le sexe de la personne, son origine ou sa religion, précise Skyrock aux blogueurs.

Chaque internaute peut aussi signaler un article ou un blog qu'il considère comme contraire à la loi. Au total, environ 6 500 articles sont supprimés chaque jour et 10 "skyblogs" désactivés, indique la radio. "Dans les cas graves, nous alertons les autorités compétentes", ajoute-t-on chez Skyrock.

Loïc Lemeur, qui héberge des blogs sous la bannière SixApart, considère que "le rôle des blogs dans les événements qui ont touché les banlieues est surestimé". Nombre d'entre eux saluent la mémoire des deux jeunes gens de Clichy-sous-Bois morts électrocutés, Zyed et Bouna. Certains appellent au calme : "C'est pas une raison de brûler des milliers de voitures de gens qui sont innocents", indique un commentaire, sous une photo des victimes. D'autres sont plus violents : "Fréres fo sunir et pa laché pris si lé putes de Keufs ose tiré sur nou les zarmé d'Algérie, Tunisie, Maroc, Lybie von venir nou soutenir et nou zaidé pour la victoire final !"

Les violences dans les banlieues suscitent l'intérêt à l'étranger. Sur le moteur de recherche américain Technorati, spécialisé dans les blogs, "Paris Riots (émeutes)" arrive en première position des mots-clés les plus utilisés.

    La station Skyrock procède à une surveillance renforcée de ses blogueurs, Pascale Santi, Le Monde, 12.11.2005 | 17h12 • Mis à jour le 12.11.2005 | 17h12, article paru dans l'édition du 13.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-709584@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

French police on alert in Paris

 

Sat Nov 12, 2005 11:06 AM ET
Reuters
By Emmanuel Jarry

 

PARIS (Reuters) - Thousands of French police patrolled central Paris on Saturday to enforce a ban on large gatherings and prevent urban unrest reaching the heart of the capital, including targets such as the Eiffel Tower.

Police said they had monitored calls for violence on Internet sites and that potential targets included the Champs Elysees and the Eiffel Tower.

In a sign of concern after violence rose slightly on the 16th night of clashes, regional authorities for the first time declared a curfew for minors in France's second city of Lyon for Saturday and Sunday night.

Rioting by youngsters angered by unemployment, racism and lack of opportunities has generally dropped in intensity since President Jacques Chirac's government announced emergency measures on Tuesday including curfews.

But the number of cars set ablaze by rioters rose slightly again on Friday night, and two fire bombs were thrown at a mosque in southern France, damaging the entrance.

Some 502 vehicles were set ablaze across France, compared to 463 the previous night, and unrest hit areas including Strasbourg, Marseille, Lyon and Lille. But there were fewer incidents of violence in the Paris suburbs, police said.

"We've gone back to an almost normal situation in Ile de France (greater Paris region)," national police service chief Michel Gaudin told reporters.

But warning of violence in the capital, he said: "One can easily imagine the places where we must be very vigilant."

The Paris ban on large gatherings went into force at 10 a.m. (9 a.m. GMT) and was due to run until 8 a.m. on Sunday. The heart of the city has largely escaped the violence that has rocked impoverished neighbourhoods just outside the city.

Three thousand extra police were brought into the capital on Friday, the Armistice holiday marking the end of World War One, and riot police have been patrolling key areas, important buildings and suburban trains since then.

 

SCHOOL, SHOPS, MOSQUE ATTACKED

Police detained 206 people during the night, during which youngsters attacked a primary school in Savigny-Le-Temple southeast of Paris and destroyed its creche.

Two shops were destroyed in Rambouillet, southwest of Paris, and a person on a scooter threw two fire bombs at a mosque and in the southern town of Carpentras before fleeing.

There was no major damage and no one was hurt but Chirac, Prime Minister Dominique de Villepin and the French Council of the Muslim Faith (CFSM) swiftly condemned the attack.

"We firmly ask the authorities in particular to protect our mosques, which seem to be becoming the target of violent demonstrations and provocations," the CFSM said.

Police said it was not clear if it was a racist act or an act of provocation.

The top government regional official for the Lyon region announced a curfew for minors on Saturday and Sunday nights from 10 p.m. (2100 GMT) until 6 a.m. (0500 GMT) in Lyon and 10 communities near the city. Violence in the area rose overnight.

The unrest was triggered by the accidental deaths of two youths who were electrocuted on October 27 as they hid in a power substation while apparently fleeing police just north of Paris. It later spread to other cities and towns across France.

Chirac and the government have been heavily criticized over their handling of the rioting, involving white youths as well as French citizens of Arab and African origin.

    French police on alert in Paris, Reuters, Sat Nov 12, 2005 11:06 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=uri:2005-11-12T160629Z_01_HAR953036_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml&pageNumber=1&summit=

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Banlieues

A savoir

 

Samedi 12 novembre 2005
Libération

 

2 370 personnes

ont été placées en garde à vue depuis le 29 octobre.

 

457 majeurs

ont été écroués. 358 ont été jugés et condamnés en comparution immédiate, les autres sont en détention provisoire.

 

446 mineurs

ont été présentés à un juge des enfants et 101 ont été placés sous mandat de dépôt.

 

558 personnes

au total ont été écrouées.

 

463 véhicules

ont été incendiés en France dont 111 en Ile-de-France dans la nuit de jeudi à vendredi (contre 482, dont 84 en Ile-de-France, la nuit précédente).

 

Le couvre-feu en vigueur dans des communes de cinq départements a été violé

par 10 personnes, en infraction avec l'article 13 de la loi du 13 avril 1955 sur l'état d'urgence. Vendredi, le département des Landes décidait aussi d'instaurer le couvre-feu.

    Banlieues > A savoir, Libération, 12.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337963

 

 

 

 

 

Banlieues. Enquête

Chômage élevé

 

Samedi 12 novembre 2005
Libération

 

Le taux de chômage a été sur l'année 2004 de 20,7 % dans les quartiers, soit le double de la moyenne nationale, selon l'Observatoire des zones urbaines sensibles.

Le taux atteint 36 % chez les garçons et 40 % chez les filles, pour les jeunes de 15 à 25 ans. Dominique de Villepin a reconnu le 7 novembre que dans certains quartiers le chômage des jeunes atteint 40 %.

Selon une autre étude, publiée par l'Insee, les personnes dont les deux parents sont d'origine immigrée sont moins souvent salariées de la fonction publique que celles qui n'ont aucun parent immigré.

Seuls 0,6 % des salariés du secteur public ont deux parents d'origine maghrébine (contre 1,1 % des salariés du privé). Un quart des actifs occupés n'ayant aucun parent immigré sont salariés du public.

    Chômage élevé, Libération, 12.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337970

 

 

 

 

 

Banlieues

En Afrique, la presse incendie la France
Des articles au vitriol dénoncent le sort réservé aux «fils d'immigrés».

 

Samedi 12 novembre 2005
Libération
Par Judith RUEFF

 

Vue d'Afrique, au nord comme au sud du Sahara, la révolte des banlieues se lit comme un échec : celui de l'intégration des deuxième et troisième générations d'immigrés. Dans la presse francophone des ex-colonies, on ne mâche pas ses mots.

Pour la Nouvelle Expression du Cameroun, la France a perdu son âme républicaine en fermant la porte aux étrangers, ceux du dehors comme ceux du dedans. «Le fait que deux incidents majeurs se soient produits de manière presque simultanée, comme le rapatriement au Maroc des candidats à l'immigration en Europe avec comme destinée principale la France, et la révolte des jeunes Français issus, comme on le dit pudiquement, de l'immigration, procède des deux faces d'une même médaille», écrit une éditorialiste du journal dans son article titré : «France : les fissures de la république !» De plus, continue-t-elle, «il y a un lien entre la difficulté d'intégration des populations "issues de l'immigration" dans ces Républiques qui se servirent de leurs grands-pères et pères, soit comme chairs à canon soit comme ouvriers participant au développement de l'industrie automobile, et l'autre relégation qui consiste à condamner à l'immigration clandestine ceux et celles qui rêvent de l'Ailleurs, comme une terre de salut. La théorie de la tolérance zéro de Nicolas Sarkozy (...) conduit la France au bord de l'explosion.»

Le quotidien algérien El-Watan s'indigne tout autant. Dans ses pages «Débat», un avocat, auteur de Mémoires d'immigrés, attaque sans ménagement Nicolas Sarkozy, héritier selon lui d'une droite colonialiste et xénophobe. «Hier encore, on appelait leurs parents "bougnoules" ; aujourd'hui, on les qualifie de "racaille" de banlieue (...). Hier encore, on nettoyait au napalm dans certaines colonies ; aujourd'hui, on veut les nettoyer au Kärcher. Mais enfin, est-ce bien là l'Etat de droit, patrie des droits de l'homme et de la démocratie auxquels les jeunes des banlieues ont tant cru ?» Et l'auteur de pester contre les accointances de la droite avec les idées lepénistes et contre les lâchetés de la gauche au pouvoir. «Devrait-on alors parler de discrimination d'Etat ? Car enfin, qu'est-ce à dire que traiter les gens de "racaille", dont beaucoup vivent dans les banlieues françaises ? Citoyens de ce pays, ils y sont nés, y ont étudié, y paient leurs impôts et règlent leurs cotisations ; ils sont citoyens de ce pays depuis maintenant plusieurs générations. Leurs parents en exil ont dépensé leurs plus belles années pour défendre et aider à construire la France d'aujourd'hui ; ils se trouvent dépouillés du plus élémentaire droit de vote aux municipales tant promis par une gauche qui s'est reniée depuis, laissant le soin à une certaine droite de reprendre démagogiquement cette question.»

D'autres journaux africains gardent un ton plus neutre vis-à-vis d'un gouvernement ami. Le Quotidien de Tunis revient sur cinquante ans d'histoire de l'immigration en France. «C'est dans une souffrance intolérable que vit l'immigré. Une souffrance dont le pouvoir politique, en France et aussi ailleurs en Europe, n'a pas mesuré la gravité. Et qu'il découvre aujourd'hui brutalement et frontalement», regrette le commentateur.

En Côte-d'Ivoire, autre son de cloche. La France n'est plus en odeur de sainteté au pays de Laurent Gbagbo et l'occasion est belle. «Rébellion française», titrait lundi le très pro-gouvernemental quotidien Notre Voie, plutôt moqueur : «Voilà donc la grande France confrontée à une rébellion de fils d'immigrés qui refusent de discuter avec Sarkozy, mais accepteraient volontiers Villepin. Et si la Côte-d'Ivoire leur proposait gracieusement une table ronde à Grand-Bassam, une banlieue abidjanaise ?» Référence moqueuse aux négociations de paix entre Ivoiriens tenues en 2003, à Linas-Marcoussis en banlieue parisienne, à l'instigation de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères.

    En Afrique, la presse incendie la France : Des articles au vitriol dénoncent le sort réservé aux «fils d'immigrés», Libération, 12.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337967

 

 

 

 

 

Banlieues.

Trevor Phillips,
chargé de la lutte contre les discriminations en Grande-Bretagne:
«La France nie la question ethnique»

 

Samedi 12 novembre 2005
Libération
Par Armelle THORAVAL

 

Trevor Phillips, 52 ans, est le président de la Commission pour l'égalité raciale. Cette institution britannique, créée en 1976, est chargée de lutter contre les discriminations et la ségrégation. Travailliste, il a fait ses classes militantes dans les rangs du syndicalisme étudiant. Il est noir : ses parents sont nés dans l'ancienne Guyane britannique. Sa femme est française. Parfois iconoclaste, il ne célèbre plus les vertus du multiculturalisme à l'anglaise et analyse ce qui se passe en France.

 

Vous dites que «l'incantation liberté, égalité, fraternité» masque, en France, la «réalité de la vie» des femmes et hommes «non blancs». C'est-à-dire ?

Il existe un silence en Europe sur les questions raciales. La classe politique est terrifiée à l'idée que les questions de races et de cultures puissent être une ligne de division à travers son territoire. Or c'est en partie ce qui se passe en France, c'est une question d'origine qui se pose. Prenez l'Allemagne : deux générations de Turcs s'y sont implantées, auxquels on refuse la citoyenneté. On ferme les yeux sur cette population. Aux Pays-Bas, réputés pour leur cosmopolitisme, le problème est identique : il n'y a pas de question raciale. En France aussi cette question est dissimulée. La gauche concourt à ce silence : à ses yeux, le problème des quartiers est une question de pauvreté. C'est en partie vrai, mais pas seulement. Y a-t-il, en ce moment, des jeunes pauvres et blancs qui descendent dans les rues ? Regardez Yazid Sabeg, le seul grand patron d'origine arabe : lui aussi parle de la demande de respect. Ceux qui descendent dans la rue réclament d'être traités comme des Français de souche, sans être identiques. L'establishment politique est d'une absolue suffisance par rapport à la tradition républicaine, lorsque cela consiste à croire qu'on peut imposer l'uniformité à chacun. Ça ne marche pas.

 

Les violences en France sont-elles un signal d'alarme pour toute l'Europe ?

Oui, car nous devons faire face au double défi de la mondialisation. D'abord, nous assistons à des mouvements de population à un niveau inconnu jusqu'ici. Il y a 6 à 7 millions de personnes d'origine étrangère en France, 4 à 5 en Grande-Bretagne. La mondialisation signifie aussi que, pour beaucoup, les questions d'identité sont devenues plus compliquées, plus «multifactorielles». Il y a cent ans, ici, était votée la loi sur les étrangers qui visait à interdire l'entrée, parmi les Juifs fuyant les persécutions en Russie, ceux qui étaient considérés comme indésirables : à l'époque, ceux qui entraient en Grande-Bretagne savaient qu'ils n'avaient d'autre solution que de devenir parfaitement anglais. Aujourd'hui, il y a des gens qui veulent être britanniques ou français tout en conservant de fortes attaches avec leur pays d'origine, parce que vous ne pouvez pas tirer un trait sur votre identité. Le modèle français, c'est le système d'une route à sens unique : les gens doivent oublier leur identité. Ce modèle ne peut survivre à la mondialisation. Il était gérable quand la France était fermée. Il est tout aussi infructueux de prétendre que la religion n'est pas au coeur d'une identité construite. Plus vous l'ignorez, plus vous ignorez une large part de la population. Il n'y a rien de plus hypocrite : la République est laïque, mais elle est essentiellement catholique. Il faut aussi éviter le modèle américain : une route à double sens de circulation mais séparée.

 

Vous tirez également la sonnette d'alarme sur l'absence de partage du pouvoir.

Combien y a-t-il de gens de couleur à l'Assemblée nationale ? A la télévision ? En France, un certain establishment ne paraît pas beaucoup s'inquiéter des questions de démocratie. En Angleterre, nous ne pourrions pas avoir de Premier ministre non élu. Dès lors, les routes des gens des cités et des énarques ne se croisent jamais : il est possible de mener des vies séparées. Aussi longtemps que les révoltés restent dans leurs zones, on peut se dire : laissons-les brûler leurs propres écoles, leurs propres bus...

 

Pour autant, vous ne défendez pas le modèle britannique du multiculturalisme...

Nous essayons de trouver une voie entre assimilation forcée et vies séparées. Les émeutes du début des années 80 en Grande-Bretagne nous ont forcés à reconnaître qu'une partie de l'égalité, c'était la diversité, le droit à la différence. Mais nous avons placé ce second élément au-dessus du premier, avec un risque de ghettoïsation. Nous avons donc quelque chose à apprendre de l'idée d'identité égale à la française. D'ailleurs, ce que j'entends des émeutes, c'est : «Autorisez-nous à être français, à bénéficier du même respect», «Cessez de nous traiter comme Français quand il faut bosser et comme Algériens pour le reste». Ce que les Français ont à apprendre de nous, c'est le pragmatisme. Je suis ravi de parler de philosophie, mais il faut avoir une machinerie contre les discriminations, des lois pour protéger les gens contre l'inégalité, imposer un régime de devoir aux officiers de police. Ça suppose de regarder les questions ethniques et raciales en face. Or, pour l'instant, la France est en état de déni. Tant que cela sera le cas, les voitures brûleront...

    Trevor Phillips, chargé de la lutte contre les discriminations en Grande-Bretagne: «La France nie la question ethnique», Libération, 12.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337965

 

 

 

 

 

France: le bilan provisoire des violences en légère baisse

 

12/11/2005 06h38
AFP

 

PARIS (AFP) - Un bilan provisoire faisait état, tôt samedi matin, d'une "légère baisse" des actes de violences urbaines en France, essentiellement due à l'Ile-de-France, seize jours après le début des émeutes, tandis que la mobilisation policière restait forte.

Selon un bilan provisoire livré à 4h00 par la Direction générale de la police nationale, 384 véhicules ont été incendiés et 162 personnes interpellées partout en France. La veille à la même heure, 395 voitures avaient brûlé et 168 personnes avaient été appréhendées.

Le bilan définitif qui sera livré dans la matinée peut toutefois encore infléchir la tendance générale.

Lors de cette 16e nuit consécutive d'émeutes urbaines, deux policiers ont été blessés, contre sept la veille.

Selon ce bilan provisoire, "cette légère baisse" est essentiellement due à l'Ile-de-France.

On y a en effet recensé 68 véhicules incendiés contre 89 la nuit précédente, contrebalancé par une légère augmentation en province, avec 316 véhicules brûlés contre 306 la veille, selon la même source.

La même stabilité se remarque également avec le nombre d'interpellations, même si la répartition Ile-de-France-province n'a pas encore été précisée: 162 contre 168 la veille.

A Carpentras, la mosquée a été victime vendredi soir de jet d'engins incendiaires, sans qu'aucun lien ait été établi entre cet acte et le climat de violence actuel.

"Cette agression est aussi indigne qu'inacceptable", a aussitôt réagi le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en exprimant sa solidarité à l'égard des musulmans. Le président Jacques Chirac a lui "condamné avec la plus extrême fermeté" cette agression, de même que le Premier ministre Dominique de Villepin.

A Paris, la préfecture avait pris plus tôt dans la journée la décision d'interdire "toute réunion de personnes de nature à provoquer ou entretenir le désordre sur la voie et dans les lieux publics", car "des messages diffusés depuis quelques jours par internet et par SMS ont appelé le 12 novembre à des rassemblements dans Paris et à des +actions violentes+".

Un dispositif policier renforcé d'environ 3.000 policiers et gendarmes avait été mobilisé à Paris dès vendredi matin après s'être vu rappeler les consignes d'interpellation de fauteurs de troubles.

Ce déploiement a débuté avec la sécurisation de la cérémonie marquant le 87ème anniversaire de l'armistice de 1918, sur les Champs-Elysées, à laquelle le président de la République a assisté vendredi matin.

Les lignes de transports en commun menant à Paris, notamment celles du réseau express régional (RER), ont été "placées sous surveillance" pour prévenir toute tentative de débordements à Paris.

Depuis jeudi, la vente d'essence au bidon est par ailleurs interdite à Paris intra muros.

Par ailleurs, cinq des huit policiers de Seine-Saint-Denis, mis en garde à vue pour avoir frappé un jeune homme de 19 ans, lundi à La Courneuve, ou ne pas avoir empêché leurs collègues de le faire, ont été déférés vendredi devant le parquet de Bobigny, l'un étant placé en détention provisoire et les autres sous contrôle judiciaire. Les trois autres ont été remis en liberté, a annoncé le parquet, qui avait par ailleurs demandé le placement sous mandat de dépôt du 2e auteur présumé des coups mais n'a pas été suivi par le juge. Les deux derniers policiers, soupçonnés d'avoir laissé faire, sont poursuivis pour "non empêchement par une action immédiate sans risque pour soi ou pour les tiers d'un délit contre l'intégrité corporelle d'une personne". La scène avait été filmée par France 2.

Enfin, un des jeunes qui avaient pénétré dans le transformateur EDF de Clichy-sous-Bois où Zyed et Bouna ont trouvé la mort le 27 octobre, a affirmé jeudi au juge d'instruction qu'il y avait bien eu "une course-poursuite", a affirmé un de ses avocats, Me Jean-Pierre Mignard, contrairement à ce qu'avait affirmé l'IGS le 3 novembre.

    France: le bilan provisoire des violences en légère baisse, AFP, 12/11/2005 06h38,http://www.afp.com/francais/news/stories/051112063811.d8say0cy.html

 

 

 

 

 

French police brace for possible unrest in Paris

 

Fri Nov 11, 2005 8:40 PM ET
Reuters
By Matthew Bigg

 

PARIS (Reuters) - French security forces braced for possible unrest in the capital on Saturday, deploying thousands of police and imposing a weekend ban on gatherings that could threaten trouble.

The precautions were adopted for the Armistice Day weekend because of messages circulating on Internet sites and by SMS calling for violence in the capital, police said.

Central Paris has largely escaped more than two weeks of violence across France that peaked last Sunday but has fallen in intensity since President Jacques Chirac's government announced emergency measures on Tuesday including curfews.

The unrest has mainly hit poor suburbs around main towns and cities as youths who complain of high unemployment, racism and lack of opportunities have attacked property and torched thousands of cars.

In a 16th consecutive night of disturbances a primary school was attacked in Savigny-Le-Temple southeast of Paris and its creche destroyed and around 30 people attacked a transformer in Amiens, plunging the north of the town into darkness, police said.

By 2 a.m. local time 309 vehicles were burned and 119 people arrested against 237 vehicles burned and 120 people arrested at the same time the previous night. Two shops in Rambouillet, a town southwest of Paris, were also destroyed.

"Things are slightly worse this evening compared to yesterday," a police spokesman said, adding that the slight increase in violence was due to events in the regions rather than around Paris.

 

MOSQUE ATTACKED

In the town of Carpentras in the south of France a person on a scooter threw two fire bombs at a mosque before fleeing, police said. People inside the mosque witnessed the attack, though there was little damage and no one was hurt.

"We don't know if it was a racist act or an act of provocation," police said.

The presidency said in a statement it "totally condemned" the attack and expressed solidarity with the Muslim community in the town. The prime minister's office issued a separate statement condemning the attack.

Police said the Paris ban would run from 10 a.m. on Saturday to 8 a.m. on Sunday. The city center is expected to be quieter than normal for the holiday weekend marking the end of World War One on November 11, 1918.

"This is not about preventing people from walking around Paris ... or visiting the city ... It is to allow ordinary people to go about their business that police need the power to arrest trouble makers," Paris police chief Pierre Mutz told France Info radio.

Some 200-300 residents of riot-torn suburbs staged a peace vigil by the Eiffel Tower on Friday, calling for an end to violence and urging the government to listen to the angry youths. Fewer people showed up than expected.

Protesters held up banners declaring "Yes to peace" and "No to violence". "I am against the violence but I think the government must react to the poverty in the suburbs," said Adama Drame, a 24-year-old Frenchman of African origin.

Chirac and the government have been heavily criticized over their handling of the crisis. But an opinion poll carried out by the BVA research group on November 4-5, and published on Saturday, showed 56 percent of French people approved of Interior Minister Nicolas Sarkozy's tough actions.

    French police brace for possible unrest in Paris, Reuters, Fri Nov 11, 2005 8:40 PM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-12T014005Z_01_HAR953036_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. e. Cohen         New Jersey, Freelance        Cagle        10.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Violences:
la police mobilisée en France, rassemblements interdits à Paris

 

11/11/2005 18h56
AFP

 

PARIS (AFP) - Les forces de l'ordre restent fortement mobilisées ce week-end, après plus de deux semaines de violences urbaines, la préfecture de police de Paris ayant même décidé d'interdire de samedi 10H00 à dimanche 08H00 tout rassemblement susceptible de "provoquer ou entretenir le désordre".

"Des messages diffusés depuis quelques jours par internet et par SMS ont appelé le 12 novembre à des rassemblements dans Paris et à des +actions violentes+ selon les termes de leurs auteurs", a indiqué la préfecture pour expliquer sa décision d'interdire ces rassemblements.

"Pour faire respecter cette interdiction, les forces de police et de gendarmerie d'ores et déjà déployées dans la capitale seront notablement renforcées et les consignes d'interpellation de fauteurs de troubles rappelées", a ajouté la préfecture.

De très nombreux policiers et gendarmes avaient déjà été mobilisés à Paris vendredi matin pour sécuriser notamment la cérémonie marquant le 87ème anniversaire de l'armistice de 1918, sur les Champs-Elysées.

Parallèlement, les lignes de transports en commun menant à Paris, notamment celles du réseau express régional (RER), ont été "placées sous surveillance" pour prévenir toute tentative de débordements à Paris. Depuis jeudi, la vente d'essence au bidon est également interdite à Paris intra muros.

Par ailleurs, vendredi, cinq policiers de Seine-Saint-Denis poursuivis pour avoir frappé à coups de poing et de pied un jeune homme de 19 ans, lundi à La Courneuve, ou avoir assisté à la scène sans intervenir, ont été mis un examen. L'un deux, auteur présumé des coups, a été placé en détention provisoire tandis que les quatre autres étaient mis sous contrôle judiciaire. La scène a été filmée et diffusée par France 2.

Après 15 jours de violences urbaines, des associations se sont mobilisées vendredi pour lancer des appels au calme et demander aux autorités d'écouter les banlieues. Le collectif Banlieues Respects, qui affirme rassembler 155 associations, a ainsi organisé un rassemblement au Mur de la Paix sur le Champ-de-Mars à Paris. Celui-ci a réuni quelque 300 personnes.

Souhaitant que "l'arrêt de la violence soit immédiat", le collectif demande en même temps aux autorités "une écoute forte et sincère" des populations des quartiers populaires, et notamment des jeunes.

Un rassemblement similaire a réuni une centaine de personnes au Mans.

Vendredi, le bilan des violences était presque inchangé par rapport aux deux jours précédents, avec 463 véhicules incendiés, dont 111 en région parisienne, et 201 personnes interpellées en France dans la nuit, selon la Direction générale de la police nationale.

Au total, depuis quinze nuits, 2.370 personnes ont été mises en garde à vue et 358 majeurs condamnés à la prison ferme.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, a maintenu jeudi soir sur France 2 ses propos sur la "racaille" et les "voyous" qui font régner la "peur" dans certaines cités.

Ces termes avaient provoqué la fureur des jeunes dans les banlieues. Vendredi à Grigny (Essonne), les jeunes interrogés par l'AFP, s'en plaignaient vivement. "Quand il dit racaille, il vise tout le quartier, on nous met tous dans le même sac", affirmait Karim, 20 ans. "C'est quoi son but? nous enfoncer? Il faudrait qu'il vienne ici pour comprendre", ajoutait Ayoub, 19 ans.

"Nous, on veut pas que ça pète, on veut que ça se calme. Mais Sarkozy doit aussi se calmer avec ses propos", ajoutait Karim. "La solution, c'est pas de ramener des flics en renforts, c'est pas de foutre les jeunes en prison, c'est de leur trouver du travail" insistait Ayoub.

    Violences: la police mobilisée en France, rassemblements interdits à Paris, AFP, 11/11/2005 18h56, http://www.afp.com/francais/news/stories/051111185622.5799bwhh.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stephane Peray        The Nation, Bangkok, Thailand        Cagle        11.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Paris security boosted as suburb residents plan march

 

Posted 11/11/2005 10:27 AM Updated 11/12/2005 1:46 AM
USA Today

 

PARIS (AP) — Authorities stepped up security Friday and placed restrictions on some public gatherings after tip-offs from Internet and text messages suggested "violent actions" over the weekend in the French capital.

But as France marked Armistice Day commemorating the end of World War I, calls for peace in the restive poor neighborhoods of France rang out, from demonstrators in Paris to religious leaders at a Lyon-area mosque in the southeast. (Related story: Europe remembers vets)

With a state of emergency in place, several hundred people gathered at the glassy Wall of Peace near the Eiffel Tower to call for an end to the unrest that erupted Oct. 27 and spread across the country.

The demonstration drew elderly Parisians and youths from its poor working-class suburbs along with curious onlookers, all engaging in heated debate over how to stem the violence and tackle the causes.

There were isolated reports of violence in parts of France on Friday as the unrest continued for a 16th night.

Authorities have acknowledged the roots of the problem are deep-seated, perhaps linked to the French approach to immigration which works to fit immigrants, whatever their origins, into a single mold. Soaring unemployment, poverty and discrimination are common in towns that ring the large cities of France.

"The violence of the last 15 days expresses the frustration of 30 years of denying recognition to the populations living in these neighborhoods," said Hassan Ben M'Barek, a spokesman for Suburbs Respect, which organized the demonstration.

He called on President Jacques Chirac and the government to listen to the youths, whose roots are in former French colonies of Africa, to better fight the "discrimination they suffer daily."

Arson attacks that hopscotched around the country, destroying schools, gymnasiums, public buildings, public transport and cars, have declined in recent days. Police said early Friday that 463 cars were torched, down from 482 the previous night.

The unrest has decreased since France imposed a state of emergency Wednesday that empowers regions to impose curfews and conduct house searches. Prefect Pierre Soubelet of the Landes region in the southwest ordered a curfew for minors Friday night in certain towns, the sixth region to use the extraordinary powers.

Authorities bolstered security in Paris, deploying truckloads of riot police as Chirac rode in an open jeep down the Champs-Elysees to lay a wreath at the Tomb of the Unknown Soldier to mark Armistice Day.

More than 700 police were brought into the capital to bolster security, raising the full deployment to 2,220.

Paris police headquarters banned gatherings of "a nature that could provoke or encourage disorder" from 10 a.m. Saturday to 8 a.m. Sunday.

"Messages distributed in the last few days over the Internet and by text messaging have called for gatherings Nov. 12 in Paris and 'violent actions,' in the words of their authors," a statement said.

National Police Chief Michel Gaudin said five people have been taken into police custody on suspicion of putting up Internet sites calling for violence.

Five police officers were placed under investigation — a step short of formal charges — in connection with the beating of a man detained in connection with the riots, a prosecutor said on condition of anonymity because the case is ongoing.

Two officers allegedly participated in the beating, which was filmed and broadcast Thursday on France 2 television. The others were witnesses.

The French anti-racism group MRAP, which opposes the curfew and the state of emergency, said it still planned to demonstrate against the measures Saturday in Paris.

"We have seen a continued drop beyond Paris, but persistence near the capital," national police spokesman Patrick Hamon said, suggesting concern that percolating unrest could again explode. "We cannot yet claim victory."

The unrest erupted after the accidental electrocutions of two teenagers in Clichy-sous-Bois, northeast of Paris, hiding out in a power substation to escape police.

A badly burned companion, Muhttin Altun, told a judge the teens were fleeing a police patrol because they did not have their identity papers and feared not arriving home in time for breaking of the fast during the Muslim holy month of Ramadan, the boy's lawyer, Jean-Pierre Mignard, said Friday.

From a mosque in Saint-Fons, in the Rhone region near Lyon, the prayer leader, Moncef Bahloul, read out a call for peace Friday issued by representatives of the local Muslim, Jewish, Roman Catholic and Protestant communities.

"To the young tempted by destructive violence, we say: violence is not the language to express your difficulties."

    Paris security boosted as suburb residents plan march, USA Today, 11.11.2005, http://www.usatoday.com/news/world/2005-11-11-parissecurity_x.htm

 

 

 

 

 

Des policiers de La Courneuve
mis en examen pour avoir roué de coups Fouad A. à l'issue de sa garde à vue

 

11.11.2005 | 14h10 • Mis à jour le 11.11.2005 | 17h54
Le Monde

 

Coups de pied et de poing sur un homme à terre : les images ne laissent aucun doute. Filmé par une équipe de télévision de France 2, le traitement violent qu'ont réservé huit policiers du commissariat de La Courneuve (Seine-Saint-Denis) à un homme de 19 ans, lundi 7 novembre, a contraint le ministère de l'intérieur à réagir sans tarder. Les huit fonctionnaires ont été suspendus à titre conservatoire et mis en examen vendredi après-midi.

L'enquête administrative demandée à l'Inspection générale des services (IGS) ­ la "police des polices" ­ a "mis en évidence que deux fonctionnaires avaient porté des coups de façon illégitime à la personne interpellée et que six autres avaient été les témoins", a précisé le ministère dans un communiqué.

Dimanche 6 novembre, Fouad A., 19 ans, originaire du Bourget, a été interpellé pour des faits de dégradation volontaire. Placé en garde à vue, il a été libéré le lendemain. Mais cette expérience lui a tellement déplu qu'à sa sortie, il s'est mis à insulter les policiers. Il s'est ensuite emparé de bouteilles vides dans une poubelle et les a lancées contre la façade du commissariat. Les policiers l'ont alors à nouveau approché, l'ont mis au sol et roué de coups.

"Les faits sont établis et inacceptables", explique-t-on à l'IGS, saisie de l'enquête depuis mercredi 9 novembre au soir. Le lendemain matin, Nicolas Sarkozy a décidé de suspendre les fonctionnaires, comme il l'a précisé au cours de l'émission "A vous de juger", sur France 2, jeudi 10.

A l'issue de sa deuxième garde à vue, le 9 novembre, Fouad A. a décidé de déposer plainte. Un certificat médical fait état de "lésions cutanées superficielles sur le front et sur la face du pied droit" du jeune homme. Mais "aucune incapacité temporaire de travail" n'a été demandée, a précisé le ministère de l'intérieur.

Les faits ont été également dénoncés au parquet de Bobigny, qui devrait ouvrir une information judiciaire. "Les policiers sont excédés, crevés, soupire un haut responsable policier. Ils ont explosé et seront punis pour cela."

Au cours de la même émission, en présence du ministre de l'intérieur, France 2 a également diffusé les images d'un autre dérapage policier, filmé dans le Val-de-Marne par une équipe de télévision allemande. On y voit un policier forcer un jeune à regarder la caméra tandis que le fonctionnaire dit : "Regarde la France d'aujourd'hui. Regarde ça. C'est pas beau ça ?" Puis le policier lui administre ensuite deux gifles.

Au cours de son déplacement à Toulouse, mardi 8 novembre, Nicolas Sarkozy avait demandé aux policiers de ne pas pratiquer le tutoiement lors des interpellations et d'éviter les familiarités. Une demande qui reste lettre morte, selon de nombreux témoignages.

Toutefois, depuis le début du cycle de violences urbaines, le 27 octobre, l'Inspection générale des services n'a pas enregistré d'affaires marquantes, hormis celle de ces huit fonctionnaires. Mais les plaintes réclament parfois du temps pour être rédigées.

Contrairement à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), l'IGS, compétente pour Paris et la petite couronne, peut être directement saisie par les citoyens. Pour l'IGPN, compétente pour le reste du territoire, il faut au préalable dénoncer les faits au parquet.

    Des policiers de La Courneuve mis en examen pour avoir roué de coups Fouad A. à l'issue de sa garde à vue, Piotr Smolar
Le Monde, 11.11.2005 | 14h10 • Mis à jour le 11.11.2005 | 17h54, article paru dans l'édition du 12.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-709202@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Après quinze jours, les violences dans les banlieues marquent le pas

 

11.11.05 | 08h15 • Mis à jour le 11.11.05 | 09h39
LEMONDE.FR

 

La 15e nuit de troubles a été marquée par l'incendie de 463 véhicules et l'interpellation de 201 personnes en France, selon le bilan définitif de la direction générale de la police nationale communiqué vendredi matin. Après trois nuits de baisse, ces chiffres marquent une très légère diminution par rapport à ceux de la veille (482 véhicules incendiés et 203 interpellations). Les forces de l'ordre restent mobilisées pour le long week-end du 11 novembre, qui pourrait confirmer l'apaisement ou, au contraire, marquer un regain de violences.



LES RG DUBITATIFS SUR LES APPELS À L'ÉMEUTE À PARIS

Un couvre-feu pour les mineurs reste instauré dans certaines zones des départements des Alpes-Maritimes, de la Somme, de la Seine-Maritime et du Loiret. A Evreux (Eure), dans le quartier de La Madeleine, la mesure, qui concerne aussi les majeurs, est entrée en vigueur à 22 heures. A Belfort, le maire Jean-Pierre Chevènement a également décidé d'instaurer un couvre-feu de 21 heures à 6 heures, de vendredi à mardi, pour les mineurs non accompagnés de moins de 16 ans.

Un dispositif "dense", fort de 12 000 policiers et gendarmes chaque nuit, est d'ailleurs maintenu pour le week-end du 11 novembre, a annoncé jeudi le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin.

La mobilisation sera particulièrement forte à Paris, où le préfet de police a interdit jeudi la vente et le transport de carburant au détail dans la capitale, pour éviter son usage à des fins incendiaires, une mesure déjà adoptée dans d'autres départements et villes. 2 220 policiers et gendarmes seront mobilisés pour la cérémonie marquant le 87e anniversaire de l'armistice de 1918, sur les Champs-Elysées, à laquelle doit assister le président Jacques Chirac. Des appels à l'émeute dans la capitale ont circulé sur Internet et par SMS, mais ces rumeurs laissent dubitatifs les services de renseignement.

 

 

Encadré > Marche pour la paix, vendredi à Paris

Le collectif Banlieues Respects, qui rassemble 155 associations, appelle à se rassembler vendredi à 15 heures au mur de la Paix du champ de Mars, au pied de la tour Eiffel, avant de défiler jusqu'à Denfert-Rochereau, où la dispersion est prévue vers 18 heures.

Banlieues Respects propose de venir avec un mouchoir blanc à la main pour demander "que l'arrêt de la violence soit immédiat et que la paix revienne dans nos quartiers populaires". Le collectif réclame aussi du président de la République et de son gouvernement "une écoute forte et sincère, notamment auprès des jeunes de ces quartiers, afin de lutter efficacement contre toutes les formes de discriminations dont ils souffrent au quotidien".

Banlieues Respects, qui regroupe notamment l'association Citoyenneté et Démocratie, le Forum citoyen des cultures musulmanes et le club Africagora, qui aide à l'insertion professionnelle dans 29 villes de France, a abandonné jeudi son premier projet d'une marche pour la paix sur les Champs-Elysées, "par souci de responsabilité et de sécurité". - (Avec AFP)

    Après quinze jours, les violences dans les banlieues marquent le pas, Lemonde.fr (avec AFP), 11.11.05 | 08h15 • Mis à jour le 11.11.05 | 09h39, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-709107@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Violences urbaines:
forte mobilisation policière en France ce week-end

 

11/11/2005 12h52
AFP

 

PARIS (AFP) - Les forces de police étaient fortement mobilisées vendredi en France où a commencé le long week-end du 11 novembre, plus de deux semaines après le début des violences urbaines qui ont plongé le pays dans l'une des crises les plus graves des dernières décennies.

A Paris, environ 3.000 policiers et gendarmes ont été mobilisés. Ce déploiement a débuté avec la sécurisation de la cérémonie marquant le 87ème anniversaire de l'armistice de 1918, sur les Champs-Elysées, à laquelle le président Jacques Chirac a assisté vendredi matin.

Les lignes de transports en commun menant à Paris, notamment celles du réseau express régional (RER), ont été "placées sous surveillance" pour prévenir toute tentative de débordements à Paris lors du week-end, a annoncé le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin.

"Il n'y a pas de menaces particulières autres que celles contenues dans certains blogs" appelant les jeunes de banlieue à venir manifester violemment lors du week-end à Paris, a assuré le DGPN. "Nous sommes tout à fait sereins" même si "nous restons d'une extrême vigilance quant à ce qu'il peut se passer".

Parallèlement, le préfet de police, responsable de la sécurité à Paris, "a demandé le renfort de 8 unités mobiles" et les a obtenues, a ajouté M. Gaudin.

En outre, a-t-il ajouté, "nous avons fait appel aux écoles de police pour être renforcés" dans le dispositif général, ce qui se traduira par un effectif supplémentaire "de 400 à 500 personnels".

Depuis jeudi, la vente d'essence au bidon est par ailleurs interdite à Paris intra muros.

Le collectif Banlieues Respects, qui affirme rassembler 155 associations, a appelé à un sit-in au Mur de la Paix du Champ-de-Mars (VIIe) vendredi à 15H00 et demande de venir avec un mouchoir blanc à la main pour demander un arrêt "immédiat" des violences.

Le bilan de ces violences était presque inchangé vendredi par rapport aux deux jours précédents avec 463 véhicules incendiés et 201 personnes interpellées en France dans la nuit, selon des chiffres communiqués par la DGNP.

La région parisienne a toutefois connu durant la nuit une légère augmentation des actes de violence avec 111 véhicules brûlés contre 84 la veille, selon la même source. En province en revanche, 352 véhicules ont été détruits contre 398 la nuit précédente.

"Il y a une légère entrave à la baisse du phénomène en Ile-de-France", a reconnu le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin, soulignant qu'il n'y a eu que "deux communes de cette région" où un maximum de 7 véhicules ont été incendiés et que dans aucune autre on ne dépasse le chiffre de 5.

A Lyon, des affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre (qui sont "en baisse" sur l'ensemble du territoire), ont fait 8 blessés parmi les policiers la nuit dernière.

Au total, depuis quinze nuits, police et gendarmerie ont interpellé 2.234 personnes, tandis que d'autres, relatives à cette même période, devraient encore intervenir, les enquêteurs procédant au "suivi de plusieurs dossiers pour confondre des délinquants afin de pouvoir les interpeller".

D'autre part, Muhttin Altun, un des jeunes qui avaient pénétré dans le transformateur EDF de Clichy-sous-Bois où Zyed et Bouna ont trouvé la mort le 27 octobre, a affirmé jeudi au juge d'instruction qu'il y avait bien eu "une course-poursuite", a affirmé un de ses avocats Me Jean-Pierre Mignard.

Le 3 novembre, l'IGS avait assuré qu'aucun camarade de Zyed et Bouna n'avait "fait état" d'une telle poursuite.

Invité jeudi soir par France 2, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, a maintenu ses propos sur la "racaille" et les "voyous" qui font régner la "peur" dans certaines cités. Ces termes avaient provoqué la fureur des jeunes dans les banlieues.

Cinq des huit policiers de Seine-Saint-Denis, mis en garde à vue pour avoir frappé à coups de poing et de pied un jeune homme de 19 ans, lundi à La Courneuve, ou ne pas avoir empêché leurs collègues de le faire, ont été déférés vendredi devant le parquet de Bobigny, les trois autres ayant été remis en liberté, a annoncé le parquet.

Les policiers ont été suspendus mercredi et jeudi pour des "coups illégitimes" portés par deux d'entre eux à ce jeune homme. La scène avait été filmée par France 2.

M. Sarkozy a réuni vendredi matin les directeurs des services de police pour "faire le point sur la situation en France métropolitaine après la 15e nuit" d'émeutes, a-t-on indiqué au ministère de l'Intérieur.

    Violences urbaines: forte mobilisation policière en France ce week-end, AFP, 11/11/2005 12h52, http://www.afp.com/francais/news/stories/051111125220.psb5z6cz.html

 

 

 

 

 

Paris bans weekend gatherings

 

Fri Nov 11, 2005 11:36 AM ET
Reuters
By Kerstin Gehmlich

 

PARIS (Reuters) - Police banned any gathering that might provoke disorder in Paris this weekend, saying they had been warned violence was planned for Saturday after two weeks of rioting across France.

The intensity of France's most serious unrest in four decades has dropped since President Jacques Chirac's government adopted emergency measures including curfews on Tuesday to curb unrest by youngsters complaining of racism and unemployment.

But there was a rise in violence in suburbs of the capital overnight. Police said 463 vehicles were set on fire across France, a slight fall from the previous night, but the number of vehicles torched in the areas around Paris rose from 84 to 111.

"This confirms the downward trend overall, with some resistance in the Paris region," national police chief Michel Gaudin told reporters on Friday. "This weekend we will exercise extra vigilance in the Paris region."

Police said the Paris ban would run from 10 a.m. (0900 GMT) on Saturday to 8 a.m. (0700 GMT) on Sunday.

Some 3,000 police officers were mobilised in the capital, and forces were increased in other French cities, police said.

Bomb squads with police dogs were out in force and riot police looked on as Chirac attended remembrance ceremonies at the Arc de Triomphe in central Paris to commemorate Armistice Day, which marks the end of World War I in 1918.

The unrest has eased from a peak on Sunday night. Police hope it will continue to drop during the Armistice Day weekend, when offices close and city centres are less crowded.

Some 200-300 residents of riot-torn suburbs staged a peace protest by the Eiffel Tower in central Paris on Friday afternoon, calling for an end to violence and urging the government to listen to the angry youths. Fewer people showed up than expected.

Protesters held up banners declaring "Yes to peace" and "No to violence". "I am against the violence but I think the government must react to the poverty in the suburbs," said Adama Drame, a 24-year-old Frenchman of African origins.

 

FEARS OF VIOLENCE IN PARIS

Paris police chief Pierre Mutz banned the transport and purchase of petrol in jerry cans after a string of arrests in the capital of people carrying firebombs. He also says he fears violence is being planned in the capital itself.

"Calls have been launched over the past few days on Internet sites and by SMS messages urging meetings within Paris and calling for 'violent actions'," Mutz's office said.

Violence in the Paris area has been largely confined to the suburban housing estates far from the city center. The rioters are youngsters who say they are angered by racism, high unemployment, poor prospects and harsh treatment by police.

In the capital itself, life has continued as usual.

Chirac and the government have been heavily criticized over their handling of the crisis. But an opinion poll carried out by the BVA research group on November 4-5, and published on Saturday, showed 56 percent of French people approved of Interior Minister Nicolas Sarkozy's tough actions.

Fears that the violence would spread across Europe have proved unfounded, despite isolated cases of youths burning cars in Germany and Belgium.

In Greece, groups of anarchists broke windows, threw paint and spray-painted "Rioters Are Right" on the front of a French cultural institute, police said on Friday.

Violence in France fell after the emergency powers announced by Prime Minister Dominique de Villepin allowed local officials to impose night curfews, though few have felt the need to do so.

Police said 201 people had been detained overnight but unrest was more scattered than on previous nights. Cars were set on fire in Toulouse, Marseille, Strasbourg and Mulhouse.

    Paris bans weekend gatherings, Reuters, Fri Nov 11, 2005 11:36 AM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-11T163557Z_01_HAR953036_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

Banlieues françaises: bilan stable, la mobilisation policière reste forte

 

11/11/2005 07h32
AFP

 

PARIS (AFP) - Le bilan des actes de violence urbaine en France, quinze jours après le début des émeutes, était presque inchangé vendredi au petit matin, alors que les forces de l'ordre restaient mobilisées pour le long week-end du 11 novembre.

Selon un bilan provisoire livré à 4h00 par la Direction générale de la police nationale, 395 véhicules ont été incendiés et 168 personnes interpellées partout en France. La veille, à la même heure, 394 voitures avaient brûlé et 169 personnes avaient été appréhendées.

Le bilan définitif qui sera livré dans la matinée peut toutefois encore infléchir la tendance générale, alors qu'il s'établissait pour la précédente nuit à 482 véhicules incendiés et 203 interpellations.

Dans la nuit de jeudi à vendredi, la 15ème nuit consécutive d'émeutes urbaines, sept policiers ont été blessés, dont quatre à Lyon qui ont subi un caillassage.

Particulièrement stable par rapport au précédent, ce bilan provisoire marque pour l'instant un coup d'arrêt à la tendance baissière enregistrée depuis les trois dernières nuits.

Il indique même une légère hausse en Ile-de-France, où 89 véhicules ont été brûlés contre 79 la nuit précédente, contrebalancée d'une baisse toute aussi légère en province, avec 306 véhicules brûlés contre 315 la veille, selon le même bilan provisoire.

Un dispositif "dense" avec 12.000 policiers et gendarmes chaque nuit est d'ailleurs maintenu pour le week-end du 11 novembre, avait annoncé jeudi le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin.

Les autorités sont mobilisées, alors que des appels à l'émeute à Paris ont circulé sur internet et par SMS, des rumeurs face auxquelles les services de renseignement sont cependant dubitatifs.

A Paris, 2.220 policiers et gendarmes seront notamment mobilisés pour la cérémonie marquant le 87ème anniversaire de l'armistice de 1918, sur les Champs-Elysées, à laquelle doit assister Jacques Chirac.

Comme chaque année, le président accompagné de la ministre de la Défense Michèle Alliot-Marie et du ministre délégué aux Anciens combattants Hamlaoui Mekachera, s'inclinera à 11H00 devant la tombe du Soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe.

Jacques Chirac, qui s'était déjà brièvement exprimé dimanche, a déclaré jeudi à la presse que le pays était encore dans la période "du rétablissement de l'Etat de droit" et avait demandé aux parents de faire preuve de "responsabilité".

Plus tard, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, invité par France 2 à l'occasion d'une émission spéciale sur la crise des banlieues, a pour sa part maintenu ses propos sur la "racaille" et les "voyous" qui font régner la "peur" dans certaines cités.

"Ce sont des voyous, des racailles, je persiste et je signe", a-t-il dit. Se faisant le porte-parole des habitants des cités, le ministre a évoqué leur sentiment d'insécurité. "Vous croyez que c'est amusant de rentrer chez soi la peur au ventre ?", a-t-il insisté.

Un couvre-feu pour les mineurs reste instauré dans cinq départements : Alpes-Maritimes (en partie), Somme (Amiens), Seine-Maritime (Rouen, Elbeuf et Le Havre) et Loiret (six communes dont Orléans). Dans l'Eure, au quartier de la Madeleine à Evreux, la mesure, qui concerne aussi les majeurs, est entrée en vigueur à 22H00.

A Belfort, le maire Jean-Pierre Chevènement a également décidé d'instaurer un couvre-feu à compter de vendredi 21H00 jusqu'à mardi 6h00 pour les mineurs non accompagnés de moins de 16 ans.

Le préfet de police de Paris a aussi interdit jeudi la vente et le transport de carburant au détail dans la capitale, pour éviter son usage à des fins incendiaires, une mesure adoptée dans d'autres départements et villes (Seine-et-Marne, Val-de-Marne, Val-d'Oise, Drôme, Hérault, Eure-et-Loir, Charente, Landes, Rhône, Loiret, Var, à Amiens, Bordeaux, Caen et Lisieux).

M. Sarkozy a enfin été amené à s'exprimer sur la suspension de huit policiers jeudi, pour des "coups illégitimes" sur un jeune de 19 ans lundi à La Courneuve (Seine-Saint-Denis).

Deux des huit agents ont roué le jeune homme de coups, devant leurs collègues et une caméra de France 2 qui a filmé la scène, diffusée jeudi soir par la chaîne.

"J'ai pris la décision de sanctionner des fonctionnaires de police. Je n'accepterai aucun débordement des forces de l'ordre", a déclaré le ministre.

    Banlieues françaises: bilan stable, la mobilisation policière reste forte, AFP, 11/11/2005 07h32, http://www.afp.com/francais/news/stories/051111073252.js3k05l3.html

 

 

 

 

 

Riots put French police under spotlight

 

Fri Nov 11, 2005 10:40 AM ET
Reuters
By Anna Willard

 

SAINT DENIS, France (Reuters) - The worst unrest in France in four decades has shone a spotlight on the police and left them facing accusations of cracking down too hard on rioting youngsters.

President Jacques Chirac and his conservative government have paid homage to police courage and restraint during nightly violence by youngsters angered by a lack of job prospects, racism and alienation from mainstream French society.

But many youngsters in the suburbs complain of harsh treatment and say the police are a part of the problem.

They suggest the conservative government's plans to send in a further 1,500 reservists to back up the 8,000 officers already deployed in the suburbs could further antagonise the rioters.

"The police were hurling insults as much as the others," said Abdel, 20, from the Paris suburb of Grigny where shots were fired between police and youths in clashes last Sunday night.

"When you have police insulting people, they're not showing a good example. People say 'If the police do that, why shouldn't I do that?'"

His brother, Bilel, 21, said he saw a policeman celebrating "like he was at a football match" after shooting a stone-throwing protestor in the leg.

Criticism of police tactics are not surprising in such rundown areas where life is tough and crime is high but feelings run particularly high in the Paris suburbs because the violence began on October 27.

The unrest was triggered by the accidental deaths of two youths who were electrocuted as they hid in a power substation while apparently fleeing police in Seine-Saint-Denis, just north of the capital.

Complaints range from accusations of everyday discrimination by police checking documents of non-white youngsters more often than others', to charges of tough tactics by heavily protected officers who use batons and teargas against rioters.

Police have long been patrolling the suburbs but in many cases this has increased mistrust rather than building it up, because of heavy-handed tactics, residents say.

 

POLICE TIRED AND UNDER PRESSURE

Interior Minister Nicolas Sarkozy dismisses the criticisms but he has acknowledged there are not enough non-white police holding senior positions on the force.

Police, speaking off the record say that the percentage of people of Arab or African origin holding senior posts is much less than the percentage of people or Arab and African origin in the French population.

An independent commission that monitors police behavior has regularly found evidence of police abuse and said in its latest report earlier this year that such abuses were rising.

It highlighted poor training, bad supervision and the inexperience of many young police, and mentioned particular problems in the Paris suburbs.

On Thursday, eight policemen were suspended after two of them beat a young man they had detained in Seine-Saint-Denis, north of Paris, and the other six looked on.

Police union representatives says abuses are isolated and are probably due to tiredness and stress.

"Everyone wants to do their work correctly. But they are tired and stressed and their psychological state is a bit tense," said Jean-Pierre Raynaud, General Secretary of the National Union of Police Officers.

"There can be difficulties here and there, but I think the overall image of the national police is a good one," said national police services chief Michel Gaudin.

One plain-clothes policeman from a rough Paris suburb said it was not easy facing rioters night after night.

"It's a little scary. We never know what's going to happen next," said the officer, who did not want to be named. "We've been fired on and had Molotov cocktails thrown at us."

The 18 police branches, including the CRS riot squads who built a fearsome reputation for putting down protests during student and worker unrest in 1968, report to Sarkozy's ministry.

The local gendarmes are a separate category of law enforcement that makes up part of the military and reports to the Defense Ministry.

The numerous sections can create confusion and lead to inefficient or contradictory responses, critics say.

    Riots put French police under spotlight, Reuters, Fri Nov 11, 2005 10:40 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-11T154035Z_01_SPI156343_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

French holiday weekend to test fall in violence

 

Fri Nov 11, 2005 3:03 AM ET
Reuters
By Matthew Bigg

 

PARIS (Reuters) - France began a holiday weekend on Friday that will test a downward trend in violence since the government imposed emergency measures against rioters angered by conditions in the country's poorest suburbs.

Police said 395 vehicles were set ablaze and 168 people were detained by 4 a.m. (0300 GMT) on the 15th consecutive night of disturbances that have put pressure on the conservative government -- a similar level of violence to Wednesday night.

The unrest has receded since it hit a peak on Sunday night, and police hope the violence will continue to drop during the Armistice Day weekend, when offices close and city centers empty to mark the end of World War One on November 11, 1918.

Residents of riot-torn suburbs are expected to march in central Paris on Friday to call for an end to violence.

But Paris police chief Pierre Mutz has banned the transport and purchase of petrol in jerry cans following a string of arrests in the capital of people carrying firebombs. He also says he fears violence is being planned in the capital itself.

"Calls have been launched over the past few days on Internet sites and by SMS messages urging meetings within Paris and calling for 'violent actions', in the words of the authors of these messages," Mutz's office said in a statement.

Riots in the Paris area have been largely confined to the suburbs, mostly by youngsters who live in housing estates about an hour away from the city center and are angered by racism, high unemployment, poor prospects and harsh treatment by police.

The urban violence peaked last weekend but fell as emergency powers announced by Prime Minister Dominique de Villepin on Tuesday allowed local officials to impose night curfews.

 

"FAILED POLICIES"

President Jacques Chirac said on Thursday the government had to address problems in the suburbs.

"We need to respond in a strong and quick way to the unquestionable problems that many inhabitants of the deprived neighborhoods surrounding our cities are facing," said Chirac, who has come under fire for saying too little during the crisis.

Finance Minister Thierry Breton said he had prepared a series of proposals to create more jobs.

"We have put a lot of money into the suburbs over the past 20 years," he told Britain's Financial Times newspaper. "But obviously it wasn't enough."

The riots began after the accidental deaths of two youths apparently fleeing police but grew into protests by poor white youths and youngsters of North African and African origin.

The unrest has added a twist to rivalry between Villepin and Interior Minister Nicolas Sarkozy ahead of presidential elections in 2007 and Sarkozy continued his tough rhetoric on Thursday calling those behind the violence "thugs" and "scum".

At the same time, he said France should draw clear lessons from the unrest.

"We need to break free from the politics practised in this country for the last 40 years and which unfortunately have failed," Sarkozy said on France 2 television."

    French holiday weekend to test fall in violence, Reuters, 11.11.2005, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-11T080335Z_01_HAR953036_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

France Faces a Colonial Legacy: What Makes Someone French?

 

November 11, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Nov. 10 - Semou Diouf, holding a pipe in one hand and a cigarette in the other, stood amid the noisy games of checkers and cards in the dingy ground-floor common room of a crowded tenement building and pondered the question of why he feels French.

"I was born in Senegal when it was part of France," he said before putting the pipe in his mouth. "I speak French, my wife is French and I was educated in France." The problem, he added after pulling the pipe out of his mouth again, "is the French don't think I'm French."

That, in a nutshell, is what lies at the heart of the unrest that has swept France in the past two weeks: millions of French citizens, whether immigrants or the offspring of immigrants, feel rejected by traditional French society, which has resisted adjusting a vision of itself forged in fires of the French Revolution. The concept of French identity remains rooted deep in the country's centuries-old culture, and a significant portion of the population has yet to accept the increasingly multiethnic makeup of the nation. Put simply, being French, for many people, remains a baguette-and-beret affair.

Though many countries aspire to ensure equality among their citizens and fall short, the case is complicated in France by a secular ideal that refuses to recognize ethnic and religious differences in the public domain. All citizens are French, end of story, the government insists, a lofty position that, nonetheless, has allowed discrimination to thrive.

France's Constitution guarantees equality to all, but that has long been interpreted to mean that ethnic or religious differences are not the purview of the state. The result is that no one looks at such differences to track growing inequalities and so discrimination is easy to hide.

"People have it in their head that surveying by race or religion is bad, it's dirty, it's something reserved for Americans and that we shouldn't do it here," said Yazid Sabeg, the only prominent Frenchman of Arab descent at the head of a publicly listed French company. "But without statistics to look at, how can we measure the problem?"

Mr. Sabeg was born in Algeria when it was French territory and moved to France with his family as an infant. His father worked as a laborer and later a mechanic to put him through a Jesuit boarding school, and he went on to earn a Ph.D. at the Sorbonne.

He scoffs at the notion of a French identity based on what he believes is a fiction of equal rights and France's reluctance to engage in debate about the gap between ideals and reality. "France doesn't know how to manage diversity," he said. "It doesn't want to accept the consequences of a multiethnic society."

Like most French schoolchildren, he was taught that his ancestors were Gauls and that "in 732, Charles Martel, the Mayor of the Palace, repelled the Arabs in Poitiers."

French leaders admit failings but insist they are working to bring equality to all citizens and have embarked on an oblique public debate about what it means to be French. But that debate is still bounded by fidelity to ideals of the French Republic. President Jacques Chirac told reporters at Élysée Palace on Thursday that the government "hasn't been fast enough" in addressing the problems of discrimination. "No matter what our origins, we are all children of the Republic," he said.

Further to the political right, the debate has taken on another cast: the far-right National Front party released a computer-generated video on its Web site this week that showed Paris in flames. "Immigration, explosion in the suburbs ... Le Pen foretold it," the banner over the video reads, referring to the party's patriarch, Jean-Marie Le Pen.

The idea behind France's republican ideal was that by officially ignoring ethnic differences in favor of a transcendent French identity, the country would avoid the stratification of society that existed before the French Revolution or the fragmentation that it now sees in multicultural models like the United States. But the French model, never updated, has failed, critics say. "France always talks about avoiding ghettoization, but it has already happened," Mr. Sabeg said, adding that people are separated in the housing projects, in their schools and in their heads.

The country's colonial legacy has only deepened that alienation. Rachid Arhab, one of the only well-known minority broadcast journalists in France, says that he lives with the resentments touched off by the bloody war of independence that Algeria won against France in 1962. "Unconsciously, for many French, I'm a reminder of the war," he said, adding, "now they see images of second-generation Algerian children in the streets burning cars and buildings, and that brings out the resentment even more."

Mr. Arhab himself is a study in the country's ambivalence toward what it means to be French. He was born in Algeria when the country was French territory and so was born French. He moved to France as an infant, but lost his French citizenship when he was 8 in the wake of the Algerian war - like many French-Arabs from Algeria, his parents didn't understand that they had to apply to retain their citizenship in France. Mr. Arhab didn't become a French citizen again until 1992. Yet he said, "I feel profoundly French."

But even the language of identity has its barbs. Mr. Arhab said that when he hears people refer to him as French "of Algerian origin," it carries with it the subtext that he is not really French.

He said earlier generations like himself have had it easier than the frustrated youths in the housing projects today, because his generation had closer ties to their homelands. "When someone says to me, 'you're not French,' I can take refuge in my origins," he said, "but the young can't do that."

Most second-generation Muslim immigrants are generally no more observant than young French Catholics. But the legacy of discrimination creates the conditions for young people who feel neither French nor North African to seek an identity in Islam - often anti-Western, political Islam.

"I've known discrimination all of my life," Mr. Sabeg said, adding that the prejudices only grew stronger the more prominent he became. In 1991, he led a group of investors in taking over CS Communication and Systémes, a publicly listed company that he now runs. When he applied to the government to become a defense contractor, a ministry official told him, "You're called Sabeg, that's a problem for us," meaning that he was of Algerian descent.

Rumors soon began circulating that he was an Algerian spy. It took him three years to win his first contract from the Defense Ministry. He never found out who was behind the rumors. "It's like a snake, you see the tail as it disappears, but never the head," Mr. Sabeg said, adding that the rumors continue.

So far, the government's efforts to reach out to minority ethnic youth have been half-hearted, constrained by the republican ideals that have turned affirmative action into a taboo. But private efforts are beginning, skirting the rules.

Karim Zeribi, a former soccer player and political adviser, said a study he carried out earlier this year found that résumés sent out with traditionally French names got responses 50 times higher than those with North African or African names. In the wake of the study, Mr. Zeribi established an agency in April called Act for Citizenship, which canvasses minority neighborhoods for qualified job candidates and markets them to corporations.

"We want to create a network for these people where there is none," Mr. Zeribi said. Still, he said, his young candidates are regularly asked if they are practicing Muslims when they are interviewed for jobs.

    France Faces a Colonial Legacy: What Makes Someone French?, NYT, 11.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/11/international/europe/11france.html?hp=&adxnnl=1&adxnnlx=1131700583-NP9FRhkRJMzLLbyVBMd7Fw


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Banlieues

La rage des cités déclinée au feminin

Au coeur des quartiers déshérités, de nombreuses jeunes femmes soutiennent les émeutes. A Montfermeil, elles racontent leur galère au quotidien.

 

Vendredi 11 novembre 2005
Libération
Par Marie-Joëlle GROS

 

Quand les CRS étaient dans la cité, j'avais trop envie de descendre, d'y aller moi aussi. Mais ma mère ne voulait pas. J'étais par la fenêtre, je voyais tout sans pouvoir rien faire, comment j'étais révoltée !» Sabrina, «dix-sept ans et demi», habite les Bosquets à Montfermeil (Seine-Saint-Denis), une cité toute proche de celles de Clichy-sous-Bois. La lycéenne jouait parfois au foot avec l'un des deux jeunes morts électrocutés de cette commune voisine, jeudi 27 octobre. Depuis cet événement, qui a déclenché les émeutes, les affrontements ont été violents, ici, entre jeunes et policiers. Si le calme semble revenu, les adolescents sont toujours à cran.

Peu entendues jusque-là, les filles de la cité des Bosquets ont le débit rapide de celles qui ont beaucoup à dire. Pas pour enfoncer ceux qui ont «mis le feu, comme on dit». Bien au contraire. Pas question aujourd'hui d'évoquer les tensions entre filles et garçons, les jeunes de la cité font bloc. «C'était comme une boule, on savait que ça allait péter, résume l'une d'elles, rencontrée au centre social. D'ailleurs, ça bouge là-haut. Ca veut bien dire qu'il fallait que ça éclate.» Les éducateurs, qui les poussent à prendre la parole ces jours-ci, témoignent : «Le sentiment de révolte des filles vaut celui des garçons. Mais elles ne sont pas dans le passage à l'acte.»

 

Contrôles intempestifs

Dans la cité, les filles sont moins visibles que les gars qui «tiennent les murs». Avec une pointe de défi, elles assurent ne pas avoir peur de vivre ici et «dormir les yeux fermés». Mais elles se plaignent d'un quotidien ponctué, pour elles aussi, de contrôles de police pour un oui, pour un non. «La police, elle est pas là pour nous protéger, dit Sabrina. Elle nous provoque tout le temps. On se fait traiter de bâtards, de bougnoules. C'est normal que les jeunes, ils ont la haine. Les filles comme les garçons.» Un élève de sa classe de terminale comptabilité a proposé de faire un exposé sur les événements. «La prof a refusé. Mais elle a accepté qu'on dise ce qu'on a sur le coeur. Moi, j'ai dit tous mes sentiments. C'étaient les mêmes que ceux des garçons.»

Cécile, 26 ans, qui a «pourtant un nom français», raconte : «L'autre jour, on fêtait l'anniversaire des enfants avec une copine, on traversait la cité avec eux, les flics nous sont tombés dessus. Ils passent leur temps à nous surveiller. Ils tournent avec leurs voitures, stoppent, redémarrent. C'est insupportable.» Elle vit avec son fils de 3 ans dans l'appartement de sa mère : «On est six dans un F3. J'ai fait une demande de logement. J'ai un CDI à l'hôpital psychiatrique, je suis agent d'accueil. Mais on me répond que, comme il y a plein d'appartements squattés, il n'y a pas de place pour moi.» Elle n'envisage pas de quitter la cité des Bosquets où elle a déjà passé vingt ans. «J'aime ma cité, c'est juste qu'il manque des trucs autour. Si un jour je pars, ce sera pour l'éducation de mon fils.» Le petit garçon tournicote autour d'elle. «J'ai quitté l'école à 14 ans, poursuit Cécile. Tout le monde quitte l'école tôt ici. Les parents n'ont pas d'argent, on a envie de vite gagner sa vie. Surtout quand on voit qu'il y en a qui s'achètent des vêtements, font des activités.»

Sanaa, 20 ans, ne va plus en cours depuis longtemps. Elle voulait se lancer dans des études d'esthéticienne, des enseignants l'en ont dissuadée. «On m'a dit : "T'habites dans une cité chaude, tu parles racaille, vaut mieux faire du secrétariat." J'ai jamais compris pourquoi. De toute façon, pour moi, ça s'est toujours mal passé à l'école.» Elle s'occupe de sa petite nièce. «Je voudrais qu'elle parte loin à l'école, dit Sanaa. Je veux dire, loin du quartier. Ici, les programmes, ils sont en retard. C'est juste l'alphabet. Il faut que les gosses sachent lire et écrire et c'est tout.» Sahra, 24 ans, attrape la conversation au vol : «Moi, j'ai promis à ma petite cousine que je lui payerai l'école privée. Ils sont 26 dans sa classe, il y en a 23 qui parlent pas français. Dans d'autres contrées, on apprend l'anglais, tout ça. Ici, c'est juste le minimum. Il faut expatrier nos enfants en dehors de la cité.»

Mais les contacts avec l'extérieur ne sont pas évidents. En trois ans de recherche d'emploi, Sanaa n'a trouvé qu'un seul CDD de remplacement d'un mois. Elle préparait des plateaux-repas pour l'aéroport de Roissy. Sahra, elle, a lâché son BTS vente en cours de route. Jolie fille, tempérament de feu, elle se décrit comme «jeune entrepreneur». D'origine algérienne, sa mère est seule pour élever ses trois enfants. «Je la respecte grave. Elle a deux emplois [dans une cantine et dans une entreprise comme agent d'entretien], tout ça pour 8 000 balles par mois.» Sahra a tenté d'ouvrir une boutique de prêt-à-porter en ville, ça n'a pas fonctionné. Elle se tourne vers les marchés. «Les gens sont souvent mal à l'aise avec nous, notre façon de parler, de se tenir. Mais faut arrêter de se prendre pour des victimes. C'est à nous aussi de faire un effort.»

 

«Vite repérés»

Mais elle n'avale pas le «coup» qu'on lui fait «souvent, dans les restaurants». Quand elle sort à Paris, «on nous apporte l'addition à peine on a commandé ! Comme si on allait partir sans payer ! Ou alors les serveurs nous calculent pas, font comme si on n'était pas là. Moi, je leur dis : "J'ai le même argent que la table d'à côté, alors tu prends la commande !"» Elle fait rire Cécile : «C'est vrai qu'on est vite repérés. On parle fort. Il y a des gens à côté, ils mangent avec leurs enfants, ils se parlent pas, on n'entend rien !» Au travail aussi, Cécile essuie des réflexions : «J'ai un vocabulaire un peu de cité. Dès que je dis un gros mot, on me balance les voitures qui brûlent dans la cité.» Jeune mère de famille, elle ne s'est pas offusquée quand des maternelles ont brûlé : «C'est peut-être l'occasion d'en reconstruire des plus belles...»

Elles ne condamnent ni les feux ni les dégradations : «C'est que du matériel, c'est pas grave, y a les assurances. La limite, c'est les agressions physiques. Ça, c'est pas possible», tranche Sahra. Elle ajoute : «Moi, si j'étais leader, c'est pas dans la cité que je mettrais le feu. C'est à Neuilly ou au Raincy [la ville la plus huppée de Seine-Saint-Denis où le maire Eric Raoult a pourtant décrété le couvre-feu].» Elles détestent Nicolas Sarkozy qu'elles attendent de pied ferme, et Dominique de Villepin : «Le gouvernement n'assume pas ce qu'il fait. Pourquoi il ne dit pas : "C'est de notre faute, on est désolé." Une erreur humaine, on comprendrait, ça peut arriver. Mais non, dès qu'il y a un problème avec la police, ils disent toujours : "Après enquête, c'est de votre faute."»

    La rage des cités déclinée au feminin, Libération, 11.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337699

 

 

 

 

 

Banlieues

Le rescapé confirme la course-poursuite

Muttin, blessé dans le transformateur EDF de Clichy-sous-Bois, a été entendu par la justice.

 

Vendredi 11 novembre 2005
Libération
Par Karl LASKE

 

A l'écouter, ils étaient bien poursuivis par la police. Grièvement électrocuté, le 27 octobre, dans le transformateur où Zyed Banna et Bouna Traore ont trouvé la mort, Muttin Altun a expliqué hier pour la première fois au juge d'instruction de Bobigny, Olivier Géron, les circonstances du drame de Clichy-sous-Bois. Il a été entendu durant une heure et demie à l'hôpital Saint-Antoine où il a déjà subi plusieurs interventions chirurgicales, la dernière mercredi. Blessé au bras droit et aux cuisses, Muttin a pu préciser, voire rectifier, la déposition consignée par la police, durant quatre heures, le lendemain du drame, alors qu'il se trouvait en soins intensifs. Dans ce procès-verbal, Muttin signalait que Bouna lui avait «dit de courir» à l'arrivée de la police et qu'il courait «parce que les autres couraient».

En réalité, Muttin a vu lui aussi «deux policiers» aux trousses de Bouna, remontant le parc où ils avaient l'habitude de rester un peu après leurs matchs de foot. Et encore un autre portant «un flash-ball». Il s'est retourné deux fois. Si les autorités ont cru pouvoir conclure à l'«absence de course-poursuite», Muttin la confirme. Quittant le parc, il traverse la rue pour entrer avec les autres dans un petit bois qui sert de décharge. Le mur d'enceinte du transformateur EDF n'est que trente mètres plus loin. Les policiers sont sur leurs talons. Me Jean-Pierre Mignard et Me Emmanuel Tordjman, les avocats de Muttin et des familles des victimes, ont tenté de reconstituer la présence policière sur les lieux.

L'enquête de l'Inspection générale des services (IGS) a fait apparaître qu'outre les policiers poursuivant les jeunes dans le parc, puis dans la décharge, deux agents étaient entrés dans le cimetière voisin, qui offre une vue panoramique sur la centrale. «Les policiers tendent une souricière, a commenté hier matin Me Mignard. Les deux voies d'accès ont été tenues alternativement par les policiers.» Mais c'est l'équipe présente dans le cimetière qui annonce, par radio, que «les deux individus sont localisés et sont en train d'enjamber pour aller sur le site EDF». Un policier commente par radio qu'il ne «donne pas cher de leur peau». Entre-temps, deux jeunes, Sofiane et Arouna, sont interpellés sur le site de la décharge boisée.

Muttin, Bouna et Zyed se cachent dans le transformateur. «Ils sont persuadés que la police reste longtemps, explique Me Mignard. Ils n'ont pas leurs papiers. Leur préoccupation, y compris lorsqu'ils se trouvent dans le transformateur, est de rentrer chez eux pour ne pas manquer l'heure de la rupture du jeûne.» Muttin et ses amis entendent les sirènes des voitures de police. L'aboiement d'un chien. Zyed s'inquiète particulièrement. Des trois, il est le seul à avoir eu «un incident avec la police», sans suite judiciaire. Son père a demandé une «mesure éducative». «Si je vais au poste, mon père me renvoie en Tunisie», aurait-il murmuré avant le drame.

    Le rescapé confirme la course-poursuite, Libération, 11.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337702

 

 

 

 

 

France may cut red tape to help riot-torn suburbs: FT


Thu Nov 10, 2005 10:19 PM ET
Reuters

 

LONDON (Reuters) - France may ease regulations to create jobs in deprived areas rocked by two weeks of civil disturbances, the country's finance minister said in comments published on Friday.

In an interview with Britain's Financial Times newspaper, Thierry Breton said France had failed those who live in the bleak urban housing estates where the riots started.

"We have put a lot of money into those suburbs over the past 20 years," he said. "But obviously it wasn't enough. We need to work on how to create more jobs and growth in those areas."

On Thursday, French police reported violence for the 15th night in a row, although on a smaller scale than before. Youths protesting about conditions in the suburbs that ring France's main cities have set light to thousands of cars and fought with police.

Breton said he had prepared a series of proposals to improve the troubled suburbs, which he will present to Prime Minister Dominique de Villepin.

"We are working...to implement new measures, where people can create companies more easily and with less regulation," he said. If accepted, the plans could be quickly adopted, he added.

Among the proposals are an increase in tax benefits, boosting state guarantees for business loans and relaxing professional qualifications on firms such as hair salons and taxi companies, the newspaper said.

Breton did not expect foreign investors to be scared off, saying the unrest was more limited than its portrayal in the world's media.

"They will see the disconnect between what is shown and what is real," he told the FT newspaper.

The riots began after the accidental deaths of two youths apparently fleeing police but grew into protests by poor white youths and youngsters of North African and African origin.

    France may cut red tape to help riot-torn suburbs: FT, Reuters, Thu Nov 10, 2005 10:19 PM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-11T031815Z_01_SCH109141_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

Violences en France: coûts d'environ 200 M d'euros pour les assureurs

 

10.11.2005 | 17h54
AFP

 

Les violences dans les banlieues françaises devraient coûter environ 200 millions d'euros aux compagnies d'assurances, dont une vingtaine de millions au titre des voitures incendiées, a indiqué jeudi à l'AFP la Fédération française des sociétés d'assurances (FFSA).

"Le coût estimé des dommages assurés se situe aux environs de 200 millions d'euros, dont près de 20 millions d'euros uniquement pour les voitures", a indiqué un responsable de la Fédération.

Près de 5.800 véhicules ont éte incendiés et des dizaines d'infrastructures sportives, scolaires, de commerces ou encore d'entrepôts ont été partiellement ou totalement détruits au cours des violences urbaines de ces derniers jours.

    Violences en France: coûts d'environ 200 M d'euros pour les assureurs, AFP, 10.11.2005 | 17h54, http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26041679@7-37,0.html

 

 

 

 

 

Banlieues françaises: Chirac reprend la parole, reflux des violences

 

10/11/2005 15h13
AFP

 

PARIS (AFP) - Jacques Chirac a déclaré jeudi que l'on était encore dans la période "du rétablissement de l'état de droit", alors qu'une baisse sensible des violences urbaines avait été constatée dans la nuit, deux semaines après le début des émeutes.

Le chef de l'Etat, qui s'était déjà brièvement exprimé dimanche, a justifié sa discrétion en expliquant à la presse qu'il y avait "le temps de l'action" pour rétablir l'ordre, puis celui de "la réflexion" sur les origines de la crise. Selon lui, "nous sommes encore dans la période du préalable de rétablissement de l'état de droit et de la sécurité".

Il a appelé "chacun au respect de sa responsabilité", dont "les parents des trop nombreux mineurs qui, souvent poussés par leurs aînés, ont participé aux violences urbaines".

Rendant un "hommage particulier au professionnalisme et au sang-froid des forces républicaines de sécurité", le président a salué "nos pompiers, nos magistrats et les maires et élus municipaux, les travailleurs sociaux qui se sont mobilisés avec beaucoup d'intelligence et de détermination".

Interrogé sur les expulsions d'étrangers auteurs de violences demandées par Nicolas Sarkozy, M. Chirac s'est contenté de déclarer: "Il faut respecter la loi, toute la loi".

Les chiffres communiqués jeudi matin par le ministère de l'Intérieur ont confirmé la baisse du nombre des violences urbaines constatée depuis trois jours. 482 véhicules ont été incendiés et 203 personnes interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi, soit "un reflux important", selon le directeur général de la police nationale, Michel Gaudin, après les 617 véhicules incendiés et les 280 personnes interpellées la nuit précédente.

Interrogé sur les raisons de cette baisse, notamment en Ile-de-France, M. Gaudin a évoqué les nombreuses interpellations (2.033 depuis le 27 octobre qui se sont traduites par la condamnation de 235 personnes majeures à des peines d'emprisonnement ferme) qui "commencent à faire réfléchir, l'engagement de la population et les nouvelles dispositions prises par l'Etat" avec l'application de l'état d'urgence.

Mercredi, le couvre-feu pour les mineurs a été instauré dans cinq départements: Alpes-Maritimes (en partie), Somme (Amiens), Seine-Maritime (Rouen, Elbeuf et Le Havre) et Loiret (six communes dont Orléans). Dans l'Eure, au quartier de la Madeleine à Evreux, la mesure, qui concerne aussi les majeurs, est entrée en vigueur à 22H00 et les CRS ont patrouillé le quartier, demandant aux gens de rentrer chez eux.

Dix-neuf préfets concernés, dont tous ceux de l'Ile-de-France, ont choisi de ne pas décréter pour le moment un couvre-feu.

Pour le 11 Novembre, M. Gaudin a assuré que serait maintenu "un dispositif aussi dense", avec "12.000 policiers et gendarmes chaque nuit".

A Paris, 2.220 policiers et gendarmes seront mobilisés pour la cérémonie sur les Champs-Elysées avec M. Chirac, un dispositif identique à celui mis en place depuis trois ans après l'attentat manqué contre lui, le 14 juillet 2002.

Quant à une possible "descente" de jeunes des banlieues dans la capitale, comme le laissent entendre certains messages diffusés via internet, M. Gaudin a déclaré: "C'est ce que nous analysons avec le plus de soin". Il a toutefois dit implicitement que les services de renseignements restaient dubitatifs sur cette éventualité.

Le préfet de police de Paris a pourtant interdit jeudi la vente et le transport de carburant au détail à Paris, faisant notamment état de l'arrestation de personnes en possession d'engins incendiaires et d'appels à des "actions violentes" dans la capitale.

Quatre préfectures (Drôme, Val-de-Marne, Hérault, Eure-et-Loir) ont également annoncé jeudi avoir pris des arrêtés identiques.

M. Sarkozy a envoyé mercredi soir un télégramme aux préfets leur demandant d'engager des procédures d'expulsion contre les étrangers qui seraient condamnés pour participation aux émeutes. Cette procédure peut se faire sur la base d'arrêtés préfectoraux, mais aussi du ministre lui-même.

Les mineurs ne peuvent être expulsés et, parmi les majeurs, beaucoup bénéficient de protections en raison de leur situation (liens familiaux, ancienneté du séjour, état de santé...).

Cette décision a été dénoncé par des associations de défense des droits de l'Homme (MRAP, LDH, France Terre d'Asile et RESF, Réseau Education sans frontières) et le PS, comme un "retour à la double peine".

    Banlieues françaises: Chirac reprend la parole, reflux des violences, AFP, 10/11/2005 15h13, http://www.afp.com/francais/news/stories/051110151350.jau5ynf1.html

 

 

 

 

 

Chirac Says France Must Respond to Problems Raised by Rioters

 

November 10, 2005
Filed at 9:43 a.m. ET
By REUTERS

 

PARIS (Reuters) - France must draw the consequences of two weeks of riots and respond quickly to the problems raised by the rioters, President Jacques Chirac said on Thursday as a police chief warned of possible unrest in the heart of Paris.

Violence in urban areas around France dropped for the third straight night following the adoption of emergency powers that allowed local officials to impose night curfews on youths behind a wave of firebomb attacks.

The riots began two weeks ago after the accidental deaths of two youths apparently fleeing police, but grew into protests by poor white youths and youngsters of North African and African origin against police treatment, racism and poor job prospects.

Speaking after talks with Spanish Prime Minister Jose Luis Rodriguez Zapatero in Paris, Chirac said the government must do more to ensure all citizens received equal treatment.

``We will have to draw all the consequences of this crisis, once the time comes and order has been restored, and with a lot of courage and lucidity,'' Chirac, who has said little about the crisis in public, told a joint news conference with Zapatero.

``We need to respond in a strong and quick way to the unquestionable problems that many inhabitants of the deprived neighbourhoods surrounding our cities are facing,'' Chirac said.

Two weeks of unrest in poor suburbs around France have badly rattled the conservative government and prompted Prime Minister Dominique de Villepin on Tuesday to invoke a 50-year-old law allowing local restrictions.

Although the move coincided with a sharp fall in violence, Paris police chief Pierre Mutz banned the transport and purchase of petrol in jerry cans, citing a string of arrests in the capital of people carrying firebombs. Riots so far in the Paris area have been mainly confined to its impoverished suburbs.

``Calls have been launched over the past few days on Internet sites and by SMS messages urging meetings within Paris and calling for 'violent actions', in the words of the authors of these messages,'' Mutz's office said in a statement.

Mutz ordered all Paris petrol stations to enforce the ban.

 

VIOLENCE SUBSIDING

Despite the overall drop in violence, there were overnight clashes in the southwestern city of Toulouse, where a burning car was rammed into a primary school.

Police said 482 vehicles had been torched overnight, down from 617 the previous night, with 203 arrests reported.

``It's calm. It's subsiding,'' said a spokesman for the Seine-et-Marne department east of Paris.

Only five prefects, the state's top officials in France's administrative districts, have invoked the emergency powers, imposing limited curfews in places ranging from Nice in the south to Amiens in the north.

A poll showed that 73 percent of French people welcomed the measures, which are available to authorities in 38 cities and suburban areas including Paris.

However, some critics say Villepin overreacted by reviving a measure dating from Algeria's war of independence against its colonial master France.

``Most elected officials on the ground appear to have been more embarrassed than relieved,'' the left-leaning newspaper Liberation said in an editorial. ``They fear this measure will further stir things up, or believe it to be either an overreaction or totally useless.''

Seeking to end the unrest, Villepin pledged on Monday to restore some 100 million euros in funding for grass roots associations working in tough neighbourhoods, and improve prospects in education, the labor market and housing.

Fears that riots might erupt in other European countries have helped push down the value of the euro currency and damaged France's image abroad, though Finance Minister Thierry Breton said the economy had been unscathed.

    Chirac Says France Must Respond to Problems Raised by Rioters, NYT, 10.11.2005, http://www.nytimes.com/reuters/international/international-france-riots.html

 

 

 

 

 

Cameras capture racist taunts of anti-riot police

 

November 10, 2005
The Times
From Charles Bremner in Paris

 

Aggressive police making flippant remarks about teenagers' electrocution and a minister who talked of 'scum' are accused of inflaming the violence

THE exchange could hardly have been worse for the French police as they strive to allay their reputation as enemy of the ethnic estates.

TF1, the television channel, showed a young Arab in the outskirts of Lyons objecting politely about the insulting manner of an officer who had demanded his identity papers.

“You want me to take you to a transformer?” the officer sneers back, referring to the electricity station where two teenagers were electrocuted while fleeing an identity check. The incident sparked the riots.

“We don’t give a s*** if your estate calms down,” added the officer, using the disrespectful “tu” rather than “vous”. “In fact, the more it gets f****d up the happier we are.”

The episode hardly conveyed the responsible manner for which the Government has been congratulating the hard-pressed forces de l’ordre during the ethnic rioting that broke out in response to the teenagers’ deaths on October 27. It did illustrate the wall of incomprehension that separates the white French police from the inhabitants of the sprawling estates whose young men have gone on the rampage.

From Marseilles in the south to Lille in the north, the kids on the troubled cites say that brutal policing is a big source of their anger. “Casser les keufs” — beating up cops — is what they like doing best, say the young wreckers. “We torch a car and when the keufs turn up, the fun starts,” a teenager said with typical bravado at a northeast Paris estate. The police are hated for their forays into the estates in number to stage aggressive identity checks.

The main target are the body-armoured men of the Compagnies Republicaines de Securite (CRS), the national riot police who have borne the brunt of the violence. “They see us like a rival tribe invading their territory. It’s a test of their manhood to fight us,” said a CRS major as his men entered battle with the boys of the Aulnay-sous-Bois estate last week.

The CRS, who live in barracks and rarely know the neighbourhoods in which they are deployed, have softened their tactics since the days of pitched street battles between demonstrators and phalanxes of baton-wielding officers. In the 1968 student revolt, the demonstrators taunted les flics by chanting “CRS-SS” and then waited for the charge.

Most of the 9,500 riot police and gendarmes deployed this month are being sent out in small patrols, sometimes on foot and carrying their helmets to reduce provocation despite the danger of injury from projectiles. Commanders have drummed into their men the need to avoid excessive force that could lead to injury and provoke even more violence.

There is no doubt, however, that the riots of 2005 have exposed a failure of policing. The roots go back to France’s traditional distrust of state authority and a history of heavy-handed, brutal and sometimes murderous enforcement. Cherished fictional heroes such as Commissaire Maigret are exceptions to the rule that the police are not much respected or admired in France. A distinction can be made for the Gendarmerie, a separate military command, that polices the countryside.

One man in particular is being blamed: Nicolas Sarkozy, the Interior Minister. His error, in the view of many mayors and experts, was dismantling the so-called Proximity Police, a scheme for community policing that was launched by the Socialist Government in the late 1990s. Appointed by President Chirac in 2002 with a mandate to crack down on crime, especially in the lawless ethnic estates, M Sarkozy said scarce resources must go to enforcement. “The police are not there to be social workers. They are there to arrest crooks,” he said.

 

CANDID CONFRONTATION

THIS is an extract of a verbal exchange between police and estate teenagers near Lyons, shown on the TF1 television channel.First a boy addresses a police officer who has demanded the boy’s papers in rough terms — using the disrespectful “tu” instead of a formal “vous” — and told him to “shut your face”

First boy: “You (Vous) tell us to ‘shut your face’ and we haven’t done anything, Monsieur”

Policeman: “You want me to take you into an electricity sub-station?” (where two teenagers were electrocuted)

First boy: “Sorry Monsieur, you are being rude and I haven’t spoken to you, M’sieur”

Policeman: “In that case don’t talk. We’re telling you to get back, so get back”

First boy: “Listen Monsieur, we are using ‘vous’ with you but you and your colleague are using ‘tu’ with us. We are respectful . . .”

A second boy insults a bald policeman, saying: “Good for you, you’ve got cancer, you’re all bald”

Second policeman: “So you want to go and fry with your mates? You want to go into the transformer? Shut your ugly mug, we’re going to give you a going over”

First boy: “If that’s the way it is, do you think that the estate will calm down?”

Third policeman: “We don’t give a shit if the estate calms down or not. Actually, the more it gets f****d up, the happier we are”

Note: It appeared that the polite boy knew that the television camera was there — but the police did not

    Cameras capture racist taunts of anti-riot police, The Times, 10.11.2005, http://www.timesonline.co.uk/article/0,,13509-1865533,00.html

 

 

 

 

 

Chirac Avoids Glare of France's Fires

 

November 10, 2005
The New York Times
By ELAINE SCIOLINO

 

PARIS, Nov. 9 - President Jacques Chirac has never been one to shun the spotlight.

But in the face of the most serious social crisis of his 10-year presidency, the 72-year-old French leader has become the invisible man.

Even his declaration of a nationwide state of emergency on Tuesday was presented not in a sober, televised presidential speech in prime time, but read aloud to journalists by the government spokesman after Tuesday's cabinet meeting.

"Chirac seems completely out of the loop," said Bernard Kouchner, a Socialist former health minister and one of the most popular political figures in France. "It's all very strange. As a doctor, I can't say whether he's in bad physical shape. But as a citizen, I can say he looks weaker and weaker."

The absence of a man who seizes - even creates - opportunities to plunge into crowds, kiss babies and caress cows has prompted criticism that the president has no plan to ease the unrest that has gripped the country's slums for the past 13 days. It has also created an opening for rivals of Mr. Chirac's center-right party, already weakened by the public's rejection of a constitution for Europe - which was interpreted as a sweeping rejection of the French government - and humiliated when Paris lost the bid for the 2012 Olympics to London last July.

The civil unrest is seen as serious because it shakes the foundation of the French republican ideal, which envisions a uniform French identity that ignores ethnic and religious origin as the best guarantor of national unity. Initiatives proposed for the suburbs have been widely dismissed as inadequate to create educational opportunities and jobs for the young and security in ghettos plagued by drug-dealing and petty criminality.

"We live in a political system designed and created in the 1950's, and that system is dying," said Xavier Raufer, a leading French criminologist, in a telephone interview. "What is really frightening is that the people who run our country have no idea that the new measures they are proposing are miserable, absolutely hollow. If I were a young person living in a suburb I would laugh."

In recent days the crisis has forced the two main contenders in the battle for the presidency in 2007 - Prime Minister Dominique de Villepin and Interior Minister Nicolas Sarkozy - to forge temporarily a common alliance. The two men seem to have settled into a division of labor in which Mr. de Villepin is slipping into Mr. Chirac's presidential father-figure role while Mr. Sarkozy, who used the first 10 days of the unrest to promote his hard-line rhetoric on crime, is the point man in the field.

With the imposition of tough measures, including a state of emergency and curfews, the situation appears to be calmer. A public opinion poll published in Wednesday's issue of the popular tabloid Le Parisien showed that 73 percent of those polled supported the measures, with 86 percent expressing outrage at the violence. But for Mr. Chirac, who has only 18 months left in office, the crisis has deepened his political vulnerability as he gradually cedes more authority to Mr. de Villepin, his longtime protégé.

The only public utterance that Mr. Chirac has made about the unrest was a brief statement televised live on Sunday that expressed faith in republican values and a determination to restore order. His distracted demeanor prompted rumors that he might be in ill health (he suffered what is believed to have been a minor stroke in September). On Wednesday, Jerome Bonnafant, Mr. Chirac's spokesman, said in a telephone interview that Mr. Chirac's health was "excellent" and that he was carrying on in an "absolutely normal way," adding, "He has been far from absent; he has been present every day and nothing has been done without his personal input."

But for François Hollande, the head of the Socialist Party, Mr. Chirac has become so irrelevant that in an interview with France-Inter radio on Wednesday Mr. Hollande refused even to talk about the president. "One doesn't know if he is in the Élysée or somewhere else," Mr. Hollande said. "His silence is deafening." The left-leaning newspaper Libération said Tuesday that the arson attacks "prove that Chirac's reign has been a tragic farce."

Mr. Chirac has spoken passionately over the years, most notably in his presidential campaigns in 1995 and 2002, about the need to fight crime, create jobs and bridge the growing gap between rich and poor. But he has never seemed comfortable in the suburban slums. He even said in Orléans in 1991 that it was "not racist to say" that the immigrant workers of the suburbs were a financial burden to France, were disinclined to work and made "noise and smell." His words are still quoted there.

The sense that elements of the center-right government regard ethnic Arab and African Frenchmen with disdain has even been expressed by Azouz Begag, a sociologist and the son of an Algerian mason who holds the recently created job of minister for the promotion of equality of opportunities. He publicly criticized Mr. Sarkozy for using language that contributed to the violence, including his vow to wage a "war without mercy" against delinquents in the suburbs, and for referring to young suburban rebels as "scum." Mr. Begag said Mr. Sarkozy should "choose his words" better and criticized his visits to the suburbs as publicity stunts.

On Wednesday, Mr. Sarkozy, the son of a Hungarian father and a French-born mother, kept up his tough line, announcing to a session of the National Assembly that he had asked local authorities to expel foreigners convicted of a crime, even if they were legal residents of France. For the moment, though, his tough talk seems to be playing poorly. For the first time, Mr. de Villepin edged ahead of Mr. Sarkozy in their approval ratings in an opinion poll released Wednesday and conducted one week into the unrest.

Also on Wednesday, Mr. Chirac ventured out of the Élysée Palace to the Invalides to mark the anniversary of the death of President Charles de Gaulle. On Thursday, he will meet with Spanish Prime Minister José Luis Rodríguez Zapatero, and then face questions from the media for the first time since the rioting began.

    Chirac Avoids Glare of France's Fires, NYT, 10.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/10/international/europe/10chirac.html

 

 

 

 

 

Couvre-feu dans cinq départements français, situation plus calme

 

10/11/2005 09h34
AFP

 

PARIS (AFP) - Le couvre-feu est entré en vigueur mercredi soir dans plusieurs villes de cinq départements en France, alors que la tendance à la baisse des violences urbaines s'est confirmée, notamment en région parisienne, "berceau" des émeutes.

Pour cette quatorzième nuit consécutive de violences, 482 véhicules ont été incendiés et 203 personnes interpellées dans la nuit de mercredi à jeudi en France, un bilan qui marque "un reflux important" des violences urbaines, selon le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin.

617 véhicules avaient été incendiés et 280 personnes interpellées dans la nuit de mardi à mercredi.

M. Gaudin a précisé que cette baisse, lors de cette 14e nuit de violences urbaines, avait été "très très marquée en Ile-de-France" avec 95 véhicules incendiés (150 la nuit précédente). En province, le ministère de l'Intérieur a comptabilisé 398 véhicules brûlés (407 la veille).

Selon le DGPN, 2.033 personnes au total ont été interpellées depuis le 27 octobre.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait demandé dans l'après-midi aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans le cadre des violences, y compris les titulaires d'un titre de séjour.

Ces propos ont aussitôt suscité la colère d'associations de défense des droits de l'Homme (MRAP, LDH, France Terre d'Asile et RESF, Réseau Education sans frontières) qui se sont insurgées contre l'application, selon elles, d'une "double peine".

Mercredi, le couvre-feu pour les mineurs n'était instauré que dans cinq départements: une partie des Alpes-Maritimes, la Somme (Amiens), la Seine-Maritime (Rouen, Elbeuf et Le Havre) et le Loiret (six communes dont Orléans). Dans l'Eure, au quartier de la Madeleine à Evreux, la mesure, qui concerne aussi les majeurs, est entrée en vigueur à 22h00.

Les CRS patrouillaient dans ce quartier et demandaient aux gens de rentrer chez eux. "Ca s'est très bien passé pour l'instant. Il y a des gens qui ne connaissaient pas le couvre-feu. On leur explique qu'il faut rentrer chez eux. Ce soir, c'est pédagogique, mais ce soir seulement", a déclaré devant des journalistes le préfet de l'Eure, Jacques Laisné, qui accompagnait une patrouille de CRS.

De nombreux préfets, dont ceux des départements d'Ile-de-France, avaient choisi mercredi de ne pas décréter pour le moment un couvre-feu, en raison de la décrue des incidents.

Globalement, la situation était déjà jugée "plus calme" mercredi en début de soirée par les forces de l'ordre, notamment en Seine-saint-Denis où la "cellule de crise" mise en place par la préfecture au plus fort des violences urbaines a été désactivée.

La nuit précédente, treizième nuit des émeutes déclenchées le 27 octobre en Seine-Saint-Denis après le décès de deux jeunes qui s'étaient cachés dans un transformateur EDF, avait déjà été marquée par une baisse des violences.

Parallèlement, les appels pour un retour au calme se multipliaient. Un collectif réunissant des associations de quartiers a appelé mercredi, à l'issue d'une rencontre avec le Premier ministre Dominique de Villepin, à "une marche pour la paix" vendredi sur les Champs-Elysées à Paris pour demander l'arrêt de la violence dans les banlieues.

Cette manifestation n'a été "en aucun cas autorisée", a toutefois démenti la préfecture de police dans la nuit.

A Toulouse, une trentaine d'habitants du quartier sensible de la Reynerie et des militants associatifs sont venus occuper la rue de Kiev, haut lieu des affrontements entre jeunes émeutiers et policiers depuis cinq jours, pour favoriser le retour au calme, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le décret instituant état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure" a été publié mercredi au Journal officiel. Les préfets pourront notamment décider des mesures de restriction de circulation des personnes et/ou des véhicules, dans des lieux et périmètres déterminés, selon des horaires précis.

Ils pourront aussi instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes sera réglementé, et interdire l'accès à tout ou partie d'un département à toute personne cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics.

Dans les 25 départements les plus touchés par les émeutes, le ministre de l'Intérieur peut en outre prendre des mesures d'assignation à résidence ou de "remise des armes". Des perquisitions nocturnes pourront être également ordonnées soit par le ministre, soit par les préfets.

    Couvre-feu dans cinq départements français, situation plus calme, AFP, 10/11/2005 09h34, http://www.afp.com/francais/news/stories/051110093414.ol75q65l.html

 

 

 

 

 

A wounded nation resorts to extreme measures

 

Nov 9th 2005
From The Economist Global Agenda

Rioting across France has forced the government to dust off a decades-old law on curfews, but the emergency measures have been widely criticised. The unrest, led by the disaffected children of immigrants, is the biggest challenge to the state's authority since the student riots of the 1960s

 

WHEN riots erupt in one of the biggest countries of the supposedly stable European Union (EU), it can be embarrassing for the government concerned. When those riots go on night after night for the best part of two weeks, only to continue getting worse, it starts to become truly alarming. On Tuesday November 8th, France suffered its thirteenth straight night of urban unrest, despite the introduction of emergency measures in an effort to halt the violence. What started with a few disaffected youths throwing rocks and burning cars on the outskirts of Paris has turned into a national social and political crisis.

The trouble began on October 27th, when two North African teenagers were electrocuted in the shabby Parisian suburb of Clichy-sous-Bois, apparently while fleeing the police. There followed a week of night-time riots in areas with large African and Arab communities in and around the capital. At the weekend, the government’s worst fears came true when the “shock wave” reached the rest of the country, in the words of Michel Gaudin, head of the national police. Among the towns and cities hit by unrest were Marseilles, Lens, Saint-Etienne, Toulouse, Metz, Nice, Cannes, Lille and Strasbourg, home of the European Parliament.

The worst violence so far was seen on Sunday and Monday, when a total of around 2,500 vehicles were torched, hundreds of rioters were arrested, and scores of police suffered injuries. Monday also saw the first death as a result of the unrest, that of a 61-year-old man who had been beaten by rioters on Friday.

On Monday evening, Dominique de Villepin, the prime minister, announced new measures aimed at curbing the violence, in effect declaring a state of emergency. Local administrations were granted the power to impose curfews, not widely seen in France since the 1950s. Mr de Villepin also said that 1,500 police reserves would be called up, to assist the 8,000 officers already deployed in riot-hit areas. However, he added that it was too early to send in the army, as requested by at least one police organisation. He promised to ease social frustration by accelerating programmes for urban renewal and for helping young people in poor areas. The cabinet approved the new measures on Tuesday. Later that day, Mr de Villepin told parliament: “France is wounded. It cannot recognise itself in its streets.”

Tuesday night saw a drop in the level of violence, with 617 vehicles set ablaze and around 200 arrests, though it was not clear whether this was due to the new measures or to the unrest cooling off as rioters saw that they had made their point. Local officials are taking no chances: on Wednesday, emergency measures were imposed in 38 urban zones, towns and cities, including Parisian suburbs. The centre of the capital has been largely trouble-free.

The unrest has unnerved France's neighbours, with some issuing travel warnings to their citizens. There are also fears that the violence could spread to poor immigrant communities in other EU countries, and this has helped to push down the value of the euro. A number of cars were torched on Monday night in Brussels, the Belgian capital.

The French government has seemed at times to be at a loss over how to react to the violence, which is arguably the most serious challenge to its authority since the student riots that rocked Paris in 1968. In the days after the unrest began, ministers held a series of meetings to discuss “sensitive urban zones”, but these did little to reassure the public or stop the violence. Meanwhile, President Jacques Chirac was widely criticised for remaining silent. On Sunday, he finally called a meeting of top security officials and addressed the public. “The republic is completely determined to be stronger than those who want to sow violence or fear,” he said. “The last word must be from the law.” But while Mr Chirac promised arrest and punishment for rioters, he added that “respect for all, justice and equal opportunity” were needed to end the violence.

Jean-Marc Ayrault, leader of the parliamentary group of the opposition Socialist Party, wrote in Le Figaro, a daily, that “the least we can say is that the government’s response has been confused and weak.” Others have recalled wryly that Mr Chirac won the presidency in 1995 after promising to heal France's “social fracture”.

Yet many of those involved in the rioting blame not the president but his protégé-turned-rival, interior minister Nicolas Sarkozy, for exacerbating tensions. Mr Sarkozy favours a zero-tolerance approach to urban violence, and in the days before the unrest began he angered many by calling troublemakers in poor districts “dregs”. But he has stood firm, and he remains popular: an opinion poll published in Le Parisien at the weekend gave him a nationwide approval rating of 57%. Nevertheless, the crisis has raised questions about his ambition to succeed Mr Chirac as president. It may yet damage him.

Mr de Villepin, who also has his eye on the presidency, initially took a more diplomatic approach, consulting with the leaders of immigrant communities and promising an “action plan” to address the anger of those in run-down neighbourhoods. But his introduction of curfews has been widely criticised as heavy-handed. By invoking a law passed in 1955 to quell unrest during Algeria’s war of independence from France, some argue, the prime minister is sending a message that the children of immigrants will be treated no better than their parents and grandparents.

France is home to Europe’s biggest Muslim population—some 5m strong—and most of the youths confronting the police are French-born Muslims of Arab or African origin (though the children of Portuguese immigrants and native French are also reported to have taken part). In an effort to stop the violence and show it to be un-Islamic, one of France’s largest Muslim organisations has issued a fatwa, or religious order, forbidding “any action that blindly hits private or public property or could constitute an attack on someone’s life.”

With national unemployment of 10% and a poor Muslim population largely confined to grim suburban housing estates, where joblessness can be two to three times the national average, the ingredients for social explosion have long been brewing. Many feel trapped on the estates, which were built in the 1960s and 1970s to house waves of immigrant workers. The government, they say, has promised equality but failed to deliver. Some blame a labour market that is too rigid to create sufficient jobs. Others point to the alienation caused by the hard-line policing methods espoused by Mr Sarkozy.

Policies on culture and religion may also play a part. France's integration model differs from the multiculturalism promoted in other countries, notably Britain. In France, people can follow whatever way of life they choose in private, within reason, but the state will not sponsor them doing so. One result of this is that there are no programmes to promote ethnic minorities out of their ghettos. The state keeps officialdom and religion firmly apart, and Mr Chirac has banned Muslim headscarves (as well as “conspicuous” crucifixes) in state schools. Many Muslims have come to feel stigmatised since the terrorist attacks of September 11th 2001, as France, along with other European countries, has cracked down on suspected Islamic extremists. Their sense of self-worth has hardly been boosted by growing French unease over allowing Muslim countries like Turkey into the EU.

    A wounded nation resorts to extreme measures, The Economist, 9.11.2005, http://www.economist.com/agenda/displaystory.cfm?story_id=5134685

 

 

 

 

 

Couvre-feu:
5 départements concernés,
expulsion des étrangers condamnés pour les émeutes

 

09/11/2005 23h59
AFP

 

PARIS (AFP) - De nombreux préfets ont choisi mercredi de ne pas décréter pour le moment un couvre-feu dans leur département contre les violences urbaines, en raison de la décrue qui a marqué la treizième nuit consécutive d'incidents, surtout dénombrés en province.

Au total, 617 véhicules ont été incendiés dans la nuit de mardi à mercredi et 280 personnes interpellées.

En milieu d'après-midi, le couvre-feu pour les mineurs n'était instauré que dans 5 départements : une partie des Alpes-Maritimes, la Somme (Amiens), la Seine-Maritime (Rouen, Elbeuf et Le Havre) et le Loiret (six communes dont Orléans). Dans l'Eure, au quartier de la Madeleine à Evreux, la mesure concernait aussi les majeurs.

Les préfets des départements d'Ile-de-France, notamment, ont décidé de ne pas faire usage du couvre-feu pour l'instant.

Par ailleurs, à l'Assemblée nationale, M. Sarkozy a demandé aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans le cadre des violences, y compris les titulaires d'un titre de séjour. "120 étrangers, pas tous en situation irrégulière, ont été condamnés" et "j'ai demandé aux préfets qu'ils soient expulsés sans délai de notre territoire national, y compris ceux qui ont un titre de séjour", a-t-il dit.

Des associations de droits de l'Homme (MRAP, LDH, France Terre d'Asile et RESF, Réseau Education sans frontières) et les Verts se sont insurgés contre cette décision, soulignant qu'il s'agissait de l'application de la "double peine".

Le décret instituant l'état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure" a été publié mercredi au Journal officiel. Les préfets des 25 départements concernés pourront notamment décider des mesures de restriction de circulation des personnes et/ou des véhicules, dans des lieux et périmètres déterminés, selon des horaires précis.

Ils pourront aussi instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes sera réglementé, et interdire l'accès à tout ou partie d'un département à toute personne cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics.

Le ministre de l'Intérieur peut notamment prendre des mesures d'assignation à résidence ou de "remise des armes". Des perquisitions nocturnes pourront être également ordonnées soit par le ministre, soit par les préfets.

Ce recours au couvre-feu a été accueilli favorablement par 73% des Français, selon un sondage CSA publié mercredi par Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Soulignant la "baisse très importante" du nombre de voitures brûlées dans la nuit de mardi à mercredi, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé que 1.800 personnes avaient été interpellées depuis le début des violences, le 27 octobre, et 178 personnes écrouées.

Le ministère de la Justice a pour sa part indiqué que 130 personnes majeures ont été condamnées à des peines d'emprisonnement ferme depuis le début des émeutes.

A l'Assemblée nationale, M. Sarkozy a demandé aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans ce cadre, y compris les titulaires d'un titre de séjour. "120 étrangers, pas tous en situation irrégulière, ont été condamnés" et "j'ai demandé aux préfets qu'ils soient expulsés sans délai de notre territoire national, y compris ceux qui ont un titre de séjour", a-t-il dit.

Selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin, 280 émeutiers présumés ont été interpellés dans la nuit de mardi à mercredi, le nombre des communes touchées par les violences a baissé, passant de 226 à 196, et un seul policier a été légérement touché.

En province, 467 voitures ont été brûlées, tandis qu'en Ile-de-France, il y en a eu 150 (contre 240 la veille), selon M. Gaudin.

Selon Claude Guéant, 11.500 agents des forces de l'ordre étaient "sur le pont" dans la nuit, soit un millier de plus que la nuit précédente. Deux cents membres de la réserve de la police nationale et un millier de gendarmes réservistes ont été mobilisés.

Dans le Nord, 78 véhicules ont été incendiés et 25 personnes interpellées, toujours principalement dans l'agglomération de Lille (63 véhicules brûlés), "du mieux" par rapport aux trois nuits précédentes, selon la préfecture.

Dans la Somme, où un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans avait été décrété à Amiens et dans son agglomération de 0H00 à 6H00, sept véhicules ont été incendiés. En vertu de ce couvre-feu, deux mineurs ont été interceptés par les forces de l'ordre et remis à leurs parents.

Les violences ont également perdu en intensité dans le Grand Ouest, notamment à Nantes et Rennes. Dans les départements du Grand Est, la baisse est significative.

Par ailleurs, le troisième suspect impliqué dans le meurtre de l'homme battu à mort à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le 27 octobre, s'est constitué prisonnier mercredi matin au commissariat central de Limoges.

Enfin, six personnes ont été interpellées mercredi matin dans le quartier de la Grande-Borne à Grigny (Essonne) dans le cadre de l'enquête sur des tirs de grenaille ayant atteint des policiers dimanche soir.

    Couvre-feu: 5 départements concernés, expulsion des étrangers condamnés pour les émeutes, AFP, 09/11/2005 23h59, http://www.afp.com/francais/news/stories/051109235904.jxis0crw.html

 

 

 

 

 

French youths turn to Web, cellphones to plan riots

 

Wed Nov 9, 2005 12:23 PM ET
Reuters
By Paul Carrel

 

PARIS (Reuters) - France's government is policing cyberspace as well as rundown suburbs in the battle to end two weeks of rioting.

Young rioters are using blog messages to incite violence and cellphones to organize attacks in guerrilla-like tactics they have copied from anti-globalisation protesters, security experts say.

Prime Minister Dominique de Villepin has diverted resources to monitoring blogs -- short for Web logs -- in an effort to anticipate the movements of the protesters, who have set fire to thousands of cars since the unrest began on October 27.

Two youths were placed under official investigation, one step short of pressing charges under French law, early on Wednesday on suspicion of inciting violence over the Internet after urging people to riot in blogs, a judicial source said.

But tracking rioters' blogs is a big task for the security services, already stretched by the violence on the ground.

"This is a new dimension to take into consideration," said Internet security expert Solange Ghernaouti-Helie.

"To do the tracking on the Internet to identify the people involved is without doubt possible. But it requires considerable surveillance and analysis resources," she said.

Blogs are easy-to-publish Web sites where millions of people post commentary. Those allegedly posted by the two youths under investigation were made in online diaries hosted by Skyblog, a Web site belonging to popular youth radio station Skyrock.

Skyblog's site says it hosts over three million blogs, with thousands added each day. One of those urging people to riot -- since deactivated by Skyrock -- read: "Unite, burn the cops."

Some bloggers have urged people not to incite violence.

The host of bouna93.skyblog.com, a memorial blog for the two youths whose deaths sparked the riots, urged contributors to respect the dead boys, adding: "It would be preferable not to make racist, fascist comments or to give rendez-vous spots".

 

CELLPHONES

Youths are also using cellphones to coordinate the violence, mainly blamed on frustration over racism and unemployment, and to evade the police once the riots are underway.

"Text messages and mobile phones ... help small groups of rioters," said criminologist Alain Bauer. "They can connect easily. It's not only a way to avoid the police, it's a way to organize the fires."

The rioters have learned from anti-globalisation protesters, some of whom have used cellphones to coordinate riots at meetings of the Group of Eight industrial nations and the World Trade Organization in recent years, Bauer said.

"I think they learned from what they saw on television. I think anti-globalisation movements and rioters have the same way to organize -- or to disorganise the police," he said. "It's old guerrilla tactics with modern technology."

The political establishment is also harnessing technology to amass and organize support.

The ruling Union for a Popular Movement (UMP) has tapped into intense Web traffic searching for information on the unrest to try to rally support for the tough line taken against rioters by Interior Minister Nicolas Sarkozy, the party's president.

Since the weekend, searches on Google for words such as "riots" or "burned cars" in French have thrown up a link to a UMP site where readers are invited to put their names to a petition supporting Sarkozy's policy of "firmness".

A UMP official said more than 12,000 people had registered their support via the online petition since Sunday.

(Additional reporting by Thierry Leveque)

    French youths turn to Web, cellphones to plan riots, R, Wed Nov 9, 2005 12:23 PM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-09T172314Z_01_HAR953036_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

CHRONOLOGY-Key developments since French riots began

 

Wed Nov 9, 2005 11:17 AM ET
Reuters

 

(Reuters) - French youths have set fire to thousands of cars in riots over the last two weeks in which one man has been killed.

Here is a chronology of developments since the unrest began:

October 27 - Two teenagers of African descent are electrocuted in an electricity sub-station while apparently fleeing police, prompting violence in Clichy-sous-Bois, a northeastern suburb of Paris.

November 2 - Rioters shoot at police and firemen for the first time as violence spreads to other Paris suburbs.

November 3 - Riots erupt in Dijon in eastern France, the first city outside Paris to be affected.

November 4 - Violence spreads to other cities and towns, with Bordeaux, Strasbourg, Pau, Rennes, Toulouse and Lille all hit.

November 6 - President Jacques Chirac makes his first public comments on the riots, telling reporters: "The absolute priority is to re-establish security and public order". Violence reaches a peak as rioters shoot at police and torch more than 1,400 cars.

November 7 - A man dies of his injuries after being beaten up during earlier violence in a Paris suburb. Prime Minister Dominique de Villepin announces plans to allow regional government officials to impose curfews in riot-hit areas.

November 8 - Government imposes rarely-used emergency laws so that riot-torn areas can be placed under curfew.

Nov 9 - Government publishes decree imposing the emergency measures in 38 urban zones, towns and cities including Paris.

    CHRONOLOGY-Key developments since French riots began, R, Wed Nov 9, 2005 11:17 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-09T161640Z_01_SPI958590_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

Nette décrue des émeutes, début de l'application de l'état d'urgence

 

09/11/2005 17h58
AFP

 

PARIS (AFP) - De nombreux préfets ont choisi mercredi de ne pas décréter pour le moment un couvre-feu dans leur département contre les violences urbaines, en raison de la décrue qui a marqué la treizième nuit consécutive d'incidents, surtout dénombrés en province.

Au total, 617 véhicules ont été incendiés dans la nuit de mardi à mercredi et 280 personnes interpellées.

En milieu d'après-midi, le couvre-feu n'était instauré pour les mineurs que dans une partie des Alpes-Maritimes et à Amiens (Somme), Rouen, Elboeuf et Le Havre (Seine-maritime). Dans le quartier de la Madeleine à Evreux, la mesure concernait aussi les majeurs. Les préfets des départements d'Ile-de-France avaient décidé de ne pas faire usage du couvre-feu pour l'instant.

Le décret instituant l'état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure" a été publié mercredi au Journal officiel. Les préfets des 25 départements concernés pourront notamment décider des mesures de restriction de circulation des personnes et/ou des véhicules, dans des lieux et périmètres déterminés, selon des horaires précis.

Ils pourront aussi instituer des zones de protection ou de sécurité où le séjour des personnes sera réglementé, et interdire l'accès à tout ou partie d'un département à toute personne cherchant à entraver l'action des pouvoirs publics.

Le ministre de l'Intérieur peut notamment prendre des mesures d'assignation à résidence ou de "remise des armes". Des perquisitions nocturnes pourront être également ordonnées soit par le ministre, soit par les préfets.

Ce recours au couvre-feu a été accueilli favorablement par 73% des Français, selon un sondage CSA publié mercredi par Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Soulignant la "baisse très importante" du nombre de voitures brûlées dans la nuit de mardi à mercredi, le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, Claude Guéant, a annoncé que 1.800 personnes avaient été interpellées depuis le début des violences, le 27 octobre, et 178 personnes écrouées.

Le ministère de la Justice a pour sa part indiqué que 130 personnes majeures ont été condamnées à des peines d'emprisonnement ferme depuis le début des émeutes.

A l'Assemblée nationale, M. Sarkozy a demandé aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans ce cadre, y compris les titulaires d'un titre de séjour. "120 étrangers, pas tous en situation irrégulière, ont été condamnés" et "j'ai demandé aux préfets qu'ils soient expulsés sans délai de notre territoire national, y compris ceux qui ont un titre de séjour", a-t-il dit.

Selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin, 280 émeutiers présumés ont été interpellés dans la nuit de mardi à mercredi, le nombre des communes touchées par les violences a baissé, passant de 226 à 196, et un seul policier a été légérement touché.

En province, 467 voitures ont été brûlées, tandis qu'en Ile-de-France, il y en a eu 150 (contre 240 la veille), selon M. Gaudin.

Selon Claude Guéant, 11.500 agents des forces de l'ordre étaient "sur le pont" dans la nuit, soit un millier de plus que la nuit précédente. Deux cents membres de la réserve de la police nationale et un millier de gendarmes réservistes ont été mobilisés.

Dans le Nord, 78 véhicules ont été incendiés et 25 personnes interpellées, toujours principalement dans l'agglomération de Lille (63 véhicules brûlés), "du mieux" par rapport aux trois nuits précédentes, selon la préfecture.

Dans la Somme, où un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans avait été décrété à Amiens et dans son agglomération de 0H00 à 6H00, sept véhicules ont été incendiés. En vertu de ce couvre-feu, deux mineurs ont été interceptés par les forces de l'ordre et remis à leurs parents.

Les violences ont également perdu en intensité dans le Grand Ouest, notamment à Nantes et Rennes. Dans les départements du Grand Est, la baisse est significative.

Par ailleurs, le troisième suspect impliqué dans le meurtre de l'homme battu à mort à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), le 27 octobre, s'est constitué prisonnier mercredi matin au commissariat central de Limoges.

Enfin, six personnes ont été interpellées mercredi matin dans le quartier de la Grande-Borne à Grigny (Essonne) dans le cadre de l'enquête sur des tirs de grenaille ayant atteint des policiers dimanche soir.

    Nette décrue des émeutes, début de l'application de l'état d'urgence, AFP, 09/11/2005 17h58, http://www.afp.com/francais/news/stories/051109175818.j6k63luz.html

 

 

 

 

 

4.30pm

Top footballer damns authorities over riots

 

Wednesday November 9, 2005
Reuters
Guardian Unlimited

 

One of France's top football players has criticised the government's handling of the riots in major cities and urged authorities to address the problems fuelling the disaffection of youths in the suburbs.
Defender Lilian Thuram, the most capped player in the French national squad, said the violence was the fruit of the economic and social deprivation in the banlieues - suburbs where the majority of the population are descended from Arab and African immigrants and unemployment rates often run as high as 40%.

France has seen its worst civil unrest in decades in the last 13 days, and yesterday introduced emergency laws to quell the violence.

"I grew up in the suburbs and I feel very close to these youths," he told Reuters in Martinique, where the French team are due to play a friendly match against Costa Rica tonight. "[The government] are trying to convince the public that these people are nothing but rioters ... actually, they are trying to find a scapegoat as they are unable to find a solution to the job problems."

Many on the national team were the sons of immigrants brought up in the poorest banlieux, and the team's victory in the 1998 World Cup was seen as a new era for France's acceptance of its multiracial identity.

"The situation makes me sick. Nobody is asking the right questions. Nobody is trying to look at the real problems," said Thuram.

    Top footballer damns authorities over riots, R, 9.11.2005, http://www.guardian.co.uk/france/story/0,11882,1638621,00.html

     Voir aussi > France > Urban riots > http://www.guardian.co.uk/flash/0,5860,1636443,00.html

     Voir aussi sur le site du Times > http://www.timesonline.co.uk/article/0,,13509-1864867,00.html

 

 

 

 

 

'We hate France and France hates us'

· Rioters vent anger at government and police
· Curfews imposed under law used in Algerian war

 

Wednesday November 9, 2005
Jon Henley in Sevran
The Guardian

 

They are gathered, as every night, on the edge of the car park at the foot of the block. Far enough into the shadows not to be easily seen; close enough to the stairwell to leg it inside if the police come near.
Sylla, Sossa, Karim, Rachid, Mounir and Samir are the names they give. The oldest is 21, the youngest 15. One is an apprentice plumber; another is on work experience as a cook at a cafe in nearby Aulnay-sous-Bois; one is claiming benefit; two are (sort of) at school. Three are "known to the police".

This estate, the Rougemont in Sevran, about 15 miles north of Paris, was one of the first to flare in France's outbreak of rolling urban violence, which has lasted 12 nights and in which nearly 6,000 cars have gone up in flames, dozens of schools, community centres and shops have been wrecked, and 1,500 people arrested.

There are many reasons for the violence. "Because we hate, because we're mad, because we've had it up to here," said Rachid, parka hood up against the cold. "Look around you. This place is shit, it's a dump. We have nothing here. There's nothing for us."

Sylla, 18, has a more specific target for his rage. "Les keufs, man, the cops. They're Sarkozy's and Sarkozy must go, he has to shut his mouth, say sorry or just fuck off. He shows no respect. He calls us animals, he says he'll clean the cités with a power hose. He's made it worse, man. Every car that goes up, that's one more message for him."

The interior minister's forces, of which there are some 9,500 on duty around the country, are loathed. "They harass you, they hassle you, they insult you the whole time, ID checks now, scooter checks next. They call you nigger names," said Karim, 17. "I got caught the other week smoking on the train. OK, you shouldn't smoke on the train. But we get to Aulnay station, there are six cops waiting for us, three cars. They did the whole body search, they had me with my hands on the roof of the car. One said: 'Go back home, Arab. Screw your race'."

The prime minister, Dominique de Villepin, said yesterday that France would "guarantee public order to all its citizens", although the violence might take "some time" to quell. The government approved emergency measures announced on Monday, imposing curfews at local authorities' discretion. The penalty for those who violate them could be two months in jail.

On the streets after midnight on Monday, the measure provoked disbelief. "It's bad, it's really serious," said Djaoued, 21, a couple of miles down the road near the Chêne-Pointu estate in Clichy-sous-Bois, where the riots began on October 27.

"On the radio they said the last time they used that law was in the Algerian war. Is that stupid or what? Ninety percent of the people who live here are Arabs. What does that tell them? Fifty years later, you're still different? We're not allowed outside, and everyone else is?"

Back in Sevran, someone was attempting to set fire to George-Brassens college. Sirens wailed as half a dozen police cars and fire engines screamed along the Avenue André Rousseau.

"It's so easy," said Ali, 16. "You need a beer bottle, a bit of petrol or white spirit, a strip of rag and a lighter. Cars are better, though, when the tank goes. One of you smashes a window, the other lobs the bottle."

Ali's friend was an Arsenal fan: "Thierry Henry, man! But he never scores for France." Does he feel French? "We hate France and France hates us," he spat, refusing to give even his first name. "I don't know what I am. Here's not home; my gran's in Algeria. But in any case France is just fucking with us. We're like mad dogs, you know? We bite everything we see. Go back to Paris, man."

Sylla summed it up. "We burn because it's the only way to make ourselves heard, because it's solidarity with the rest of the non-citizens in this country, with this whole underclass. Because it feels good to do something with your rage," he said.

"The guys whose cars get torched, they understand. OK, sometimes they do. We have to do this. Our parents, they should understand. They did nothing, they suffered in silence. We don't have a choice. We're sinking in shit, and France is standing on our heads. One way or another we're heading for prison. It might as well be for actually doing something."

    'We hate France and France hates us', The Guardian, 9.11.2005, http://www.guardian.co.uk/france/story/0,,1637213,00.html

 

 

 

 

 

Social divide and unrest: an epitaph for Chirac's presidency

 

9.11.2005
The Times
From Charles Bremner in Paris

 

IN THE gilded quiet of the Elysée Palace, President Chirac made a confession. He told a visitor on Monday that France was to blame for its suburban mayhem because it had relegated its immigrants and their descendants to ghettos, and “had not done everything possible for these youths, supported them so they feel understood, heard and respected”.

The private remarks, reported by President Vike-Freiberga of Latvia, were not only a contrast with M Chirac’s stern public demand for calm. They also amounted to self-indictment because he said the same in 1995 in a diagnosis of France’s ethnic malaise that helped him to win the presidency.

National unity, he said then, was menaced by a “social fracture”, in which high unemployment and prejudice were excluding a generation from the mainstream. He promised to remedy “these difficulties that threaten to grow into a fracture that is urban, ethnic and even religious”.

Those words have returned to haunt M Chirac. Even if les jeunes des cités put away their petrol cans, November 2005 will serve as an epitaph for M Chirac’s presidency, like the 1968 student-worker revolt did for Charles de Gaulle. Making the point, Libération, a left-wing daily newspaper, said yesterday that the arson rampages “show that Chirac’s reign has been a tragic farce”.

Although May 1968 was a true cultural and political revolution, there are parallels with the rampages of 2005. De Gaulle resigned, weary and discredited, a year after the revolt. M Chirac’s term ends in 18 months, which he will eke out as the lamest of ducks, humiliated in the referendum on the European constitution last May and then battered by this autumn’s crise des banlieues.

In 1968 de Gaulle fled as the May revolt raged outside the Elysée, leaving crisis management to Georges Pompidou, his Prime Minister. This time, an absent M Chirac has shoved to the fore Dominique de Villepin, 52, whom he appointed as Prime Minister in April.

If proof were needed that France’s fracture sociale still yawns, M de Villepin provided it when he promised on television to impose order on Monday night. The Prime Minister, the first since Pompidou never to have been elected to any office, lectured citizens on the “republican responsibility” that each bore for the social ills.

Le Figaro, a Gaullist newspaper, gushed that M de Villepin had an air of the late general about him. For many French, however, the image of the dashing, intellectual and aristocratic M de Villepin really spoke for the continuing failure of the elite to connect with the masses beyond Paris. The blame for the blighted estates does not just fall on the Centre Right, but on the whole governing class, which remains dominated by the É cole Nationale de l’Administration, training school of the top Socialists as well as M Chirac and M de Villepin. The opprobrium has fallen hard on M Chirac because he had raised hopes by promising to heal the divide that he so accurately defined. At moments, such as the World Cup victory by France’s “Arab-black-blue” national team in 1998, it seemed that the fracture was closing. In 2002 he was given a second chance when the anti-immigrant extremist Jean-Marie Le Pen won through to the presidential election run-off. In the campaign to block M Le Pen, M Chirac won the vote of the estates. He promised again to bring the minorities into the mainstream, but has failed to do so. The Le Pen shock forced the Government to focus on crime, while rising unemployment kept the minorities out of work, and the budget-conscious Government cut schemes for blighted districts. In the heat of the riots, M de Villepin has promised to reverse the cuts. Few imagine that results will come in M Chirac’s waning tenure.



WHAT THE PAPERS SAY

Le Figaro “It is as if children of immigration had decided to devastate whatever looks like Establishment in a country that is not theirs. It is as if they wanted to set on fire all shared buildings that are a symbol of a fragile possibility to ‘live together’.”


Le Monde “This . . . is an obvious proof of Chirac’s failure, as he promised in 1995 to reduce social gap and in 2002 to rule out insecurity . . . Exhuming a 1955 law is sending to the youth a message of stunning brutality: 50 years on, France is treating them as their grandparents.”

Les Echos “It is as if Chirac’s words were weakened by power erosion and his recent political failures. His situation looks like the one of Pompidou, who, during the crisis in May 1968, took charge of everything in Matignon while the events were beyond de Gaulle.”


La Tribune “This requires a long-term strategy: making strong political choices, showing off clear priorities — house-job-school would be an interesting triptych to start — and taking up hard economical decisions without which these choices would be only mirage.”


France Soir “The helplessness of the Government to restore order and to propose a political solution is shaking citizens’ trust in the republican pattern. Can republican fraternity still win, or is our country turning to social apartheid, which we thought was the privilege of US society?”

    Social divide and unrest: an epitaph for Chirac's presidency, The Times, 9.11.2005, http://www.timesonline.co.uk/article/0,,13509-1863694,00.html

 

 

 

 

 

A droite comme à gauche, des maires disent leur scepticisme

 

09.11.2005 | 16h05 • Mis à jour le 09.11.2005 | 16h05
Le Monde

 

Nicolas Perruchot, maire (UDF) de Blois, a donné un "avis favorable" au préfet du Loir-et-Cher qui l'interrogeait, mardi 8 novembre au matin, sur la mise en oeuvre dans sa commune du décret instaurant l'état d'urgence. Sans paraître pour autant très convaincu de l'utilité du dispositif : "Peu de choses se passent au-delà de 23 heures", souligne-t-il.

Deux éléments ont fait pencher la balance : le souci de ne pas se voir reprocher une quelconque inaction "si les actes de violence reprennent lors du week-end du 11 novembre"; et l'intérêt de certaines mesures, hors couvre-feu, instaurées par la loi de 1955. "On va pouvoir s'occuper de quelques bars associatifs tenus par des communautés, qui nous enquiquinent depuis des années", souligne M. Perruchot, tout en reconnaissant que ces établissements ne sont "pas forcément liés aux actes de violence" commis à Blois.

D'autres maires de droite ont accueilli avec scepticisme l'instauration de l'état d'urgence. "J'ai quelques doutes sur le dispositif. Je ne crois vraiment pas que ce soit la mesure phare du moment", confie le sénateur des Pyrénées-Orientales et maire (UMP) de Perpignan, Jean-Paul Alduy, en soutenant que la "méthode" de Nicolas Sarkozy "porte ses fruits".

 

"STRATÉGIE DU CONFINEMENT"

"Tout va dépendre de son application et de la capacité que vont avoir les préfets à faire preuve de discernement. L'avenir dira si c'était utile", note le député (UMP) de Seine-et-Marne et maire de Montereau, Yves Jégo, proche du ministre de l'intérieur. "N'imposez pas le couvre-feu là où nous n'en avons pas besoin, sans quoi vous prendriez le risque de raviver les tensions que nous avons pu apaiser", a déclaré le député (UDF) de Seine-Saint-Denis et maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, mardi, lors du débat organisé à l'Assemblée nationale.

A gauche, les partisans du couvre-feu sont très minoritaires. S'y rangent les tenants d'une ligne sécuritaire au sein du Parti socialiste, comme le député de l'Essonne, Manuel Valls : "Il ne faut rien faire qui puisse empêcher le gouvernement de retrouver les conditions de l'ordre républicain", a déclaré le maire d'Evry sur Europe 1, mardi.

La plupart des élus de gauche dénoncent un dispositif qu'ils jugent très difficile à mettre en oeuvre, et dont ils redoutent les effets pervers. Député (PS) du Val-de-Marne et maire de Créteil, Laurent Cathala, qui se dit soucieux d'"éviter tout amalgame", évoque des "risques de stigmatisation et d'incompréhension" . "Ce qui manque à ces quartiers, c'est de la vie sociale. On la limite encore plus si on dit à ces jeunes : "Restez entre vos murs"", ajoute M. Cathala.

"Je ne vois pas comment on pourrait faire respecter (le couvre-feu) sans faire appel à l'armée", souligne le maire (PCF) de Sevran (Seine-Saint-Denis), Stéphane Gatignon. Le maire de L'Ile-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), Michel Bourgain (Verts), condamne une "stratégie du confinement" qui équivaut, à ses yeux, à un "Tchernobyl social". Il lui préférerait nettement la démission de M. Sarkozy, qui "provoque l'insécurité" .

    A droite comme à gauche, des maires disent leur scepticisme, Jean-Baptiste de Montvalon, Le Monde, article paru dans l'édition du 10.11.05, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-708355@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

M. Sarkozy demande
l'expulsion des étrangers impliqués dans les violences urbaines

 

09.11.2005 | 16h36 • Mis à jour le 09.11.2005 | 17h32
LEMONDE.FR

 

Le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, a demandé aux préfets d'expulser tous les étrangers condamnés dans le cadre des violences urbaines des treize dernières nuits, "y compris" les titulaires d'un titre de séjour, a-t-il annoncé, mercredi 9 novembre, à l'Assemblée nationale.

"J'ai demandé aux préfets que les étrangers, qui sont en situation régulière ou irrégulière, qui ont fait l'objet d'une condamnation, soient expulsés sans délai de notre territoire, y compris ceux qui ont un titre de séjour", a-t-il précisé."Quand on a l'honneur d'avoir un titre de séjour, le moins que l'on puisse dire c'est que l'on n'a pas à se faire arrêter en train de provoquer des violences urbaines", a ajouté le ministre.

Cent vingt étrangers, pas tous en situation irrégulière, ont été condamnés à ce titre, a précisé le ministre de l'intérieur lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale. Le ministre de l'intérieur a fait cette déclaration alors qu'il s'était prononcé pour l'abrogation de la double peine.

 

1 600 ENQUÊTES, 12 000 PERSONNES INTERPELLÉES

Nicolas Sarkozy s'est, par ailleurs, félicité d'un bilan "remarquable" des groupes d'intervention régionaux (GIR), créés il y a trois ans pour lutter notamment contre l'économie souterraine. Il s'est engagé à maintenir leurs actions dans les banlieues sensibles et a annoncé la création d'une "plate-forme d'identification des avoirs criminels".

Depuis trois ans, quelque 288 fonctionnaires et militaires des GIR ont conduit 1 600 enquêtes qui ont permis l'interpellation de 12 000 personnes avec 3 205 mises sous dépôts, selon le ministre.

"Que personne ne se trompe, l'action de sécurité dans nos quartiers n'est pas seulement une action qui est liée aux violences urbaines. C'est une action déterminée qui s'installera le temps qu'il faut pour que les habitants des quartiers et des banlieues aient le droit à la même sécurité que tous les autres Français", a lancé Nicolas Sarkozy. Les GIR ont permis, a-t-il dit, la saisie de 27 millions d'euros, de 1 500 armes, de cinq tonnes de cannabis, de 100 kg de cocane, de 1 300 véhicules achetés avec l'argent de la drogue et des trafics. "Ces affaires ne seraient pas sorties s'il n'y avait pas eu les GIR qui ne sont pas un service de police judiciaire comme les autres", a souligné le ministre.

Il a ajouté que 60 enquêtes étaient en cours "aujourd'hui même" dans un certain nombre de quartiers "pour démanteler" l'économie souterraine. "Neuf viennent d'aboutir avec 18 interpellations. Dans les heures qui viennent, plusieurs dizaines d'autres vont sortir avec des interpellations."

 

Encadré > Pas de couvre-feux en Ile-de-France

Le préfet de Seine-et-Marne a annoncé mercredi après-midi qu'il n'avait pas pris d'arrêté de couvre-feu, comme les sept autres départements de l'Ile-de-France.

Par contre, une série de couvre-feux a été instaurée mercredi après-midi dans des villes de la Riviera française (sud-est), notamment à Nice, en vertu de l'état d'urgence décrété par le gouvernement pour rétablir l'ordre dans les banlieues, ont annoncé les autorités locales.

     M. Sarkozy demande l'expulsion des étrangers impliqués dans les violences urbaines, Lemonde.fr (avec AFP et Reuters), 9.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-708596@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Banlieues en crise : baisse sensible des violences, premiers couvre-feux

 

09.11.05 | 09h03 • Mis à jour le 09.11.05 | 10h12
LEMONDE.FR

 

Alors que le décret instituant l'état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure sur l'ensemble du territoire métropolitain" a été publié au Journal officiel, les violences urbaines ont diminué dans la nuit de mardi à mercredi. Toutefois, il semble difficile d'établir un lien, pour l'instant, entre la mise en place des premières mesures de couvre-feux et une baisse des incendies et des accrochages avec la police.

Un second décret précise que certaines dispositions de la loi du 3 avril 1955 sur l'état d'urgence sont applicables dans tout ou partie de 25 départements, parmi lesquels la totalité de l'Ile-de-France.

Le bilan de la treizième nuit de violences est en décrue par rapport aux nuits précédentes. 617 véhicules ont été brûlés en France dans la nuit de mardi à mercredi, environ deux fois moins que la nuit précédente, a annoncé Claude Guéant, directeur de cabinet du ministre de l'intérieur, sur Europe 1. Selon M. Guéant, "autour de 1 800 personnes" ont été interpellées depuis le début des violences dans les banlieues, le 27 octobre.

Le nombre de personnes interpellées est, en revanche, en augmentation : 204 à 4 h 30 contre 151 la veille à la même heure, pour l'ensemble de la France. Aucun policier n'a été blessé. Ces chiffres "marquent la poursuite de la baisse enregistrée la veille en Ile-de-France", et "une forte diminution en province", selon la direction de la police nationale.

 

 

PREMIERS COUVRE-FEUX

Dès la fin de l'après-midi mardi, la préfecture de la Somme a annoncé avoir pris un arrêté de couvre-feu de 22 heures à 6 heures pour Amiens et sa métropole concernant les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés et entrant en vigueur mercredi à minuit. Auparavant, deux maires UMP – Serge Grouard à Orléans et Jean Marsaudon à Savigny-sur-Orge (Essonne) – avaient pris, mardi, des arrêtés imposant un couvre-feu pour les mineurs. A Savigny-sur-Orge, cinq adolescents, selon la mairie interrogée aux alentours de minuit, ont été contraints de rentrer chez eux. Dans certains cas, la vente de carburant aux mineurs a également été interdite.

En Ile-de-France, la diminution a été très sensible avec une vingtaine de véhicules incendiés en Seine-Saint-Denis, seize dans les Yvelines, quinze en Seine-et-Marne et dans le Val-d'Oise, moins d'une dizaine dans les Hauts-de-Seine, et neuf dans l'Essonne – dont celui du président de l'association des musulmans de Corbeil-Essonnes aux Tarterêts, qui avait lancé un appel au calme dimanche –, et huit dans le Val-de-Marne.

A Lyon, le trafic des transports en commun de l'agglomération a été interrompu peu après 22 heures sur l'ensemble du réseau après divers incidents, notamment le jet d'un cocktail Molotov contre une station de métro. Dans cette ville, deux journalistes russes ont été molestés. Un bus au GPL de transport urbain, circulant sans passager, a été attaqué à coups de cocktails Molotov et a explosé dans la banlieue de Bordeaux sans faire de victime.

Un homme de 53 ans a par ailleurs été grièvement blessé en fin d'après-midi par une haltère jetée depuis un immeuble d'un quartier de Nice touché depuis quatre jours par plusieurs actes de violence urbaine, sans qu'il y ait un lien certain avec les violences. A 4 heures, il était toujours dans un "état critique", selon la police.

Divers incendies de bâtiments publics ont été signalés, comme ceux d'une école maternelle à Décines, dans l'agglomération lyonnaise, une crèche à Miribel (Ain), une bibliothèque à Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire), et, près de Douai (Nord), la médiathèque d'Auby, où la mairie a été également endommagée.

Une centaine d'habitants d'un immeuble HLM d'Outreau ont été temporairement évacués après l'incendie criminel de six voitures en sous-sol. Egalement dans le Pas-de-Calais, plutôt épargné jusque-là et qui a connu une nuit plus agitée que les précédentes, une grande surface de meubles a brûlé, un feu qui s'est propagé à un magasin de moquette dans la zone commerciale d'Arras. A Dole (Jura), ce sont 24 personnes qui ont dû quitter leur domicile après l'incendie de neuf bus de transport scolaire dans un entrepôt.

A Grasse (Alpes-Maritimes), un local du quotidien Nice-Matin a été fortement endommagé par un feu de poubelle.

 

 

 

Encadré 1 > Près de trois quart des Français favorables au couvre-feu

Près de trois quarts des Français soutiennent l'autorisation de recourir au couvre-feu pour ramener le calme dans les banlieues, en proie à des violences depuis le 27 octobre, selon un sondage paru mercredi dans le Parisien/Aujourd'hui en France. Interrogés sur trois des principales mesures du plan annoncé par Dominique de Villepin, 73 % des personnes interrogées se disent favorables à l'autorisation du recours au couvre-feu. 24 % y sont opposés et 3 % ne se prononcent pas. Le rétablissement du financement des associations travaillant en banlieue sur l'aide au logement et l'aide scolaire est approuvé par 89 % des personnes interrogées (9 % contre, 2 % sans opinion).

Quant à la baisse de l'âge d'entrée en apprentissage de 16 à 14 ans, elle est soutenue par 83 % (16 % contre, 1 % ne se prononce pas).

A la question "Quelle est votre attitude à l'égard de ce qui se passe actuellement dans les banlieues?", 58 % des personnes interrogées se disent "scandalisées" – le taux chez les habitants des banlieues est de 60%. 28 % se disent "mécontents" (25% pour les habitants de banlieue), 12 % "compréhensifs" (14 % en banlieue), et 1 % "en sympathie".

 

 

 

Encadré 2 > Nicolas Sarkozy estime que les couvre-feux seront "proportionnés à la menace"

Le ministre de l'intérieur s'est engagé, mardi 8 novembre au soir, lors d'une visite à Toulouse, à mettre en œuvre les couvre-feux "d'une manière proportionnée à la menace". "C'est à moi qu'il revient de mettre en œuvre cette décision, je l'appliquerai partout où ce sera nécessaire, je l'appliquerai avec mesure mais je l'appliquerai", a assuré M. Sarkozy lors d'une visite en début de soirée à la direction départementale de la sécurité publique.

"Tous les Français sont favorables à la fermeté", a ajouté le ministre. Cette procédure d'exception fera l'objet d'une "application mesurée" qui ne mettra "en cause la liberté de personne", avait-il déclaré dans l'après-midi lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur la crise des banlieues. Comme lors de ses déplacements à Evreux ou en région parisienne les nuits précédentes, M. Sarkozy s'est dit "fier" du travail des policiers, tout en les appelant à continuer à garder leur sang-froid.

Il leur a rappelé "le respect que l'on doit à chacun en ne tutoyant pas et en n'utilisant la force que quand elle est nécessaire pour interpeller et dissuader". "Nombreux sont les pays qui ont connu des émeutes urbaines, Etats-Unis, Grande-Bretagne... Ce n'est pas une spécificité qui nous est réservée. Dans nombre de ces pays, il y a eu des morts", a dit le ministre, se félicitant que "jusqu'à présent, rien ne pouvait être reproché" aux forces de l'ordre.

    Banlieues en crise : baisse sensible des violences, premiers couvre-feux, Lemonde.fr (avec AFP et Reuters), 09.11.2005 | 09h03 • Mis à jour le 09.11.2005 | 10h12, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-708075@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Daryl Cagle        9.11.2005
http://cagle.msnbc.com/politicalcartoons/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nette décrue des violences urbaines en France

 

09/11/2005 10h02
AFP

 

PARIS (AFP) - Les violences qui ont éclaté pour la treizième nuit consécutive mardi soir, surtout en province, ont connu une nette décrue avec 617 véhicules incendiés alors que le gouvernement a réactivé la loi sur l'état d'urgence pour ramener le calme.

Le directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l'Intérieur, Claude Guéant, a indiqué sur Europe 1 qu'il y avait eu 617 voitures brûlées en France dans la nuit de mardi à mercredi. Il y a eu de "très nombreuses interpellations", "autour de 1.800 personnes depuis le début des événements", a-t-il ajouté. Dans la nuit de lundi à mardi, 1.173 véhicules avaient été brûlés et 330 personnes avaient été interpellées dont 178 personnes écrouées.

Par ailleurs, le décret instituant l'état d'urgence "à compter du 9 novembre 2005 à zéro heure sur l'ensemble du territoire métropolitain" a été publié mercredi matin par le Journal officiel sur son site internet. Les préfets pourront ainsi décider des mesures de restriction de circulation des personnes et/ou des véhicules, dans des lieux et périmètres déterminés, selon des horaires précis.

Selon M. Guéant, 11.500 agents des forces de l'ordre étaient "sur le pont" dans la nuit.

Dans le Nord, 78 véhicules ont été incendiés et 25 personnes ont été interpellées, toujours principalement dans l'agglomération de Lille (63 véhicules brûlés), "du mieux" par rapport aux trois nuits précédentes, a souligné la préfecture peu avant 8H00.

Dans la Somme, où un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans avait été décrété à Amiens et dans son agglomération de 0H00 à 6H00, sept véhicules ont été incendiés. La préfecture a tiré un bilan "positif", en déclarant que la venue des parents dans les commissariats pour récupérer leur enfant de 12 à 15 ans permettait "la discussion et la sensibilisation".

Les violences urbaines ont également perdu en intensité dans le Grand Ouest, notamment à Nantes et Rennes. A Nantes, la nuit a été plus calme que la précédente, les pompiers ne comptabilisant que sept véhicules incendiés, de même qu'à Caen, Angers, au Mans et dans l'agglomération brestoise où quelques voitures ont été partiellement ou totalement détruites par les flammes.

A Rennes également, les incidents ont connu un répit avec seulement trois véhicules incendiés.

Dans les départements du Grand-est, la baisse est significative avec un peu plus d'une centaine de véhicules brûlés, contre plus de 160 la nuit précédente, selon un bilan provisoire des pompiers.

Dès 22h00, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait relevé une "décrue assez sensible", lors d'une visite à Toulouse, où des affrontements ont eu lieu dans le quartier de la Reynerie en début de soirée. A Lyon, le trafic des transports en commun de l'agglomération a été interrompu peu après 22h00 sur l'ensemble du réseau après divers incidents et notamment le jet d'un cocktail molotov contre une station de métro. Dans cette ville, deux journalistes russes ont été molestés par des émeutiers.

Un bus au GPL de transport urbain, circulant sans passager, a été attaqué à coups de cocktails molotov et a explosé à Bassens, dans la banlieue bordelaise, sans faire de victime. Un homme de 53 ans a d'autre part été grièvement blessé en fin d'après-midi par une haltère jetée depuis un immeuble d'un quartier de Nice touché depuis quatre jours par plusieurs actes de violence urbaine, sans qu'il y ait un lien certain avec les violences.

Divers incendies de bâtiments publics ont été signalés comme une école maternelle à Décines, dans l'agglomération lyonnaise, une crèche à Miribel (Ain), une bibliothèque à Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire, et, près de Douai (Nord) la médiathèque d'Auby, où la mairie a été également endommagée. Une centaine d'habitants d'un immeuble HLM d'Outreau (Pas-de-Calais) ont été temporairement évacués après l'incendie criminel de six voitures en sous-sol. A Dole (Jura), ce sont 24 personnes qui ont du quitter leur domicile après l'incendie de neuf bus de transport scolaire dans un entrepôt.

Egalement dans le Pas-de-Calais, plutôt épargné jusque-là et qui a connu une nuit plus agitée que les précédentes, une grande surface de meubles a brûlé, un feu qui s'est propagé à un magasin de moquette dans la zone commerciale d'Arras. A Grasse (Alpes-Maritimes), un local du quotidien Nice-Matin a été fortement endommagé par un feu de poubelle.

En région parisienne, la baisse a été très sensible avec une vingtaine de véhicules incendiés en Seine-Saint-Denis, seize dans les Yvelines, quinze en Seine-et-Marne et dans le Val d'Oise, moins d'une dizaine dans les Hauts-de-Seine, neuf dans l'Essonne, notamment celui du président de l'association des musulmans de Corbeil-Essonnes aux Tarterets, qui avait lancé un appel au calme dimanche, et huit dans le Val-de-Marne.

Mardi matin, le Conseil des ministres a adopté un décret d'application de la loi du 3 avril 1955, qui institue l'état d'urgence en France, autorisant notamment des couvre-feux et des perquisitions sans le contrôle d'un juge. Le président Chirac a affirmé que la décision d'instaurer ces couvre-feux était "nécessaire pour accélérer le retour au calme". Les décrets permettant l'application de ces couvre-feux ont été publiés au Journal officiel de mercredi.

Mardi après-midi, lors d'un débat à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a assuré que la mise en oeuvre du couvre-feu ferait l'objet d'une "application mesurée" qui ne mettrait "en cause la liberté de personne". A Toulouse dans la soirée, le ministre de l'Intérieur a ajouté que le couvre-feu serait mis en place "d'une manière proportionnée à la menace".

    Nette décrue des violences urbaines en France, AFP, 09/11/2005 10h02, http://www.afp.com/francais/news/stories/051109100254.5cfe7s4r.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Evénement

BANLIEUES

Précédents algérien et calédonien
De 1955 à 1961, puis en 1984-1985,
la loi a été utilisée dans un cadre colonial.


mercredi 09 novembre 2005
Par Hervé NATHAN et Antoine GUIRAL
Libération

 

La loi du 3 avril 1955 est le symbole juridique de la guerre d'Algérie. Elle a été adoptée par le gouvernement Edgar Faure à la demande des militaires, confrontés à «un foyer de rébellion», dans les Aurès, d'environ 400 combattants du FLN, les militaires ayant fait valoir auprès du gouvernement leur incapacité à mener des opérations de guerre dans le cadre du droit commun. Dès la promulgation du texte, qui permet en outre d'interdire les déplacements, la censure de la presse, la détention administrative, la saisie des armes et le recours aux tribunaux militaires, un premier camp d'internement administratif est ouvert à Kenchela.

Quatre camps. La loi de 1955 sera reprise en mars 1956 dans le cadre des «pouvoirs spéciaux» accordés au gouvernement Guy Mollet (SFIO). En 1957, quatre camps d'internements sont ouverts en métropole, comme au Larzac, où sont enfermés sans jugement plus de 10 000 Français d'Algérie. Et c'est dans la suite de la loi de 1955, qu'en 1961, le préfet Papon introduit dans le département de la Seine un couvre-feu sélectif visant les «Français musulmans d'Algérie». Brahim Benaïcha (1), alors enfant dans le bidonville de Nanterre, se souvient que son père, ouvrier chez Citroën, était «perpétuellement en infraction, puisqu'il travaillait en trois-huit. Plus d'une fois, on l'a retrouvé au commissariat, tabassé par la police». Il garde un souvenir amer : «On était Français. Vous imaginez un couvre-feu spécial pour les Corses ou les Bretons ?» Le 17 octobre, une manifestation du FLN est violemment réprimée par la police, faisant de nombreux morts. Pour l'historien Benjamin Stora, «la réactivation de la loi de 1955 va raviver la mémoire douloureuse de ceux qui sont aujourd'hui des grands-parents. Alors que l'Etat français a organisé l'amnésie par des lois d'amnistie successives».

Fin décembre 1984, c'est également une situation coloniale qui entraîne la réactivation de la loi sur l'état d'urgence, en Nouvelle-Calédonie cette fois. Cette année-là, le territoire sombre dans la violence avec l'assassinat à Hienghène de dix militants kanaks du FLNKS, dont deux frères du leader indépendantiste Jean-Marie Tjibaou. Début 1985, un jeune caldoche est à son tour assassiné. Eloi Machoro, partisan de la lutte armée kanake, est tué par un gendarme du GIGN. Nouméa s'embrase. Edgar Pisani, haut-commissaire de la République, proclame l'état d'urgence. Rassemblements et manifestations sont interdits. Un couvre-feu est établi entre 21 et 5 heures du matin. Les tensions en ville s'apaisent. L'état d'urgence ne sera levé qu'au mois de juin 1985.

«Chiens». En 1997, le maire de Dreux, le RPR Gérard Hamel, suivi par d'autres, édicte pour sa ville un couvre-feu pour les enfants de moins de 12 ans. Ségolène Royal, alors ministre à l'Enseignement scolaire, s'écrie : «Les enfants ne sont pas des chiens.» Les arrêtés municipaux seront cassés par les tribunaux administratifs. Jusqu'à ce que le conseil d'Etat, en juillet 2001, inverse la jurisprudence, autorisant le maire (RPR) d'Orléans à faire raccompagner à leur domicile les moins de treize ans surpris la nuit dans la ville.

(1) Auteur de Vivre au paradis, d'une oasis à un bidonville, Desclée de Brouwer, 1992.

    Précédents algérien et calédonien : De 1955 à 1961, puis en 1984-1985, la loi a été utilisée dans un cadre colonial, Libération, 9.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=337108

 

 

 

 

 

New violence hits France despite emergency laws

 

Wed Nov 9, 2005 12:08 AM ET
Reuters
By Kerstin Gehmlich

 

PARIS (Reuters) - Youths threw Molotov cocktails at police and torched cars in several French cities and towns in a 13th night of violence, ignoring the government's imposition of rarely used emergency laws.

Police said at least 190 cars were set ablaze on Tuesday night and that 70 people had been arrested, but an official said the incidents were sporadic and seemed less violent than on Monday night when more than 1,000 cars went up in flames.

Prime Minister Dominique de Villepin invoked a 1955 law on states of emergency in a bid to stamp out the unrest, which has involved white youths as well as French-born citizens of Arab or African origin protesting against racism and unemployment.

Several towns imposed a curfew from midnight.

"France is wounded. It cannot recognize itself in its streets and devastated areas in these outbursts of hatred and violence which destroy and kill," Villepin told the lower house of parliament.

The violence has put fierce pressure on Villepin and President Jacques Chirac, and fears of riots erupting in other European countries helped push down the value of the euro, which at one point hit a two-year low against the dollar.

French officials are concerned investment and tourism will be hit by the violence.

 

"BLIND VIOLENCE"

"Of course there's poverty. Of course there's unemployment," Interior Minister Nicolas Sarkozy said on a visit to the southwestern city of Toulouse, where youths threw Molotov cocktails at police on Tuesday night.

"Many people living in these neighbourhoods suffer. But nothing can excuse such useless, such blind violence like we saw," Sarkozy told police officers.

On Tuesday night, a bus was set ablaze near the southwestern city of Bordeaux and isolated acts of violence broke out in other regions.

"There was a marked decrease (in violence) during the first half of the night," a police spokesman said. "But we will have to see what the rest of the night will be like."

Villepin said 1,500 police would be brought in to back up the 8,000 officers already deployed in areas hit by violence, widely seen as the most serious unrest since protests in 1968.

Under the 1955 law, the government gave regional government officials the power to impose curfews and authorise day or night-time searches without a judge's order.

In several French towns, such as Amiens in the north, youths were not allowed to walk the streets unaccompanied until 6 a.m. They were also prohibited from buying fuel in an effort to stop them from making Molotov cocktails, officials said.

Villepin has promised measures to help young people in poor suburbs find jobs and to improve education opportunities.

But opposition parties have said the government has not done enough, and some have called for Sarkozy's resignation.

    New violence hits France despite emergency laws, R, Wed Nov 9, 2005 12:08 AM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-09T050747Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bob Englehart        Hartford, Connecticut -- The Hartford Courant        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Expression directe

Les blogs pris dans la tourmente des violences urbaines

 

01net, le 8 novembre 2005
par Philippe Crouzillacq, 01net.
Lexpress.fr

 

La police a procédé à l'arrestation de trois jeunes blogueurs accusés de « provocation par écrit public à un attroupement armé ».

La police surveille la blogosphère. Lundi 7 novembre, elle a interpellé trois jeunes blogueurs résidant dans les Bouches-du-Rhône et en Seine-Saint-Denis. Selon les autorités, un message diffusé sur leurs SkyBlogs était de nature à troubler l'ordre public. Les trois adolescents ont depuis été déférés au parquet de Paris. La justice a ouvert une information judiciaire pour« provocation à une dégradation volontaire, dangereuse pour les personnes par le biais d'Internet » . Ils risquent aujourd'hui entre un et sept ans de prison ferme.

Depuis le début des événements, il y a douze jours, les messages postés sur les blogs à propos de ce qui passe dans les quartiers sensibles se sont multipliés. Certains blogs rendent compte, minute par minute, des événements. D'autres déversent des flots d'images sur les émeutes (voitures calcinées, bâtiments incendiés). Mais paradoxalement, puisque qu'ils ne sont pas écrits en langage texto, les« ados n'y lâchent pas leur coms », ou très peu, comme il est d'usage de le faire sur les SkyBlogs.


Trois procédures de filtrage

Depuis le début de cette vague sans précédent de violences urbaines, la trentaine de personnes qui assurent la modérationa posteriori du service SkyBlog[le premier hébergeur de blogs en France, NDLR] est sur la brèche. Selon Skyrock, entre cinq cents mille et un million de contributions sont mises en ligne chaque jour. Dans ce contexte, le système de modération de la plate-forme s'appuie sur trois procédures.

D'abord un filtrage par mot-clef. A travers 155 termes, ce sont près de 195 000 articles qui sont signalés par jour. Ensuite par un logo répondant au nom de Cybercop apposé sur chaque page de blog. Celui-ci permet à chaque internaute de signaler toute contribution qui serait soit contraire à la loi, soit en infraction avec la charte de bonne conduite du service. Trois cents alertes parviennent ainsi chaque jour aux responsables du service.

Enfin, et c'est un travail de titans, les modérateurs des SkyBlogs procèdent au visionnage de toutes les photos postées (jusqu'à un million par jour).

Au final, l'éditeur affirme désactiver une dizaine de blogs par jour sur les trois millions de blogs du réseau et supprimer six mille cinq cents articles non conformes. Dans certains cas, si SkyBlog désactive des sites litigieux, la manoeuvre n'est pas toujours exempte de bugs techniques. Certaines parties du site relayant de véritables appels à l'insurrection restent malgré tout accessibles aux internautes. Le cas échéant, SkyBlog alerte les autorités de police.

Par ailleurs, les événements actuels contribuent également à donner plus de relief à certaines initiatives « d'information citoyenne » que l'on a vu apparaître ces derniers mois sur la blogosphère. A l'image de sites comme MonSuresnes.com ou MonAulnay.com, dont le créateur a pu rendre compte depuis sa fenêtre de ce qui se déroulait dans son quartier.

    Les blogs pris dans la tourmente des violences urbaines, 01net, le 8 novembre 2005
par Philippe Crouzillacq, 01net., Lexpress.fr, http://www.lexpress.fr/info/multimedia/infojour/infos.asp?id=294423

    Voir aussi > http://www.lexpress.fr/info/societe/dossier/banlieue/dossier.asp

 

 

 

 

 

Le gouvernement français décrète l'état d'urgence,
Villepin annonce un plan

 

08/11/2005 22h46
AFP

 

PARIS (AFP) - Des incidents ont éclaté à Toulouse mardi soir alors que Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont réactivé dans la matinée la loi sur l'état d'urgence pour tenter de faire face aux violences avant que le Premier ministre n'annonce des mesures pour les banlieues.

Des incidents ont éclaté peu après 19h30 entre un groupe de plusieurs dizaines de jeunes et des forces de l'ordre dans le quartier de la Reynerie, à Toulouse. La préfecture de Haute-Garonne a été le principal foyer de violence dans la nuit de lundi à mardi. Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu sur place mardi soir pour "soutenir" les policiers locaux.

Dans la matinée, le Conseil des ministres a adopté un décret d'application de la loi du 3 avril 1955, qui institue l'état d'urgence en France, autorisant notamment des couvre-feux et des perquisitions sans le contrôle d'un juge.

Lors de ce Conseil des ministres, tenu après une douzième nuit consécutive d'émeutes (1.173 véhicules brûlés, 330 personnes interpellées), le président Chirac a affirmé que la décision d'instaurer ces couvre-feux était "nécessaire pour accélérer le retour au calme".

Mesure exceptionnelle, le couvre-feu avait été instauré pour la dernière fois en 1984 en Nouvelle-Calédonie, alors en proie à une flambée de violence.

Mardi après-midi, lors d'un débat à l'Assemblée nationale, Nicolas Sarkozy a assuré que la mise en oeuvre du couvre-feu ferait l'objet d'une "application mesurée" qui ne mettrait "en cause la liberté de personne". A Toulouse dans la soirée, le ministre de l'Intérieur a ajouté que le couvre-feu serait mis en place "d'une manière proportionnée à la menace".

Les décrets permettant l'application de ces couvre-feux devraient être publiés au Journal officiel de mercredi.

Dès la fin de l'après-midi, la préfecture de la Somme a annoncé avoir pris un arrêté de couvre-feu de 22H00 à O6H00 pour Amiens et sa métropole concernant les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés et entrant en vigueur mercredi à 0H00.

Auparavant, deux autres maires UMP - Serge Grouard à Orléans et Jean Marsaudon à Savigny-sur-Orge (Essonne) - avaient pris mardi des arrêtés imposant un couvre-feu pour les mineurs.

La préfecture de la Somme a également interdit la vente aux mineurs d'essence au détail, c'est à dire dans des récipients, une décision prise dans le Val-de-Marne, l'Hérault et l'Eure-et-Loir.

Quant aux perquisitions, elles seront possibles sans feu vert de la justice durant douze jours pendant l'état d'urgence, lorsqu'il y aura "suspicion" de détention d'armes, a précisé Nicolas Sarkozy.

Estimant que "la lutte contre toutes les discriminations doit devenir une priorité pour la communauté nationale", Dominique de Villepin a annoncé la création prochaine de "préfets délégués à l'égalité des chances" et "d'une grande agence de la cohésion sociale et de l'égalité des chances".

Le gouvernement, qui avait réduit les subventions aux associations, va leur débloquer 100 millions d'euros supplémentaires en 2006. Une "solution spécifique" sera trouvée pour chaque jeune voulant bénéficier d'une formation, d'un stage ou d'un contrat.

Seront créés dès janvier 2006 "5.000 postes d'assistants pédagogiques pour les 1.200 collèges des quartiers sensibles".

"15 zones franches urbaines supplémentaires" inciteront les entreprises à s'installer dans des quartiers sensibles. "20.000 contrats d'accompagnement pour l'emploi et contrats d'avenir seront réservés" aux quartiers difficiles, et le gouvernement va "doubler le nombre d'adultes-relais".

Selon un sondage CSA pour Le Parisien/Aujourd'hui en France de mercredi, près des trois quarts des Français (73%) soutiennent l'autorisation de recourir au couvre-feu pour ramener le calme dans les banlieues.

A Marseille, une cinquantaine de jeunes ont tenté en vain mardi en fin d'après-midi de piller l'hypermarché d'un centre commercial et neuf d'entre eux ont été arrêtés et placés en garde à vue.

Deux jeunes soupçonnés d'avoir appelé à l'émeute dans les banlieues sur des blogs internet ont par ailleurs été mis en examen par un juge parisien.

Des rassemblements contre la violence et pour appeler au calme ont rassemblé mardi soir un millier de personnes à Villejuif (Val-de-Marne) et environ 700 à Brétigny-sur-Orge (Essonne).

    Le gouvernement français décrète l'état d'urgence, Villepin annonce un plan, AFP, 08/11/2005 22h46, http://www.afp.com/francais/news/stories/051108224621.zv1w2lry.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Inside French Housing Project, Feelings of Being the Outsiders
NYT        8.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/09/international/europe/09projects.html?hp&ex=
1131598800&en=d3a1547dafa0b65a&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Inside French Housing Project, Feelings of Being the Outsiders

 

November 9, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

ÉVRY, France, Nov. 8 - Amin Kouidri, 20, has been hunting for a job for more than two years now and spends his days drifting around a government housing project here under the watchful gaze of France's national police.

He and his neighbors in one of France's now-notorious housing projects say that they feel cut off from French society, a result of a process of segregation lasting for decades, and that alienation and pressure from the police have now exploded in rage across the country.

"There's nothing to do, and frustrations have added up until in the end it has become like a bomb that they carry inside," said Azzouz Camen, 44, at a small snack bar he owns between the neighborhood's apartment blocks and a gleaming new mosque.

For these men, the violence that has swept the country is easy to understand, even, they say, long overdue, not only because of the unemployment but because of the increasing confrontation with the police.

On Tuesday, after two weeks of violence, the government declared a state of emergency, imposing curfews on numerous trouble spots. [Page A12.]

Mr. Kouidri, his short hair swept forward with gel, was born here to North African immigrants and educated in French schools. He trained as a pastry chef and has been seeking work steadily to no avail.

"If you don't have a job, you get into drugs, you get into trouble," he said, nursing a cup of tea in the chilly air outside Mr. Camen's snack bar in this southern Paris suburb.

Others turn to religion, a trend that has worried many officials even as it reassures an older generation of immigrants who have seen their children stray.

"People need to hang on to something," Mr. Camen said. At prayer time, a steady stream of men pass his snack bar on the way to the mosque.

But the focus on religion has added to the tension. Fears of Islamic extremism and the terrorism it sometimes breeds have increased the mistrust between traditional French society and the immigrant neighborhoods, particularly after a spate of bombings in the 1990's and the terrorist violence of the past few years. People in the projects say this has increased the pressure from the police.

"If you practice your religion, you're dangerous, if you don't drink alcohol, you're dangerous," said a man at the snack bar who would only give his name as Mohammed.

The police circle the apartment blocks in their cars or sit at the two roads that lead in and out of the sprawling neighborhood, periodically stopping and searching - and angering - the men they see. Worse, said Mohammed and others, is when the police appear in riot gear.

"At dusk, they put on their helmets and as soon as they do that the kids say, great, there's going to be a party tonight," Mohammed said. He said an often destructive game of cat-and-mouse has ensued.

In other projects, the story is the same.

"They come to provoke us," said a 22-year-old man named Sofiane in the Franc-Moisin projects north of Paris, claiming that the police plant drugs on young men suspected of being dealers. "They arrest us for nothing."

His brother, Nassin, was quick to admit that violence is often the response. He claimed that he set off a small bomb outside the prefecture's police station after his brother was arrested a few months ago. "It's not unemployment, it's the police," he said.

The projects were built in the 1960's as part of a postwar urban planning dream: modern blocks of tidy apartments surrounding lawns and playgrounds, social centers and stores. They drew people from cramped, old houses in the provinces and cramped, old tenements in the city. When immigrants began arriving in the 1960's, they moved into the subsidized housing, too. Residents describe the early days as full of optimism and hope.

"Everyone had work and lived with the expectation that their children would have better jobs than their parents," said Harlem Désir, a son of an immigrant from Martinique who grew up in a housing project in Bagneux, north of Paris.

Working-class French and working-class immigrants lived side by side in the buildings. Education was free and all of the children were taught the catechism of France's republican ideal: that under the French state, they enjoyed liberty, fraternity and equality. The reality of discrimination was something they learned on their own.

"You're French on your identity card, French to pay taxes and to go into the army, but for the rest, you're an Arab," said Hassan Marouni, 38, who came to France from his native Morocco with his parents 30 years ago. He said he had only been able to find temporary factory jobs and is currently unemployed.

Most of the native French moved out of the projects in a 1980's government-sponsored home-buying program. Few immigrant families could afford to participate and most were left behind. As the first wave of French-born children of immigrants came of age, they realized that the opportunities afforded them fell far short of those enjoyed by their native French friends.

Delinquency flourished in the now predominantly immigrant neighborhoods, and the police cracked down. That led to a summer of rioting in 1983 similar to the current unrest, but on a smaller scale.

Mr. Désir emerged as a leader from that unrest and helped organize a march for equal rights that started in the immigrant neighborhoods outside Lyon and ended in Paris.

The press dubbed it the March of the Beurs, using the immigrants' slang word for Arab, and France's left-leaning intelligentsia embraced the cause, seeing in it an echo of the United States' civil rights movement. President François Mitterrand received some of the marchers at Élysée Palace and euphoria swept through the country's children of immigrants. They had stood up and been heard.

But little happened after that. Mr. Désir and others said the housing projects were repainted, elevators fixed and social workers assigned to help guide the young. The government helped Mr. Désir establish a discrimination watchdog organization and he later went on to his current job as a Socialist member of the European Parliament.

Few others reaped such bright futures. Even today, France, with the largest non-European immigrant population in Europe, has only a handful of minorities in senior government, news media or corporate positions, a sharp contrast with some European countries with smaller minority populations.

As disappointment settled over the projects and discrimination outside them grew, young French of West African and North African origin withdrew into their neighborhoods' increasingly closed world.

"The violence is an expression of anger but also a cry for help," Mr. Désir said. "The state must be there to guarantee that people will be protected from discrimination, treated correctly by the police, helped to get out of the projects."

Otherwise, he warned, the door is open for other ideologies, like fundamentalist Islam. Mr. Désir, who is a Roman Catholic, said the number of French-born youths who have been recruited to violent radical groups was small so far, "but it has sounded an alarm."

An economic downturn hit the immigrant neighborhoods harder than the rest of the country, and many of the jobs never came back. A series of deadly bombings in France by terrorists tied to a war in Algeria further soured the national mood toward the growing immigrant population.

As things grew steadily worse, crime in and from the projects grew. An effort by the last Socialist administration helped improve things a bit by putting police officers on the beat in the neighborhoods and providing money to create jobs for young residents. But both programs ended after Jacques Chirac became president.

His tough interior minister, Nicolas Sarkozy, replaced the police on the beat with officers from an anti-crime brigade who cover several towns at a time. Their aggressive tactics have won almost universal scorn in the projects and created an air of hostility that has precipitated the current violence.

"They're cowboys, they're Rambos," Mr. Marouni complained. He said the situation had deteriorated rapidly since the anti-crime brigade arrived.

Many young people now spend the majority of their time in the small world of their projects, threatened by the police if they venture too far.

"When you're in your project, you're safe, but if you go out it's more dangerous," said a tall, young man who gave his name as Kunta Kinte, smoking a marijuana cigarette near the Temple Woods projects in Clichy-sous-Bois north of the city.

The balconies of the apartment blocks of Évry's housing projects are crowded with drying laundry, bicycles and flower boxes. Teenagers and mothers with strollers crisscross the leafy, parklike grounds.

"The apartments are nice," said Mr. Marouni, who now lives with his wife and three children in a three-bedroom apartment in one of the buildings.

"It's not a problem of poverty," said Alain Touraine, an expert on integration in France, adding that the underlying problems are deeper. "What we are living through is a general process of rapid reverse integration that is the result of failures on both sides."

He believes that the only way to solve the problem is to create public debate so people can address each other rather than the caricatures they see.

People in the neighborhoods say they have a simpler solution - pull back the police and help idle young people find jobs.

    Inside French Housing Project, Feelings of Being the Outsiders, NYT, 8.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/09/international/europe/09projects.html?hp&ex=1131598800&en=d3a1547dafa0b65a&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Inside French Housing Project, Feelings of Being the Outsiders
NYT        8.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/09/international/europe/09projects.html?hp&ex=
1131598800&en=d3a1547dafa0b65a&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Reuters > Libération        Copié 9.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France:
le gouvernement décrète l'état d'urgence, Villepin annonce un plan

 

8/11/2005 18h32
AFP

 

PARIS (AFP) - Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont réactivé mardi matin la loi sur l'état d'urgence - décision sans précédent depuis vingt ans - pour tenter de faire face aux violences avant que le Premier ministre n'annonce devant les députés des mesures pour les banlieues.

Présidé par le chef de l'Etat, le Conseil des ministres a adopté un décret d'application de la loi du 3 avril 1955, qui institue l'état d'urgence en France, autorisant notamment des couvre-feux et des perquisitions sans le contrôle d'un juge.

Lors de ce Conseil des ministres, tenu après une douzième nuit consécutive d'émeutes (1.173 véhicules brûlés, 330 personnes interpellées), le président Chirac a affirmé que la décision d'instaurer ces couvre-feux était "nécessaire pour accélérer le retour au calme".

Dans l'après-midi, lors d'un débat à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a assuré que la mise en oeuvre du couvre-feu, qui doit débuter mercredi à 00h00 dans des zones définies où ont lieu des violences urbaines, ferait l'objet d'une "application mesurée" qui ne mettrait "en cause la liberté de personne".

Dès la fin de l'après-midi, la préfecture de la Somme a annoncé avoir pris un arrêté de couvre-feu de 22H00 à O6H00 pour Amiens et sa métropole concernant les mineurs de moins de 16 ans non accompagnés et entrant en vigueur mercredi à 0H00.

Auparavant, deux autres maires UMP - Serge Grouard à Orléans et Jean Marsaudon à Savigny-sur-Orge (Essonne) - avaient pris mardi des arrêtés imposant un couvre-feu pour les mineurs.

Quant aux perquisitions, elles seront possibles sans feu vert de la justice durant douze jours pendant l'état d'urgence, lorsqu'il y aura "suspicion" de détention d'armes, a précisé après le Conseil des ministres, M. Sarkozy.

De son côté, M. de Villepin a déclaré aux députés que l'état d'urgence, applicable pendant douze jours, serait prorogé "si les circonstances l'exigent", via un projet de loi soumis au Parlement avant de détailler une série de mesures en faveur des banlieues.

M. de Villepin a assuré les députés qu'il n'avait "jamais été question" de supprimer la police de quartier et que le ministère de l'Intérieur bénéficiera "dès janvier 2006" de moyens pour recruter "2.000 agents supplémentaires dans les quartiers".

Estimant que "la lutte contre toutes les discriminations doit devenir une priorité pour la communauté nationale", le chef du gouvernement a annoncé la création prochaine de "préfets délégués à l'égalité des chances" et "d'une grande agence de la cohésion sociale et de l'égalité des chances", "interlocuteur des maires pour toutes les questions relatives aux quartiers sensibles".

Le gouvernement, qui avait réduit les subventions aux associations, va leur débloquer 100 millions d'euros supplémentaires en 2006. Une "solution spécifique" sera trouvée pour chaque jeune voulant bénéficier d'une formation, d'un stage ou d'un contrat. Seront créés dès janvier 2006 "5.000 postes d'assistants pédagogiques pour les 1.200 collèges des quartiers sensibles".

"15 zones franches urbaines supplémentaires" inciteront les entreprises à s'installer dans des quartiers sensibles. "20.000 contrats d'accompagnement pour l'emploi et contrats d'avenir seront réservés" aux quartiers difficiles, et le gouvernement va "doubler le nombre d'adultes-relais".

Le Parti socialiste s'est inquiété lundi du respect des "principes de liberté" alors que le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault a jugé mardi qu'il serait "indécent" d'en faire une "opération politicienne" et que "l"heure des bilans viendrait".

Bernard Accoyer a affirmé mardi que les députés UMP approuvaient "sans réserve" les décisions du gouvernement.

Lundi après-midi, un émeutier a eu la main arrachée par l'explosion d'une grenade lacrymogène à Toulouse. Selon la police, il s'en était emparé pour vraisemblablement la renvoyer vers les policiers.

Toulouse a été le principal foyer de violences avec l'agglomération lyonnaise (104 voitures incendiées dans le Rhône) et Saint-Etienne. Comme la veille, les violences ont, dans la nuit de lundi à mardi, touché davantage la province que la région parisienne. Parmi les véhicules brûlés, 933 l'ont été en province et 240 en Ile-de-France, selon la police.

    France: le gouvernement décrète l'état d'urgence, Villepin annonce un plan, AFP, 08/11/2005 18h32, http://www.afp.com/francais/news/stories/051108183256.ymi2yegs.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

M. e. Cohen        New Jersey, Freelance        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France invokes emergency laws

 

Tue Nov 8, 2005 3:12 PM ET
Reuters
By Timothy Heritage

 

PARIS (Reuters) - The French government imposed rarely used emergency laws on Tuesday to put riot-torn areas of the country under curfew in efforts to quell the worst unrest in decades.

After 12 days of violence by youths who have torched cars, schools and churches in protest against racism and unemployment, the government invoked a 1955 law on states of emergency that was used to curb unrest during Algeria's war of independence.

The decree was due to go into force at midnight (2300 GMT). It allows emergency measures to be in force for 12 days and can restrict the movement of people and vehicles in areas where local government officials known as prefects declare a curfew.

The northern city of Amiens was the first to announce a curfew, saying unaccompanied youths would not be allowed to walk the streets of the city and neighboring districts from midnight until 6 a.m. In coming days the curfew will start at 10 p.m.

"The Republic faces a moment of truth," Prime Minister Dominique de Villepin told the lower house of parliament.

"France is wounded. It cannot recognize itself in its streets and devastated areas, in these outbursts of hatred and violence which destroy and kill," he said.

Protests receded in the Paris region on Monday night after shots were fired at police the previous night, but continued unabated in other towns in the early hours of Tuesday.

Nearly 1,200 vehicles were set ablaze during the night in violence that hit provincial cities including Strasbourg, Lille and Toulouse.

 

"A WARNING AND APPEAL"

More than 5,000 cars have now been set on fire during the 12 days of unrest and more than 1,500 people have been detained, some of them white youngsters but many of them of Arab and African origin.

Villepin said 1,500 police would be brought in to back up the 8,000 officers already deployed in areas hit by violence, widely seen as the most serious unrest since protests in 1968.

"We see these events as a warning and as an appeal," Villepin said. "A return to order is the absolute priority. The government has shown this. It will take all the steps necessary to ensure the protection of our citizens and to restore calm.

The violence, which began when two youths were accidentally electrocuted fleeing police in a Paris suburb on October 27, has undermined France's efforts to portray itself as a society based on equality for everyone.

It has also put fierce pressure on Villepin and President Jacques Chirac.

Five cars were torched in Brussels during the night in what officials say could have been copycat attacks, but the rioting has not spread beyond France's borders.

 

CONCERNS ABROAD

Even so, fears of riots erupting in other countries helped push down the value of the euro, which at one point hit a two-year low against the dollar. French officials also fear investment and tourism will be hit by the violence.

Villepin promised to accelerate urban renewal programs and vowed to help young people in poor suburbs by reducing unemployment and improving their education opportunities.

Chirac said the measures were needed to restore order but he faces criticism for saying little in public about the violence, in which one man has been killed.

"The absence of the president is remarkable in this period we're going through," said Francois Bayrou, head of a centrist party that is critical of the conservative government.

Socialist Party deputy Jean-Marc Ayrault said in parliament: "Your government, Mr. Prime Minister ... bears heavy responsibility over this outburst of passions."

Mayors of riot-hit towns welcomed the government's tougher line. A town east of Paris imposed its own curfew on minors on Monday evening and another to the west of the capital organized citizens' patrols to help the police.

But some mayors asked what another measure announced by Villepin -- extended powers for them -- would mean in practice.

"Every time they announce more powers for mayors, they cut the funds," complained Jean-Christophe Lagarde, mayor of the northeastern Paris suburb of Drancy.

Officials in Belgium played down the violence there, although there were minor arson incidents in Sint Niklaas in the north and Liege in the east as well as in the capital.

Turkish Prime Minister Tayyip Erdogan urged Turkish immigrants living in Europe to avoid getting caught up in riots. Influential Muslim cleric Youssef al-Qaradawi called for calm and urged the French government to address the root causes.

    France invokes emergency laws, Reuters, Tue Nov 8, 2005 3:12 PM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-08T201250Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

John Sherffius        St Louis, MO        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France faces 'moment of truth': Villepin

 

Tue Nov 8, 2005 1:08 PM ET
Reuters
By Timothy Heritage

 

PARIS (Reuters) - France is wounded and faces a moment of truth, Prime Minister Dominique de Villepin said on Tuesday, after his government approved the use of curfews to quell 12 nights of rioting.

The protests, blamed on racism and unemployment in rundown suburbs, receded in the Paris region after shots were fired at police the previous night but continued unabated in other parts of France in the early hours of Tuesday, with youths torching more than 1,000 vehicles overnight.

"The Republic faces a moment of truth ... France is wounded. It cannot recognize itself in its streets and devastated areas, in these outbursts of hatred and violence which destroy and kill," Villepin told the lower house of parliament.

"A return to order is the absolute priority. The government has shown this. It will take all the steps necessary to ensure the protection of our citizens and to restore calm ... We see these events as a warning and as an appeal."

Five cars were torched in Brussels in what officials say could have been copycat attacks, but the rioting did not spread across the border. Even so, fears of riots erupting in other countries helped push down the value of the euro.

Villepin's conservative government adopted a decree at an emergency session under a 1955 law that allows regional government officials known as prefects to impose curfews if they consider it necessary.

The decree was due to take effect at 2300 GMT, after the Interior Ministry decides where prefects can impose curfews not widely seen here since the Algerian war of 1954-1962.

Villepin said 1,500 police would be brought in to back up the 8,000 officers already deployed in areas hit by unrest involving poor white youths as well as French-born citizens of Arab or African origin complaining of racism.

Outlining his plans to parliament, he promised to accelerate urban renewal programs and vowed to help young people in poor suburbs by reducing unemployment and improving their education opportunities.

 

CHIRAC AND VILLEPIN UNDER PRESSURE

President Jacques Chirac said the measures were needed to restore order but pressure is mounting on him and Villepin over France's worst unrest in decades. The president has said little in public about the violence, in which one man has been killed.

"The absence of the president is remarkable in this period we're going through," said Francois Bayrou, head of a centrist party that is critical of the conservative government.

Responding to Villepin's speech, Socialist Party deputy Jean-Marc Ayrault prompted boos from conservative deputies by telling parliament: "Your government, Mr. Prime Minister ... bears heavy responsibility over this outburst of passions."

Mayors of riot-hit towns welcomed the government's tougher line. A town east of Paris imposed its own curfew on minors on Monday evening and another to the west of the capital organized citizens' patrols to help the police.

But some mayors asked what another measure announced by Villepin -- extended powers for them -- would mean in practice.

"Every time they announce more powers for mayors, they cut the funds," complained Jean-Christophe Lagarde, mayor of the northeastern Paris suburb of Drancy.

The opposition Socialists said Villepin had not done enough to give hope to those people in areas hit by the unrest.

 

CONCERN ABROAD

Although Villepin first announced his plans to end the unrest on Monday evening, new violence erupted overnight.

Some 1,173 vehicles were torched compared to 1,408 on Sunday night, the Interior Ministry said. At least four police were hurt, compared with 36 on Sunday, and 330 rioters were detained.

The unrest hit Toulouse, Lille and Strasbourg as well as some Paris suburbs, where violence began on October 27 after two youths were accidentally electrocuted trying to flee police.

The euro's fall highlighted concerns abroad, at one point falling to a two-year low against the dollar.

Officials in Belgium played down the violence there, although there were minor arson incidents in Sint Niklaas in the north and Liege in the east as well as in the capital.

But Brussels fire department spokesman Francis Boileau said: "Whoever set fire to the cars must have been influenced by the footage of what is going on in France."

Turkish Prime Minister Tayyip Erdogan urged Turkish immigrants living in Europe to avoid getting caught up in riots. Influential Muslim cleric Youssef al-Qaradawi called for calm and urged the French government to address the root causes.

    France faces 'moment of truth': Villepin, Reuters, 8.11.2005, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-08T180803Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Hurt pride shows as France sees world report riots

 

Tue Nov 8, 2005 12:07 PM ET
Reuters
By Tom Heneghan

 

PARIS (Reuters) - A barrage of critical world media reporting on the violence in its rundown suburbs is rubbing nerves raw in France, which is more used to hearing praise for its food, its countryside and its opposition to the Iraq war.

In tones ranging from outrage to rueful agreement, French media are now reporting daily on the harsh terms that foreign television stations and newspapers choose to describe the unrest among France's angry youths of Arab and African origin.

France laughed off "freedom fries" -- as French fries were renamed in Washington -- and other anti-French sentiment in the United States at the start of the Iraq war in 2003, but its reaction to the riot reporting carries a between-the-lines admission of hurt pride.

"From Italy to South Africa, Poland to China, from CNN to al-Jazeera, the newspaper headlines and television commentaries set against a background of blazing cars are really hyping it up," the popular daily Le Parisien complained.

The Foreign Ministry has criticized some foreign reports as excessive and at least one cabinet member, Labour Minister Jean-Louis Borloo, has hinted the critical reporting was meant to hit back at France for opposing the U.S.-led Iraq war.

French media have run hard-hitting reports on the riots, just as they have been very critical of social or racial problems abroad. But seeing equally tough reporting about their own country seems to have caught the French off guard.

Eric Raoult, mayor of the eastern Paris suburb of Raincy, did not like being at the receiving end of outside attention.

"Last night, Japanese television and Turkish television were in my city hall telling me what should be done. That hurts me," he said.

While reporting on the hard-hitting coverage in the United States media, one Paris radio station noted with relief a New York Times report saying the city center was safe for tourists.

 

BAGHDAD ON THE SEINE

"Fire and blood in France -- at least that's what some foreign media claim is going on," Le Parisien wrote. "Paris is burning, civil war, war zone, race riots -- the headlines, especially on TV, often have no nuance."

The conservative Le Figaro was indignant about the way U.S. media reported from riot-hit areas such as Seine Saint Denis, the rundown area between the capital and its Charles de Gaulle airport to the north.

"American newspapers don't hesitate to compare Paris to Baghdad or Seine Saint Denis to the Gaza Strip and to call the crisis a 'Katrina of social disasters'," an editorial fumed in a reference to the recent hurricane.

Other commentators objected to the way foreign media stress the ethnic backgrounds of the rioters and the racial discrimination they complain about -- issues less prominent here because France officially does not recognize it has minority communities.

CNN, the U.S. satellite channel that Paris would like to launch a French-language channel to compete with, is watched especially carefully for anti-French nuances.

"CNN runs the headline 'French Violence' on its website like it had 'War in Iraq' during the American intervention," Le Monde noted disapprovingly.

The Nouvel Observateur weekly said CNN talked about possible civil war, curfews and deployment of troops -- without mentioning some French politicians were using the same terms.

Fox News, a leading outlet of anti-French sentiment after Paris opposed the Iraq war, was also held up for criticism for broadcasting headlines like "Paris Burning" over a picture of the Eiffel Tower before a wall of flames.

But the critics were not without self-criticism.

Le Figaro said the riots were "too good an opportunity to pass up, an opportunity to mock the country that claims to have invented human rights and that's always ready -- yes, it's true -- to lecture the rest of humanity."

    Hurt pride shows as France sees world report riots, Reuters, Tue Nov 8, 2005 12:07 PM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=uri:2005-11-08T170733Z_01_MCC861605_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&pageNumber=1&summit=&related=true

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Peter Brookes        The Times        November 8, 200

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Leading Arab cleric calls for calm in France

 

Tue Nov 8, 2005 2:32 PM ET
Reuters

 

DOHA (Reuters) - Influential Muslim cleric Youssef al-Qaradawi has called for calm in French riots led by disaffected immigrants, many of them Muslims of North African origin, the official Qatar News Agency reported.

Qaradawi, dean of an Islamic college in Qatar known to millions of Arabic-speakers through a weekly show on the Al Jazeera television, also called on the French government to address the root causes of the violence.

"As Arabs and Muslims we wish for security, safety and peace for France and its friendly people, not least because France has an attitude toward Arab and Islamic issues which is just and free from American domination," the agency quoted him as saying late on Monday.

"He (Qaradawi) called on Muslim religious and political leaders in France to intensify their efforts and their calls for calm," the agency said.

"He called on the French government to deal with the situation not only from a security perspective, but also use dialogue with religious and political leaders to treat the real reasons behind the deteriorating conditions of (minority) communities in France."

Saudi Arabia, the birthplace of Islam, also said it was monitoring the riots and called on France to put an end to these "acts of destruction and vandalism". The state-run Saudi Press Agency said King Abdullah made this plea during a telephone call with French President Jacques Chirac on Tuesday.

France's conservative government has struggled to respond to two weeks of overnight rioting by youths frustrated over unemployment, harsh treatment by police and racism.

Qaradawi often addresses the situation of Muslim communities living in Western countries in his Al Jazeera appearances.

Though seen as a moderate in the Arab world, pro-Israeli groups in the West have attacked him for backing Palestinian suicide bombings and attacks on Israeli civilian targets.

    Leading Arab cleric calls for calm in France, Reuters, Tue Nov 8, 2005 2:32 PM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-08T193151Z_01_MOL758233_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

Chirac keeps low profile as French riots go on

 

Tue Nov 8, 2005 10:36 AM ET
Reuters
By Tom Heneghan

 

PARIS (Reuters) - Jacques Chirac used to speak with passion about France's widening gap between privileged and poor and tell how he would fight rising crime. That was when he was running for president in 1995 and re-election in 2002.

Now that France faces a spreading revolt by poor young men in its grimy suburbs and sees cars, shops and schools firebombed nightly, Chirac has kept almost completely out of sight.

Chirac, who regularly addresses the nation on television on other issues, has made only one public appearance so far, saying on Sunday he was determined to restore order. Announcing steps such as authorizing curfews are left to his ministers.

This low profile has reinforced the impression that he and his conservative government have few options for answering the challenge the unrest has presented to its policies for fighting joblessness, crime and social exclusion.

"The absence of the president is remarkable in this period we're going through," Francois Bayrou, head of the centrist Union of French Democracy (UDF) party, said on Tuesday.

"He was elected on the issues of the social fracture in 1995 and of crime in 2002. And the least we can say is that what's happening in the suburbs goes to the heart of these issues."

This long silence has not gone unnoticed in the rundown housing estates where rioters, many of them French-born citizens of Arab and African descent, charge that the state ignores the unemployment and racial discrimination they face.

"Chirac has nothing to say. He's invisible," complained Fouzi Guendouz, a business student in Aulnay-sous-Bois, one of the many riot-hit suburbs northeast of Paris.

Commentators noted that Chirac's silence put Prime Minister Dominique de Villepin on the front line, fully responsible to handle a crisis for which nobody has a ready solution.

"This discretion, if it lasts, could be seen as an admission of weakness or a denial of the president's responsibility," commentator Pierre Le Marc said on France Inter radio.

Chirac has been declared well after suffering a vision problem and there has been no hint this could be affecting him.

 

"SOFT TERROR IN DEPRIVED SUBURBS"

Chirac's low profile is all the more striking because he once enjoyed support in the suburbs, mostly because his stands in favor of Palestinian rights and against the U.S.-led war in Iraq appealed to Muslims there of Arab and African origin.

The conservative Chirac highlighted the problems these youths faced in 1995 when he made the so-called social fracture -- the growing gap between rich and poor -- the key plank in his aggressive election campaign.

"A soft terror reigns in the deprived suburbs," he wrote in the campaign book "A France For Everyone" spelling out his vision for healing the "vulnerable and wounded" country.

"When too many youths see on the horizon only unemployment or short internships at the end of uncertain studies, they end up in revolt. For the moment, the state is only trying to keep order and handouts stave off the worst. But for how long?"

Running behind the then Prime Minister Edouard Balladur in the polls, Chirac hammered away at his rival: "A social fracture is deepening and the entire nation pays the price."

Running a tight race for reelection in 2002, Chirac attacked his main rival, Socialist Prime Minister Lionel Jospin, as weak on crime and vowed to impose the "zero tolerance" policies made famous by New York Mayor Rudolph Giuliani.

"Nobody in France feels safe anymore," he said in 2002 on a campaign stop in the Paris suburbs now hit by the rioting.

    Chirac keeps low profile as French riots go on, Reuters, Tue Nov 8, 2005 10:36 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-08T153610Z_01_SIB856150_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emad Hajjaj        Al-Ghad Newspaper        Amman, Jordan        7.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A l'Assemblée,
Dominique de Villepin justifie l'état d'urgence
et présente des mesures anti-discrimination

 


08.11.2005 | 18h45 • Mis à jour le 08.11.05 | 19h04
LEMONDE.FR


L'Hémicycle était comble et les principaux ministres présents, mardi 8 novembre à l'Assemblée nationale, pour le débat organisé en lieu et place de la séance hebdomadaire de questions au gouvernement. Dominique de Villepin est intervenu pendant quarante minutes, pour justifier l'instauration de l'état d'urgence après les violences dans les banlieues. Revenant sur les mesures promises lundi soir sur le plateau du 20 heures de TF1, il a donné des détails et fixé des enveloppes, mais aussi annoncé d'autres mesures contre les discriminations.

Le premier ministre a d'abord précisé la mise en place du décret, pris le matin même en conseil des ministres, qui permet d'instaurer un couvre-feu sur la base de la loi de 1955. Applicable pendant douze jours, l'état d'urgence serra prorogé "si les circonstances l'exigent" via un projet de loi soumis au Parlement. Des sanctions pénales "pouvant aller jusqu'à deux mois d'emprisonnement" pourront être imposées à ceux qui ne se soumettraient pas aux mesures de restriction de la circulation.

 

"TRAVAIL DE LONGUE HALEINE"

"Le rétablissement de l'ordre public est un préalable (...), notre responsabilité collective est de faire de ces quartiers sensibles des territoires comme les autres de la République", a-t-il affirmé."Nous faisons face à des individus déterminés, à des bandes structurées, à de la criminalité organisée, qui ne recule devant aucun moyen pour faire régner le désordre et la violence", a estimé le premier ministre. Selon lui, "rétablir l'ordre prendra du temps" et "nécessite un travail de longue haleine".

Comme lundi soir à la télévision, Dominique de Villepin a assuré que "toute la transparence sera faite" sur la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois, l'événement déclencheur des violences, et affirmé comprendre "l'émotion des musulmans de France" après le "malentendu" autour d'un tir de grenade lacrymogène sur la mosquée de Clichy-sous-Bois. Il a dit avoir fait part de ses "regrets" au président du Conseil français du culte musulman, Dalil Boubakeur.

Le chef du gouvernement a déclaré qu'il n'avait "jamais été question" de supprimer la police de quartier, qui "doit être un facteur d'apaisement et de règlement des différends". Et il a annoncé que le ministère de l'intérieur bénéficiera "dès janvier 2006" de moyens pour recruter "2 000 agents supplémentaires dans les quartiers", par le biais des contrats d'accès à l'emploi.

 

UN "AVERTISSEMENT" ET "UN APPEL"

Estimant que "la lutte contre toutes les discriminations doit devenir une priorité pour la communauté nationale", M. de Villepin a annoncé la création prochaine de "préfets délégués à l'égalité des chances" et d'"une grande agence de la cohésion sociale et de l'égalité des chances", "interlocuteur des maires pour toutes les questions relatives aux quartiers sensibles".

Le gouvernement, qui avait réduit les subventions aux associations, va leur allouer 100 millions d'euros supplémentaires en 2006, a-t-il précisé par rapport à la veille sur TF1. Une "solution spécifique" sera trouvée pour chaque jeune voulant bénéficier d'une formation, d'un stage ou d'un contrat. Seront créés, dès janvier 2006, "5 000 postes d'assistants pédagogiques pour les 1 200 collèges des quartiers sensibles". "Quinze zones franches urbaines supplémentaires" inciteront les entreprises à s'installer dans des quartiers sensibles, tandis que"20 000 contrats d'accompagnement pour l'emploi et contrats d'avenir seront réservés" à ces quartiers, où le nombre d'adultes-relais sera "doublé".

Le premier ministre a enfin appelé au "rassemblement autour de nos valeurs communes et principes républicains" même si "l'efficacité" du modèle français d'intégration est "en cause". "La République est à une heure de vérité", "il est temps que la violence cesse", a-t-il ajouté, estimant qu'il fallait prendre "ces événements comme un avertissement et comme un appel".

    A l'Assemblée, Dominique de Villepin justifie l'état d'urgence et présente des mesures anti-discrimination, LEMONDE.FR, 08.11.2005 | 18h45, Mis à jour le 08.11.05 | 19h04, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-708050@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Stephane Peray        The Nation, Bangkok, Thailand        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Violences urbaines : 106 condamnations à de l'emprisonnement ferme

 

08.11.2005    19h09
AFP

 

Cent-six condamnations à de l'emprisonnement ferme ont été prononcées contre les émeutiers en France depuis le début des violences urbaines, selon un pointage du ministère de la Justice publié mardi soir.

Ces 106 condamnations en concernent que des majeurs, aucun mineur n'ayant encore écopé d'emprisonnement ferme, d'autant qu'ils ne peuvent pas faire l'objet de comparution immédiate, souligne-t-on à la Chancellerie.

Au total, 626 personnes ont été placées en garde à vue et 180 majeurs ont fait ou vont faire l'objet de comparutions immédiates, tandis que 21 ont été convoqués par procès-verbal pour comparaître plus tard.

Parallèlement, 170 mineurs ont été présentés à des juges des enfants et 33 ont été placés sous mandat de dépôt.

178 personnes ont d'ores et déjà été écrouées, dont 145 majeurs et 33 mineurs.

33 majeurs ont été relaxés et 14 autres ont été condamnés à des peines autres que l'emprisonnement ferme (sursis, sursis avec mise à l'épreuve, ou travail d'intérêt général).

    Violences urbaines : 106 condamnations à de l'emprisonnement ferme, AFP, 08.11.2005 | 19h09, http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26026370@7-37,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gary Varvel        Indiana -- The Indianapolis Star-News        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France Declares 12-Day State of Emergency to Curb Crisis

 

November 8, 2005
By MEG BORTIN
International Herald Tribune
The New York Times

 

PARIS, Nov. 8 - France declared a 12-day state of emergency today in an attempt by the government to curb the worst civil disturbances in the country in nearly four decades.

The government of Prime Minister Dominique de Villepin used a 1955 law drafted during the Algerian War to impose a curfew and other restrictive measures on areas where rioters have sown disorder in the streets for 12 days, burning thousands of cars, targeting businesses, schools and churches with gasoline bombs, and firing ammunition at the police. At least one person has died.

Interior Minister Nicolas Sarkozy announced after an emergency cabinet meeting this morning that the curfew would take effect at midnight in areas to be determined at a meeting of senior regional officials later in the day.

By mid-afternoon, the officials - prefects of France's seven military zones - were still trying to hammer out details of the measure, said Franck Louvrier, a spokesman for Mr. Sarkozy. He said it was unclear whether the curfew would apply only to minors or to the entire population of towns like Clichy-sous-Bois, the suburb northeast of Paris where the trouble started on Oct. 27 when two youths jumped over the wall of an electrical substation and died, thinking they were being pursued by the police.

There was no immediate statement from President Jacques Chirac, who appeared fatigued when speaking briefly after an emergency cabinet meeting on Sunday, his only televised comment since the disturbances began. Mr. Chirac suffered a minor stroke in September.

The impending curfew, which was unveiled by Mr. Villepin on nationwide television Monday night, received a mixed response from politicians and ordinary citizens alike. Many people expressed relief at the idea of order returning to the streets of embattled communities following night after night of violence that has spread to almost all the big cities of France. But others criticized the measure as inappropriate, saying it could aggravate an inflamed situation.

The leftist newspaper Liberation, in an editorial dripping with irony, called it "a brilliant step forward" that confirmed "that the reign of Chirac is a tragic farce." Elisabeth Guigou, a leading member of the Socialist Party and former justice minister, said the Algerian War was "not the best reference" for measures aimed at stemming disturbances involving many youths of North African descent.

The law itself states that emergency measures can be enacted by government decree for up to 12 days on all or part of the territory of France. Beyond a curfew, the law gives the authorities powers to conduct raids without a warrant; to restrict freedom of the press and freedom of assembly; to shut down theaters; to close bars; and to put under house arrest any individual whose activities are deemed dangerous to the maintenance of law and order.

A news broadcaster for the state-run radio station France-Inter said at midday that no restrictions would be applied to the press and the theater, but Mr. Sarkozy's spokesman declined to confirm this. People arrested under the law can be jailed for two months, fined 3,750 Euros, or both.

The emergency measures were enacted after increased patrols by French security forces failed to halt nightly violence that has made headlines around the world. Nearly 5,000 cars have been set aflame since the trouble started in the Paris region and spread to cities as distant as Marseille and Toulouse in the south, Lille in the north, and Grenoble in the east.

Three dozen police officers have been wounded, some by buckshot. Nearly 400 people have been detained, but few have been jailed; many of the rioters are teenagers, and the vast majority of underage detainees have been released.

Mr. Villepin coupled the restrictions with a raft of measures aimed at improving the lot of youths in the largely immigrant areas where the riots have raged. He said apprenticeships could begin at the age of 14 rather than 16, the number of merit scholarships for disadvantaged youths would be tripled, and the authorities would reinstate funding for non-government organizations working with youths in the affected areas.

As the government scrambled today to work out details of the measures in time for their midnight implementation, residents of the Paris region struggled to comprehend their import. Opinions were mixed.

"The curfew is a good thing, because 11- and 12-year-old children should not be in the streets in the evening," said Eric Gonzalez, 38, a waiter who lives in Villejuif, on the southern edge of Paris.

"At least it limits the risks," said Augusto Ferreira, 28, a computer cable layer who lives in Paris's 19th district, a largely working-class area. "Parents need to be made to do something."

Genevieve Pigneres, 43, a pharmacist from the well-to-do suburb of Saint- Cloud, disagreed. "I don't see what good it will do," she said. "You can't prevent French people from going out at night. In any event, if I lived in one of those neighborhoods, I wouldn't go out - and the people who want to do damage will do it anyhow."

Others said the measures did not go far enough. "They should put the parents in prison," said Raymond Lautone, 37, a painter originally from the French Caribbean island of Martinique who now lives in the working-class suburb of Clichy, just northwest of Paris. "Parents are strict where I come from."

Human rights groups spoke out strongly against the measures, with the French League of Human Rights describing them as "catastrophic." "This is a social crisis, not a war," a spokesman for the group said on France-Inter, noting that such measures were never invoked during the student- worker uprising in France in 1968.

The newspaper Le Monde said that "exhuming a 1955 law sends to the youth of the suburbs a message of astonishing brutality: that after 50 years France intends to treat them exactly as it did their grandparents."

The state-of-emergency law was last used in 1985 to restore order in the French overseas territory of New Caledonia during the presidency of Francois Mitterrand. The first call for it to be imposed now came from a senior official of the extreme-right National Front. Marine Le Pen, daughter of the group's veteran leader, said last Thursday that only the 1955 law would allow order to be restored.

    France Declares 12-Day State of Emergency to Curb Crisis, NYT, 8.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08cnd-france.html?hp&ex=1131512400&en=16bffc43c5fa3eb9&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Michael Ramirez        California -- The Los Angeles Times        Cagle        8.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le gouvernement décrète l'état d'urgence, Villepin annonce un plan

 

08/11/2005 15h58
AFP

 

PARIS (AFP) - Le gouvernement a décrété mardi matin "l'état d'urgence", autorisant notamment des couvre-feux et des perquisitions sans le contrôle d'un juge avant que le Premier ministre Dominique de Villepin n'annonce dans l'après-midi une série de mesures pour les banlieues.

Jacques Chirac a affirmé en Conseil des ministres que la décision d'instaurer ces couvre-feux était "nécessaire pour accélérer le retour au calme" et a demandé de mettre en oeuvre ces mesures "au plus vite" après une douzième nuit d'émeutes durant laquelle 1.173 véhicules ont été brûlés et 330 personnes interpellées, selon la police.

Devant les députés le Premier ministre a déclaré que l'état d'urgence, applicable pendant 12 jours, serait prorogé "si les circonstances l'exigent", via un projet de loi soumis au Parlement avant de détailler une série de mesures en faveur des banlieues.

M. de Villepin a notamment annoncé que le gouvernement allait débloquer 100 millions d'euros supplémentaires pour les associations en 2006 et la création prochaine "d'une grande agence de la cohésion sociale et de l'égalité des chances", de "préfets délégués à l'égalité des chances", de "5.000 postes d'assistants pédagogiques, dès le mois de janvier, pour les 1.200 collèges des quartiers sensibles".

Sans attendre la mise en oeuvre gouvernementale du couvre-feu, le maire UMP d'Orléans Serge Grouard a pris dès mardi un arrêté décrétant un couvre-feu pour les mineurs de moins de 16 ans sur tout le territoire de sa commune, au lendemain de la même décision prise par le député-maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis) Eric Raoult.

Les perquisitions vont être possibles sans feu vert du pouvoir judiciaire durant 12 jours pendant l'instauration de l'état d'urgence, lorsqu'il y aura "suspicion" de détention d'armes, a précisé à l'issue du Conseil des ministres, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy. Il a ensuite entamé une réunion avec les préfets des sept zones de défense (non militaire).

Le président Chirac réunira à la fin de la semaine un nouveau Conseil des ministres où sera présenté un projet de loi permettant la prorogation de l'état d'urgence au delà des douze jours prévus par loi de 1955, selon M. Copé.

Le Parti socialiste s'est inquiété lundi du respect des "principes de liberté" alors que le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale Jean-Marc Ayrault a jugé mardi qu'il serait "indécent" d'en faire une "opération politicienne" et que "l"heure des bilans viendrait".

Bernard Accoyer a affirmé mardi que "les députés UMP (approuvaient) sans réserve" les décisions du gouvernement.

Dans la nuit, douze policiers ont été légèrement blessés, principalement par des jets de projectiles. Des tirs de grenaille, qui n'ont pas atteint de policiers, ont également été signalés.

Lundi après-midi, un émeutier a eu la main arrachée par l'explosion d'une grenade lacrymogène à Toulouse. Selon la police, il s'en était emparé pour vraisemblablement la renvoyer vers les policiers, selon le directeur général de la police nationale (DGPN), Michel Gaudin.

Toulouse a été le principal foyer de violence la nuit dernière, avec l'agglomération lyonnaise (104 voitures incendiées dans le Rhône) et Saint-Etienne. Comme la veille, les violences ont, dans la nuit de lundi à mardi, touché davantage la province que la région parisienne.

Parmi les véhicules brûlés, 933 l'ont été en province (contre 982 la veille) et 240 en Ile-de-France (contre 426), selon la direction générale de la police nationale.

En Seine-Maritime, une école à Gonfreville-l'Orcher, près du Havre, et la mairie de Darnétal, près de Rouen, ont fait l'objet de tentatives d'incendie, selon la préfecture. L'IUT de Belfort-Montbéliard, dans le Doubs, a également été attaqué au moyen de cocktails Molotov. En Lorraine, deux écoles et une salle de bibliothèque ont été en partie incendiées.

"L'intensité des violences est en baisse, a estimé M. Gaudin, et il y a eu "moins d'affrontements directs avec les forces de l'ordre, pratiquement pas en Ile-de-France".

    Le gouvernement décrète l'état d'urgence, Villepin annonce un plan, AFP, 08/11/2005 15h58, http://www.afp.com/francais/news/stories/051108155841.7zytz763.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rioters threw rocks at firefighters and police officers during clashes Monday in Toulouse in southwestern France.

Thierry Bordas/European Pressphoto Agency        7.11.2005

French Officials Try to Ease Fear as Crisis Swells        NYT        8.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08france.html?hp&ex=
1131426000&en=2a3e1730e53bbabd&ei=5094&partner=homepage 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Violence in France    7.11.2005

French Officials Try to Ease Fear as Crisis Swells        NYT        8.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08france.html?hp&ex=
1131426000&en=2a3e1730e53bbabd&ei=5094&partner=homepage 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

French Officials Try to Ease Fear as Crisis Swells

 

November 8, 2005
The New York Times
By MARK LANDLER and CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Nov. 7 - The civil unrest sweeping France spread to nearly every major city in the country by Monday, claiming its first death, and even touched two cities elsewhere in Europe as the French government sought to reassure a jittery nation that it can quickly bring the escalating situation under control.

"The government response is one of firmness," Prime Minister Dominique de Villepin said on television late Monday, calling the violence "unacceptable and inexcusable." He said the government would call up 1,500 police reserves to reinforce the 8,000 police officers already waging nightly battles in the streets. He said some towns would impose curfews to keep marauding youths off the streets, but ruled out for now sending the army into the suburbs with populations largely of West African and North African origin where the unrest has grown.

"We are not at that point," Mr. Villepin said, but added, "at each step, we will take the necessary measures to re-establish order very quickly throughout France." France has already deployed paramilitary riot police officers in many troubled neighborhoods but has avoided aggressive tactics for fear of sparking an incident that could further escalate the violence.

The local police officers assigned to poor suburbs, who have been objects of scorn to the rioting youths, are often inexperienced and ill-equipped, according to a recent report from the National Commission on Ethics in the Security Services. The report said that a lack of training led to behavior that was at best clumsy and at worst racist in those neighborhoods with large immigrant populations. [Page A6.]

France was slow to react to the spreading violence set off by the accidental deaths of two youths on Oct. 27, in part because the initial nights of unrest did not seem particularly unusual in a country where an average of more than 80 cars a day were set on fire this year even before the violence.

On Monday, a man from suburban Stains died after being beaten Friday by a gang of rioters.

The government at first seemed distracted by internal political squabbles as the arson and attacks on the police gathered momentum last week and hopscotched across the nation. It then appeared paralyzed as the violence spiraled into the worst civil unrest that France has faced in nearly 40 years. President Jacques Chirac did not speak publicly about the violence until Sunday night, the 11th day of the evolving crisis.

Even as Mr. Villepin spoke Monday, the turmoil continued, with youths setting fire to buses and cars. He struggled to balance his tough line by acknowledging the social maladies underlying the unrest. "There are bands of youths, some very young, who are in a state of social, family and educational breakdown," he said, choosing his words with characteristic care. "They are in a destructive mind-set."

Europe, meanwhile, watched the unfolding crisis with alarm. Copycat attacks on a few cars were reported in Brussels and Berlin, and Muslim sites on the Internet began carrying inflammatory messages.

"Everybody is concerned about what is happening," Prime Minister Tony Blair of Britain said at a news conference in London. "You should never be complacent about these things."

Britain, Germany, Australia and Japan advised their citizens to take extra care in visiting France, echoing earlier warnings by the United States and Russia. French officials have labored to convince tourists that France is safe.

Indeed, for all the televised images of burning cars and chaotic streets, central Paris and even its suburbs show no obvious signs of crisis. The highway to Charles de Gaulle Airport, which passes by some of the hardest-hit suburbs, was flowing normally on Monday, with no visible police presence.

One reason the attacks have been so difficult to quell is that they have been so scattered, mostly carried out by small groups without warning. Larger groups have coalesced quickly in the night to confront the police, but the authorities have no way of knowing when or where they might appear.

Since the unrest began, however, 77 police officers and 31 firefighters have been injured, according to the national police chief, Michel Gaudin, though most injuries have been minor. On Sunday night alone, there were incidents in 274 towns including major clashes in the southwestern city of Toulouse and the eastern city of Metz. All told, the police made 395 arrests.

"It spread, like a sort of shock wave across the country," Mr. Gaudin said.

As the unrest rippled out from Paris, however, it appeared to be subsiding in and around the capital. The attacks destroyed 426 vehicles in Paris and its suburbs on Sunday night, down from 741 the night before.

Still, the clashes have become markedly more violent.

In a cramped apartment in Stains, a suburb north of Paris, Nicole le Chenadec, 60, the widow of Jean-Jacques le Chenadec, 61, took phone calls from friends and relatives while about two hundred people gathered outside in silent protest over the death of her husband on Monday from injuries sustained when he was badly beaten by a gang of rioters on Friday.

Jean-Pierre Moreau, a neighbor in the five-story co-op building, recounted how he and Mr. Chenadec had gone down to put out a fire that had been set in the building's garbage cans on Friday. A gang of more than a dozen youths appeared on the street, throwing stones. One of them, with only his mouth and chin visible beneath his hood, approached the two men.

"He asked what we were talking about and I said, 'Our cars,' " Mr. Moreau recalled, his neck in a brace and the right lens of his glasses framing a dark red contusion around one eye. "Then he hit me."

When he came to, Mr. Moreau said, Mr. Chenadec was lying on the ground, his head in a pool of blood. He slipped into a coma and died early Monday morning.

The death signifies not only a milestone in France's longest stretch of civil unrest since the student protests of 1968, but also years of rising tensions between lower middle-class native French and an expanding population of immigrant neighbors.

"Things changed when the foreigners began moving in," Mrs. Chenadec said. "There was a lack of respect."

Most of the rioters, however, are children of immigrants who were born in France. On Sunday, a band of 200 youths threw rocks and gasoline bombs and fired shotguns at the police in a housing project in Grigny, a gritty suburb south of Paris. Two policemen were hospitalized with injuries from shotgun pellets, the authorities said.

On Monday, a knot of young men gathered at the entrance to the project as the sun began to set. Empty tear-gas canisters littered the pavement, which was blackened by the ruins of burned cars. None of the men said they had seen the shooting, but they said anger toward the police was running high.

"It's the attitude of the police; they insult us," said a man of Algerian origin who gave his name as Medhi. "People here don't feel like they're a part of the political system. Their only recourse is to violence."

Other residents of the sprawling complex, its serpentine four-story buildings overlooking concrete plazas, watched the men with palpable fear. While some expressed anger at those causing the unrest, they said officials had aggravated the situation, particularly Interior Minister Nicolas Sarkozy, who has used unsparing language to describe those who have carried out attacks.

"He has to watch his tongue," said Abdallah Barry, a 21-year-old computer worker. "He needs to take French lessons again. He speaks the French of the street."

While the violence has not taken on religious overtones, most of the young people involved are nominally Muslim, raising fears that Islamist groups could capitalize on the unrest to recruit new members. Internet postings from one such movement encouraged young Muslims elsewhere in Europe to riot in the name of Islam.

"Oh, you Muslim people in Europe, walk with and like your brothers in Paris and learn that these people are dogs," read a message posted on Monday on the popular Web site of a dissident based in London. "Teach them that we are a single nation and if a single member is touched, then all the others will erupt like a burning volcano."

The Web site, the same one that has posted claims of responsibility for terrorist attacks including the July 7 bombings in London, showed images of vehicles in flames and a photo image of a smiling Mr. Sarkozy, dressed as a gangster in a black suit and alligator coat and carrying a machine gun in each hand.

There were arson attacks in Belgium and Germany on Sunday night, but there was no evidence that they were part of an organized movement. In Brussels, five cars were burned outside the main train station, while in Berlin, five cars were attacked in a working-class quarter with a heavily Turkish population.

"We assume that these were copycats who are taking advantage of the situation in France to do the same thing here," Ehrhart Körting, the interior minister of Berlin, said in an interview with Reuters.

    French Officials Try to Ease Fear as Crisis Swells, NYT, 8.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08france.html?hp&ex=1131426000&en=2a3e1730e53bbabd&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jean-Jacques le Chenadec retired from Renault in 2001, and enjoyed discussing cars with Jean-Pierre Moreau, left.
They were attacked Friday in Paris, and he died on Monday. His widow, Nicole, is at right.

Stuart Isett for The New York Times        November 8, 2005

French Officials Try to Ease Fear as Crisis Swells        NYT        8.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08france.html?hp&ex=
1131426000&en=2a3e1730e53bbabd&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Villepin annonce couvre-feu et renforts de police dans les banlieues

 

07/11/2005 23h26
Paris

 

PARIS (AFP) - Le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé lundi soir que les préfets pourraient recourir au couvre-feu, dès mercredi, pour ramener l'ordre dans les banlieues en se fondant sur une loi de 1955 instaurant l'état d'urgence dans le contexte de la guerre d'Algérie.

M. de Villepin a également annoncé sur TF1 un renfort de 1.500 réservistes, gendarmes et policiers, portant à 9.500 le nombre d'hommes mobilisés sur les émeutes.

"Dans ce contexte particulièrement grave, le président de la République (Jacques Chirac) a décidé de convoquer demain matin (mardi) le conseil des ministres et de mettre en oeuvre les dispositions de la loi de 1955", a-t-il dit.

"Partout où c'est nécessaire, les préfets pourront sous l'autorité du ministre de l'Intérieur appliquer le couvre-feu s'ils l'estiment utile pour permettre un retour au calme et assurer la protection des habitants", a-t-il ajouté.

Selon Matignon, le couvre-feu pourrait s'appliquer dès mercredi matin après publication au Journal Officiel.

Cette mesure a été accueillie avec prudence par le Parti socialiste qui s'est inquiété du respect des "principes de liberté" tandis que les Verts dénonçaient une "escalade totalement disproportionnée".

Le député-maire UMP du Raincy Eric Raoult a affirmé lundi soir qu'il entendait "siffler la fin de la récréation" en décrétant dès lundi soir dans la ville un couvre-feu concernant les mineurs non accompagnés, les lieux publics et les équipements sportifs.

La nuit de dimanche à lundi, la onzième nuit d'émeutes en France, a été marquée par l'incendie de 1.408 véhicules, en majorité en province, et l'interpellation de 395 personnes, soit le plus lourd bilan depuis le 27 octobre.

Quatre-vingt-trois personnes ont été écrouées en France depuis le début des violences urbaines, 599 ont été placées en garde à vue et 192 ont été déférées, selon un décompte du ministère de la Justice publié lundi soir.

Dans le volet social de ses déclarations, le Premier ministre a promis de "restaurer la contribution" financière aux associations dans les quartiers sensibles qui avait été "abaissée" ces dernières années.

Il a également proposé l'apprentissage dès 14 ans, au lieu de 16 ans, "pour les enfants qui ont le plus de difficultés" scolaires.

Malgré les appels au calme, dont celui de Muhittin Altun, gravement brûlé en se réfugiant dans un transformateur électrique avec deux de ses camarades dont la mort le 27 octobre à Clichy-sous-Bois avait servi de détonateur aux émeutes, les violences se sont poursuivies dans la nuit de lundi à mardi.

Un autobus et 31 voitures ont été incendiés par des jeunes gens, essentiellement dans les quartiers sensibles du Mirail, Reynerie, Bellefontaine et Bagatelle, lundi soir à Toulouse, selon un bilan communiqué vers 22h30 par la préfecture de la Haute-Garonne.

Deux écoles, dont une a été entièrement détruite, et de nombreuses voitures avaient été incendiés lundi soir vers 22h00 dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie, selon les préfectures.

Une quarantaine de voitures ont été incendiées lundi soir dans l'agglomération lyonnaise et une douzaine e de personnes ont été placées en garde à vue, essentiellement pour des jets de pierre tandis que dans les Alpes-Maritimes, 18 voitures avaient été incendiées, selon les préfectures.

En Seine-et-Marne, la police comptabilisait à 23H30, 21 véhicules brûlés. Dans un garage de la résidence Auvergne à Dammarie-les-Lys, 29 bouteilles vides (de carburant), 31 bouteilles pleines et 5 litres de carburant ont été découverts. Selon la police il ne s'agit pas d'un atelier de fabrication mais d'un lieu de stockage.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu à Cergy lundi soir pour y rencontrer les policiers et les sapeurs-pompiers du Val-d'Oise, les engageant à "la fermeté républicaine en gardant calme et sang-froid".

La presse allemande s'inquiétait mardi d'une possible importation des émeutes urbaines qui frappent les banlieues françaises depuis 12 nuits, soulignant l'importance de "garder les immigrés au centre de notre société".

    Villepin annonce couvre-feu et renforts de police dans les banlieues, AFP, 07/11/2005 23h26, http://www.afp.com/francais/news/stories/051107232641.1jio0ddc.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J.D. Crowe        Alabama -- The Mobile Register        Cagle        7.11.2005

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Banlieues:
Villepin donne aux préfets la possibilité de recourir au couvre-feu

 

07/11/2005 20h12
AFP

 

PARIS (AFP) - Dominique de Villepin a annoncé lundi le recours éventuel au couvre-feu et le déploiement de 1.500 policiers et gendarmes réservistes supplémentaires, pour "rétablir le calme" dans les banlieues, lundi sur TF1.

Le Premier ministre a annoncé que Jacques Chirac avait décidé de convoquer un conseil des ministres mardi matin et de mettre en oeuvre les dispositions de la loi de 1955, "permettant aux préfets de recourir au couvre-feu s'ils l'estiment nécessaire".

"Il y a 8.000 hommes aujourd'hui sur le terrain et nous avons décidé en conseil de sécurité intérieure, sous l'autorité du président de la République, avec le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur, d'appeler 1.500 réservistes de plus, gendarmes et policiers", a déclaré le Premier ministre.

"Cela fait donc 9.500 policiers et gendarmes sur le terrain", a-t-il ajouté.

Interrogé sur une éventuelle intervention de l'armée, il a répondu: "nous n'en sommes pas là".

Le Premier ministre a affirmé que des "réseaux criminels organisés appuient les désordres" dans les banlieues, qui en sont à leur douzième jour consécutif.

Il en a appelé "à la responsabilité des parents pour que le calme puisse revenir".

M. de Villepin ne croit pas que des groupes islamistes constituent "l'essentiel" des violences dans les banlieues, où vivent d'importantes communautés musulmanes.

"Il y a bien sûr une inquiétude, en ce qui nous concerne, de l'islamisme, d'une mouvance radicale. Je ne crois pas qu'aujourd'hui ce soit l'essentiel même s'il ne faut pas négliger cet élément-là", a ajouté le Premier ministre. Il a affirmé qu'"à aucun moment, la mosquée (de Clichy-sous-Bois) n'a été visée" par les tirs de gaz lacrymogènes.

Le Premier ministre a par ailleurs proposé de "multiplier par trois les bourses au mérite" et de créer des "internats d'excellence", dans le cadre de ses priorités pour les banlieues.

Il a également proposé l'apprentissage dès 14 ans, au lieu de 16 ans, "pour les enfants qui ont le plus de difficultés" scolaires et il a annoncé que le gouvernement allait "restaurer la contribution" financière aux associations, "abaissée" ces dernières années.

Interrogé sur le terme de "racaille" utilisé par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, M. de Villepin a affirmé que "tous les mots sont importants et (que) nous devons faire en sorte de nous rassembler".

"Ne stigmatisons pas en cette période, soyons rassemblés tous ensemble pour nous permettre de trouver les solutions qui nous permettront d'avancer", a-t-il ajouté.

Enfin, il a rendu hommage aux forces de l'ordre, soulignant leur "mobilisation exceptionnelle" et leur "sang-froid".

    Banlieues: Villepin donne aux préfets la possibilité de recourir au couvre-feu, AFP, 07/11/2005 20h12, http://www.afp.com/francais/news/stories/051107201235.tsfjuewe.html

 

 

 

 

 

Nouveau bilan record
des émeutes urbaines en France, un décès probablement lié

 

07/11/2005 18h36
AFP

 

PARIS (AFP) - La onzième nuit d'émeutes en France a été marquée par un chiffre record d'incendies de voitures (1.408) - en majorité en province - de policiers blessés (36) et d'interpellations (395) alors qu'un premier décès semblant lié à ces violences a été annoncé lundi.

Jean-Jacques Le Chenadec, 61 ans, dans le coma après avoir été victime d'une agression à coups de poings alors que se déroulaient des violences urbaines vendredi soir à Stains (Seine-Saint-Denis), est décédé lundi, a annoncé sa veuve qui était reçue par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Le jeune Muhittin Altun, gravement brûlé en se réfugiant avec ses deux camarades dans un transformateur électrique le 27 octobre à Clichy-sous-Bois, a appelé lundi, depuis son lit d'hôpital, à "l'arrêt" des violences urbaines, dans une déclaration communiquée par l'un de ses avocats.

Et pour la première fois depuis le début des violences urbaines, un élu, le député maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis) Eric Raoult a annoncé avoir pris un arrêté de "couvre-feu exceptionnel" sur sa ville à partir de ce lundi soir pour "éviter un drame". Le couvre-feu devrait être décidé "après 22h00 ou 23h00", a-t-il dit à l'AFP.

Les chiffres des violences de la onzième nuit d'émeutes ont été révélés lundi matin, au lendemain de l'appel du président Jacques Chirac au rétablissement de l'ordre public, après les 1.295 véhicules incendiés et 312 personnes interpellées dans la nuit de samedi à dimanche.

La situation dans les banlieues sera débattue mardi après-midi par les députés à l'Assemblée après une déclaration du Premier ministre Dominique de Villepin.

Le recteur de la grande mosquée de Paris Dalil Boubakeur a mis en garde lundi contre l'amalgame entre islam et "vandalisme" qui aboutirait à "accabler tous les musulmans sans distinction ni preuve de leur quelconque responsabilité".

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a appelé les jeunes musulmans concernés à "calmer leur colère, à méditer et à se conformer à la fatwa" édictée dimanche, qui précise qu'il est "interdit à tout musulman recherchant la satisfaction et la grâce divine de participer à quelque action qui frappe de façon aveugle des biens privés ou publics ou qui peut attenter à la vie d'autrui".

Lundi matin, le directeur général de la police nationale Michel Gaudin a précisé que la région parisienne, avec 426 véhicules incendiés dont 18 à Paris (741 la nuit précédente, dont 36 à Paris), avait été moins touchée que la province où 982 véhicules ont été brûlés (554 la nuit précédente).

"La vague et l'onde de choc" de la région parisienne ont gagné la province, a commenté M. Gaudin, assurant que les émeutiers ont fait preuve de "volonté anti-institutionnelle" et ajoutant que 274 communes ont été touchées (211 la nuit précédente) et 36 policiers blessés (21).

Dans le Grand Est, plusieurs bâtiments, dont une bibliothèque municipale et l'annexe d'un centre socio-culturel, ont été incendiés et 200 véhicules brûlés.

Parmi les policiers blessés, deux ont été la cible de tirs de grenaille à la cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne). M. Sarkozy a déploré que ces tirs visaient la tête des policiers, avant de se rendre à la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes où de nombreux cocktails Molotov ont été lancés.

Il avait auparavant visité la direction départementale de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis, où il a souhaité que "l'ordre républicain revienne dans tous les quartiers". M. Sarkozy devait se rendre lundi après-midi à Evreux, touchée par des violences ce week-end.

Des jets d'engins incendiaires ont à nouveau été relevés dans de nombreux endroits, comme à la Ricamarie (Loire) où un bus a été visé. Deux églises ont été touchées par ces engins à Lens (Pas-de-Calais) et sur l'île de Thau à Sète (Hérault).

Plusieurs établissements scolaires ont été visés : une maternelle à Nantes, une à Saint-Etienne, une à Allonnes (Sarthe), une à Lille et une à La Tour-du-Pin (Isère).

Un commissariat de police de Clermont-Ferrand a été victime d'une tentative d'incendie. A Perpignan, un véhicule en feu a été projeté sur le poste de police du quartier du Moulin-à-Vent. D'autres bâtiments publics ont été visés : un centre social ravagé à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), une trésorerie principale endommagée à Trappes (Yvelines).

M. de Villepin, qui devait présenter lundi soir sur TF1 des mesures pour tenter de répondre à la crise, avait annoncé dimanche "un renforcement des forces de sécurité partout sur le territoire où cela est nécessaire" et une "accélération des procédures de justice".

Le ministre de la Justice Pascal Clément a lui recommandé lundi "la plus grande fermeté" à l'égard des auteurs de violences, notamment les récidivistes, à l'issue d'une réunion à la Chancellerie avec des procureurs.

Dans l'après-midi, le ministère de la Justice a annoncé que 83 personnes ont été écrouées en France depuis le début des violences urbaines.

    Nouveau bilan record des émeutes urbaines en France, un décès probablement lié, AFP, 07/11/2005 18h36, http://www.afp.com/francais/news/stories/051107183610.cwdo4k8i.html

 

 

 

 

 

Suburban Officers Criticized as Insensitive to Racism

 

November 8, 2005
The New York Times
By KATRIN BENNHOLD

 

PARIS, Nov. 7 - The local police assigned to France's poor suburbs who are the objects of scorn of the rioting youths are often inexperienced and ill equipped, according to a recent report from the National Commission on Ethics in the Security Services.

The commission reported in April that a lack of training led to behavior that was at best clumsy and at worst racist in those neighborhoods with large immigrant populations. It criticized the fact that French police officers have rarely been punished for misdeeds and lamented the lack of ethnic diversity in all branches of the police. That lack may be compounding the racial connotations of the civil unrest, with youths of North African descent pitted against a predominantly white police force.

"We don't have a police force that reflects our society - and this reduces its credibility," said Catherine Wihtol de Wenden, a member of the commission who is research director at the Center of International Studies and Research in Paris. "Some of these young officers who come from the French countryside and are put in the Parisian suburbs think they are in the Wild West. They are unprepared, clumsy and very afraid."

She added, "That's when mistakes happen."

In the capital's rundown suburbs, Ms. Wihtol de Wenden said, few police officers come from the community or know its language and codes of behavior.

Of the 200 complaints the ethics commission received through 2004, 78 have been examined and found to involve abuse by the police, and almost half of those cases were found to be based on racist behavior. Ms. Wihtol de Wenden said the number of complaints increased by 38 percent last year. She emphasized that all of the complaints had been directed against the local police, rather than the elite national riot force known as the C.R.S., but said that a lack of ethnic diversity was reducing the credibility of all branches of the security forces.

"We're not looking for minorities, we're looking for the best officers," said Cmdr. Pierre Marchand-Lacour, who has been coordinating the C.R.S. response from the central police directorate in Bobigny. Born in Guadeloupe, a French island in the Caribbean, Mr. Marchand-Lacour is of mixed race. If there were more diversity, he said, "It could be one way of stabilizing the situation." But France's creed of equality means that the society practices almost no affirmative action for minorities.

A report last year by Azouz Begag, then a researcher and now the minister for equal opportunity, showed that less than 1 percent of France's 1,800 police chiefs were of immigrant background. In the C.R.S., about 3 percent of all officers are of North African descent, officers estimate, compared with about 10 percent in the French population.

As the disturbances that started outside Paris on Oct. 27 spread across France, police officers and the state institutions they are to protect appear increasingly to have lost their authority over the community, government officials and police experts added.

Officers lament that the government has cut back the police presence in difficult neighborhoods. They say youths attacking in small, mobile groups - guerrilla-style - have made it harder for officers to follow, find and arrest them.

Interior Minister Nicolas Sarkozy, whose hard-line rhetoric has been criticized even inside the police departments for stoking aggression, is also on the firing line.

"It's too easy to get young people all excited, and then go home to bed," Francis Masanet, deputy leader of the UNSA-Police union, said last week in remarks aimed at Mr. Sarkozy. "We are facing this situation 24 hours a day."

On Sunday night in the ragged Paris suburb of Champigny-sur-Marne, officers said they were changing tactics because the riots required a long-term response.

Riot police commandos have decided to adapt to the mobile tactics of the rioters, Capt. Luc Larcher, spokesman for the C.R.S., explained. Rather than forming the traditional rows of human chains, two or three agents move in nimble units better geared to pursue youths in the mazelike housing projects and make arrests.

The police have shown restraint in clashes over the past week and a half of disturbances, even as they have been attacked with everything from rocks to baseball bats to gunfire. A police officer interviewed on France Inter radio on Monday said the physical attacks against the police - and firefighters - were among the worst France had experienced.

Sgt. Arnaud Brunet, patrolling in Champigny-sur-Marne, said he found the situation unnerving. A native of Normandy, Sergeant Brunet graduated last year from a police academy in Brittany before being sent to work in the Paris area. He looked fatigued in the harsh searchlights illuminating the sidewalk outside the station. Earlier, from a residential tower, a lone voice, barely audible, had shouted, "Death to the police!"

The Paris suburbs, Sergeant Brunet acknowledged, were "a real culture shock."

Distaste for the police in France has roots in clashes between demonstrators and the police in the 1960's, historians say. Those clashes, notably during demonstrations against the war in Algeria in 1965 and then during the student-worker protests in 1968, caused a rift between civil society and the police, and gave a lasting stigma to the police.

"The 1960's were the end of the neighborhood cop in France," said Cmdr. Alain Jackel, who leads the C.R.S. commandos in Champigny-sur-Marne. "Until then, police officers would leave their house in the morning in uniform. Today they change at the police station."

But several police officers interviewed on patrol said it was not important to be popular.

"We are not here to be loved, we have a job to do," said Captain Larcher as he drove a civilian police car through the suburbs, deliberately leaving a small police light in the window turned off to avoid drawing attention.

Commander Jackel warned that nerves were fraying among the police, even among the well-trained C.R.S. "Officers are getting tired," he said. "The risk is that at the end of a few more days, as fatigue deepens, somebody will lose that restraint."

    Suburban Officers Criticized as Insensitive to Racism, NYT, 7.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/08/international/europe/08police.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


French President Jacques Chirac awaits the arrival of Latvian President Vaira Vike-Freiberga for a meeting at the Paris Elysee Palace.

Jacky Naegelen/Reuters        November 7, 2005

First Death Is Reported in Paris Riots as Arson Increases
The New York Times        7.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/07/international/europe/07cnd-france.html?hp&ex=
1131426000&en=165b4421caeda67a&ei=5094&partner=homepage 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

First Death Is Reported in Paris Riots as Arson Increases

 

November 7, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Monday, Nov. 8 - France's urban unrest claimed its first life today when a 61-year-old man died of injuries sustained last week when he was beaten by a hooded youth in the Parisian suburb of Stains .

The man, Jean-Jacques Le Chenadec, had been in a coma since he was attacked while talking with a neighbor about their cars near a working-class housing development.

Word of his death came after nearly two week of unrest escalated late Sunday, when rioters fired shotguns at the police in a working-class suburb of Paris, wounding 10 officers. The police arrested 395 people across the country overnight, the chief of the French national police, Michel Gaudin, said at a news briefing in Paris.

On Sunday night alone, the authorities said, more than 1,400 vehicles were burned in 274 towns across the country. The destruction stretched into the heart of Paris, where 35 vehicles were destroyed, and touched almost every major city in France.

The violence, which has become one of the most serious challenges to governmental authority here in nearly 40 years, shows no sign of abating. Indeed, the situation has become so urgent that President Jacques Chirac called an emergency meeting of top security officials Sunday evening and promised increased police pressure to confront the violence.

Several countries, including Australia, Austria, Britain and Germany, advised their people to exercise caution in France, joining the United States and Russia in warning tourists to stay away from areas of unrest, news agencies reported.

And what appeared to be a copycat attack has taken place outside France for the first time, with the Belgian police reporting today that five cars had been burned outside the main train station in Brussels.

On Sunday, the 11th night of violence in France, was the first that police officers had been wounded by gunfire. Two officers were hospitalized, but their lives were not in danger, the police said.

While there had been earlier reports of rioters firing weapons, the shootings on Sunday marked the first time that police officers had been wounded by weapons since the riots began; 77 members of the police and 31 firemen have been injured since the disturbances began on Oct. 27 after two youths hiding from the police were accidentally electrocuted.

Since then, nearly 5,000 vehicles have been destroyed, along with dozens of public buildings and private businesses.

The unrest sparked by the deaths of the two teenagers, one of Mauritanian origin and the other of Tunisian origin, reflects longstanding anger among many immigrant families over joblessness and discrimination.

"This is just the beginning," said Moussa Diallo, 22, a tall, unemployed French-African man in Clichy-sous-Bois, the working-class Parisian suburb where the violence started Oct. 27. "It's not going to end until there are two policemen dead." He did not say whether he had taken part in the vandalism.

Fires were burning in several places Sunday night and hundreds of youths were reported to have clashed with the police in Grigny, a southern suburb of Paris, where the shooting took place. On Saturday night, a car was rammed into the front of a McDonald's restaurant in the town.

"We have 10 policemen that were hit by gunfire in Grigny, and 2 of them are in the hospital," a national police spokesman, Patrick Hamon, said this morning.

He said one of the officers hospitalized had been hit in the neck and the other in the leg, but that neither wound was considered life-threatening.

Rampaging youths have attacked the police, property and ordinary people in cities as far away as Toulouse and Marseille and in the resort towns of Cannes and Nice in the south, the industrial city of Lille in the north and Strasbourg to the east.

In the northern Paris suburb of Sevran, a 56-year-old handicapped woman was hospitalized with severe burns last week she received when could not get off a bus that had been doused with gasoline and set on fire by rioters.

In the northern suburb of Aubervilliers, a reporter for a South Korean television station was beaten unconscious over the weekend, Agence France-Presse reported, though colleagues said she was expected to be released from the hospital soon.

At least two churches have been damaged, the police said, one in southern France and the other in Lens in the north.

In Évreux, 60 miles west of Paris, shops, businesses, a post office and two schools were destroyed, along with at least 50 vehicles, in Saturday night's most concentrated attacks. Five police officers and three firefighters were injured in clashes with young rioters, a national police spokesman said.

Despite help from thousands of reinforcements, the police appeared powerless to stop the mayhem. As they apply pressure in one area, the attacks slip away to another.

On Sunday, a gaping hole exposed a charred wooden staircase of a smoke-blackened building in the historic Marais district of Paris, where a car was set ablaze the previous night.

Florent Besnard, 24, said he and a friend had just turned into the quiet Rue Dupuis when they were passed by two running youths. Within seconds, a car farther up the street was engulfed in flames, its windows popping and tires exploding as the fire spread to the building and surrounding vehicles.

"I think it's going to continue," said Mr. Besnard, who is unemployed.

The attack angered people in the neighborhood, which includes the old Jewish quarter and is still a center of Jewish life in the city.

"We escaped from Romania with nothing and came here and worked our fingers to the bone and never asked for anything, never complained," said Liliane Zump, a woman in her 70's, shaking with fury on the street outside the scarred building.

While the arson is more common than in the past, it has become a feature of life in the working-class suburbs, peopled primarily by North African and West African immigrants and their French-born children. Unemployment in the neighborhoods is double and sometimes triple the 10 percent national average, while incomes are about 40 percent lower.

While everyone seems to agree that the latest violence was touched off by the deaths of the teenagers, the unrest no longer has much to do with the incident.

"It was a good excuse, but it's fun to set cars on fire," said Mohamed Hammouti, a 15-year-old boy in Clichy-sous-Bois, sitting Sunday outside the gutted remnants of a gymnasium near his home. He said he had not participated in any violence.

Most people said they sensed that the escalation of the past few days had changed the rules of the game: besides the number of attacks, the level of destruction has grown sharply, with substantial businesses and public buildings going down in flames. Besides the gunfire on Sunday, residents of some high-rise apartment blocks have been throwing steel boccie balls and improvised explosives at national riot police officers patrolling below.

In Évry, south of Paris, the police discovered what they described as a firebomb factory in a building where about 150 bombs were being constructed, a third of them ready to use. Six minors were arrested.

Many politicians have warned that the unrest may be coalescing into an organized movement, citing Internet chatter that is urging other poor neighborhoods across France to join in.

The Justice Ministry announced that it had arrested three youths who had called for rioting and attacks on the police on their Web sites, though it stressed that the three did not know each other.

No one has emerged to take the lead like Daniel Cohn-Bendit, known as Danny the Red, did during the violent student protests that rocked the French capital in 1968.

Though a majority of the youths committing the acts are Muslim, and of African or North African origin, the mayhem has yet to take on any ideological or religious overtones. Youths in the neighborhoods say second-generation Portuguese immigrants and even some children of native French have taken part.

In an effort to stop the attacks and distance them from Islam, France's most influential Islamic group issued a religious edict, or fatwa, condemning the violence.

"It is formally forbidden for any Muslim seeking divine grace and satisfaction to participate in any action that blindly hits private or public property or could constitute an attack on someone's life," the fatwa said, citing the Koran and the teachings of Muhammad.

Young people in the poor neighborhoods incubating the violence have consistently complained that police harassment is mainly to blame. "If you're treated like a dog, you react like a dog," Mr. Diallo, whose parents came to France from Mali decades ago, said in Clichy-sous-Bois.

The youths have singled out the French interior minister, Nicolas Sarkozy, complaining about his zero-tolerance anticrime drive and dismissive talk. (He famously called troublemakers in the poor neighborhoods dregs, using a French slur that offended many people.)

But Mr. Sarkozy has not wavered, and after suffering initial isolation within the government, with at least one minister openly criticizing him, the government has closed ranks around him. Mr. Chirac, who is under political and popular pressure to stop the violence, said Sunday that those responsible for it would face arrest and trial, echoing earlier vows by Mr. Sarkozy. More than 500 people have been arrested, some as young as 13.

"The republic is completely determined to be stronger than those who want to sow violence or fear," Mr. Chirac said at a news conference in the courtyard of Élysée Palace after meeting with his internal security council. "The last word must be from the law."

The government response is as much a test between Mr. Sarkozy and Prime Minister Dominique de Villepin, both of whom want to succeed Mr. Chirac as president, as it is a test between the government and disaffected youths.

Mr. Villepin, a former foreign minister, has focused on a more diplomatic approach, consulting widely with community leaders and young second-generation immigrants to come up with a promised "action plan" that he said would address frustrations in the underprivileged neighborhoods. He has released no details of the plan.

If the damage escalates and sympathy for the rioters begins to fray, Mr. Sarkozy could well emerge the politically stronger of the two.

Thomas Crampton and Ariane Bernard contributed reporting for this article.

    First Death Is Reported in Paris Riots as Arson Increases, The New York Times, 7.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/07/international/europe/07cnd-france.html?hp&ex=1131426000&en=165b4421caeda67a&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

First fatality as French rioting worsens

 

Mon Nov 7, 2005 1:01 PM ET
Reuters
By Anna Willard and Franck Prevel

 

GRIGNY, France (Reuters) - Rioters shot at police and torched more than 1,400 cars in the worst violence since unrest erupted in France's poor suburbs 11 days ago, and a man beaten by a youth became the first fatality on Monday.

The rioters threw firebombs at two churches and attacked three schools on Sunday night, police said, hours after President Jacques Chirac vowed to defeat the troublemakers.

The new violence prompted warnings that the unrest which began on October 27 could damage investment and tourism in France and fueled calls for the conservative government to take tougher action, including sending the army into riot-hit areas.

"This is real, serious violence. It's not like the previous nights. I am very concerned because this is mounting," said Bernard Franio, head of police for the Essonne area south of Paris, after about 200 youths attacked his colleagues in Grigny.

One of France's Muslim organizations, reacting to official suggestions that Islamist militants might be orchestrating some of the protests, issued a fatwa against the unrest but violence hit a new level overnight.

In the most serious incident, youths at a housing estate in Grigny, south of Paris, ambushed police with rocks, petrol bombs and guns.

Thirty-six police were hurt in the latest clashes, including two who were seriously wounded after being hit by shotgun pellets fired at them in Grigny.

A policeman at the scene held up a shotgun cartridge for cameras. Rioters fired live rounds at police and fire crews on Wednesday night, but no injuries were reported.

"There were burned cars all over the place and helicopters circling overhead," said Yvonne Roland, who has lived in Grigny for 25 years. "Burning cars make a big impression, the flames were really high. It made you feel like you were in a war zone."

 

FIRST DEATH

The first fatality in the 11 days of violence was Jean-Jacques Le Chenadec, who died after being beaten on Friday in the northern Paris suburb of Stains, hospital officials and an Interior Ministry spokesman said.

The newspaper Le Parisien said the victim was 60 and had been in a coma since he was beaten outside his home on Friday.

Police said 1,408 vehicles were set ablaze and 395 people arrested overnight. The provincial cities of Marseille, Saint-Etienne, Toulouse, Metz and Lille were the worst affected.

The government has struggled to shape a response that could halt the riots, sparked by frustration among ethnic minorities over racism, unemployment and harsh treatment by police.

The United States has warned citizens to avoid areas hit by unrest and other countries have urged visitors to show caution. There have been some acts of arson abroad, including cars set on fire in Brussels and Berlin, but riots have not spread there.

The Action Police CFTC union urged the French government to impose a curfew on riot-hit areas and call in the army to control the youths -- poor whites as well as French-born citizens of Arab or African origin complaining of racism.

"Nothing seems to be able to stop the civil war that spreads a bit more every day across the whole country," the CFTC said in a statement. "The events we're living through now are without precedent since the end of the Second World War."

The mayor of Raincy, east of Paris, declared a night curfew for unaccompanied youths under the age of 18, the first such act since the unrest began with the accidental electrocution of two youths fleeing police outside Paris.

Far-right leader Jean-Marie Le Pen said there was a danger of civil war. Michel Pajon, Socialist mayor of Noisy-le-Grand north of Paris, demanded army intervention in riot-hit areas.

But national police chief Michel Gaudin refused to be drawn into comparisons between this surge of violence and protests that shook France in 19q68.

The head of France's main employers' group expressed concern about the impact the unrest could have on tourism and investment in France, where sluggish growth is stifling job creation.

"France's image has been deeply damaged," Laurence Parisot told Europe 1 radio.

Interior Minister Nicolas Sarkozy's tough line has been widely criticized but demands by Chirac that order be restored before any other measures are taken appeared to endorse him.

Police said youths torched a bus in Saint-Etienne in central France, injuring the driver and a passenger, and that rioters threw petrol bombs into a primary school in the eastern city of Strasbourg. Two other schools were also attacked, police said.

At Lens in the north and Sete in the south, firebombs were thrown at churches, he said.

(Additional reporting by Tom Heneghan and Eric Faye in Paris)

    First fatality as French rioting worsens, Reuters, Mon Nov 7, 2005 1:01 PM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-07T175351Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

Spreading French riots worry tourism industry

 

Mon Nov 7, 2005 11:56 AM ET
Reuters
By Kerstin Gehmlich

 

PARIS (Reuters) - French restaurant owners and shopkeepers fear violence in poor suburbs of Paris and major cities will damage France's image and keep foreigners away from the world's top travel destination.

The United States has warned citizens to avoid the run-down suburbs hit by unrest since October 27. Calls for caution have also come from countries including Australia, Canada, Britain, Russia and the Netherlands.

"It's really worrying. The tourists will stay away," said John Diaz, polishing miniature models of the Eiffel Tower in his souvenir shop next to Notre Dame Cathedral.

"Lots of people have come in here and asked me whether it is safe to go to the Eiffel Tower. This is really hurting the city's image," said Diaz, who has run his shop for 14 years.

The riots started when two teenagers were accidentally electrocuted while apparently fleeing police in a Paris suburb and has since spread to other French cities.

There has been little violence in Paris itself but more than 30 cars were torched in the capital at the weekend.

Tourism Minister Leon Bertrand said the riots could damage France's reputation if they lasted.

"It is clear that if this movement -- which has already lasted 11 days -- continues, we will have to address concerns about our image," Bertrand told Reuters.

Tourism is a major employer in France, accounting for some 6.5 percent of French gross domestic product. Foreigners spent some 33 billion euros in France last year, official data shows.

The industry was hit two years ago, when France's opposition to the U.S. war in Iraq, lingering effects of the September 11, 2001 attacks in the United States, and economic woes led to a fall in foreign visitors.

Bertrand sought to assuage fears, saying France remained a safe place to visit.

"The situation is not alarming. The places that have been affected at night are not normally frequented by tourists. No tourist has had any difficulties yet," he said. "France remains a safe destination in terms of tourism, despite everything."

 

"BAD FOR BUSINESS"

Officials at the Eiffel Tower, which attracts about 6 million tourists each year, said they had not noticed any fall in visitor numbers since the riots started.

Accor, Europe's largest hotel group, which has hotels from its Novotel, Etap, Ibis and Formule 1 chains located in the Paris suburbs, said it was mainly business as usual.

"We have noticed a slight drop in business this weekend in the hotels in the suburbs north of Paris. We are only talking about a dozen hotels," an Accor spokesman said.

"We have had cancellations or postponements of holidays, most notably by groups of tourists from Asia," he said, adding the company had reinforced security at its hotels, deploying more guard dogs around buildings and car parks.

Restaurant managers said that while the effect of the riots would be felt much more slowly, morale was already down.

"It's the first subject of conversation, even before the weather. That's bad for atmosphere and for business," said Francois, manager of a small cafe in the center of Paris, serving lunch to a group of Japanese and U.S. tourists.

American Norma Menaker, one of about 75 million people who travel to France each year, said she was not worried at all about walking the streets of Paris.

"Our friends told us to be careful. But these are areas we are not very likely to go to. In New York, you would not necessarily go to the Bronx as a tourist," said Menaker, who is from New Jersey.

(Additional reporting by Caroline Brothers)

    Spreading French riots worry tourism industry, Reuters, Mon Nov 7, 2005 11:56 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-07T165545Z_01_MOL758233_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

Anti-riot fatwa in France sparks feud

 

Mon Nov 7, 2005 11:04 AM ET
Reuters
By Tom Heneghan

 

PARIS (Reuters) - France's main Muslim organizations feuded on Monday over a fatwa one group issued against rioting after officials suggested Islamist militants might be fanning unrest across the country.

The Union of French Islamic Organisations (UOIF), a large group linked to the Muslim Brotherhood, quoted the Koran and the Prophet Mohammad to support the religious edict issued late on Sunday condemning the chaos and destruction the unrest caused.

But Dalil Boubakeur, head of France's Muslim Council and rector of the moderate Grand Mosque of Paris, denounced the move on Monday as equating Islam with vandalism and blaming all Muslims for the rioting whether they were involved or not.

"It is formally forbidden to any Muslim seeking divine grace and satisfaction to participate in any action that blindly hits private or public property or could constitute an attack on someone's life," the UOIF fatwa said.

"Contributing to such exactions is an illicit act," declared the edict, which said it was applicable to "any Muslim living in France, whether a citizen or a guest of France."

The rioters are mostly French-born youths of Arab or African origin, many of them Muslim, who say racial bias condemns them to unemployment in the rundown suburbs around main cities. France's 5 million Muslims make up 8 percent of the population.

 

SURPRISE AND REGRET

The sight of imams and local Muslim leaders in the suburbs calming down angry teenagers who reject all other authority has prompted French officials to warn that Islamic extremists might exploit a power vacuum to gain control over some suburbs.

Boubakeur, a political ally of President Jacques Chirac, said "many Muslims are surprised and regret that, in these dramatic and reprehensible circumstances, some Muslim organisations such as the UOIF think they can invoke God's name in a call for calm.

"We urge strict respect for French law," he said in a pointed jab at the UOIF for not mentioning law in its fatwa.

Reflecting how sensitive the issue is, UOIF Secretary General Fouad Alaoui was grilled on radio and television on Monday by journalists asking why his group made the appeal on religious grounds rather than on the basis of secular law.

"The fatwa is meant to reinforce the law," he argued.

Apart from Interior Minister Nicolas Sarkozy, most French leaders have kept a critical distance from the UOIF because of its links with the Islamist Muslim Brotherhood. Sarkozy is the only minister who has ever gone to the UOIF annual congress.

But many influential grassroots Muslim groups in the riot-hit suburbs are closer to the UOIF than other national Muslim groups and enjoy more influence than local officials.

Anthropologist Dounia Bouzar, a former member of the Muslim Council board, said local authorities often had to turn to these groups for help because social workers had lost all authority.

"That's not so bad in itself, but what bothers me is that the officials stubbornly avoid asking themselves questions about this phenomenon," she told the daily La Croix.

    Anti-riot fatwa in France sparks feud, Reuters, Mon Nov 7, 2005 11:04 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-07T160415Z_01_MOL757799_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

Chirac vows to restore order

 

LIBERTÉ? French Muslims banned from wearing headscarves in school.
ÉGALITÉ? France's non-whites twice as likely to be unemployed.
FRATERNITÉ? French government admits integration policies have failed.
RÉALITÉ: Riots erupt for eleventh night.

 

Published: 07 November 2005
The Independent
By John Lichfield in Paris

 

Almost 1,300 cars were burnt across France on Saturday night ­ a new record ­ as copycat riots by gangs of disaffected and criminal youths broke out in towns from the Belgian border to the Mediterranean coast, and from Alsace to Normandy. Riots erupted in France last night for the 11th day after a weekend in which cars were set alight in central Paris and the clashes spread to poor districts in towns across the nation.

President Jacques Chirac said after a meeting of ministers and advisers: " The Republic is quite determined, by definition, to be stronger than those who want to sow violence or fear. The law must have the last word."

Last night 10 policemen were injured, two of them seriously, when youths opened fire with a shotgun in the Essonne region south of Paris. In Saint-Etienne, southern France, youths seized a bus and ordered passengers to get off before torching the vehicle, injuring the driver and a passenger, while in eastern Strasbourg, rioters threw Molotov cocktails into a primary school, and in Toulouse, a car was pushed towards the entrance of a metro tunnel. Police said that at least 300 cars wereer torched and 37 people had been arrested across the country.

Saturday night's incidents in the centre of Paris, in which 32 cars were burnt and 30 youths arrested, marked a new and disturbing escalation after nearly two weeks of intensifying riots.

Almost 1,300 cars were burnt across France on Saturday night ­ a new record ­ as copycat riots by gangs of disaffected and criminal youths broke out in towns from the Belgian border to the Mediterranean coast, and from Alsace to Normandy.

The worst -hit provincial town was Evreux, in upper Normandy, where 100 youths fought with police. A shopping mall, a post office, two schools and 50 cars were destroyed by fire.

In the Paris suburbs, two nursery schools were burnt to the ground. A McDonald's restaurant and a gymnasium disappeared in flames after being rammed by blazing cars.

In Evry, south of Paris, police discovered a Molotov cocktail factory in a disused police station. Six teenagers were arrested. Sixty litres of petrol and 150 bottles, a third of them filled and ready to be used, were seized.

Small gangs of rioters entered the city of Paris for the first time on Saturday night and hurled petrol bombs at parked cars. Two of the attacks took place on the northern outskirts of the capital, and one gang set fire to half a dozen cars close to the offices of the Libération newspaper, near the Place de la République in the centre of the city. Despite the worst destruction since the riots began, a police spokesman called for a sense of proportion. He said: "It's 211 districts out of 36,000, so France is not burning."

The Prime Minister, Dominique de Villepin, said the government would step up security. A total of 2,300 extra officers had already been drafted in. " We cannot accept any 'no-go' areas," M. de Villepin said, adding that he would announce plans for the country's underprivileged suburbs on television today.

Police said they had been expecting small raids but thought serious outbreaks of violence in the capital were unlikely. The multiracial suburban gangs which are mostly responsible for the 12 days of rioting prefer to operate within their own territory where they are not so vulnerable to arrest, the police said.

For a beleaguered and muddled government, there were signs of hope at the weekend. In two Paris suburbs, young arsonists were seized by older residents and handed to the police: the first signs of a revolt against the revolt by people who are the primary victims of the riots.

People of all races and religions marched silently through three suburban towns on Saturday, calling for a return to calm and common sense. The parents of two teenage boys whose deaths sparked the original unrest in Clichy-sous-Bois, north-east of Paris, put out a moving and dignified statement. "We call for tempers to cool down and for an end to all violence and for a return to a sense of civic duty on all sides. France does not deserve this," said the families of Bouna Traore and Zyed Benna, who died after they climbed into an electricity sub-station to escape a police identity check.

It remains to be seen how far such appeals will influence the youths. Although the Interior Minister, Nicolas Sarkozy, has spoken darkly of " organisation" of the riots by drugs barons or Islamist radicals, police chiefs and social workers dismiss such claims. Police intelligence experts say that almost all of the violence is coming from known gangs, with help from other local youths, some as young as 10 or 12. There can be no co-ordination between the gangs in different cités (housing estates), they say, because they detest each other as much as they detest the police.

The Union of French Islamic Organisations issued a fatwa against rioting after officials suggested that Muslim militants could be partly to blame.

The violence is a statement of anger and rejection against mainstream French society but also reflects a determination by each local gang in the Paris suburbs ­ and now in disadvantaged quartiers across the nation ­ to have its night of bonfires and its name on the television news.

Weeks ago, M. Sarkozy talked of "cleaning out" the violent youth gangs with a Karcher, or high-powered hose. After the deaths in Clichy, he described the gangs as racaille, or scum. The youths setting fire to their own brothers' and sisters' schools, or their neighbours' cars, are part of a multiracial under-class of 15- to 22-year-olds whose only currencies are drugs and violence. They are determined to show M. Sarkozy that they will not be "cleaned out" so easily.

There were new calls over the weekend, from left-wing politicians and community leaders in the suburbs, for M. Sarkozy to resign. In an article in Le Monde, M. Sarkozy said he had no intention of doing so. If his approach failed, he said, the law of drugs barons and Islamists would prevail. An opinion poll in Le Parisien newspaper suggested M. Sarkozy remained popular.

Almost 1,300 cars were burnt across France on Saturday night ­ a new record ­ as copycat riots by gangs of disaffected and criminal youths broke out in towns from the Belgian border to the Mediterranean coast, and from Alsace to Normandy.
Riots erupted in France last night for the 11th day after a weekend in which cars were set alight in central Paris and the clashes spread to poor districts in towns across the nation.

President Jacques Chirac said after a meeting of ministers and advisers: " The Republic is quite determined, by definition, to be stronger than those who want to sow violence or fear. The law must have the last word."

Last night 10 policemen were injured, two of them seriously, when youths opened fire with a shotgun in the Essonne region south of Paris. In Saint-Etienne, southern France, youths seized a bus and ordered passengers to get off before torching the vehicle, injuring the driver and a passenger, while in eastern Strasbourg, rioters threw Molotov cocktails into a primary school, and in Toulouse, a car was pushed towards the entrance of a metro tunnel. Police said that at least 300 cars wereer torched and 37 people had been arrested across the country.

Saturday night's incidents in the centre of Paris, in which 32 cars were burnt and 30 youths arrested, marked a new and disturbing escalation after nearly two weeks of intensifying riots.

Almost 1,300 cars were burnt across France on Saturday night ­ a new record ­ as copycat riots by gangs of disaffected and criminal youths broke out in towns from the Belgian border to the Mediterranean coast, and from Alsace to Normandy.

The worst -hit provincial town was Evreux, in upper Normandy, where 100 youths fought with police. A shopping mall, a post office, two schools and 50 cars were destroyed by fire.

In the Paris suburbs, two nursery schools were burnt to the ground. A McDonald's restaurant and a gymnasium disappeared in flames after being rammed by blazing cars.

In Evry, south of Paris, police discovered a Molotov cocktail factory in a disused police station. Six teenagers were arrested. Sixty litres of petrol and 150 bottles, a third of them filled and ready to be used, were seized.

Small gangs of rioters entered the city of Paris for the first time on Saturday night and hurled petrol bombs at parked cars. Two of the attacks took place on the northern outskirts of the capital, and one gang set fire to half a dozen cars close to the offices of the Libération newspaper, near the Place de la République in the centre of the city. Despite the worst destruction since the riots began, a police spokesman called for a sense of proportion. He said: "It's 211 districts out of 36,000, so France is not burning."

The Prime Minister, Dominique de Villepin, said the government would step up security. A total of 2,300 extra officers had already been drafted in. " We cannot accept any 'no-go' areas," M. de Villepin said, adding that he would announce plans for the country's underprivileged suburbs on television today.

Police said they had been expecting small raids but thought serious outbreaks of violence in the capital were unlikely. The multiracial suburban gangs which are mostly responsible for the 12 days of rioting prefer to operate within their own territory where they are not so vulnerable to arrest, the police said.

For a beleaguered and muddled government, there were signs of hope at the weekend. In two Paris suburbs, young arsonists were seized by older residents and handed to the police: the first signs of a revolt against the revolt by people who are the primary victims of the riots.

People of all races and religions marched silently through three suburban towns on Saturday, calling for a return to calm and common sense. The parents of two teenage boys whose deaths sparked the original unrest in Clichy-sous-Bois, north-east of Paris, put out a moving and dignified statement. "We call for tempers to cool down and for an end to all violence and for a return to a sense of civic duty on all sides. France does not deserve this," said the families of Bouna Traore and Zyed Benna, who died after they climbed into an electricity sub-station to escape a police identity check.

It remains to be seen how far such appeals will influence the youths. Although the Interior Minister, Nicolas Sarkozy, has spoken darkly of " organisation" of the riots by drugs barons or Islamist radicals, police chiefs and social workers dismiss such claims. Police intelligence experts say that almost all of the violence is coming from known gangs, with help from other local youths, some as young as 10 or 12. There can be no co-ordination between the gangs in different cités (housing estates), they say, because they detest each other as much as they detest the police.

The Union of French Islamic Organisations issued a fatwa against rioting after officials suggested that Muslim militants could be partly to blame.

The violence is a statement of anger and rejection against mainstream French society but also reflects a determination by each local gang in the Paris suburbs ­ and now in disadvantaged quartiers across the nation ­ to have its night of bonfires and its name on the television news.

Weeks ago, M. Sarkozy talked of "cleaning out" the violent youth gangs with a Karcher, or high-powered hose. After the deaths in Clichy, he described the gangs as racaille, or scum. The youths setting fire to their own brothers' and sisters' schools, or their neighbours' cars, are part of a multiracial under-class of 15- to 22-year-olds whose only currencies are drugs and violence. They are determined to show M. Sarkozy that they will not be "cleaned out" so easily.

There were new calls over the weekend, from left-wing politicians and community leaders in the suburbs, for M. Sarkozy to resign. In an article in Le Monde, M. Sarkozy said he had no intention of doing so. If his approach failed, he said, the law of drugs barons and Islamists would prevail. An opinion poll in Le Parisien newspaper suggested M. Sarkozy remained popular.

    Chirac vows to restore order, The Independent, 7.11.2005, http://news.independent.co.uk/europe/article325217.ece

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Un centre commercial détruit par un incendie à Evreux.
Les violences urbaines se sont poursuivies dans la nuit de dimanche à lundi - soit la 11e nuit consécutive -
dans la Région parisienne et dans nombre de villes de province,
et les incidents les plus graves ont été signalés à Grigny dans l'Essonne où des émeutiers ont tiré sur les forces de l'ordre.
Reuters / Libération

Policiers blessés à Grigny, écoles et tramways incendiés...
Dans la nuit de dimanche à lundi, la police a recensé 1.408 véhicules incendiées et 395 personnes interpellées
Deux policiers ont été atteints par des tirs de grenaille à Grigny (Essonne)

par Patricia TOURANCHEAU
LIBERATION.FR : lundi 07 novembre 2005 - 12:59
http://www.liberation.fr/page.php?Article=336392

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'homme agressé à Stains vendredi est mort

 

07.11.2005 | 19h11
AFP

 

Jean-Jacques Le Chenadec, 61 ans, victime d'une agression qui pourrait être liée aux violences urbaines vendredi soir à Stains (Seine-Saint-Denis), est décédé lundi, a annoncé sa veuve qui a été reçue par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Pour Nicole Le Chenadec, cette agression était "une vengeance". "Mon mari se faisait provoquer par des jeunes depuis un an. Ca ne vient pas forcément des émeutes qui se déroulent actuellement en France", a-t-elle déclaré dans la soirée à la presse à son domicile de Stains.

Mme Le Chenadec a également fait part de ses craintes "de débordements" à l'occasion d'un rassemblement à la mémoire de son mari prévu lundi soir à Stains.

"Je souhaite que ces personnes soient punies", avait-elle dit dans la matinée au ministre de l'Intérieur. Le ministre "avec qui je suis de tout coeur, a promis qu'il ferait tout son possible pour nous aider", avait-elle ajouté.

Encore handicapé par l'agression dont il a été victime en même temps que Jean-Jacques Le Chenadec, un voisin, Jean-Pierre Moreau, le cou enserré dans une minerve, a expliqué que l'auteur de l'agression leur avait demandé de quoi ils parlaient. "Lorsqu'on lui a répondu qu'on parlait de nos voitures, il a balancé un coup de poing à Jean-Jacques qui est tombé à la renverse", a-t-il dit.

Selon les premiers éléments de l'enquête, les deux hommes, membres du conseil syndical de leur immeuble, étaient intervenus une heure avant l'agression mortelle au même endroit pour une dégradation de poubelles. Ils auraient alors essuyé quelques jets de pierre, avait indiqué samedi une source policière.

Pour Jean-Pierre Moreau, l'auteur de ce coup de poing et celui qui l'accompagnait sont "des lâches". "Il est venu vers nous le visage caché sous son capuchon, la tête baissée comme un vieillard de 90 ans, c'était prémédité", a-t-il dit.

La police judiciaire de Seine-Saint-Denis a lancé lundi un apppel à témoin, demandant "à toutes personnes susceptibles de communiquer des renseignements en relation avec les faits de contacter" la section criminelle du Service départemental de police judiciaire de Seine-Saint-Denis (SDPJ 93) au 01.41.60.31.10. L'anonymat des témoins pourra être conservé à leur demande.

    L'homme agressé à Stains vendredi est mort, AFP, AFP 07.11.05 | 19h11,  http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26018649@7-37,0.html

 

 

 

 

 

Le jeune brûlé de Clichy-sous-Bois demande l'arrêt des violences

 

07.11.2005 | 18h57
AFP

 

Le jeune Muhittin Altun, gravement brûlé en se réfugiant avec ses deux camarades dans un transformateur électrique le 27 octobre à Clichy-sous-Bois, a appelé lundi, depuis son lit d'hôpital, à "l'arrêt" des violences urbaines, dans une déclaration communiquée à l'AFP par l'un de ses avocats.

"Tout ce qui se fait, les violences, c'est pas bien, parce que cela ne fera pas revenir mes copains", dit le jeune de 17 ans dans cette déclaration lue par Me Jean-Pierre Mignard.

Ses deux amis, Zyed Benna et Bouna Traore, sont morts électrocutés après que les trois jeunes avaient pénétré dans un transformateur électrique alors qu'ils se croyaient poursuivis par la police. Cet accident a déclenché les violences urbaines.

"Il y a à côté de moi une dame qui n'a rien fait et qui a été brûlée. Il faut que cela s'arrête", ajoute le jeune Muhittin.

Il est en effet hospitalisé à l'hôpital parisien Saint-Antoine, dans une chambre proche de celle où se trouve la quinquagénaire handicapée qui a été gravement brûlée au cours de l'attaque d'un autobus par des jeunes mercredi soir à Sevran (Seine-Saint-Denis), a précisé à l'AFP Me Mignard.

Brûlé au troisième degré, Muhittin Altun est touché aux cuisses, aux coudes, aux mains, aux omoplates et à l'aine, selon l'avocat.

    Le jeune brûlé de Clichy-sous-Bois demande l'arrêt des violences, AFP, 07.11.2005 | 18h57, http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-26018527@7-37,0.html



 

 

 

 

 

 

Une nuit avec des "émeutiers" qui ont "la rage"

 

LE MONDE
07.11.2005 | 16h27 • Mis à jour le 07.11.05 | 17h45

 

Dimanche 6 novembre : 20 heures. Abdel, Bilal, Youssef, Ousman, Nadir et Laurent (les prénoms ont été changés) se retrouvent au pied de la barre de dix étages de la cité "112" à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Alors qu'il les rejoint, Rachid, vêtu d'une grosse doudoune, allume une cigarette et met le feu au local de poubelles. "C'est malheureux, mais on n'a pas le choix" , lâche Nadir. Depuis dix jours, le scénario se reproduit quotidiennement. La petite bande de cette cité HLM de la rue Hélène-Cochennec, qui abrite plus d'un millier de locataires, a envie "de tout casser" . Voitures, entrepôts, gymnases sont les cibles de cette colère qui ne répond à aucun mot d'ordre, à aucune organisation.

"Si un jour on s'organise, on aura des grenades, des explosifs, des kalachnikovs... On se donnera rendez-vous à la Bastille et ce sera la guerre" , menacent-ils. Ni caïds ni islamistes ne semblent dicter leur conduite et encore moins les manipuler. Pour l'heure, la bande du 112 agit seule dans son coin : l'"organisation" ressemble davantage à un "apéro" improvisé qu'à une entreprise guerrière. "Chacun amène un truc" , explique Abdel.

"On a plus de révolte que de haine" , déclare Youssef, le plus ancien de la bande. Agé de 25 ans, il dit pourtant s'être "calmé" depuis qu'il s'est fiancé. Il n'empêche, il a toujours "la rage" . Elle vise surtout Nicolas Sarkozy et son vocabulaire "guerrier" : "Puisqu'on est des racailles, on va lui donner de quoi nettoyer au Kärcher à ce raciste. Les mots blessent plus que les coups. Sarko doit démissionner. Tant qu'il ne s'excusera pas, on continuera."

S'ajoute à cette "rage" , l'épisode de la bombe lacrymogène contre la mosquée de Clichy-sous-Bois, il y a une semaine : "Un blasphème" , selon Youssef. "Ça ne se fait pas de gazer des fidèles en train de prier. Ils salissent notre religion." L'enquête judiciaire doit établir si la grenade lacrymogène a été lancée à l'intérieur de la mosquée ou devant son entrée. Tous ces jeunes ont emmagasiné "trop de rancoeur" pour entendre les appels au calme. "C'est comme un chien contre un mur, il devient agressif. On n'est pas des chiens, mais on réagit comme des animaux" , affirme Ousman.

Laurent, 17 ans, le benjamin de la bande, prétend avoir "cramé" une Peugeot 607, à deux pas d'ici, il y a tout juste deux heures. Pour eux, rien de plus simple. Il suffit d'une bouteille en verre remplie d'essence, d'un chiffon en guise de mèche, de briser l'une des vitres et de jeter le cocktail à l'intérieur : en deux minutes, le véhicule s'embrase, quand il n'explose pas.

Pourquoi brûler ces voitures qui, le plus souvent, appartiennent à leur entourage ? "On n'a pas le choix. On est prêts à tout sacrifier puisqu'on n'a rien , se justifie Bilal. On a même brûlé la voiture d'un pote. Ça lui a foutu les boules, mais il a compris."

Le pote en question est là. Il a 21 ans, travaille comme aide cuisinier dans un restaurant du 15e arrondissement de Paris et ne dément pas. Il sort son portable et montre fièrement son fond d'écran : la photo d'une voiture de police en feu saisie il y a quelques mois lors de précédents événements, après la mort d'un jeune d'Aubervilliers. "Tu sais, quand on brandit un cocktail Molotov, on dit au secours. On n'a pas les mots pour exprimer ce qu'on ressent ; on sait juste parler en mettant le feu."

Aucune recette n'échappe à leur quête incendiaire. Ainsi, celle, plus artisanale, "des bombes à acide acheté à Franprix" et bourrées de papier aluminium, utilisées par des gamins de 13 ou 15 ans. "Quand on n'a déjà que la révolte à cet âge, c'est qu'il y a un grave problème" , relève Abdel, qui dit sa "peur de faire des gosses qui seraient formés à la rage" .

20 h 19, une sirène de pompiers retentit. "Les keufs vont arriver. On rentre", ordonne Youssef. La bande s'engouffre dans le hall. Ici, l'ascenseur ne dessert que deux des dix étages que compte le bâtiment : le quatrième et le neuvième.

Au quatrième étage, ils se sentent à l'abri d'un éventuel contrôle de police. Bilal, 21 ans, en sait quelque chose : "Aujourd'hui, j'ai été contrôlé deux fois. Les flics m'ont plaqué au sol en me plantant un flash-ball [arme de poing à balles en caoutchouc] dans la gueule et m'ont insulté." Aussi ne comprennent-ils pas que le gouvernement consacre "des millions d'euros pour équiper la police quand il refuse de donner un sou pour ouvrir un local de jeunes" .

Youssef et sa bande ne sont pas dupes. Ils savent combien la violence qu'ils déchaînent leur porte préjudice. "On n'est pas des casseurs, on est des émeutiers" , se défendent-ils. "On se rassemble tous, pour faire entendre notre révolte" , assurent-ils. Et d'énoncer leur mal-vivre. "Dans la bande, on est tous au chômage, en fin de droits" , déplore Nadir, 24 ans. Comme les autres, il a arrêté sa scolarité à 16 ans après avoir échoué au BEP d'électrotechnique. Depuis, il n'a connu que des petits boulots de manutentionnaire, à charger des palettes. "De toute façon, que veux-tu qu'on fasse d'autre ?" , se résigne-t-il. "Sur 100 CV que j'ai envoyés, j'ai eu trois entretiens. Même avec du piston, on me refoule" , constate-t-il, dépité. Pour eux, l'école n'a jamais servi à rien. "C'est pour ça qu'on les brûle" , lance Bilal.

Et si les formules provocatrices de Nicolas Sarkozy leur avaient fourni l'occasion qu'ils attendaient ? N'ont-elles pas permis de libérer cette "rage" jusque-là contenue ? "On se noie et, au lieu de nous tendre une bouée, ils nous enfoncent la tête dans l'eau ; aidez-nous" , martèlent-ils. Ces jeunes se disent "sans repère" , "incompris" , "victimes de discriminations raciales" , "condamnés à vivre dans des cités insalubres" et "rejetés" . Ils ne dissimulent ni leur satisfaction ni leur "fierté" que les émeutes gagnent l'ensemble du territoire : "Il n'y a pas de concurrence entre les cités. C'est de la pure solidarité."

21 heures. La bande retourne dehors, au bas de la barre. Les pompiers ont éteint le feu de poubelle. Youssef et ses potes s'interrogent : "Qu'est-ce qu'on attend pour aller brûler autre chose ?"

 

 

 

Encadré > Couvre-feu lundi soir au Raincy

Le député, maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis), Eric Raoult, a annoncé avoir pris un arrêté instaurant un "couvre-feu exceptionnel" dans certaines parties de la commune, à partir de ce lundi soir, à compter de "22 ou 23 heures". Il entend réunir ses élus municipaux en fin de journée "pour les informer d'un dispositif spécial de sécurité et d'un arrêté de couvre-feu exceptionnel sur sa ville", précise son communiqué. "J'ai pris cette décision pour éviter un drame. Il y a des risques non négligeables pour les écoles", a commenté M. Raoult par téléphone.


Le député, maire de la ville a aussi l'intention de poursuivre des "patrouilles déjà mises en place depuis plusieurs jours" dans sa ville, "en y associant tous les élus de la ville". Une voiture de la mairie tourne ainsi la nuit dans quelques artères du Raincy "pour signaler à la police municipale, qui transmet à la police nationale", des comportements suspects, a-t-il expliqué, et des agents de sécurité ont été recrutés par la ville pour la surveillance de lieux particuliers. – (Avec AFP.)

 

 

 

Encadré > M. Sarkozy appelle à "l'ordre de la République" contre "l'ordre des bandes"

 

"Ça prendra le temps que ça prendra, mais la République ne peut pas reculer : soit c'est l'ordre de la République, soit c'est l'ordre des bandes", a déclaré le ministre de l'intérieur lors d'une visite à Evreux (Eure), où émeutiers et policiers se sont affrontés dans la nuit de samedi à dimanche. "Rien ne sera possible dans les quartiers en termes de rétablissement de la justice, en termes d'égalité des chances, s'il n'y a pas de rétablissement de l'ordre républicain", a-t-il ajouté à l'hôtel de police, accompagné du président de l'Assemblée nationale et maire d'Evreux, Jean-Louis Debré.


Revenant sur les événements dans cette ville, Nicolas Sarkozy a parlé d'"agressions multiples et organisées qui n'avaient rien de spontané", et stigmatisé "une violence inouïe" en citant le cas d'une policière municipale qui avait eu la mâchoire fracturée par une boule de pétanque. Il a appelé les forces de l'ordre à rester mobilisées "autant de temps qu'il faudra, c'est une question nationale, c'est une question républicaine". – (Avec AFP.)

    Une nuit avec des "émeutiers" qui ont "la rage", Yves Bordenave et Mustapha Kessous, Le Monde, Article paru dans l'édition du 08.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-707261@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Edito du Monde

Fracture urbaine

 

LE MONDE
07.11.2005 | 17h08 • Mis à jour le 07.11.05 | 17h08

 

Sortant d'un silence de dix jours ­ hormis quelques généralités assénées à ses ministres le 2 novembre ­, Jacques Chirac a consenti, au soir du dimanche 6 novembre, à parler aux Français. "Le dernier mot doit revenir à la loi", a martelé le président de la République, en faisant du rétablissement de l'ordre public un "préalable" à la poursuite d'une action pour "l'égalité des chances" . Des mots vagues, formulés d'un ton saccadé, qui ont montré que, si la magie de la parole présidentielle a naguère existé, elle n'opère plus. La onzième nuit de violences urbaines qui a suivi dans les cités a livré sa moisson de voitures brûlées ­ 839 ­avec, de surcroît, des tirs de grenaille contre des policiers. Trente-quatre fonctionnaires de police ont été blessés, dont deux grièvement. L'escalade continue.

Cette explosion de violences dans les banlieues, cette "chienlit urbaine", comme aurait pu dire le général de Gaulle, dressent un implacable constat d'échec des grandes promesses du candidat Chirac qui se promettait, en 1995, de réduire la fracture sociale et, en 2002, d'éradiquer l'insécurité. Le 10 janvier 1995, M. Chirac, alors maire de Paris, publie un livre programme, La France pour tous , qui est un véritable réquisitoire contre un pays qui a laissé se développer la pauvreté, l'exclusion, le chômage, le délabrement des banlieues, en avançant des chiffres qui "en eux-mêmes, n'expriment pas la gravité de la fracture sociale qui menace ­ je pèse mes mots ­ l'unité nationale" . Et le futur président poursuivait : "Dans les banlieues déshéritées règne une terreur molle. Quand trop de jeunes ne voient poindre que le chômage ou des petits stages au terme d'études incertaines, ils finissent par se révolter. Pour l'heure, l'Etat s'efforce de maintenir l'ordre et le traitement social du chômage évite le pire. Mais jusqu'à quand ?"

Le diagnostic de M. Chirac, fondé sur une note de la Fondation Saint-Simon sur "la fracture sociale" , dont l'auteur, Emmanuel Todd, mettait en avant son opposition à l'Europe de Maastricht, était d'une remarquable justesse. Pour guérir cette "France blessée, qui paie par le chômage et l'exclusion la facture de nos conservatismes" , le futur président prescrivait cinq remèdes sous la forme d'engagements : "Redonner à chaque Français sa place et sa chance dans la société, mettre les forces vives de la nation au service de l'emploi, bâtir de véritables solidarités, rendre aux Français la maîtrise de leur destin, garantir l'ordre républicain." Il serait cruel de faire le bilan de chaque engagement, mais en dix ans, qu'il s'agisse de la politique de la ville, de l'intégration ou de l'action contre le chômage, l'Etat a montré son impuissance. Et les cités s'embrasent.

La gauche et la droite portent des responsabilités dans cette déchirure du pacte républicain dans les banlieues. Mais, depuis trois ans, la droite est revenue au pouvoir. Il y a deux ans, le 21 octobre 2003 à Valenciennes, M. Chirac a ressuscité la fracture sociale en évoquant la nécessité de reconquérir les "territoires perdus de la République" . "Ces difficultés, ces drames, cette fracture sociale qui menace de s'élargir en une fracture urbaine, ethnique et parfois même religieuse, ne sont pas des fatalités" , assurait-il. Là encore, le diagnostic était juste et il y a aujourd'hui en France 300 cités sensibles en raison des difficultés d'intégration des jeunes qui connaissent une "fracture urbaine" . Mais M. Chirac n'est plus candidat, il est président. Il n'a plus seulement à diagnostiquer ou à se contenter de donner de tardifs coups de menton sur "la priorité absolue" de l'ordre. Il lui faut agir pour réduire la "fracture urbaine" qu'il a laissé s'élargir.

    Fracture urbaine, Article paru dans l'édition du 08.11.2005, AFP, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-707519@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nouveau bilan record des émeutes urbaines en France

 

07/11/2005 14h08
AFP

 

PARIS (AFP) - La onzième nuit d'émeutes en France a été marquée par l'incendie de 1.408 véhicules et l'interpellation de 395 personnes, le plus lourd bilan depuis le 27 octobre et, pour la première fois, par la part majoritaire prise par la province dans ces violences.

Jean-Jacques Le Chenadec, dans le coma après avoir été victime d'une agression qui pourrait être liée aux violences urbaines vendredi soir à Stains (Seine-Saint-Denis), est décédé lundi, a annoncé sa veuve qui était reçue par le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy.

Les chiffres des violences de la nuit de dimanche à lundi ont été révélés lundi matin, au lendemain de l'appel du président de la République Jacques Chirac au rétablissement de l'ordre public, après les 1.295 véhicules incendiés et 312 personnes interpellées dans la nuit de samedi à dimanche.

La situation dans les banlieues sera débattue mardi à partir de 15H00 par les députés à l'Assemblée, en séance plénière, après une déclaration du Premier ministre Dominique de Villepin.

L'Union des organisations islamiques de France (UOIF) a appelé les jeunes musulmans concernés à "calmer leur colère, à méditer et à se conformer à la fatwa" édictée dimanche, face à ces évènements "graves et répétés".

Selon cette fatwa édictée par l'UOIF, considérée comme proche des Frères musulmans, "il est formellement interdit à tout musulman recherchant la satisfaction et la grâce divine de participer à quelque action qui frappe de façon aveugle des biens privés ou publics ou qui peut attenter à la vie d'autrui". Lundi matin, au cours d'une conférence de presse, le directeur général de la police nationale (DGPN) Michel Gaudin a précisé que la région parisienne avec 426 véhicules incendiés, dont 18 à Paris (741 la nuit précédente, dont 36 à Paris) a été moins touchée que la province où 982 véhicules ont été brûlés (554 la nuit précédente).

"La vague et l'onde de choc" de la région parisienne a gagné la province, a commenté M. Gaudin qui s'exprimait en présence du directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) le général Guy Parayre et du directeur de la défense et de la sécurité civile au ministère de l'Intérieur Christian de Lavernée. 274 communes ont été touchées (211), a ajouté M. Gaudin qui a annoncé que 36 policiers avaient été blessés (21).

Les villes les plus touchées en province, selon le DGPN, sont Marseille, Saint-Etienne, Toulouse et Lille. M. Gaudin a affirmé que les émeutiers ont fait preuve de "volonté anti-institutionnelle", précisant que trois écoles, deux mairies annexes et trois postes de police (Perpignan, Clermont-Ferrand et Nîmes) ont été détruits ou fortement endommagés par le feu. Parmi les policiers blessés, deux ont été la cible de tirs de grenaille à la cité de la Grande Borne à Grigny (Essonne). Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy leur a rendu visite dès dimanche soir à l'hôpital d'Evry où des éclats de plomb leur ont été extraits. M. Sarkozy a déploré que ces tirs de grenaille visaient la tête des policiers avant de se rendre à la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes où des nombreux jets de cocktails molotov ont été lancés tout au long de la soirée. Il avait auparavant visité la direction départementale de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis, où il a souhaité que "l'ordre républicain revienne dans tous les quartiers".

"Sinon, a-t-il dit, ce sera soit l'ordre des bandes, soit l'ordre des mafias, soit un autre ordre". Des jets d'engins incendiaires ont à nouveau été relevés dans de nombreux endroits comme à la Ricamarie (Loire) où un bus a été visé. Deux églises ont par ailleurs été touchées par des engins incendiaires : celle de Saint-Edouard à Lens (Pas-de-Calais) et le presbytère de l'île de Thau à Sète (Hérault). De nombreux établissements scolaires ont été également pris pour cibles : une école maternelle à Nantes, une crèche à Saint-Maurice (Val-de-Marne), une école du quartier à Strasbourg, deux autres à Saint-Etienne.

Un bureau de police à Clermont-Ferrand a été totalement détruit tandis qu'à Perpignan, un véhicule en feu a été projeté sur le poste de police du quartier du Moulin-à-Vent. D'autres bâtiments publics ont été pris pour cibles: à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), un centre social a été ravagé tandis qu'à Trappes (Yvelines) c'est une trésorerie principale qui a été endommagée. Un entrepôt pharmaceutique de Suresnes (Hauts-de-Seine) a été touché. En début de soirée, le président Jacques Chirac était sorti de la réserve qu'il observait depuis onze jours en demandant le "rétablissement de la sécurité et de l'ordre public". M. de Villepin a annoncé "un renforcement des forces de sécurité partout sur le territoire où cela est nécessaire" et une "accélération des procédures de justice" afin notamment de "faire en sorte que les individus interpellés puissent être déférés devant les tribunaux en comparution immédiate".

    Nouveau bilan record des émeutes urbaines en France, AFP, 07/11/2005 14h08, http://www.afp.com/francais/news/stories/051107140851.t5b0bx4x.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A firefighter examined the wreckage of a textile warehouse Sunday in Aubervilliers, a Paris suburb. The building was set ablaze on Friday.

Christophe Simon/Agence France-Presse - Getty Images        7.11.2005

 10 Officers Shot as Riots Worsen in French Cities        NYT        7.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/07/international/europe/07france.html?hp&ex=1131339600&en=5e569e209f289296&ei=5094&partner=homepage 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10 Officers Shot as Riots Worsen in French Cities

 

November 7, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Monday, Nov. 7 - Rioters fired shotguns at the police in a working-class suburb of Paris on Sunday, wounding 10 officers as the country's fast-spreading urban unrest escalated dangerously. Just hours earlier, President Jacques Chirac called an emergency meeting of top security officials and promised increased police pressure to confront the violence.

"The republic is completely determined to be stronger than those who want to sow violence or fear," Mr. Chirac said at a news conference in the courtyard of Élysée Palace after meeting with his internal security council. "The last word must be from the law."

But the violence, which has become one of the most serious challenges to governmental authority here in nearly 40 years, showed no sign of abating, and Sunday was the first day that police officers had been wounded by gunfire in the unrest. More than 3,300 vehicles have been destroyed, along with dozens of public buildings and private businesses, since the violence began.

"This is just the beginning," said Moussa Diallo, 22, a tall, unemployed French-African man in Clichy-sous-Bois, the working-class Parisian suburb where the violence started Oct. 27. "It's not going to end until there are two policemen dead."

He was referring to the two teenage boys, one of Mauritanian origin and the other of Tunisian origin, whose accidental deaths while hiding from the police touched off the unrest, reflecting longstanding anger among many immigrant families here over joblessness and other hardships. Mr. Diallo did not say whether he had taken part in the vandalism.

On Saturday night alone, the tally in the rioting reached a peak of 1,300 vehicles burned, stretching into the heart of Paris, where 35 vehicles were destroyed, and touching a dozen other cities across the country.

Fires were burning in several places on Sunday night and hundreds of youths were reported to have clashed with the police in Grigny, a southern suburb of Paris where the shooting took place. On Saturday night, a car was rammed into the front of a McDonald's restaurant in the town.

"We have 10 policemen that were hit by gunfire in Grigny, and two of them are in the hospital," Patrick Hamon, a national police spokesman, said Monday morning.

He said one of the officers hospitalized had been hit in the neck, the other in the leg, but added that neither wound was considered life-threatening.

Rampaging youths have attacked the police and property in cities as far away as Toulouse and Marseille and in the resort towns of Cannes and Nice in the south, Lille in the north and Strasbourg to the east.

In Évreux, 60 miles west of Paris, shops, businesses, a post office and two schools were destroyed, along with at least 50 vehicles, in Saturday night's most concentrated attacks. Five police officers and three firefighters were injured in clashes with young rioters, a national police spokesman said.

Despite help from thousands of reinforcements, the police appeared powerless to stop the mayhem. As they apply pressure in one area, the attacks slip away to another.

On Sunday, a gaping hole exposed a charred wooden staircase of a smoke-blackened building in the historic Marais district of Paris, where a car was set ablaze the previous night. Florent Besnard, 24, said he and a friend had just turned into the quiet Rue Dupuis when they were passed by two running youths. Within seconds, a car farther up the street was engulfed in flames, its windows popping and tires exploding as the fire spread to the building and surrounding vehicles.

"I think it's going to continue," said Mr. Besnard, who is unemployed.

The attack angered people in the neighborhood, which includes the old Jewish quarter and is still a center of Jewish life in the city. "We escaped from Romania with nothing and came here and worked our fingers to the bone and never asked for anything, never complained," said Liliane Zump, a woman in her 70's, shaking with fury on the street outside the scarred building.

While the arson is more common than in the past, it has become a feature of life in the working-class suburbs, peopled primarily by North African and West African immigrants and their French-born children. Unemployment in the neighborhoods is double and sometimes triple the 10 percent national average, while incomes are about 40 percent lower.

While everyone seems to agree that the latest violence was touched off by the deaths of the teenagers last week, the unrest no longer has much to do with the incident.

"It was a good excuse, but it's fun to set cars on fire," said Mohamed Hammouti, a 15-year-old boy in Clichy-sous-Bois, sitting Sunday outside the gutted remnants of a gymnasium near his home. Like many people interviewed, he denied having participated in the violence.

Most people said they sensed that the escalation of the past few days had changed the rules of the game: besides the number of attacks, the level of destruction has grown sharply, with substantial businesses and public buildings going down in flames. Besides the gunfire on Sunday, residents of some high-rise apartment blocks have been throwing steel boccie balls and improvised explosives at national riot police officers patrolling below.

In the Parisian suburb of Aubervilliers early Sunday, with smoke hanging in the air and a helicopter humming overhead, a helmeted police officer in a flak jacket carried a soft drink bottle gingerly away from where it had landed near he and his colleagues moments before. The bottle, half-filled with a clear liquid and nails, had failed to explode.

Teenagers in neighboring Clichy-sous-Bois said they had seen young men preparing similar devices with acid and aluminum foil. "They make a huge bang," said Sofiane Belkalem, 13.

The police on Sunday discovered what they described as a firebomb factory in a building in Évry, south of Paris, in which about 150 bombs were being constructed, a third of them ready to use. Six minors were arrested.

Many politicians have warned that the unrest may be coalescing into an organized movement, citing Internet chatter that is urging other poor neighborhoods across France to join in. But no one has emerged to take the lead like Daniel Cohn-Bendit, known as Danny the Red, did during the violent student protests that rocked the French capital in 1968.

Though a majority of the youths committing the acts are Muslim, and of African or North African origin, the mayhem has yet to take on any ideological or religious overtones. Youths in the neighborhoods say second-generation Portuguese immigrants and even some children of native French have taken part.

In an effort to stop the attacks and distance them from Islam, France's most influential Islamic group issued a religious edict, or fatwa, on Sunday condemning the violence. "It is formally forbidden for any Muslim seeking divine grace and satisfaction to participate in any action that blindly hits private or public property or could constitute an attack on someone's life," the fatwa said, citing the Koran and the teachings of Muhammad.

Young people in the poor neighborhoods incubating the violence have consistently complained that police harassment is mainly to blame. "If you're treated like a dog, you react like a dog," said Mr. Diallo of Clichy-sous-Bois, whose parents came to France from Mali decades ago.

The youths have singled out the French interior minister, Nicolas Sarkozy, complaining about his zero-tolerance anticrime drive and dismissive talk. (He famously called troublemakers in the poor neighborhoods "lowlifes.")

But Mr. Sarkozy has not wavered, and after suffering initial isolation within the government, with at least one minister openly criticizing him, the government has closed ranks around him. Mr. Chirac, who is under political and popular pressure to stop the violence, said Sunday that those responsible would face arrest and trial, echoing earlier vows by Mr. Sarkozy. More than 500 people have been arrested, some as young as 13.

The government response is as much a test between Mr. Sarkozy and Prime Minister Dominique de Villepin, both of whom want to succeed Mr. Chirac as president, as it is a test between the government and disaffected youths.

Mr. Villepin, a former foreign minister, has focused on a more diplomatic approach, consulting widely with community leaders and young second-generation immigrants to come up with a promised "action plan" that he said would address frustrations in the underprivileged neighborhoods. He has released no details of the plan.

If the damage escalates and sympathy for the rioters begins to fray, Mr. Sarkozy could well emerge the politically stronger of the two.

Ariane Bernard contributed reporting for this article.

    10 Officers Shot as Riots Worsen in French Cities, NYT, 7.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/07/international/europe/07france.html?hp&ex=1131339600&en=5e569e209f289296&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

Behind the Furor, the Last Moments of Two Youths

 

November 7, 2005
The New York Times
By THOMAS CRAMPTON

 

CLICHY-SOUS-BOIS, France, Nov. 6 - In life, they were uncelebrated. In death, Zyed Benna, 17, and Bouna Traore, 15, have inspired more than 10 days of riots that have spread from housing projects in the suburbs of Paris to cities and towns across France.

A chance encounter with the police on a walk back from a soccer game on Oct. 27 ended with the two young men dead and a friend seriously injured in what the authorities have called an accidental electrocution.

The families of the young men in this rundown area of a suburb north of Paris, largely populated with first- and second-generation immigrants, have reacted to the riots and barrage of news media interest by uniting and occasionally responding aggressively to inquiries from outsiders. Their parents refused to be interviewed.

But some of their friends and acquaintances agreed to talk. A friend of Mr. Traore, Samy Asma, 17, said Saturday that many people admired the soccer skills of the youth, who was of Mauritanian origin.

Patrick Rodrigues, the resident manager of the building where Mr. Benna lived, described the youth, who was of Tunisian origin, as quiet and polite. "I know the good and bad in this building, and he was good, like his family," Mr. Rodrigues said. "I could never imagine Zyed taking part in any of this burning of cars."

During the day, the neighborhood and buildings where the youths lived have little hint of the violent clashes at night. But inside the housing projects, families often live in crowded conditions.

As for the action that apparently led to the deaths - fleeing a police identity inspection - other youths in the housing project empathized.

"I know why they ran away when they saw the police, and I have done the same thing many times myself," said Diadie Camara, 18, a friend of Mr. Traore, who stood at the bottom of the staircase outside the apartment building where the victim's family lived. "Bouna was just a small guy who wouldn't do anything against anyone."

According to two initial police investigations, the incident began at 5:20 p.m. on Thursday, Oct. 27, when a squad of police officers arrived to investigate a possible break-in at a construction site in Clichy-sous-Bois.

By 5:50 p.m., the police had brought six youths back to the police station at Livry-Gargan for questioning. As they questioned the youths, computer screens in the station blacked out and several areas nearby suffered a power failure.

That blackout, at 6:12 p.m., was caused by what police called the electrocution of the two youths and the injury of their friend Muttin Altun, 17, as they hid in a transformer at an electrical substation.

According to statements by Mr. Altun, who remains hospitalized with injuries, a group of 10 or so friends had been playing soccer on a nearby field and were returning home when they saw the police patrol.

They all fled in different directions to avoid the lengthy questioning that youths in the housing projects say they often face from the police. They say they are required to present identity papers and can be held as long as four hours at the police station, and sometimes their parents must come before the police will release them.

That evening, as news of the deaths spread, youths began to burn cars, break windows and vandalize bus stops in Clichy-sous-Bois. A small fire burned itself out in a school building and a cordon of nearly 50 police officers prevented a group of youths from approaching the town hall.

Anger that started locally has spread quickly through Internet chat rooms, cellphone text messages and online articles, as well as video images like one on Afrik.com that includes what residents of Clichy-sous-Bois say is a home videotape of the police using Flash-Ball guns, which shoot soft balls at high velocity, on rioters. "The resentment is huge here, and we were not surprised to see an incident like this spark it off," said Mokded Hannachi, a government official involved in youth affairs who has been acting as a mediator between the police and the youths. "You cannot constantly stop people for no reason to check their papers and not have consequences."

While the use of weapons such as Flash-Ball guns has discouraged youths from having pitched battles with the police, Mr. Hannachi said the government must become engaged with the youths to calm the situation.

"We now need investigations, condemnations for those who have done things wrong and apologies for mistakes," Mr. Hannachi said. "You can already see what happens when repression tactics are used."

    Behind the Furor, the Last Moments of Two Youths, NYT, 7.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/07/international/europe/07youths.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

France's President Jacques Chirac puts his notes in his pocket
before speaking about recent violence in poor suburbs in the courtyard of the Elysee Palace
in Paris November 6, 2005
. REUTERS/John Schults

 French rioters shoot at police, Chirac vows action, R, Sun Nov 6, 2005 6:52 PM ET
 http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=
2005-11-06T235224Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

French rioters shoot at police, Chirac vows action

 

Sun Nov 6, 2005 6:52 PM ET
Reuters
By Franck Prevel

 

GRIGNY, France (Reuters) - Rioters fired shots at police and set hundreds of cars ablaze in an 11th night of violence in France on Monday, hours after President Jacques Chirac vowed to restore order.

Ten policemen were injured, two of them seriously, when a group of youths fired at police with shotguns in Grigny, south of Paris, police said. One officer was treated with lead shot wounds to the throat, another suffered injuries to one leg.

"They really shot at officers. This is real, serious violence. It's not like the previous nights. I am very concerned because this is mounting," one police officer said.

Another spokesman said the shots could probably not have been fatal due to the distance from which they were fired, but were clearly capable of causing serious injury.

Police said at least 300 cars had been set ablaze in several towns across France and 37 people had been arrested.

The fresh violence came just hours after Chirac said the law would have the last word over the riots, making his first public comments since violence started in the poor suburbs on October 27.

"The Republic is quite determined, by definition, to be stronger than those who want to sow violence or fear," Chirac said after a domestic security council met to respond to the violence in which thousands of cars have gone up in flames.

Chirac's government has come under increased pressure to halt the riots, sparked by frustration among ethnic minorities over racism, unemployment, police treatment and their marginal place in French society.

Later on Monday, Prime Minister Dominique de Villepin is to announce measures for France's poor suburbs, where many immigrants from Africa live in bleak social housing projects.

"We cannot accept any 'no-go' areas," Villepin said after meeting Chirac on Sunday, adding the government would step up security where necessary. Some 2,300 extra officers have already been drafted in to quell riots that have spread from Paris's suburbs to other towns, unnerving France's European neighbors.

 

FATWA AGAINST RIOTING

On Sunday night, youths seized a bus in Saint-Etienne, in southern France, ordering passengers to get off and then torching the vehicle. The driver and one passenger were hurt.

In eastern Strasbourg, rioters lobbed Molotov cocktails into a primary school, and in southern Toulouse, a car was pushed toward the entrance of a metro tunnel, police said.

Rioting began with the accidental electrocution of two youths apparently fleeing police.

One of France's largest Islamic groups, the Union of French Islamic Organizations (UOIF), issued a fatwa against rioting on Sunday after officials suggested Muslim militants could be partly to blame for the violence.

"It is formally forbidden to any Muslim seeking divine grace and satisfaction to participate in any action that blindly hits private or public property or could constitute an attack on someone's life," the fatwa said.

Many rioters are of North African Arab and black African descent and assumed to be Muslims. Interior Minister Nicolas Sarkozy and other officials have hinted Islamist militants may be manipulating angry teenagers to defy the French state.

On Saturday night some 1,300 vehicles went up in flames across France. And for the first time, more than 30 were destroyed inside Paris rather than outlying suburbs.

Despite the worst destruction since the riots started, a police spokesman called for a sense of proportion: "It's 211 districts out of 36,000, so France is not burning."

The violence has tarnished France's image abroad, forcing Villepin to cancel a trip to Canada, while Russia and the United States have warned their citizens to avoid troubled suburbs.

(Additional reporting by Elizabeth Pineau, Tom Heneghan)

    French rioters shoot at police, Chirac vows action, R, Sun Nov 6, 2005 6:52 PM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-06T235224Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

French policeman holds a shotgun shell recovered after police were shot upon in Grigny,
south of Paris on the 11th night of violence late November 6, 2005. REUTERS/Franck Prevel

French rioters shoot at police, Chirac vows action, R, Sun Nov 6, 2005 6:52 PM ET
 http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=
2005-11-06T235224Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chirac demande le rétablissement de l'ordre, les violences se poursuivent

 

06/11/2005 23h28
AFP

 

PARIS (AFP) - Le président Jacques Chirac est sorti dimanche du silence qu'il observait depuis le début des émeutes il y a 11 jours en demandant le "rétablissement de la sécurité et de l'ordre public" alors que de nouvelles violences ont éclaté dans la soirée pour la 11e nuit consécutive.

Le président de la République, qui s'exprimait devant la presse à l'issue d'un Conseil de sécurité intérieure tenu au lendemain de dégradations record (1.300 véhicules brûlés dans la nuit de samedi à dimanche, plus de 310 arrestations), a également insisté sur le "respect de chacun, la justice et l'égalité des chances". "Le dernier mot doit revenir à la loi", a-t-il martelé.

M. de Villepin a de son côté annoncé "un renforcement des forces de sécurité partout sur le territoire où cela est nécessaire" et une "accélération des procédures de justice" afin notamment de "faire en sorte que les individus interpellés puissent être déférés devant les tribunaux en comparution immédiate".

Il a précisé qu'il dévoilerait lundi un ensemble de mesures pour avancer dans la République que nous souhaitons", celle de "l'égalité des chances". Le Premier ministre s'exprimera à 20H00 à la télévision.

Dimanche, le début de soirée a été marqué par des incidents dans plusieurs départements de la région parisienne ainsi qu'en province.

Dans l'Essonne, une trentaine de policiers ont été blessés, dont deux plus grièvement, par des tirs de pistolets à grenailles.

Un photographe de l'AFP a également constaté des incidents dans la cité des Tarterêts de Corbeil-Essonnes (Essonne), une cinquantaine de jeunes masqués ayant notamment tenté de projeter un véhicule sur un car de CRS situé en contrebas d'une route.

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu dans la soirée au chevet des deux policiers blessés à la Grande Borne à l'hôpital d'Evry, a constaté un journaliste de l'AFP.

Sur place Nicolas Sarkozy a également rencontré des CRS qui sont intervenus lors des affrontements à la Grande Borne et des policiers qui de leur côtés s'étaient rendus pour des incidents dans la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes.

L'un des policiers a montré sur son casque les impacts de grenailles " ils ont donc visé la tête" a lâché le ministre avant de se rendre à la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes où des nombreux jets de cocktails molotov ont été lancés.

Il s'était auparavant rendu à la direction départementale de la sécurité publique de Seine-Saint-Denis, ou il a souhaité que "l'ordre républicain revienne dans tous les quartiers de notre République, sinon ce sera soit l'ordre des bandes, soit l'ordre des mafias, soit un autre ordre".

Des violences ont également signalées en Val de Marne, où plusieurs cocktails molotov ont été lancés sur la caserne des pompiers de Villejuif, vide au moment des faits, selon la préfecture.

Comme la veille, les incendies de véhicules se sont également multipliés en province, notamment à Toulouse où ils atteignaient un total d'une trentaine vers 23 heures, contre 50 pour l'ensemble de la nuit précédente.

Le bilan des émeutes est allé crescendo depuis la mort le 27 octobre de deux jeunes de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), électrocutés alors qu'ils se croyaient poursuivis par la police.

Les dégradations avaient atteint un pic dans la nuit de samedi à dimanche avec 1.295 véhicules incendiés dans toute la France, dont 554 en province et 349 arrestations. Depuis le début des troubles, un total de 3.500 véhicules ont été brûlés et 800 arrestations effectuées, selon un décompte de l'AFP basés sur les chiffres officiels.

Dans le centre de Paris, 32 véhicules particuliers avaient été incendiés et 30 personnes arrêtées la nuit dernière.

Fait marquant de la 10e nuit d'émeutes, des caves désaffectées servant d'"atelier de confection" artisanale de cocktails-Molotov selon la police, avaient également été découvertes samedi soir dans le quartier du Parc aux Lièvres à Evry et six mineurs étaient en garde à vue dimanche.

    Chirac demande le rétablissement de l'ordre, les violences se poursuivent, AFP, 06/11/2005 23h28, http://www.afp.com/francais/news/stories/051106232821.x900zxyj.html

 

 

 

 

 

Modestie et ambition

 

05.11.2005 | 13h04 • Mis à jour le 05.11.05 | 13h04
LE MONDE

 

Le New York Times souligne "l'incapacité de la France à intégrer ses immigrants". El Pais observe que Paris "proclame fièrement un idéal d'égalité, mais parque les proscrits dans des ghettos, loin de la vue de la majorité..." Les deux éditorialistes appuient, vendredi 4 novembre, là où ça fait mal, même si le Quai d'Orsay se dit "surpris" de ces réactions.

La France n'est pas, il s'en faut, le seul pays occidental confronté à des banlieues devenues des ghettos ethniques. Elle a admis depuis longtemps un problème que François Mitterrand avait résumé, en 1990, d'une phrase devenue célèbre : "Que peut espérer un être jeune qui naît dans un quartier sans âme, qui vit dans un immeuble laid, entouré d'autres laideurs, de murs gris sur un paysage gris pour une vie grise, avec tout autour une société qui préfère détourner le regard et n'intervient que lorsqu'il faut se fâcher, interdire ?"

Faute de résoudre la question, les pouvoirs publics tentent, à chaud, de contenir les explosions tout en menant, entre deux accès de fièvre, des politiques que chacun sait insuffisantes. Mais le problème est bien celui que soulève El Pais, avec d'autres journaux étrangers. Un pays qui se vit comme la patrie des droits de l'homme et le sanctuaire d'un modèle social généreux se montre, aux yeux de tous, incapable d'assurer des conditions de vie dignes à des jeunes Français, dont les grands-parents immigrés ont contribué aux "trente glorieuses", mais qui n'ont eu pour horizon que chômage, régression tribale, racisme.

La question des banlieues est emblématique : elle constitue le point de rencontre de multiples problèmes que les dirigeants français ont laissé s'accumuler, s'imbriquer les uns dans les autres, jusqu'à déboucher sur une situation inextricable. Des gouvernements successifs aux architectes, la liste des responsables est longue. Tout comme celle des domaines où la France, en regardant l'insurrection de ses banlieues, contemple le miroir de ses échecs, au moins partiels : urbanisme, intégration, éducation, emploi...

L'explosion dans les banlieues témoigne d'une situation complexe où tout ce qui peut être dit et écrit, dans un sens ou dans l'autre, est en partie vrai. Aux provocations d'un Nicolas Sarkozy répond la bêtise d'adolescents qui ruinent un fragile tissu économique et brûlent les bus empruntés par leurs familles. Certains des incendiaires ont été victimes d'un système, avant de devenir des petits "mafieux" qui profitent de la situation.

L'intrusion brutale de la réalité dans la précampagne présidentielle rend insupportable le contraste avec une vie politique qui tourne au vaudeville, avec une vingtaine de candidats potentiels. Si le pays veut éviter le renouvellement de la catastrophe électorale de 2002, où Jean-Marie Le Pen avait été présent au second tour, il serait temps que ceux qui aspirent à le diriger oublient la politique-spectacle pour réfléchir sans complaisance aux banlieues et à la reconstruction d'une partie de la société française qui les attend.

    Modestie et ambition, 05.11.2005 | 13h04 • Mis à jour le 05.11.2005 | 13h04, Article paru dans l'édition du 06.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-706898,0.html

 

 

 

 

 

La réduction des aides exaspère les maires de banlieue

 

05.11.2005 | 12h05 • Mis à jour le 05.11.2005 | 16h46
LE MONDE

 

Devant Dominique de Villepin, qui les recevaient, jeudi 3 novembre, les maires de banlieues ont été très clairs : ils refusent un "énième" plan d'urgence du gouvernement. "Ce n'est pas l'heure des effets d'annonce" , a prévenu Jean-Christophe Lagarde, maire (UDF) de Drancy (Seine-Saint-Denis). "Il faut un retour à l'ordre, mais très vite des messages d'espoirs pour ceux qui souffrent" , a déclaré, de son côté, Manuel Valls, maire (PS) d'Evry (Essonne). Depuis vingt ans qu'ils se collettent aux graves difficultés de leurs villes, ces élus ont appris à se méfier des mesures adoptées dans la précipitation.

Ils portent d'ailleurs un jugement sévère sur la politique de l'Etat dans les cités. Ils ont vu une partie de la police de proximité et des emplois jeunes supprimés, le nombre de leurs agents de sécurité et de leurs médiateurs sabrés, et les subventions aux associations qui maintenaient bon gré mal gré un lien social, réduites drastiquement.

L'annulation de 310 millions d'euros de crédits dans le budget 2005 (Le Monde du 5 novembre), affectés à l'insertion et au logement social dans les banlieues, ne peut que renforcer leur défiance. "Il est impératif que toutes les leçons soient tirées de ces émeutes. Autant sur les failles de la politique de la ville que sur l'organisation des services publics" , dénonçait, le 3 novembre, le Forum français des maires pour la sécurité urbaine (FFSU). Au fil des crises depuis un quart de siècle, la politique de la ville a en effet subi de multiples inflexions. Aux Grand Projets urbains du gouvernement Jospin de la fin des années 1990 a succédé "le programme national de rénovation urbaine" , mis en oeuvre depuis 2003, par Jean-Louis Borloo, ministre de la cohésion sociale. Au "traitement social" des banlieues dont la droite stigmatisait les échecs, s'est substitué un projet, certes ambitieux mais centré sur le logement et l'habitat.

D'ici à 2011, 250 000 logements sociaux devraient être rasés, avant d'être reconstruits et 40 000 réhabilités. A la mi-juillet, l'agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), qui centralise les procédures, avait validé 124 projets dans 224 quartiers sensibles pour un total de 14,5 milliards d'euros.

Malgré plusieurs opérations exemplaires, le paysage de ces villes mettra au mieux entre quatre et six ans pour changer. A condition de lever les obstacles liés au relogement de familles en grande précarité, à l'éviction des squats ou des marchands de sommeil. "Alors que la situation sociale s'aggrave, rien ne justifie la lenteur des procédures administratives et juridiques" , plaide Jean-Pierre Balduyck, maire (PS) de Tourcoing (Nord) et président du FFSU. Dans beaucoup de quartiers, la rénovation urbaine, encore virtuelle, ne peut s'exempter des actions de renforcement du lien social.

 

"PROSÉLYTISME"

Avec le redéploiement de la police de proximité, les élus regrettent la diminution des crédits du Fonds d'intervention pour la ville et de ses subventions aux associations présentes dans les zones sensibles. Le 6 octobre, alors qu'elle était encore vice-présidente du Conseil national des villes (CNV), Véronique Fayet, adjointe (UDF) au maire de Bordeaux, déplorait leur baisse de 40 % entre 2004 et 2005.

Le gouvernement a engagé, certes, une réforme de la dotation de solidarité urbaine (DSU), pour renflouer la trésorerie des communes les plus pauvres, à raison de 120 millions d'euros supplémentaires par an pendant cinq ans. Mais ce ballon d'oxygène devrait servir surtout à améliorer les conditions de "vie quotidienne" , remarque Mme Fayet, et non "à promouvoir du lien social dans les cité s".

A Tourcoing, le nombre de policiers est passé de 350 à 150, et la suppression d'une aide de l'Etat de 400 000 euros pourrait affecter le plan de réussite éducative.

A Sarcelles (Val-d'Oise), "les crédits de l'Etat aux associations ont baissé de 20 % par an" depuis 2003, relève le maire (PS) de la ville, François Pupponi. Deux des plus grosses structures, Accueil et Culture et Sarcelles-Jeunes, ont été contraintes d'arrêter les cours d'alphabétisation et de soutien scolaire, faute de pouvoir payer les personnels. "C'est dramatique, dénonce M. Pupponi. Avec 30 % de chômage dans certains quartiers, on ne peut pas se permettre de perdre un seul euro."

La disparition graduelle des emplois-jeunes et la réduction des contrats aidés pénalisent tout autant les associations. Le Fonds de soutien pour l'intégration et la lutte contre les discriminations (Fasild) a été réorienté dans l'accueil des primo-arrivants, alors qu'il soutenait de nombreuses actions de terrain. Résultat : les organisations musulmanes s'engouffrent dans le vide. "On assiste à une avancée très nette des associations cultuelles, analyse un élu sous couvert d'anonymat. Elles ne sont pas islamistes mais font du prosélytisme. Et surtout, elles se positionnent en interlocuteurs des pouvoirs publics sur les problèmes sociaux."



 

 

Encadré > Azouz Begag avait déjà évoqué la "racaille"

Sociologue et ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances, Azouz Begag a critiqué les mots employés par Nicolas Sarkozy, et notamment celui de "racaille". Le ministre de l'intérieur, qui a rencontré, vendredi 4 novembre, M. Begag, ne se prive pas de faire remarquer que ce dernier avait déjà employé le mot "racaille". Dans une tribune au Monde , publiée le 8 mai 2002, M. Begag, qui n'était pas encore ministre, évoquait <i>"ceux qu'on nomme les racailles ou "cailleras" (en verlan), groupe de jeunes dont tout le monde a peur, qui conduisent des scooters sans casques, roulent sur les trottoirs au mépris des piétons, ignorent royalement les feux de signalisation, comme ils récusent tout autre code de conduite sociale".

    La réduction des aides exaspère les maires de banlieue, Bertrand Bissuel, Michel Delberghe et Béatrice Jérome, Le Monde, | 05.11.2005 | 12h05 • Mis à jour le 05.11.2005 | 16h46, Le Monde, Article paru dans l'édition du 06.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-706879,0.html

 

 

 

 

 

Point de vue

"Notre stratégie est la bonne", par Nicolas Sarkozy

 

05.11.2005 | 13h04
LE MONDE

 

La France connaît depuis quelques jours une flambée de violences urbaines. Des individus sans foi ni loi n'hésitent plus à tirer à balles réelles sur les représentants de la République, à saccager, piller et brûler des écoles. Un père de famille est battu à mort à coups de pieds et de poings sous les yeux des siens. Une personne handicapée, coincée dans un bus, est aspergée d'essence avant d'être enflammée. Devant ce déferlement de violences gratuites, on est en droit d'attendre de tous du discernement et de la dignité, plutôt qu'une exploitation politicienne des événements.

Faut-il être inconscient et bien peu responsable pour trouver encore le temps de polémiquer quand les fondements de la paix civile et de l'ordre républicain sont en cause et que la vie même de certains de nos compatriotes est menacée ?

Mais puisqu'une tribune, hier, a été offerte dans les pages de ce journal, à des propos et des commentaires qui relèvent de la polémique, je ne peux, chargé que je suis de la sécurité et des libertés des Français, me taire.

La stratégie que ce gouvernement met en oeuvre maintenant depuis quatre ans est la bonne. Je la défends plus encore aujourd'hui qu'hier, non parce qu'elle serait une stratégie de "droite", mais parce qu'elle est à ce jour la seule qui ait fait ses preuves. Ceux qui la contestent en ce moment pour des raisons purement idéologiques ont la mémoire courte. Les Français, eux, n'ont sans doute pas oublié le triste record de cette politique angélique et calamiteuse : plus de 4,1 millions de crimes et de délits constatés en France en 2002 ! Et déjà les violences urbaines, ne l'oublions pas !

En deux ans, en nous montrant résolument pragmatiques, nous avons ramené ce chiffre à 3,8 millions, soit presque 8 % de moins. Et cette diminution se poursuit cette année encore. En octobre 2005, nous avons enregistré 17 % de crimes et de délits de moins qu'en octobre 2001.

N'ayant tiré aucune leçon de leurs échecs successifs et de ce vaste mouvement d'exaspération populaire qui a conduit au 21 avril 2002, les socialistes, qui avaient la charge de notre sécurité persistent dans l'erreur. Non, nous n'abandonnerons pas le souci d'efficacité et de pragmatisme qui est le nôtre, pour ressortir leur conception hémiplégique de la police de proximité qui n'était en fait que du laxisme et de la faiblesse déguisés.

Je suis favorable à la police de proximité. J'appartenais en 1994 au gouvernement qui l'a introduite dans notre droit. Et je trouve excellent que la police cultive des liens étroits avec la population, soit à l'écoute de ses besoins, rencontre les associations et les professionnels. Mais, comme je l'ai déjà expliqué à diverses reprises, la police de proximité ne peut se construire au détriment de la police d'investigation et d'interpellation. Ce n'est pas l'une sans l'autre : mais l'une avec l'autre. Je considère que le rôle de la police n'est pas de faire de l'animation sportive. J'ai préféré remobiliser les forces de sécurité sur leur coeur de métier, renforcer leurs moyens d'action, et remettre les victimes au centre de leur mission.

Aujourd'hui, police et gendarmerie sont non seulement chargées de maintenir l'ordre, mais aussi d'interpeller les auteurs de crimes et de délits. A chacun son métier. Les médiateurs sont faits pour dialoguer, les forces de l'ordre d'abord pour arrêter les délinquants : c'est peut-être ça le vrai changement et l'origine des affrontements présents. Nous ne tolérons plus les zones "interdites", où le crime organisé et les trafics mafieux règnent en maître et où les honnêtes gens sont obligés de se taire et de baisser les yeux.

De la même façon que nous avons réussi à rétablir la sécurité dans les transports publics, notamment en Ile-de-France, grâce à un renforcement sans précédent des effectifs, nous ramènerons l'ordre et la tranquillité dans ces territoires depuis trop longtemps laissés à l'abandon. Partout sur le sol de la République, et pas seulement dans les beaux quartiers, les Français ont le droit de vivre en sécurité, sans craindre pour leurs biens ou leur intégrité physique. C'est un droit absolu pour chacun d'entre nous.

Et je demande que l'on mesure bien l'enjeu fondamental de la présence de la police dans les banlieues. La police est la police de la République. Elle assure l'ordre de la République. Si elle ne le faisait pas, quel ordre lui succéderait ? Celui des mafias ou celui des intégristes.

Mon nom est conspué dans les rangs des bandes qui terrorisent les quartiers. La belle affaire ! C'est dans l'ordre des choses. Ce qui me choquerait plutôt, c'est qu'ils me portent aux nues.

Manifestement, si les criminels et les voyous n'aiment guère notre politique de sécurité, les Français la soutiennent.

Ce que nos concitoyens apprécient depuis 2002, c'est indiscutablement les objectifs clairs de la politique de lutte contre l'insécurité. Celle-ci s'appuie en effet, désormais, sur le bon sens et non plus sur l'idéologie : les victimes ont droit à davantage de protection et de compassion que leurs agresseurs ; la loi est faite, avant tout, pour protéger les faibles ; la prévention, qui est indispensable, ne doit pas exclure la répression, chaque fois qu'elle s'avère juste et nécessaire.

Devant les actes de sauvagerie et de vandalisme ­ je ne fais aucun amalgame entre les voyous et l'immense majorité des jeunes de banlieues qui ne songent qu'à réussir leur vie ­, les Français peuvent compter sur la totale détermination du gouvernement.

Nicolas Sarkozy est ministre d'Etat, ministre de l'intérieur et de l'aménagement du territoire.

    "Notre stratégie est la bonne", par Nicolas Sarkozy, Le Monde, 05.11.2005 | 13h04, Article paru dans l'édition du 06.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-706906,0.html

 

 

 

 

 

French urban unrest hits new high

 

Sun Nov 6, 2005 11:33 AM ET
Reuters
By Elisabeth Pineau and Brian Rohan

 

PARIS (Reuters) - Urban violence scaled new heights in France as gangs of youths torched cars, shops and firms in the 10th straight night of violence in poor suburbs of Paris and provincial towns, despite heavy police reinforcements.

Prime Minister Dominique de Villepin was to meet police on Sunday afternoon and teachers from tough neighborhoods to discuss how to respond to youths who have defied all appeals for calm from top officials and exasperated residents.

Rioting started 10 days ago with the deaths of two youths apparently fleeing police. The deaths ignited pent up frustration among ethnic minorities over racism, unemployment, police treatment and their marginal place in French society.

The Socialist opposition chided the ruling conservatives over their law and order record and demanded President Jacques Chirac, who won re-election in 2002 on security issues but who has kept a low profile, speak out.

Residents in affected zones wept and vented their dismay.

"This is too much, stop! Stop, do something else, but not this, not violence," sobbed a woman in Evreux, a normally quiet Normandy town where a shopping mall, 50 vehicles, a post office and two schools were destroyed.

"My wife's out of a job now," fumed another resident. "I've two kids, a house to pay for and a car loan. What do I do now?"

Evreux mayor Jean-Louis Debre, a Chirac confidant who is speaker of the lower house of parliament, told reporters at the scene: "A hundred people have smashed everything and strewn desolation. Well, they don't form part of our universe."

 

GOVERNMENT RESPONSE

Authorities say the rolling nightly riots are being organized via the Internet and mobile phones, and have pointed the finger at drug traffickers and Islamist militants.

Across France, 1,300 vehicles went up in flames, with 32 cars destroyed in the city of Paris for the first time.

"Why would people do such a thing? You should go and ask them. Of course it's not normal -- it's pure vandalism," said one pensioner in the 17th district of Paris where the wrecks of six burnt-out cars sat surrounded by shards of glass.

Previously quiet towns like Dreux, to the west, and the western city of Nantes, were also affected.

Seven police helicopters buzzed over the Paris region through the night, filming disturbances and directing mobile squads to incidents. Police made 349 arrests and an extra 2,300 officers have been drafted in.

The violence has tarnished France's image abroad, forcing Villepin to cancel a trip to Canada, while Russia and the United States have warned their citizens to avoid troubled suburbs.

Authorities have so far found no way beyond appeals and more police to address a problem with complex social, economic and racial causes.

"Many youths have never seen their parents work and couldn't hold down a job if they got one," said Claude Chevallier, manager of a burned-out carpet depot in the rundown Paris suburb of Aulnay-sous-Bois.

 

WHERE IS CHIRAC?

As the government continued to struggle for a response to the crisis, Socialist Party leader Francois Hollande said the riots were a failure of government policy and leadership.

"I want to hear Jacques Chirac today," Hollande told reporters. "Where is the president when such serious events are taking place?"

Villepin has consulted widely but has released no details to date of a promised action plan for 750 tough neighborhoods.

"I'll make proposals as early as this week," the weekly Journal du Dimanche quoted him as saying.

Communist and Green Party officials demanded one symbolic measure -- the resignation of Interior Minister Nicolas Sarkozy.

Accused of stoking passions by calling troublemakers "scum", Sarkozy has ignored calls to quit. A survey published on Sunday indicated his public image was holding up, even if many disapproved of his strong language.

Villepin also has ambitions to be the right wing's presidential candidate in 2007 and has tried to position himself as a much more consensual figure than Sarkozy. The effect on the crisis on his ratings is still unclear.

(Additional reporting by Paul Carrel in Evreux)

    French urban unrest hits new high, R, Sun Nov 6, 2005 11:33 AM ET, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-06T163259Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

Unrest Spreads to Central Paris and Outskirts of More Cities

 

November 6, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Nov. 6 - Scattered nighttime rioting around French public housing developments continued early today, spreading to central Paris and the outskirts of more cities, leaving the authorities frustrated by an inability to stop what many are calling France's worst civil unrest since the 1968 student revolts.

The French news media reported this afternoon that President Jacques Chirac had summoned Prime Minister Dominique de Villepin and the ministers of defense, justice, economy and the interior for a 6 p.m. meeting. On Saturday, Prime Minister de Villepin met with eight of his ministers and a top Muslim official in an effort to find a way to break the chain of violent events.

But the violence continued, with two schools destroyed in the Essonne region south of Paris and more cars going up in flames. More than 1,000 vehicles and many buildings have been destroyed in the disorder that began Oct. 27, with nearly 900 vehicles reported burned Friday night alone, although the violence seemed to be lessening by Sunday morning.

Early today, local news media reported that a few cars had been damaged by small firebombs near the Place de la Republique, in a neighborhood in central Paris. It was the first report of violence linked to the disturbances so close to the heart of the French capital.

In Evry, a southern Parisan suburb, The Associated Press reported that the authorities had found 150 explosive devices in what was described as a de facto firebomb-making factory. A senior Justice Ministry official, Jean-Marie Huet, said today that more than 100 bottles, as well as gallons of fuel and hoods for hiding rioters' faces, had been found in the rundown building.

Most of the unrest remained confined to immigrant neighborhoods surrounding Paris, where about 100 people were evacuated Friday night from two apartment blocks after an arson attack set dozens of cars alight in an underground garage. Rampaging youths have also attacked property in the southern cities of Toulouse and Nice, and in Lille and Rennes to the north.

Hundreds of young people, including teenagers as young as 13, have been detained in the past 24 hours. Although the police have been unable to stop the violence because of its apparent spontaneity and lack of clear leaders, officials say they have also begun to detect efforts to coordinate action and spread it nationally. In remarks on Europe 1 Radio, the prosecutor general in Paris, Yves Bot, said Web sites were urging youths in other cities to join the rioting.

The police said that for the first time they had deployed a helicopter to videotape incidents and coordinate with officers on the ground. Roman Catholic, Protestant and Muslim leaders led a march of about 2,000 people on Saturday morning in Aulnay-sous-Bois, one of the affected suburbs. The parents of two teenagers, whose accidental deaths while hiding from the police touched off the rioting, also issued a statement appealing for calm.

Many see the violence as a test of wills between Interior Minister Nicolas Sarkozy and the young, mostly French Arab rioters. Many immigrants and their children blame Mr. Sarkozy for alienating young people with the way he has pressed a zero-tolerance anticrime campaign, which features frequent police checks of French Arabs in poor neighborhoods. But he has ignored calls from many French Arabs to resign, and is keeping up the pressure. During a visit to a police command center west of Paris on Saturday, according to local news reports, he told officers, "Arrests - that's the key."

Ironically, Mr. Sarkozy, himself a second-generation immigrant, has been one of the loudest champions of affirmative action and of relaxing rules that restrict government support for building mosques.

The government has been embarrassed by its inability to quell the disturbances, which have called into question its unique integration model, which discourages recognizing ethnic, religious or cultural differences in favor of French unity. There is no affirmative action, for example, and religious symbols, like the Muslim veil, are banned in schools.

"The republican integration model, on which France has for decades based its self-perception, is in flames," the German newspaper Frankfurter Allgemeine Zeitung declared. An editorial in Germany's Süddeutsche Zeitung called the violence around Paris an "intifada at the city gates," a reference to the anti-Israeli uprising by Palestinians.

The French approach to integration is one of three basic models in Europe, which has faced large-scale non-European immigration only in the postwar era.

Germany and Austria pursued a now largely discredited "guest worker" policy that was based on the notion that immigrants were temporary laborers who would eventually go home. But the guest workers did not go home, and their European-born children have begun demanding citizenship and equal rights.

While it is still difficult to become a citizen in Germany, there has been a strong wave of naturalizations in recent years and children born there to foreign parents now receive citizenship at birth.

Britain has followed a policy closer to that of the United States, extending citizenship to newcomers and encouraging strong ethnic communities. Immigrants arriving from Commonwealth countries in the 1950's and 1960's enjoyed immediate voting rights until Margaret Thatcher put an end to the practice in 1981. But the law created politically powerful immigrant communities.

France, too, has offered citizenship to its immigrants, but the process was slower, and many of the Algerians who arrived to work in the wake of their country's bitter war of independence against France were reluctant to take up French citizenship. Not until naturalizations became more common in the 1980's did immigrants and their adult children begin to develop political power.

The country has tried to discourage "ghettoization" by ignoring ethnic or religious differences and emphasizing French identity above all. Until the early 1980's, foreigners needed government approval to form associations.

But discrimination has flourished behind the oft-stated ideals, leaving immigrants and their French-born offspring increasingly isolated in government-subsidized apartment blocks to face high unemployment and dwindling hope for the future.

    Unrest Spreads to Central Paris and Outskirts of More Cities, NYT, 6.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/06/international/europe/06cnd-paris.html?hp&ex=1131339600&en=764de63fd9d2d984&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

Two Teenagers From French Housing Projects Inspired Riots

 

November 6, 2005
The New York Times > The International Herald Tribune
By THOMAS CRAMPTON

 

CLICHY-SOUS-BOIS, France, Nov. 6 - Though uncelebrated teenagers in life, in death Zyed Benna, 17, and Bouna Traore, 15, have inspired more than 10 days of riots that have spread from housing projects in the suburbs of Paris to cities and towns across France.

A chance encounter with the police on a walk back from a soccer game Oct. 27 ended with the two youths dead and a friend seriously injured in an accidental electrocution.

The families of the young men in this rundown area of a suburb north of Paris, largely populated with first- and second-generation immigrants, have reacted to the riots and barrage of media interest by closing ranks and occasionally responding aggressively to inquiries from outsiders. Their parents refused to be interviewed.

But some of their friends and acquaintances agreed to talk. A friend of Mr. Traore's, Samy Asma, 17, said many people admired the soccer skills of the youth, who was of Mauritanian origin.

Patrick Rodrigues, the resident manager of the building where Benna lived, described the youth, who was of Tunisian origin, as quiet and polite. "I know the good and bad in this building, and he was good, like his family," Mr. Rodrigues said. "I could never imagine Zyed taking part in any of this burning of cars."

During the day, the neighborhood and buildings where the youths lived have little hint of the violent clashes at night. But inside the housing projects, families often live in crowded conditions.

As for the action that apparently led to the deaths - fleeing a police identity inspection - other youths in the housing project empathized.

"I know why they ran away when they saw the police, and I have done the same thing many times myself," said Diadie Camara, 18, a friend of Mr. Traore's who stood at the bottom of the staircase outside the apartment building where the victim's family lived. "Bouna was just a small guy who wouldn't do anything against anyone."

According to two initial police investigations, the incident began at 5:20 p.m. that Thursday, when a squad of police officers arrived to investigate a possible break-in at a construction site in Clichy-sous-Bois.

By 5:50 p.m., the police had brought six youths back to the police station at Livry-Gargan for questioning. As they questioned the youths, computer screens in the station blacked out and several areas nearby suffered a power failure.

That blackout, at 6:12 p.m., was caused by the electrocution of the two youths and the injury of their friend, Muttin Altun, 17, as they hid in a transformer at an electrical substation.

According to statements by Mr. Altun, who remains hospitalized with injuries, a group of 10 or so friends had been playing soccer on a nearby field and were returning home when they saw the police patrol.

They all fled in different directions to avoid the lengthy questioning that youths in the housing projects say they often face from the police.

They say they are required to present their identity papers and can be held as long as four hours at the police station, and sometimes their parents must come before the police will release them.

That evening, as news of the deaths spread, youths began to burn cars, break windows and vandalize bus stops in Clichy-sous-Bois. A small fire burned itself out in a school building and a cordon of nearly 50 police officers prevented a group of youths from approaching the town hall.

Anger that started locally has spread quickly through Internet chat rooms, S.M.S. messages and online articles - as well as video such as one clip on Afrik.com that includes what residents of Clichy-sous-Bois say is a home video of the police firing on rioters with Flash-Ball guns, which shoot soft balls at high velocity.

"The resentment is huge here, and we were not surprised to see an incident like this spark it off," said Mokded Hannachi, a government official who has been acting as a mediator between the police and the youths. "You cannot constantly stop people for no reason to check their papers and not have consequences," he said.

While the use of weapons such as Flash Balls has discouraged youths from having pitched battles with the police, Mr. Hannachi said that the government must become engaged with the youths to calm the situation.

"We now need investigations, condemnations for those who have done things wrong and apologies for mistakes," Mr. Hannachi said. "You can already see what happens when repression tactics are used."

    Two Teenagers From French Housing Projects Inspired Riots, NYT, 6.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/06/international/europe/06cnd-family.html?fta=y

 

 

 

 

 

Les violences urbaines gagnent du terrain, 1300 véhicules incendiés

 

06/11/2005 15h24
AFP

 

Au onzième jour des violences dans les banlieues, les destructions sont allées crescendo avec un nombre record de près de 1.300 véhicules incendiés dans la nuit de samedi à dimanche, et le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé qu'il ferait "des propositions concrètes" dans la semaine.

1.295 véhicules ont été incendiés sur toute la France, dont 554 en province et 349 personnes ont été interpellées en France dans la nuit de samedi à dimanche, selon un bilan réévalué de la direction générale de la police nationale.

Dominique de Villepin, qui a reçu en début d'après-midi des policiers et des gendarmes travaillant dans les zones urbaines sensibles, fera des "propositions concrètes" au cours de la semaine pour tenter de répondre à la crise, a annoncé dimanche son entourage.

Il devait aussi recevoir dans l'après-midi des enseignants travaillant en banlieue.

Le chef du gouvernement a ainsi poursuivi les consultations qu'il avait entamées samedi en recevant à Matignon huit de ses ministres, dont le numéro deux du gouvernement Nicolas Sarkozy, et le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur.

Le président de Plaine commune (agglomération regroupant huit communes de Seine-Saint-Denis), Patrick Braouezec, a demandé lui aussi à être reçu par le Premier ministre et exigé un "Grenelle des quartiers".

"Ces violences récentes sont révélatrices d'un malaise profond", a-t-il dit, soulignant que priorité devait être donnée à une "égalité d'accès et de traitement" pour les populations des banlieues.

"C'est véritablement un épisode de guerilla urbaine", s'est écrié de son côté le président de l'Assemblée nationale Jean-Louis Debré en visitant le quartier de la Madeleine à Evreux, dont il est maire, et qui a connu de graves dégradations la nuit dernière.

Par ailleurs, sur la centaine de personnes déférées devant la justice, a annoncé la Chancellerie, une vingtaine de personnes majeures ont été condamnées à de la prison ferme en Ile-de-France depuis le 27 octobre.

La majorité des véhicules incendiés le sont toujours en région parisienne (741) mais la contagion aux cités de provinces s'accroît: le chiffre de voitures endommagées y a doublé la nuit dernière (554 contre 241 la veille). Dans le centre de Paris, trente-deux véhicules particuliers ont été incendiés et trente personnes interpellées, selon la préfecture de police.

Outre ces 32 véhicules détruits par le feu, 19 autres ont été "endommagés ou dégradés par la propagation des flammes", a précisé la préfecture. Les voitures incendiées l'ont été notamment dans le IIIè arrondissement, près de la place de la République, ainsi que dans le XVIIè, selon la police.

Ces nouveaux chiffres portent à près de 3.500 le nombre de véhicules incendiés depuis le début des émeutes, selon un décompte établi par l'AFP sur la base des bilans quotidiens fournis par la police nationale. Les violences avaient démarré en banlieue parisienne le 27 octobre, à Clichy-sous-Bois, en Seine-Saint-Denis, après la mort de deux jeunes, électrocutés dans un transformateur d'EDF où ils avaient trouvé refuge alors qu'ils se croyaient poursuivis par la police. Selon ce même décompte, plus de 800 interpellations ont été effectuées depuis le 27 octobre. En région parisienne, les départements des Yvelines et de Seine-et-Marne ont connu un regain de violence, alors que le Val D'Oise est en baisse. Les autres départements de la couronne parisienne sont restés "stables", selon la police nationale.

Après les Yvelines et les Hauts-de-Seine la veille, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy avait choisi, pour la nuit de samedi à dimanche, l'Essonne et le Val-de-Marne pour rencontrer des policiers confrontés quotidiennement à la violence et admonester quelques adolescents interpellés à Courcouronnes près d'un stock de barres de fer, de cocktails molotov et de pieds de biches.

Dans l'Essonne, plusieurs bâtiments, dont deux classes d'une école maternelle à Grigny et un MacDo de Corbeil-Essonnes défoncé par une voiture-bélier, se sont embrasés. "Brûler une école, c'est inacceptable mais celui qui a mis le feu c'est Sarkozy", pestait samedi soir un parent d'élève de Grigny. Dans l'Essonne toujours, à Evry, un atelier de confection artisanale de cocktails molotov situé dans un local désaffecté de la police municipale a été découvert samedi soir dans un quartier du Parc aux Lièvres. Six mineurs ont été interpellés alors qu'ils en sortaient.

A Clichy-sous-Bois, "berceau" des violences urbaines où le calme semblait revenu, le gymnase Armand Desmet a entièrement brûlé dans la nuit. A Athis-Mons, deux personnes ont été légèrement blessées par intoxication et une centaine évacuées dans la nuit après l'incendie d'un foyer Sonacotra, selon un journaliste de l'AFP sur place et la préfecture d'Evry.

En province, les régions les plus touchées par ces violences ont été le Nord, l'Eure, l'Eure-et-Loir, la Haute-Garonne et la Loire-Atlantique. A Toulouse notamment, une cinquantaine de voitures ont été incendiées, vingt-cinq à Bordeaux et une vingtaine dans le Haut-Rhin.

Sur le plan politique, le développement des émeutes a été l'occasion de joutes oratoires notamment entre le premier secrétaire du PS François Hollande et Brice Hortefeux, le bras droit de Nicolas Sarkozy. François Hollande a jugé "intolérables" les propos du ministre de l'Intérieur tandis que Brice Hortefeux répliquait que "Nicolas Sarkozy a le soutien de l'opinion publique (...), les encouragements du parlement et la confiance du Premier ministre".

    Les violences urbaines gagnent du terrain, 1300 véhicules incendiés, AFP, 06/11/2005 15h24, http://www.afp.com/francais/news/stories/051106152428.ohsl8c6c.html

 

 

 

 

 

Région par région, le bilan de la nuit de samedi à dimanche

 

LEMONDE.FR
06.11.05 | 09h33 • Mis à jour le 06.11.05 | 13h58

 

En Ile-de-France, les violences se sont accrues dans les Yvelines, Paris a été touché

741 véhicules ont été incendiés dans la nuit en Ile-de-France. Les Yvelines et la Seine-et-Marne ont connu une augmentation des violences, alors qu'une baisse a été constatée dans le Val-d'Oise. Les autres départements de la couronne parisienne sont "stables", indique la direction générale de la police nationale.

YVELINES. Quatre-vingt trois voitures ont été incendiées - dont 23 à Sartrouville - et 20 personnes interpellées selon un bilan de la préfecture, vers 1 heure. Aux Mureaux, une trentaine de jeunes se sont regroupés sur deux tours du quartier des Musiciens et ont lancé des projectiles sur les forces de l'ordre, samedi en début de soirée. "Ils nous balançaient des roues de vélos, des chariots de supermarchés. Ils ont même lancé une barrière sur une voiture qui passait, la voiture d'un citoyen et c'est comme ça que ça commencé", commentait un membre d'une compagnie de CRS qui a mis fin aux troubles. Ils ont aussi tenté de mettre le feu à un dépôt de carburant situé dans les ateliers municipaux de la ville.

ESSONNE. Un restaurant McDonald's de Corbeil-Essonnes a été détruit à 70 % par une voiture bélier, dont le - ou les - occupants ont mis le feu aux locaux. Dans ce département, de nombreux bâtiments, dont deux écoles de Grigny, ont été incendiés, et une cinquantaine de personnes interpellées. "Brûler une école, c'est inacceptable mais celui qui a mis le feu c'est Sarkozy", déclarait samedi soir un parent d'élève de Grigny. Le ministre de l'intérieur Nicolas Sarkozy s'est rendu dans ce département samedi soir, en signe de soutien aux policiers. Il a notamment rencontré à Evry des adolescents interpellés qui devaient être remis à leurs parents. A Athis-Mons, deux personnes ont été légèrement blessées par intoxication et une centaine évacuées dans la nuit après l'incendie d'un foyer Sonacotra, à l'origine indéterminée.

La police a indiqué dimanche matin avoir découvert un atelier de confection artisanale de cocktails Molotov dans un quartier d'Evry ou se trouvaient 150 bouteilles incendiaires. Six mineurs ont été interpellés.

PARIS. Trente-deux véhicules y ont été incendiés, marquant pour la première fois une extension à la capitale des saccages qui touchent les banlieues pauvres de Paris depuis dix jours. Trente personnes ont aussi été interpellées, dont onze "en flagrant délit de confection d'engins incendiaires", a annoncé la préfecture de police de Paris. Quatre voitures ont notamment été visées samedi soir par au moins un engin incendiaire, rue Dupuis (3e arr.), près de la place de la République, et une demi-douzaine d'autres dans le 17e, près du square Henri Duparc.

SEINE-SAINT-DENIS. Le département a connu une hausse des véhicules incendiés (90) et des interpellations (67), par rapport à la nuit précédente, selon un bilan de la préfecture à deux heures du matin. Les pompiers de Paris ont également évoqué une "hausse" des interventions dans le département par rapport à la nuit de vendredi à samedi, au cours de laquelle 52 véhicules incendiés et 31 interpellations avaient été enregistrés à la même heure.

Au cours de la nuit, une dizaine de communes sur 40 ont été touchées par des "actes de violence urbaine", principalement à Epinay-sur-Seine et Saint-Denis, mais le calme semblait revenu vers 1 h 30, a indiqué la préfecture. En début de soirée, plusieurs tentatives d'incendies d'écoles ont été circonscrites par les pompiers, à Pantin et Sevran, ainsi que dans une crèche de Tremblay-en-France. A Noisy-le-Grand, un incendie a ravagé un gymnase de 2 000 m2 et détruit une dizaine de voitures à proximité. Le secteur a été sécurisé par les forces de l'ordre et placé sous la surveillance d'un hélicoptère.A Drancy, deux frères de 14 et 15 ans qui tentaient d'incendier un camion en début de soirée ont été stoppés par des habitants, qui les ont ensuite livrés à la police, selon une source policière.Une journaliste coréenne de la chaîne KBS TV a en outre été légèrement blessée lors d'une "agression" à Aubervilliers, selon la préfecture.

Huit compagnies de CRS et six escadrons de gendarmes mobiles, soit 1 400 hommes, auxquels s'ajoutent 700 sapeurs-pompiers, étaient mobilisés dans la nuit dans le département.

VAL D'OISE. 33 véhicules, dont un poids-lourd, ont été incendiés et 22 personnes ont été interpellées. Trois policiers ont été légèrement blessés par des jets de pierre à Goussainville alors qu'ils quittaient leurvéhicule.

Avec AFP et AP

 

Le mouvement s'est largement étendu en province

Dans la nuit de samedi à dimanche, le nombre des véhicules brûlés en province a atteint 554, soit plus du double de la nuit précédente (241).

HAUTE-NORMANDIE. Les incidents les plus graves ont eu lieu à Evreux (Eure), dans le quartier sensible de la Madeleine. Une trentaine de voitures, trois magasins, un poste de police et plusieurs cabines téléphoniques ont été incendiés et détruits par les manifestants. Une école a été attaquée avec des cocktails Molotov et une mairie annexe endommagée, lors d'affrontements entre une petite centaine de jeunes, parfois armés de battes de base-ball, et les forces de l'ordre. Ces affrontements auraient fait des blessés, selon ces témoins. La préfecture de Haute-Normandie déclarait dimanche matin ne pas avoir de bilan de ces violences ni de celles commises dans les autres villes de la région, notamment à Rouen où au moins six véhicules ont été incendiés.

NORD-PAS DE CALAIS. Pour la deuxième nuit consécutive, des véhicules ont été brûlés dans les départements du Nord, de l'Aisne et de l'Oise, avec près de 80 feux.

Dans le Nord, la préfecture comptabilisait 41 voitures incendiées à 23 h 15, un bilan nettement supérieur à la moyenne. Des véhicules des pompiers et de la police ont été visés par des caillassages. Sept personnes ont été interpellées. Ces incidents ont éclaté dans l'agglomération lilloise, notamment dans les quartiers sud de Lille, à Roubaix et à Tourcoing, ainsi que dans la région de Dunkerque et celle de Valenciennes.

Dans l'Aisne, les incidents se sont concentrés sur la ville de Soissons, où sept feux de véhicules sporadiques en divers endroits de la ville, allumés par des éléments mobiles, ont été éteints par les pompiers. Des projectiles ont également été lancés, sans heurts directs, a indiqué la préfecture.

Dans l'Oise, la préfecture a évoqué "des tensions" à Beauvais, Nogent-sur-Oise et Creil, où d'importants moyens de police et de gendarmerie ont été déployés et pris à partie, sans affrontements. Une trentaine de voitures et une cabine de poids lourds ont été incendiées, selon un nouveau bilan de la préfecture à 1 h 15. Deux personnes ont été interpellées, l'une en flagrant délit d'incendie, l'autre qui lançait des pierres.

AQUITAINE. Dans le quartier sensible de l'Ousse-des-Bois à Pau (Pyrénées-Atlantiques), où onze véhicules avaient été incendiés la nuit précédente, sept CRS ont été légèrement blessés par des jets de pierres, mais n'ont procédé à aucune interpellation. Les violences se sont étendues à d'autres quartiers de l'agglomération. Au total, une vingtaine de voitures, deux scooters, une moto, un bus, un abribus, un débarras communal ont été brûlés, selon les pompiers, qui sont aussi intervenus après une tentative d'incendie des locaux de l'ANPE. La vitre d'un véhicule anti-incendie a été brisée. Quatre personnes incommodées par les fumées ont été conduites à l'hôpital.

Vingt-cinq voitures, un bus et de nombreuses poubelles ont été incendiés et neuf personnes interpellées dans la banlieue de Bordeaux, où violences se sont étendues à Cenon, Pessac, Bègles, Lormont, Floirac, Talence et Bordeaux-Bastide, sans provoquer d'échauffourées.

Dans le Lot-et-Garonne, trois cars ont été incendiés et un quatrième endommagé dans un entrepôt à Villeneuve-sur-Lot, près d'Agen, et une voiture a brûlé à Marmande. Dans le Limousin, deux voitures ont été incendiées dans le quartier de Tujac à Brive et deux voitures ont brûlé à Limoges, selon les pompiers.

CENTRE. Dans le Loiret, les pompiers ont effectué une quarantaine d'interventions liées à des violences urbaines, principalement à Orléans et Montargis, pour 15 feux de voitures mais aussi des attaques au cocktail molotov contre des magasins, un local pour personnes âgées et un bus. Il n'y a pas eu de blessés. A Blois, les pompiers sont intervenus une vingtaine de fois pour des incendies de véhicules - 18 ont été détruits - ou de poubelles.

AUVERGNE. Sept voitures ont été incendiées samedi entre 22 et 23 heures dans les quartiers nord de Clermont-Ferrand. Les policiers ont assuré la protection des sapeurs-pompiers mais aucun groupe de jeunes n'était visible sur place lors de leur intervention. Deux jeunes gens en possession d'essence ont par ailleurs été interpellés.

PAYS-DE-LA-LOIRE. A Nantes, 38 véhicules ont été incendiés un peu partout dans la ville, où de nombreux incendies de poubelles ont aussi été signalés. Un début de feu a également été maîtrisé dans la maison des associations du quartier Dervallières. "Il s'agit de tous petits groupes de quelques individus qui mettent le feu et s'enfuient", a expliqué un responsable des pompiers. Des incidents de moindre ampleur - moins de dix véhicules incendiés - ont été signalés au Mans et à Laval, où un local d'aide sociale du conseil général a également été incendié.

BRETAGNE. A Rennes, "des petits groupes très mobiles", selon un policier, ont incendié une vingtaine de véhicules et des dizaines de poubelles ou conteneurs, en dépit de la mise en action d'un hélicoptère de surveillance par les forces de l'ordre. Des incidents de moindre ampleur - moins de dix véhicules incendiés - ont été signalés dans d' autres villes, comme Quimper, Brest, Saint-Malo.

LORRAINE. Les incidents les plus graves se sont déroulés à Guenange, près de Thionville (Moselle) où cinq bus d'un dépôt ont été entièrement détruits par un incendie. Une quarantaine de véhicules ont par ailleurs brûlé dans le reste du département, principalement à Metz et Rombas. En Meurthe-et-Moselle, 25 incendies de véhicules ont été recensés, principalement à Nancy.

ALSACE. Les violences se sont étendues au département du Haut-Rhin, et notamment à l'agglomération de Mulhouse où une quinzaine de voitures ont été incendiées, principalement dans les quartiers de Bourtzwiller et de Drouot. Plusieurs véhicules ont également brûlé à Illzach, ainsi que six à Colmar. A Strasbourg, où d'importants moyens avaient été mis à la disposition des forces de l'ordre, notamment un hélicoptère, seule une voiture brûlée a été comptabilisée, contre 17 la nuit précédente.

FRANCE-COMTÉ. Dans l'aire urbaine de Belfort-Montbéliard, une vingtaine de feux de véhicules ont été recensés, notamment dans les quartier des Champs-Montants et de la Petite-Hollande à Montbéliard, et six personnes ont été interpellées.

RHÔNE-ALPES. Une quinzaine de voitures ont été incendiées dans l'ensemble de l'agglomération lyonnaise samedi en début de soirée, des incidents dispersés qui n'ont donné lieu à aucun affrontement ni interpellation. Les pompiers, sont notamment intervenus à Vénissieux, Bron et Meyzieux. Trois voitures ont également brûlé dans le premier arrondissement de Lyon. Selon les pompiers du Rhône, le nombre de voitures incendiées dans l'agglomération lyonnaise "varie d'habitude entre six et dix maximum par tranche horaire de 24 heures".

MIDI-PYRÉNÉES. "Nous avons dû faire face à 49 feux de voitures et 21 de poubelles entre 20 heures samedi et 7 heures ce dimanche" dans l'agglomération toulousaine, a indiqué dimanche le Codis, qui a dû faire appel à des renforts du centre du département. Les incendies, qui n'avaient touché, vendredi soir, que les quartiers ouest de l'agglomération, et particulièrement le Mirail et Reynerie, se sont étendus à Empalot, au sud, ou aux Izards, au nord.Un hélicoptère de la gendarmerie, équipé d'un puissant projecteur, a survolé les quartiers sensibles permettant "de procéder à plus d'interpellations", environ une quinzaine, a-t-on indiqué de source policière. Des poubelles situées devant des établissements publics, notamment un école maternelle et un collège du quartier du Mirail ont été incendiées, les devantures de quelques commerces ont été légèrement endommagées, et un début d'incendie a été maîtrisé en début de soirée dans une bibliothèque du quartier de la Reynerie.

PROVENCE-ALPES-CÔTE D'AZUR. Onze voitures ont été incendiées entre 19 h 40 et 22 heures dans plusieurs quartiers d'Avignon, notamment ceux de Saint-Chamand, de la Barbière et aux abords de la cité Monclar. Treize autres ont brûlé dans différents quartiers de Nice, soit deux de moins que la veille, et une dizaine de personnes ont été interpellées. D'importants moyens humains ont été mobilisés et doivent être reconduits dimanche soir. Le ministre délégué à l'aménagement du territoire et président du conseil général des Alpes-Maritimes Christian Estrosi, le préfet du département, Pierre Breuil et le sénateur-maire de Nice Jacques Peyrat se sont rendus dans la soirée dans le quartier des Moulins pour rencontrer les forces de l'ordre.


Avec AFP

    Région par région, le bilan de la nuit de samedi à dimanche, Lemonde.fr,06.11.05 | 09h33 • Mis à jour le 06.11.05 | 13h58, http://www.lemonde.fr/web/articleinteractif/0,41-0@2-3226,49-707070@45-1489@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Les violences urbaines vont crescendo en France

 

06/11/2005 07h45
AFP

 

Les destructions entraînées par les émeutes dans les banlieues françaises vont crescendo depuis 10 jours et ont atteint le pic de 918 véhicules brûlés dans la nuit de samedi à dimanche, selon un bilan provisoire de la direction générale de la police nationale.

La veille, le bilan définitif des troubles faisait état de 897 véhicules incendiés. En revanche, le nombre des interpellations serait en baisse par rapport à la nuit précédente, selon ces chiffres provisoires (de 253 à 193).

Les appels au calme s'étaient pourtant multipliés samedi. L'un d'eux émanait des parents des deux jeunes de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) dont la mort par électrocution le 27 octobre avait servi de détonateur aux émeutes.

Signe de la volonté de fermeté affichée par le gouvernement face aux émeutiers, sept hélicoptères munis de puissants projecteurs et de caméras vidéo avaient été mobilisés dans la nuit pour dissuader les fauteurs de troubles. Mais ni ces nouveaux moyens matériels, ni les renforts en policiers n'ont semblé intimider les incendiaires, qui ont opéré au coeur même de la capitale, dans le 3ème arrondissement où quatre voitures ont été brûlées par un engin incendiaire tandis qu'une demi-douzaine de véhicules étaient en flammes dans le 17ème.

La nuit a également été marquée par des affrontements violents à Evreux, où le centre commercial du quartier de La Madeleine, a été gravement endommagé et où de jeunes manifestants cagoulés, dont certains étaient armés de battes de base-ball, se sont heurtés aux policiers, selon les constatations et témoignages recueillis sur place. Ces affrontements auraient fait des blessés de part et d'autre, selon ces témoignages. La préfecture n'a pas été en mesure de fournir un bilan.

Ailleurs en province, les incendies de véhicules ont été particulièrement nombreux, près de 80, dans les départements du Nord, de l'Aisne et de l'Oise, selon les préfectures. A Toulouse, une cinquantaine d'incendies volontaires dont 40 voitures brûlées avaient été relevées et une dizaine d'interpellations. A Avignon, 11 voitures ont été visées.

En banlieue parisienne, de nombreux bâtiments, deux écoles de Grigny et un MacDo de Corbeil-Essonnes défoncé par une voiture-bélier, et des véhicules (71) se sont embrasés dans l'Essonne, où s'est rendu le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy en signe de soutien aux policiers. A Evry, le ministre a notamment rencontré des adolescents interpellés qui devaient être remis à leurs parents. Une cinquantaine de personnes ont été interpellées dans ce département. "Brûler une école, c'est inacceptable mais celui qui a mis le feu c'est Sarkozy", pestait samedi soir un parent d'élève de Grigny.

A Athis-Mons, deux personnes ont été légèrement blessées par intoxication et une centaine évacuées dans la nuit après l'incendie d'un foyer Sonacotray.

Par ailleurs, au moins 80 véhicules incendiés et 20 interpellations ont été enregistrés dans les Yvelines, respectivement 90 et 67 en Seine-Saint-Denis, 33 et 32 dans le Val-d'Oise. Aux Mureaux, une trentaine de jeunes perchés sur le toit de deux tours du quartier des Musiciens, ont jeté toutes sortes de projectiles sur les forces de l'ordre en début de soirée, sous les projecteurs d'un hélicoptère.

Les médias étrangers continuent de regarder avec inquiétude se développer ces protestations violentes dans les banlieues françaises, qui sont souvent des lieux de ségrégation socio-économiques pour une population en majorité d'origine immigrée. Ces émeutes sont un avertissement pour l'Europe que l'intégration nécessite une solution politique, écrit le président de la Commission britannique pour l'égalité des races (CRE) Trevor Phillips dans une tribune publiée dimanche par l'Observer Trevor Phillips. "Nos voisins français sont en train de nous donner le plus fort signal d'alarme qu'ils peuvent (en matière d'intégration)", écrit Trevor Phillips. "Réveillez-vous tous".

    Les violences urbaines vont crescendo en France, AFP, 06/11/2005 07h45, http://www.afp.com/francais/news/stories/051106065339.qeq16eqn.html

 

 

 

 

 

Riots Spread From Paris to Other French Cities

 

November 6, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS, Sunday, Nov. 6 -Scattered nighttime rioting around French public housing developments continued early Sunday, spreading to the outskirts of more cities and leaving the authorities frustrated by their inability to stop what many are calling France's worst civil unrest since the 1968 student revolts.

Prime Minister Dominique de Villepin met with eight of his ministers and a top Muslim official on Saturday, trying to find a way to break the chain of violent events.

But the violence continued, with two schools destroyed in the Essonne region south of Paris and more cars going up in flames. More than 1,000 vehicles and many buildings have been destroyed in the disorder that began Oct. 27, with nearly 900 vehicles reported burned Friday night alone, although the violence seemed to be lessening by Sunday morning.

Most of the unrest remained confined to immigrant neighborhoods surrounding Paris, where about 100 people were evacuated Friday night from two apartment blocks after an arson attack set dozens of cars alight in an underground garage. Rampaging youths have also attacked property in the southern cities of Toulouse and Nice, and in Lille and Rennes to the north.

Hundreds of young people, including teenagers as young as 13, have been detained in the past 24 hours. Although the police have been unable to stop the violence because of its apparent spontaneity and lack of clear leaders, officials say they have also begun to detect efforts to coordinate action and spread it nationally. In remarks on Europe 1 Radio, the prosecutor general in Paris, Yves Bot, said Web sites were urging youths in other cities to join the rioting.

The police said that for the first time they had deployed a helicopter to videotape incidents and coordinate with officers on the ground. Roman Catholic, Protestant and Muslim leaders led a march of about 2,000 people on Saturday morning in Aulnay-sous-Bois, one of the affected suburbs. The parents of two teenagers, whose accidental deaths while hiding from the police touched off the rioting, also issued a statement appealing for calm.

Many see the violence as a test of wills between Interior Minister Nicolas Sarkozy and the young, mostly French Arab rioters. Many immigrants and their children blame Mr. Sarkozy for alienating young people with the way he has pressed a zero-tolerance anticrime campaign, which features frequent police checks of French Arabs in poor neighborhoods. But he has ignored calls from many French Arabs to resign, and is keeping up the pressure. During a visit to a police command center west of Paris on Saturday, according to local news reports, he told officers, "Arrests - that's the key."

Ironically, Mr. Sarkozy, himself a second-generation immigrant, has been one of the loudest champions of affirmative action and of relaxing rules that restrict government support for building mosques.

The government has been embarrassed by its inability to quell the disturbances, which have called into question its unique integration model, which discourages recognizing ethnic, religious or cultural differences in favor of French unity. There is no affirmative action, for example, and religious symbols, like the Muslim veil, are banned in schools.

"The republican integration model, on which France has for decades based its self-perception, is in flames," the German newspaper Frankfurter Allgemeine Zeitung declared. An editorial in Germany's Süddeutsche Zeitung called the violence around Paris an "intifada at the city gates," a reference to the anti-Israeli uprising by Palestinians.

The French approach to integration is one of three basic models in Europe, which has faced large-scale non-European immigration only in the postwar era.

Germany and Austria pursued a now largely discredited "guest worker" policy that was based on the notion that immigrants were temporary laborers who would eventually go home. But the guest workers did not go home, and their European-born children have begun demanding citizenship and equal rights.

While it is still difficult to become a citizen in Germany, there has been a strong wave of naturalizations in recent years and children born there to foreign parents now receive citizenship at birth.

Britain has followed a policy closer to that of the United States, extending citizenship to newcomers and encouraging strong ethnic communities. Immigrants arriving from Commonwealth countries in the 1950's and 1960's enjoyed immediate voting rights until Margaret Thatcher put an end to the practice in 1981. But the law created politically powerful immigrant communities.

France, too, has offered citizenship to its immigrants, but the process was slower, and many of the Algerians who arrived to work in the wake of their country's bitter war of independence against France were reluctant to take up French citizenship. Not until naturalizations became more common in the 1980's did immigrants and their adult children begin to develop political power.

The country has tried to discourage "ghettoization" by ignoring ethnic or religious differences and emphasizing French identity above all. Until the early 1980's, foreigners needed government approval to form associations.

But discrimination has flourished behind the oft-stated ideals, leaving immigrants and their French-born offspring increasingly isolated in government-subsidized apartment blocks to face high unemployment and dwindling hope for the future.

    Riots Spread From Paris to Other French Cities, NYT, 6.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/06/international/europe/06paris.html?hp&ex=1131339600&en=f95803feef0b91a4&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

France Has an Underclass, but Its Roots Are Still Shallow

 

November 6, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

PARIS — Just two months ago, the French watched in horrified fascination at the anarchy of New Orleans, where members of America's underclass were seen looting stores and defying the police in the wake of Hurricane Katrina.

Last week, as rioters torched cars and trashed businesses in the immigrant-concentrated suburbs of Paris, the images of wild gangs of young men silhouetted against the yellow flames of burning cars came as an unwelcome reminder for France that it has its own growing underclass.

The coincidence of timing can be revealing - and deceptive.

The corrosive gap between America's whites and its racial minorities, especially African-Americans, is the product of centuries: slavery, followed by cycles of poverty and racial exclusion that denied generation after generation the best the United States could offer. France, on the other hand, is only beginning to struggle with a much newer variant of the same problem: the fury of Muslims of North African descent who have found themselves caught for three generations in a trap of ethnic and religious discrimination.

Even so, France is still low on the curve toward developing an entrenched, structural underclass - one that could breed extremism and lasting social problems.

So far, while hundreds of cars and buses have been burned and dozens of businesses destroyed in violence that has spread to a dozen towns, most rioters appear to be teenage boys bent more on making the news than making a coherent political statement.

"It's a game of cowboys and Indians," said Olivier Roy, a French scholar of European Islam. He is usually keen to warn Europeans of the potential danger posed by Islamists living among them. But in this case, he said, the danger is a long-range one. So far, he said, the attacks on the police and the torching of cars has less the character of a religious war than of "a local sport, a rite of passage."

The violence, on the other hand, reflects something that any American who lived through the urban upheavals of the 1960's, or the 1992 riots in Los Angeles, might recognize: a dangerous degree of isolation felt by a growing segment of its population, especially its young.

Although many Americans feel that their country still has a lot of work to do to close the gap between blacks and whites, the social protests and urban upheavals of the 1960's produced a stream of measures intended to increase political and economic opportunities rapidly for members of minority groups, and to stress the value of diversity to a democracy. By contrast, the French model has so far relied largely on expensive measures to keep poor Muslims fed, housed and educated, but has not effectively addressed the social or political isolation they feel from job and housing discrimination, and has actually limited their ability to define themselves as a political interest group. Affirmative action, a cornerstone of the American approach, has been a taboo here.

Manuel Valls, a member of Parliament and mayor of Évry, a troubled suburb south of Paris that has seen its share of violence in the past few days, put it this way: "We've combined the failure of our integration model with the worst effects of ghettoization, without a social ladder for people to climb."

"In the U.S. and Britain, the communities help create opportunities for advancement," he continued. But in France "the state and the politicians have left the playing field open for a political-religious response - that's undeniable."

Still, because France's difficulties are relatively recent, it may have a chance to escape the depth of the American problems.

For one thing, the physical conditions in these neighborhoods have not begun to rival poor urban areas in the United States. Even in the worst government housing developments, green lawns and neat flower beds break the monotony of the gray concrete.

There are more than 700 such neighborhoods in the country, housing nearly five million people or about 8 percent of the population.

The despair in these housing projects (called cités here) has been mitigated by better schools than those that serve poor, minority districts in the United States (education is financed nationally in France, rather than through local tax rolls) and by extensive welfare programs. Even when employed, a family of four living in a government-subsidized apartment typically pays only a few hundred dollars a month in rent and can receive more than $1,200 a month in various subsidies. The unemployed receive more. For all, health care and education are free.

There is crime, but not nearly at the level of random violence feared in poor neighborhoods in American cities. Guns are tightly controlled and are still relatively rare. When a teenager was killed in a drive-by shooting in a Paris suburb this year, it made national headlines. The family unit among immigrants is still strong, as are ties to their homelands.

But that tight social fabric is fraying as the second and now third generations of French-born immigrants come of age. On two levels, many young immigrants find themselves questioning where they really belong. They have weaker ties than their parents did to their ancestral countries, but they are also discovering that, contrary to what they have been taught in school, they are not fully French.

That is one foundation of the fear among some experts that a structural underclass is emerging. Already, French-Arabs and French-Africans make up the majority of inmates in France's prisons, just as minorities make up a vastly disproportionate part of the American prison population.

France's definition of citizenship also presents problems. While the United States stresses pluralism, France continues to discourage anything that could carve up the French body politic along ethnic lines; the word "communautarisme," which roughly translates as ghettoization, is known to all French as a destructive force that afflicts, most notably, the United States.

It was only in 2003 that the French government encouraged the formation of an umbrella Islamic organization that could represent French Muslims in a dialogue with the state. The overall policy has only increased Muslim resentments by banning any form of affirmative action and by suppressing cultural expression in measures like forbidding Muslim girls to wear veils in school.

As in the United States, most experts agree that in the long run, full employment would be the best way to solve the problems and accelerate integration. Here, the comparison between the history of American minority groups and those in France seems particularly close. The jobless rate among French-Arabs and French-Africans is as high as 30 percent in some neighborhoods, triple the national average. French-Arabs regularly claim that when identical résumés are submitted to an employer with an Arab name on one and a French name on another, the résumé with the French name will get the priority.

That much, at least, may be changing. In March, President Jacques Chirac appointed the chairman of the automaker Renault, Louis Schweitzer, to head a council created to fight job and housing discrimination. The country is also engaged in a debate over whether to bend its laws to allow affirmative action in the job market.

"The picture of France as a country that doesn't want to recognize diversity - that's partially true," said Patrick Weil, an expert on immigration and integration based in Paris for the German Marshall Fund. "But there's a debate now about what steps should be taken to change that."

    France Has an Underclass, but Its Roots Are Still Shallow, NYT, 6.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/06/weekinreview/06smith.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10e nuit d'émeutes dans les banlieues, fermeté du gouvernement

 

05/11/2005 23h35
AFP

 

PARIS (AFP) - Des violences urbaines ont enflammé pour la dizième nuit consécutive des cités-ghettos près de Paris et en province, avec une centaine de véhicules brûlés et une dizaine d'interpellations à 22H00.

"Il est trop tôt pour tirer des conclusions" sur une baisse, un maintien ou une hausse du niveau de violence", estimait-on de source policière alors que les appels au calme et les promesses de fermeté du gouvernement se sont multipliés samedi.

Le début de soirée a été marqué par plusieurs incendies dans l'Essonne: deux écoles, dont la maternelle de La belle au Bois dormant à Grigny, ont été touchées, cette dernière étant détruite à 50%. "Brûler une école, c'est inacceptable mais celui qui a mis le feu c'est Sarkozy", pestait samedi soir un parent d'élève, Yvan Lemaître.

Près de 800 m2 de papier ont également été brûlés dans un incendie qui a frappé une entreprise de recyclage de papier, implantée à Vigneux-sur-Seine, selon la préfecture.

Le McDonald's de Corbeil-Essonnes dans le quartier des Coquibus, a été partiellement détruit par une voiture bélier, sans faire de blessé, selon la préfecture. Son conducteur s'étant enfui à pied.

Une quinzaine de voitures ont également été incendiées dans le département.

Vingt-huit voitures incendiées avaient été comptabilisées samedi à 23H00 en Seine-Saint-Denis, contre 33 vendredi à la même heure, et 37 interpellations, contre 21 vendredi, selon un bilan provisoire de la préfecture.

Au cours de la soirée, plusieurs tentatives d'incendies d'écoles ont été circonscrites par les pompiers, à Pantin, Sevran et Tremblay-en-France, a ajouté la préfecture.

A Noisy-le-Grand, un incendie a ravagé un gymnase de 2.000 m2 et détruit une dizaine de voitures à proximité, a constaté un photographe de l'AFP.

A Drancy, la population a livré aux policiers deux frères de 14 et 15 ans qui tentaient d'incendier un camion en début de soirée.

Dans le Val d'Oise, selon un bilan provisoire de la préfecture, 19 véhicules, dont un poids-lourd, ont été incendiés en début de soirée et une vingtaine de personnes ont été interpellées. Trois policiers ont été légèrement blessés par des jets de pierre à Goussainville alors qu'ils quittaient leur véhicule.

Dans les Yvelines, aux Mureaux, des dizaines de jeunes s'étaient regroupés sur deux tours du quartier des Musiciens et lançaient des projectiles sur les forces de l'ordre, samedi en début de soirée.

Au coeur même de Paris, quatre voitures ont été visées samedi soir par au moins un engin incendiaire, rue Dupuis, dans le 3ème arrondissement, près de la place de la République, a constaté un journaliste de l'AFP.

A Toulouse, les pompiers ont dû faire face à une multiplication des tentatives d'incendies volontaires samedi soir, au total une trentaine vers 22 heures, selon le CODIS, tandis que la police tentait d'empêcher ces dégradations effectuées par de petits groupes de jeunes dans plusieurs banlieues populaires de la ville.

Pour la nuit de samedi à dimanche, le dispositif policier mis en place est proche de celui de la nuit précédente. En Ile-de-France, en plus des effectifs locaux habituels, 2.300 policiers sont mobilisés en renfort.

Dans la nuit de vendredi à samedi 900 véhicules avaient été incendiés et quelque 250 personnes interpellées, en Ile-de-France et en province.

Le gouvernement, par la voix du ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy s'était déclaré "unanime sur la fermeté" à l'issue d'une réunion de crise à Matignon.

Les appels au calme se sont également multipliés samedi, notamment de la part des parents des deux adolescents morts électrocutés le 27 octobre à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et de la fédération des musulmans de Clichy-Montfermeil qui ont demandé "l'arrêt de toute violence" et appelé au "sens civique".

Plusieurs marches pacifiques ont eu lieu en banlieue parisienne pour réclamer la fin des violences.

Le président français Jacques Chirac, dont le silence étonne certains députés de sa propre majorité, a reçu une offre d'"aide" de la part du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, selon l'agence officielle libyenne Jana.

    10e nuit d'émeutes dans les banlieues, fermeté du gouvernement, AFP, 05/11/2005 23h35, http://www.afp.com/francais/news/stories/051105233555.r3wrzxbm.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Emeutes : des meneurs au profil de récidivistes

VIOLENCES Les troubles de la banlieue parisienne sont conduits par des jeunes délinquants, déjà bien connus des services de police. Alors que la crise des banlieues et les tensions sociales mettent la méthode Villepin à l'épreuve, des élus de gauche réclament la démission de Sarkozy. Les deux hommes mettent leur rivalité en veilleuse.
Cécilia Gabizon

 

05 novembre 2005
Le Figaro

 

«ON SAIT TOUS qui met le feu», assure Omar, 18 ans, de Clichy-sous-Bois. Les jeunes de la ville, comme à Aulnay-sous-Bois, décrivent deux types d'émeutiers. Le plus courant ressemble étrangement à ceux qui en dressent le portrait : «un gars révolté», «qu'on n'écouterait pas autrement», «qui se laisse entraîner parce qu'il n'a pas grand-chose à faire». Un jeune qui a le sentiment d'appartenir à «une génération foutue, sacrifiée», dit Kamel, 18 ans, pas de diplôme et pas de travail, «pas même de l'intérim». «Avec un nom arabe et l'adresse, c'est foutu», insiste Hamza, 18 ans, qui a suivi les émeutes de près, mais «n'a rien fait, parce que c'était le ramadan». A côté de ces enragés «occasionnels», un noyau de délinquants commet les actes les plus graves, notamment les incendies de voiture qui, sans demander des moyens, implique de se procurer de l'essence ou un produit incendiaire, voire un pied-de-biche pour forcer les portières ou briser les vitres.

Parmi les quelque deux cents personnes interpellées au cours des échauffourées de ces derniers jours, quarante majeurs et trente-six mineurs sont passés en comparution immédiate devant le tribunal de Bobigny. La moitié n'avaient pas de casier judiciaire et très peu reconnaissaient leur implication dans les émeutes.Magid M., 18 ans, une vie de chaos, dit n'avoir participé aux incidents de Clichy que «par curiosité». Mais «je serais prêt à m'excuser envers la police». Pour lui, ce sera le sursis. Beaucoup plus stable, P., 22 ans, père de famille qui vit à Bondy, a reconnu jeudi avoir jeté une pierre – qui «n'a touché personne» – en direction des policiers. «Je l'ai regretté tout de suite», dit celui qui revenait éméché d'une soirée à Paris. Ses deux copains avaient tenté de le dissuader, mais il avait cédé à «l'atmosphère». Ensuite, il a été plaqué au sol par un policier. «Il s'en tire avec des hématomes», relate son avocate, Me Curt, qui croit voir en lui un profil courant de ces émeutiers de l'instant.

 

Des délinquants confirmés

D'autres sont déjà connus de la justice, comme M., 18 ans, auteur par le passé de vols avec violence. Trouvé avec des cartouches de gaz lacrymogène, il nie pourtant son implication. Il a été condamné à dix mois de prison, dont sept avec sursis. Ou encore N., 18 ans, qui avait photographié avec son téléphone portable un véhicule en flammes, disait être là «par curiosité». Son casier judiciaire a plaidé contre lui : il a écopé d'un mois ferme. Jean, 19 ans, était soupçonné d'avoir poussé une poubelle enflammée sur la chaussée, au Blanc-Mesnil. Dans la salle, il joue pourtant les orateurs raisonnables. «Ce n'est pas la violence qui fera revenir Bouna et Zied» (NDLR : les deux ados morts dans le transformateur EDF à Clichy-sous-Bois), lance-t-il sous les applaudissements des copains venus à l'audience. Le tribunal fait évacuer la salle. Lui sera condamné à deux mois ferme. Le suivant, qui prépare son bac, s'en sort grâce au témoignage de son proviseur.

Le profil des premiers émeutiers jugés correspond, selon les policiers, à celui des jeunes délinquants, qu'ils interpellent en général dans cette banlieue à problèmes qu'est le «Neuf-Trois». «Des jeunes de 14 à 20 ans, en grave échec scolaire, souvent issus de l'immigration, dont la moitié sont connus de nos services.»

Ils alimentent une forme de violence qui s'est installée depuis les années 80, selon l'étude du sociologue du CNRS Francis Bailleau. Désormais, on vole moins pour obtenir des biens. Il s'agit plutôt de les détruire, de s'attaquer aux personnes, aux représentants de l'institution et à ses symboles, notamment les bâtiments. Parmi les auteurs, les enfants de l'immigration sont surreprésentés, admet Hugues Lagrange, de l'Observatoire sociologique du changement (CNRS). Mais, dit-il, ce sont les facteurs sociaux qui restent déterminants, ainsi que la taille de la fratrie. «Plus la famille est vaste, plus les enfants ont de chances de traîner dehors et de dégringoler dans la délinquance», explique le sociologue. Pour Hugues Lagrange, la première raison de ces dérives se trouve dans le chômage des jeunes sans qualification. Or ce fléau touche près du tiers des enfants de l'immigration.

    Emeutes : des meneurs au profil de récidivistes, Figaro, 5.11.2005, http://www.lefigaro.fr/societe/20051105.FIG0001.html?100208

 

 

 

 

 

Paris seeks "hidden hands" in riots, locals unsure

 

Sat Nov 5, 2005 11:20 AM ET
Reuters
By Tom Heneghan

 

AULNAY-SOUS-BOIS, France (Reuters) - With every night that France's rundown suburbs burn, officials grow increasingly convinced that drug traffickers and Islamist militants are using frustrated youths to challenge law and order here.

Many people who watch their cars, shops and schools go up in flames, however, are not buying it. They blame unemployment, racial prejudice and widespread youth boredom for the outbursts.

Finding "hidden hands" behind the unrest seems like trying to catch the rioters as they rampage through the night. Some may get caught, but far more slip away in the darkness.

"Everybody is fed up seeing our town and our district trampled over daily by these organized gangs," declared Gerard Gaudron, conservative mayor of the northeastern Paris suburb of Aulnay-sous-Bois after an hour-long march against violence.

If the police don't crack down on these "hooligans," the embattled Interior Minister Nicolas Sarkozy has warned, "who would give the orders? The mafias and the fundamentalists."

Fouzi Guendouz doesn't agree. "I don't think that's the real reason. It was just an excuse for kids to trash things," said Guendouz, 20, a French-born business student of Algerian origin.

"The politicians blame it on Islamists because the French are afraid of this religion. They think Islam equals bin Laden."

"Whoever knows who's behind this should come here and say it openly," shouted a defiant man in a Muslim prayer cap. "The problem is there's nothing for youths to do here."

Ahmed Hamidi, a white-bearded Moroccan electrician long resident in France, had no patience with politicians in Paris, which lies hardly an hour away but seems like another planet.

"All the politicians care about are laws for homosexuals and all those immoral things," he fumed. "They are against headscarves, against beards and against the mosques.

 

THEORY VERSUS REALITY?

Aulnay-sous-Bois was calm overnight, but there were still many charred cars and delivery vans along the way as the "march against violence" snaked in between the faded housing blocks.

Acrid smoke still rose from the smoldering ruins of a large carpet and floor covering depot set ablaze by arsonists two days ago. Deep in an isolated industrial zone, the depot was clearly the target of arsonists who went out of their way to hit it.

The growing frequency of attacks like this, in contrast to the car and trash hopper blazes set by marauding youths earlier in the unrest, prompted Paris prosecutor Yves Bot to join the officials blaming the rioting on organized gangs.

"This is done in a way that gives every appearance of being coordinated," he told Europe 1 radio. "For the moment, we see there is a movement against official institutions but it does not seem to be taking an ethnic or religious turn."

Another student in Aulnay-sous-Bois, Jeremie Garrigues, 19, doubted this was the case. "If those kids had been organized, they would have done much worse -- they would have used guns and bombs against town hall and the prefecture," he argued.

"Those are all politicians' theories," remarked an Algerian woman named Samia, whose main concern was how frightened her children were by the unrest. "We live here in reality."

 

NICE CARS AND EXPENSIVE PHONES

It's only on the fringes of the march, out of earshot of the multi-cultural crowd of concerned residents, that anybody tries to reconcile the opposing explanations.

"I'm sure there are drug dealers and Islamic radicals at work," said a middle-aged woman who requested anonymity. "Drugs are everywhere. They've arrested Islamic radicals nearby here."

A social worker who also withheld his name said some rioters seemed linked to the drug trade because they "drive nice cars and use mobile telephones I couldn't afford to buy.

"When the government is determined to fight this underground economy, there's bound to be resistance," he said. "There is no headquarters organizing this, but they seem to be coordinating their activities among themselves by phone."

The charge that Islamist radicals were trying to exploit the unrest was a difficult one for local Muslims to handle, he said, because many were working to prevent unrest and admitting there were radicals in the crowds would discredit their community.

"They can't say that, so they don't say anything," he added.

    Paris seeks "hidden hands" in riots, locals unsure, R, Sat Nov 5, 2005 11:20 AM ET, http://today.reuters.com/news/NewsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-05T161959Z_01_SCH558749_RTRUKOT_0_TEXT0.xml&related=true

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


A car burned early Saturday in Pierrefitte-sur-Seine, just north of Paris, during a night of rioting.

Remy de la Mauviniere/Associated Press        4.11.2005

 Immigrant Rioting Flares in France for Ninth Night        NYT        5.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/05/international/europe/05france.html?hp&
ex=1131253200&en=2f83142664225bb0&ei=5094&partner=homepage 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les émeutes restent intenses en Ile-de-France et s'étendent en province

 

LEMONDE.FR | 05.11.05 | 08h43 • Mis à jour le 05.11.05 | 08h53
Avec AFP et Reuters

 

Pour la neuvième nuit consécutive, la France a connu, vendredi 4 et samedi 5 novembre, de nouvelles violences urbaines. Aux premières heures de samedi, la police nationale faisait état d'un total de 754 véhicules incendiés, de 203 interpellations et de nombreux incendies de bâtiments.

Parmi les voitures incendiées, 563 l'ont été en Ile-de-France et 191 en province, où le phénomène, apparu la veille, a pris de l'ampleur.

Les forces de l'ordre ont réalisé beaucoup plus d'interpellations de fauteurs de troubles présumés que la veille (203 contre 78). Il s'agissait d'une priorité d'action fixée aux policiers.

Les autorités notent une baisse des affrontements directs entre émeutiers et forces de l'ordre, lesquelles avaient essuyé des tirs à balle réelle dans la nuit de mercredi à jeudi. "C'est plutôt un harcèlement de la police que de l'affrontement", a-t-on résumé de source policière.

Ces violences sont intervenues quelques heures après un nouvel appel au calme, lancé vendredi par des maires des communes du département de Seine-Saint-Denis et par le frère d'un des deux jeunes morts par électrocution le 27 octobre. Le marie UMP d'Aulnay-sous-Bois, Gérard Gaudron, en a pour sa part appelé à une marche silencieuse samedi dans sa ville.

Environ 1 400 policiers, gendarmes et CRS avaient été déployés en Seine-Saint-Denis. Dans les départements voisins, gagnés par la violence, les effectifs policiers ont été renforcés et les unités sont "plus mobiles et réactives" qu'auparavant, a-t-on souligné à la préfecture. Un hélicoptère muni d'un projecteur-caméra a été dépêché sur place.

SEINE-SAINT-DENIS. Dans le département de la Seine-Saint-Denis, où les troubles ont commencé il y a une semaine après le décès accidentel de deux adolescents dans un transformateur EDF, divers incendies ont touché des bâtiments.Dans la commune d' Aubervilliers, deux entrepôts ont été incendiés. Au total, 700 sapeurs-pompiers ont été mobilisés dans le département où une quinzaine de communes ont été touchées par des incidents dans la nuit.

A La Courneuve, le feu a été mis à une crèche. A Montreuil, un magasin Leader Price a été incendié ainsi qu'un parking et un concessionnaire automobile. Trois blessés légers sont à déplorer dans cette ville.A Pantin, la police a interpellé sept mineurs qui transportaient dans leur sac à dos des "projectiles incendiaires" et des bouteilles d'essence.

A Pierrefitte-sur-Seine, un engin incendiaire a été lancé contre le mur de la synagogue, tandis qu'à Villetaneuse, un bureau de poste a été incendié. Toujours à Pierrefitte, plus d'une centaine de personnes ont été évacuées pendant la nuit après le déclenchement d'un incendie dans un parking souterrain sous leurs immeubles.

D'autres incidents ont été signalés dans le département, par exemple à Epinay-sur-Seine, où une cinquantaine de jeunes cagoulés ont saccagé une dizaine de voitures.

Un engin incendiaire a par ailleurs été lancé sur la façade du commissariat de Saint-Denis.

ESSONNE. Un policier a été blessé par deux pavés dans le quartier de Coquibus, proche de la cité sensible des Tarterêts de Corbeil-Essonnes, où une concession Opel et un dépôt de pneus ont été incendiés. La mairie de Saint-Michel-sur-Orge a été ravagée en partie par un incendie tandis qu'une école maternelle et primaire à Brétigny-sur-Orge a été détruite en partie.

VAL D'OISE. Une dizaine de voitures ont été incendiées entre Vauréal et Jouy-le-Moutier, aux environs de Goussainville et Garges-les-Gonesse, selon la préfecture du département. Cinq personnes ont été interpellées sur les lieux. Le feu a été mis à une boulangerie et à un bureau de ventes en préfabriqué.

YVELINES. Parmi les incidents recensés figurent l'incendie d'une école maternelle d'Achères. A Suresnes, un incendie s'est propagé de véhicule en véhicule dans un parking souterrain, entraînant la destruction de 36 voitures.

A Clamart, selon une source policière, un enfant de dix ans a été interpellé avec une bouteille d'essence dans les mains tandis que dans le même département, à Boulogne, la police a arrêté un fauteur de trouble qui aurait aspergé quinze véhicules légers.

SEINE-ET-MARNE. A Meaux, un véhicule des sapeurs-pompiers a été détruit. Le bâtiment du collège Jean-Monet de Torcy a été à moitié détruit.

VAL-DE-MARNE. A Champigny, un bus a été vidé de ses occupants et incendié.

MIDI-PYRÉNÉES. Sept voitures ont été incendiées dans des quartiers de la périphérie de Toulouse, où la police a procédé à trois interpellations, a déclaré en milieu de nuit la préfecture de région. A minuit, précisait-elle, le calme était revenu dans les quartiers troublés.

Entre le 27 octobre et le 3 novembre au soir inclus, 1 260 véhicules ont été incendiés en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d'Oise, les Yvelines, l'Essonne, les Hauts-de-Seine, le Val-de-Marne et la Seine-et-Marne, selon la police.

    Les émeutes restent intenses en Ile-de-France et s'étendent en province, Le Monde.fr (avec AFP et Reuters), 5.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-706693,36-706821@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Les violences se poursuivent en Ile-de-France et gagnent la province

 

05/11/2005 06h40
AFP

 

Sept cent cinquantre quatre véhicules incendiés, dont un quart en province, 203 personnes interpellées, des bâtiments commerciaux et publics détruits ou endommagés : la région parisienne, rejointe par la province, a connu une neuvième nuit de violences urbaines malgré la volonté de dialogue affichée par le gouvernement.

Les incidents ont repris en région parisienne, survolée pour la première fois par un hélicoptère de surveillance de la police, quelques heures après que Dominique de Villepin eut reçu à Matignon seize jeunes de 18 à 25 ans issus de quartiers sensibles pour évoquer avec eux les difficultés des banlieues et les solutions à y apporter.

Cette rencontre, vendredi en début de soirée à Matignon, s'inscrivait dans le cadre des consultations lancées par le chef du gouvernement en raison de la crise dans les banlieues et qui doivent préparer la mise en place, d'ici à la fin novembre, d'un "plan d'action" en faveur des zones urbaines sensibles.

De son côté, le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy a effectué samedi peu avant 01h00 une courte visite-surprise à la direction départementale de la sécurité publique des Yvelines à Viroflay, près de Versailles.

Dans un communiqué, le Parti socialiste a assuré que le "bilan des violences atteint des proportions gravissimes en Ile-de-France et dans toute la France" et a demandé "la transparence la plus totale sur l'ampleur de ces événements dramatiques".

Samedi à 05H00, les forces de l'ordre avaient comptabilisé 754 véhicules incendiés, dont un quart en province, et 203 personnes interpellées, un chiffre en forte hausse, a-t-on appris de source policière. Parmi les voitures incendiées, 563 l'ont été en Ile-de-France et 191 en province, où le phénomène, apparu la veille, prend de l'ampleur. Dans la nuit de jeudi à vendredi, 519 voitures avaient été incendiées en région parisienne et 77 en province. La part de la Seine-Saint-Denis reste stable (132 voitures contre 123 la veille).

Ce phénomène de "diffusion" est aussi perceptible dans le Val d'Oise où les zones de la compétence de la gendarmerie ont été concernées alors que ce n'était pratiquement pas le cas la veille. Les forces de l'ordre ont réalisé beaucoup plus d'interpellations de fauteurs de troubles présumés que la veille (203 contre 78). Il s'agissait d'une priorité d'action fixée aux policiers. Aucun affrontement n'a en revanche été relevé, ce qui confirme la stratégie d'évitement de la confrontation avec les forces de l'ordre adoptée depuis la nuit précédente par les fauteurs de troubles.

Parmi les incidents recensés, figurent l'incendie d'une école maternelle d'Achères (Yvelines) et celui du collège Jean-Monet de Torcy (Seine-et-Marne), à moitié détruit. A Meaux (Seine-et-Marne) un véhicule des sapeurs-pompiers a été détruit, tandis qu'à Champigny (Val-de-Marne), un bus a été vidé de ses occupants et incendié. Un engin incendiaire a par ailleurs été lancé sur la façade du commissariat de Saint-Denis. A Suresnes (Hauts-de-Seine), un incendie s'est propagé de véhicule en véhicule dans un parking souterrain, entraînant la destruction de 36 voitures.

A Clamart, selon une source policière, un enfant de dix ans a été interpellé avec une bouteille d'essence dans les mains tandis que dans le même département, à Boulogne, la police a arrêté un fauteur de trouble qui aurait aspergé quinze véhicules légers. En Seine-Saint-Denis, à Aubervilliers deux entrepôts de textiles ont été la cible d'incendies, et à Pierrefitte-sur-Seine un engin incendiaire a été lancé "sur le mur d'une synagogue". Toujours à Pierrefitte, plus d'une centaine de personnes ont été évacuées pendant la nuit après le déclenchement d'un incendie dans un parking souterrain sous leurs immeubles.

Dans l'Essonne, un policier a été blessé par deux pavés dans le quartier de Coquibus, proche de la cité sensible des Tarterêts de Corbeil-Essonnes où une concession Opel et un dépôt de pneus, ont été incendiés. La mairie de Saint-Michel-sur-Orge a été ravagée en partie par un incendie tandis qu'une école maternelle et primaire à Brétigny-sur-Orge a été détruite en partie.

    Les violences se poursuivent en Ile-de-France et gagnent la province, AFP, 5.11.2005, http://www.afp.com/francais/news/stories/051105064037.yw4meubl.html

 

 

 

 

Paris on fire:
poverty and exclusion blamed for gang-related rioting

 

Published: 05 November 2005
The Independent
By John Lichfield in Paris

 

Is Paris burning? From the centre of the world's most beautiful city, you would hardly know anything much was happening. The tourists still crowd into the new Louis-Vuitton store on the Champs-Elysées. Well-heeled Parisians are planning their Sunday lunch with maman or making an early getaway for a weekend in the country.

But beyond the Paris ring-road (the Boulevard Périphérique), especially to the north, east and south, there is a different world: a world of tower blocks, sink schools, 20 per cent unemployment, violent youth gangs, police brutality, and - it should be said - many thousands of people trying their best to make a living and keep their children out of trouble.

Since Thursday 27 October, it is this twilight world which has been plunged into fire and destruction. Night after night, the violence has spread, leapfrogging from one suburb to another. Gangs of youths in five or six areas each night, mostly north and east of Paris, have taken their turn to burn hundreds of cars, set fire to public buildings, or factories or warehouses, to storm buses or throw stones or shoot live bullets at the police. On Thursday night, a gang of youths invaded a bus full of passengers, flung petrol on the floor and set the vehicle alight. A disabled woman, unable to flee like other passengers, was gravely burnt.

On the same night, the contagion of violence spread to Trappes, south-west of Paris, where a bus garage was set ablaze, destroying 27 buses. In total, 519 vehicles were burnt in the area on Thursday - bringing the total to more than 2,000 in the past week.

Who are the real victims of most of these attacks - the burnt man; the owners of the incinerated cars; the kids who can no longer go to the gymnasium at Le Blanc-Mesnil, burnt to the ground on Wednesday; the people unable to go to work from Trappes yesterday because all the buses had been destroyed?

The victims are, of course, other relatively poor residents of the banlieues, the double ring of often pleasant, sometimes grim, public housing estates that surround the French capital.

Why such violence? Why such blind destruction of the painfully acquired property of equally poor neighbours? What cause in nature makes such hard hearts that would set fire to a 56-year-old handicapped man?

The first point that should be made is that these are not, in the classic sense, race riots. There are almost no mono-racial ghettoes in France. The gangs attacking the police, and their neighbours' property, have a sense of exclusion from rich, white society. But they reflect the bizarre ethnic mixture of the banlieues. Maybe 50 per cent are of Arab or African origin, and 30 per cent are black, with a sprinkling of French kids and the descendants of European immigrants. Of five youths tried for rioting in a court in Bobigny on Thursday, two were of Arab origin, and three were white, one of Italian extraction. Only one of the five was not born in France.

Despite the inflammatory rubbish written by some right-wing commentators in the French press about a "Paris intifada", this is not an Islamic insurrection or a political revolution of any kind. If you speak, as I have over several years, to kids in the youth gangs in Paris suburbs, they have no political or religious sense whatsoever. If you ask them who they hate, they say: "We are racists. We hate the kids who live in that estate over there."

The gang members - a minority but often a large minority of kids in one area - are educational failures or unemployed or from fatherless homes.

They can be charming to speak to. But their attitudes, dominated by violence, theft and contempt for women, betrays a complete breakdown of the French "republican" and educational model.

The initial cause of the unrest was the still unexplained death by electrocution of two teenage boys at Clichy-sous-Bois last Thursday. Their companions insist they were chased into a power sub-station by police and left to their fate. All sides now agree the boys had done nothing wrong. The government insists that there was no police chase, but a criminal investigation has been - belatedly - opened.

The riots - even if they spread to the suburbs of other cities - will burn themselves out in a few days, just as they have before. There is already a backlash against the rioters.

That is not to minimise what has been going on - far from it.

The wrong lessons will probably be learnt once again. The right will blame the Islamist-influenced West-haters. The left will blame the police.

And next time, the kids in the gangs might forget their feuds and decide to take out their hatred on Paris itself.

Is Paris burning? Not yet.

 

 

Diary of violence

 

* THURSDAY 27 OCTOBER

Two African teenagers, aged 15 and 17, die in electricity sub-station in Clichy-sous-Bois, and a third is seriously burned after police investigate a break-in. Rampaging youths attack firemen called to help.

 

* FRIDAY 28 OCTOBER

16 people hurt as youths set fire to 40 cars in Clichy-sous-Bois, where a shot is fired at police.

 

* SATURDAY 29 OCTOBER

14 people detained in Clichy-sous-Bois amid more rioting. Local residents hold peaceful march.

 

* SUNDAY 30 OCTOBER

Police announce detention of 22 people and say Clichy-sous-Bois is "under control."

 

* MONDAY 31 OCTOBER

Six police hurt after youths fire tear gas into a mosque in Clichy-sous-Bois.

 

* TUESDAY 1 NOVEMBER

Riots spread to three other Paris suburbs, where 19 people are detained. Prime Minister Dominque Villepin intervenes for first time to call for calm.

 

* TUESDAY 1 NOVEMBER

Riots spread to nine Paris suburbs where 69 cars set on fire and 34 people arrested.

 

* THURSDAY 3 NOVEMBER

Hundreds of extra police deployed as nine Paris suburbs ablaze again.

 

* FRIDAY 4 NOVEMBER

Rioting spreads outside Paris for first time, as youths set fire to cars in Dijon, Rouen and the Marseille region. 520 cars torched in Paris suburbs.

    Paris on fire: poverty and exclusion blamed for gang-related rioting, Independent, 5.11.2005, http://news.independent.co.uk/europe/article324953.ece

 

 

 

 

 

Immigrant Rioting Flares in France for Ninth Night

 

November 5, 2005
The New York Times
By CRAIG S. SMITH

 

AULNAY-SOUS-BOIS, France, Nov. 4 - France's worst urban violence in a decade exploded for a ninth night on Friday as bands of youths roamed the immigrant-heavy, working-class suburbs of Paris, setting fire to dozens of cars and buildings as the government struggled over the violence and the underlying frustrations fueling it.

The unrest, which has also spread to other parts of France with large North African and Arab populations, prompted the American and Russian governments to warn citizens visiting Paris to avoid its poor, outlying neighborhoods. France reduced train service to Charles de Gaulle Airport after two trains became targets of rioters earlier in the week.

A handicapped woman riding a bus in the Sevran suburb suffered burns over 20 percent of her body Thursday night after two youths doused the inside of the bus with a flammable liquid and set it on fire. Youths have also burned cars in Dijon, in the east, and in Marseille, in the south.

The violence has isolated the country's tough-talking, anticrime interior minister, Nicolas Sarkozy, whom some people blame for having worsened the situation with his blunt statements about "cleaning out" the "thugs" from those neighborhoods.

France has been grappling for years with growing unrest among its second- and third-generation immigrants, mostly North African Arabs, who have faced decades of high unemployment and marginalization. Critics say Mr. Sarkozy's confrontational approach has polarized the communities and the government.

"It's a game that has been started between the youth and Sarkozy," said a French-Algerian man wearing Chanel sunglasses outside Aulnay's mosque, in a converted warehouse. He would give his name only as Nabil. "Until he quits," he said, "it's not going to get better."

Prime Minister Dominique de Villepin met Friday afternoon with more than a dozen youths from troubled neighborhoods at his palatial offices in central Paris, hoping to find a solution to the unrest. He has promised to put in place an "action plan" before the end of the month to improve conditions in the country's poor neighborhoods.

France's foreign minister, Philippe Douste-Blazy, warned Thursday that France risked losing the integration battle in immigrant neighborhoods to radicalization of religious-based movements (diplomatic code for Islamic extremism).

For now, the violence seems to have been the work of unfocused teenagers and young adults without a clear political agenda.

"We see among the rioters kids of 13 to 15, who are swept along, who are encouraged to take all the risks, and the others, the ringleaders, who are used to creating trouble - they terrorize everyone, and don't want to stop," said Franck Cannarozzo, a deputy mayor of Aulnay. "Rather than playing on their Playstations, they attack the police."

The rioting began last week in Clichy-sous-Bois after two teenagers were electrocuted when they hid in an electrical substation from the police. Local youths, who believed the police had chased the boys into the enclosure, took to the streets, setting cars on fire in protest.

This came shortly after Mr. Sarkozy's populist anticrime campaign gathered speed when he declared a "war without mercy" on violence in the working-class suburbs, which were built up during the postwar period to move workers out of the city center and closer to the industrial zones that employed them.

Over the succeeding decades, North African and sub-Saharan immigrants replaced the working-class French who initially populated the neighborhoods. But jobs have dried up as the economy slowed - unemployment in some of the zones is as high as 30 percent - and the suburbs have become the French equivalent of America's inner cities.

While labor immigration tightened in the 1980's, illegal immigration and asylum seekers have kept many of the neighborhoods growing. In 2003, France became the world's leading destination for asylum seekers, surpassing the United States.

Immigration analysts say the current segregation is precursor to an inevitable reshaping of European societies forced to reopen their borders to increase the tax rolls and balance their aging, shrinking populations with immigrants.

Demographic pressures mean North African and sub-Saharan Africans will probably be at the forefront. By many estimates a majority of the 300 million Muslims already living along the Mediterranean's southern rim are under age 20.

Many in those neighborhoods say that they are being stigmatized by the interior minister's campaign and that the increased police presence results in harassment. Even before the deaths that set off the unrest last week, Mr. Sarkozy was pelted with stones and bottles during a highly publicized visit to the Parisian suburb of Argenteuil, where he had gone to outline a new plan to fight crime.

But Mr. Sarkozy has refused to back down, calling for "firmness and justice" in the face of the violence.

His stance has worsened a split in the governing Union for a Popular Majority party between his supporters and those of Mr. Villepin. Both men are vying to become the party's presidential candidate in 2007.

The opposition Socialists, deeply divided since earlier this year over a failed effort to ratify a European constitution, have been quick to capitalize on the unrest, accusing the governing party of neglecting the plight of the disenfranchised French-Arab and French-African youth.

On Thursday, the Interior Ministry released a report on the deaths that touched off the newest rioting, asserting that a third boy who survived the incident had said he and his friends were not being chased and were aware of the danger when they entered the substation enclosure. The report suggested that the boys were hiding from the police because one of those who died had a record of armed robbery and the other was part of a group that had broken into a construction site that evening.

But those points have been lost amid the ensuing violence.

"It's the police who are provoking us," said a bearded man in a white cap and North African robe in Aulnay who would give his name only as Mohamed. "They don't like foreigners."

He said he had moved to France from Algeria in 1971 and lived in the neighborhood for 30 years. All four of his children were born in France, and though he is unemployed, they have all found jobs.

"They say integrate, but I don't understand: I'm already French, what more do they want?" he said. "They want me to drink alcohol?"

Though France has a policy of officially ignoring ethnic differences in favor of French identity, its people have been slow to open their arms to newcomers who are told that they should enjoy the same rights.

"On paper we're all the same, but if your name is Mohamed, even with a good education, you can only find a job as a porter at the airport," said Kader, 23, who works at the airport. He complained that the immigrant suburbs had been neglected by the current government.

While the vast majority of the young people behind the nightly attacks are Muslim, experts and residents warned against seeing the violence through the prism of religion. The cultural divide between these second- and third-generation immigrants and the native French is deeper because they come from Muslim families, but to date the violence has had nothing to do with Islam.

But Islamic radicals recruit in France's troubled neighborhoods, and there is clearly a risk of deepening alienation and anger that could breed more extremism.

Manuel Valls, the mayor of Évry, where dozens of cars have been set afire, said the spreading unrest was more a game of copycats than coordinated action as young people vie to make the evening news. "It's a kind of hit parade by the neighborhoods," he said.

But Mr. Valls said the deeper symptoms of the neighborhoods must be addressed. "Each crisis is bigger, harsher and deeper, more revealing of the failure of our integration model," he said.

Ariane Bernard contributed reporting for this article.

    Immigrant Rioting Flares in France for Ninth Night, NYT, 5.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/05/international/europe/05france.html?hp&ex=1131253200&en=2f83142664225bb0&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

La précarité touche un nombre de plus en plus grand de personnes âgées

 

5.11.2005
Le Monde
Bertrand Bissuel

 

Bénaouda S. est allongé sur la pelouse, les doigts de pied en éventail. Il savoure la douceur de l'été indien qui enveloppe le parc de l'hôpital Perray-Vaucluse, à Epinay-sur-Orge (Essonne), en cet après-midi du mois d'octobre. "Ici, dit-il en manipulant son baladeur, c'est très bien, très calme, bien mieux que dans les autres centres d'hébergement." Comme lui, ils sont une soixantaine à avoir posé leur sac dans ce "lieu de vie" qu'Emmaüs a ouvert au mois d'avril pour les "personnes vieillissantes à la rue" . L'association s'est installée dans un pavillon provisoirement inoccupé que l'établissement hospitalier a mis à sa disposition. A l'intérieur, quelques pensionnaires regardent la télévision. D'autres sont assis devant le hall d'entrée et grillent cigarette sur cigarette, en devisant sur les gros titres de France-Soir.

Emmaüs a créé cette structure après avoir constaté que le nombre de sans-domicile âgés augmentait. En 2004, 18,5 % de la population accueillie dans les centres d'hébergement de l'association, en Ile-de-France avait au moins 55 ans. Un an auparavant, le ratio s'élevait à 11,6 %.

Cette montée de la précarité au sommet de la pyramide des âges est également pointée dans le rapport annuel du Secours catholique, publié jeudi 3 novembre. En 2004, près de 21 % des personnes qui ont sollicité l'aide de cette association avaient au moins 50 ans (contre 17,6 %, en 2003). Au foyer Leydet de Bordeaux, qui compte 180 lits, "une trentaine de personnes de 60 ans et plus sont hébergées" , précise le docteur Christophe Adam, de Médecins du monde.

"C'est un phénomène que l'on a repéré il y a quelques années" , confie Philippe Coste, directeur des affaires sanitaires et sociales de Paris, en citant le cas d'un homme de 84 ans qui, durant des mois, a erré en fauteuil roulant dans le quartier de la gare de Lyon.

De telles évolutions doivent sans doute être nuancées, notamment au vu des données recueillies par le SAMU social de Paris (SSP) : entre 1999 et 2004, la part des personnes de 65 ans et plus qu'il a pris en charge a diminué, passant de 4 % à 2,4 %. Mais nombre de sans-domicile âgés n'ont pas la force ou la patience nécessaires pour composer le "115".

Comment expliquer cette précarisation des seniors ? "L'arrivée massive (...) des classes nombreuses nées dans l'immédiat après-guerre ainsi que les difficultés d'emploi propres [aux personnes de 50 à 59 ans] en sont certainement la cause" , souligne le Secours catholique dans son dernier rapport. Pour David Berly, directeur d'une structure du Centre d'action sociale protestant (CASP), les "ruptures familiales" jouent aussi un rôle. "Aujourd'hui, les plus âgés sont moins pris en charge qu'auparavant par les générations plus jeunes" , avance-t-il. De plus, la réforme des hôpitaux psychiatriques s'est traduite par un dépérissement des structures asilaires ; un vide s'est créé, qui n'a pas été remplacé, poursuit-il.

Philippe Coste, lui, se demande si ce nouveau visage de la pauvreté n'est pas "le sous-produit de la crise du logement à Paris" . En tout cas, enchaîne Christophe Adam, le problème risque de s'accentuer à l'avenir, du fait des difficultés grandissantes à toucher une retraite à taux plein et de l'accroissement des dépenses de santé dans le budget des ménages (hausse du ticket modérateur, déremboursement de médicaments...).


"INTIMITÉ" ET "ÉCOUTE"

Aujourd'hui, les acteurs de l'urgence sociale tentent d'élaborer de nouvelles réponses, car les centres d'hébergement "classiques" ne sont pas adaptés aux besoins des personnes démunies qui atteignent ou dépassent la cinquantaine : elles doivent quitter les lieux chaque matin alors qu'elles ont besoin de repos, de stabilité. En outre, la cohabitation n'est pas toujours harmonieuse dans les structures ouvertes à tous : les plus jeunes s'en prennent parfois à leurs aînés, en les détroussant ou en prenant leur place dans les files d'attente.

Les maisons de retraite ne semblent pas non plus convenir à ces publics particuliers, selon Françoise Imperi, directrice de l'Espace solidarité insertion Saint-Martin et de la Maison du partage, à Paris. "Dans ce type d'établissements, dit-elle, les personnes vieillissantes qui ont connu la rue sont en décalage avec les autres pensionnaires." Elles ne supportent pas les règles et "le rythme de vie" d'une maison de retraite, souligne-t-elle : manger à heure fixe, être en contact avec d'autres seniors parfois nettement plus âgés, s'astreindre à une certaine sobriété, etc.

C'est dans ce contexte qu'Emmaüs a ouvert son centre d'Epinay-sur-Orge. La structure, qui compte une soixantaine de lits, est ouverte toute la journée et permet aux hébergés de rencontrer un travailleur social, de participer à des activités, de se reposer... En théorie, ils peuvent y rester un mois mais nombre d'entre eux sont là depuis avril. "C'est un moment charnière pour eux, une étape placée sous le signe du repos, du respect du rythme de la personne" , analyse Jocelyne Choveau, qui dirige, à titre temporaire, la structure. "Nous essayons d'inventer une nouvelle forme d'hospitalité" , résume Xavier Vandromme, de l'association Emmaüs.

Le Coeur des haltes poursuit le même objectif, avec le "lieu de vie" fondé en mars dans un bâtiment de l'hôpital Maison-Blanche, à Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis). Il peut accueillir une quarantaine de personnes, âgées d'au moins 55 ans, mais s'ouvre aussi à des adultes plus jeunes, "marqués par leur parcours de rue" , explique Philippe Gobillon, directeur général adjoint de l'association. Chambres individuelles, suivi médico-social, activités collectives... Grâce à cette part d'"intimité" retrouvée et à "l'écoute" que manifeste l'équipe de salariés, les hébergés ont un rythme de vie plus paisible, d'après Philippe Gobillon. "Ils régulent leur consommation d'alcool, s'impliquent dans la vie de la structure, renchérit-il. Le fait qu'ils soient sans domicile n'est plus l'élément premier de leur identité."

Et après ? Certains retournent dans l'errance, d'autres renouent des contacts avec leurs proches ou rentrent au pays, explique Jocelyne Choveau. "Il est difficile de les orienter quelque part, car il y a très peu de relais" , ajoute-t-elle.

    La précarité touche un nombre de plus en plus grand de personnes âgées, Bertrand Bissuel, Le Monde, 5.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-706534@51-705467,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

French riot police officers run past a burning truck in Paris suburb, Aulnay-sous-Bois, early Thursday morning.

Christophe Ena/Associated Press        November 3, 2005

Riots in France Blamed on a Vacuum in Authority        NYT        3.11.2005
http://www.nytimes.com/2005/11/03/international/europe/03cnd-france.html?fta=y 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riots in France Blamed on a Vacuum in Authority

 

November 3, 2005
The New York Times
By KATRIN BENNHOLD

 

CLICHY-SOUS-BOIS, France, Nov. 3 - Talk to people outside the Bilal mosque in this rundown suburb north of Paris and they will tell you what has gone wrong: why rioters for the past week have confronted police in overnight bursts of anger in the streets, torching cars, hurling rocks, and even firing bullets in the worst civil disobedience in France in more than a decade.

Beyond the poverty and despair of life in the shoddy immigrant communities ringing the shining French capital, local Muslims say, there is no one left with any sway over the rioting youths. Parents, the police and the government have all lost touch, they say.

Today, after rioters disregarded an appeal for calm by President Jacques Chirac, shooting at the police for the first time as the rioting spread for a seventh consecutive night, the government held emergency meetings throughout the day. But despite Prime Minister Dominique de Villepin's vow that "law and order will have the last word," the police were bracing for more violence as night fell.

In Clichy-sous-Bois on this afternoon, outside the entrance of the Bilal mosque - a converted warehouse where a tear-gas grenade landed on Sunday, stoking fury against the police - celebrations of the end of the monthlong Ramadan fast were overshadowed by the widening disturbances.

Opinions about the riots among people gathered at the mosque differed, but everyone from the deputy imam to local council workers and men leaving the midday prayer agreed that the trouble has been compounded by a vacuum of moral authority.

"If you want authority over these kids you need their respect - but all the normal channels of authority lost their respect a long time ago," said Ali Aouad, 42, who has lived in this northeastern town for two decades. "They feel neglected by the government, and the police just provoke them."

Even the government's minister of equal opportunity, Azouz Begag, who himself grew up in an immigrant household outside Lyon, carries no authority here, residents said.

"Where has he been? He is representative of nothing and nobody," said a young man of Algerian descent, who identified himself only as H2B. "He has done nothing for us and now he is trying to compensate by criticizing Sarkozy," the French interior minister, "but it's too late."

The crisis has penetrated the top level of the French government, where Nicolas Sarkozy and Mr. Villepin, the two most senior ministers, are sparring over how to deal with the violence and have both come under fire for failing to bring the violence under control.

The trouble erupted in Clichy-sous-Bois on Oct. 27 after two teenagers, apparently thinking they were being pursued by the police, fled and were electrocuted when they hid in an electrical transformer.

The disturbances have since spread to at least 20 neighboring towns. In the early hours today, rioters torched 315 cars, burned a car dealership and a local supermarket, and attacked two commuter trains, the police said. Nine people were wounded.

But as appeals for calm by the government fell on deaf ears and a heavy police presence across the northern suburbs only appeared to provoke more violence, a number of local organizations seem to have to quietly have taken on the task of cooling tempers.

Abderamane Bouhout, president of the cultural organization that manages Bilal mosque, mobilized small groups of young believers during recent rioting to go between the rioters and the police and urge the disaffected youths to express their anger in nonviolent ways.

Mr. Aouad, who witnessed one such intervention on Monday night not far from the mosque, said it was impressively effective.

"It worked," he said. "They went right between the two sides and a lot of the kids listened to them. The damage the next day was a lot less serious than the previous nights."

At the local city hall, Lamya Monkachi says the role of religious personalities along with that of young locals recruited from the suburbs to mediate for the city authorities has been key to reducing the violence in Clichy-sous-Bois in the past two days, even as it intensified in other suburbs.

"What helped us here in Clichy to calm nerves was that we work a lot with people who know the local youths and speak their language," she said.

There are eight Muslim organizations in Clichy alone, who have been mobilized to participate in launching a dialogue with the rioters. In addition to that a group of youths, working closely with city hall, have formed an association in response to the riots last week called Beyond Words. Their representatives - young North African men dressed in white T-shirts with the names of the two dead teenagers printed on the back and the words "Dead for Nothing" on the front - have campaigned for peaceful dialogue.

But, says Marilou Jampolsky of SOS Racisme, a nongovernmental organization fighting discrimination, the current government has made such informal mediation efforts more difficult by cutting back public funding for them.

."The number of neighborhood organizations that organize sports, help with school work and just generally check up on these kids has significantly declined since this government came to power" in 2002, she said. SOS Racisme, which also has local branches in suburbs, has lost half its money, she said.

One of the most prominent young mediators is Samir Mihi, 28, who has become an informal spokesman for the various groups that have stepped in to calm the violence and mediated between the rioters and the government.

According to Mr. Mihi, who grew up in Clichy, the key ingredient for restoring peace in this and other suburbs is to build relationships with the local youths and give them the feeling that their concerns are being heard.

"If they listen to us it is because we give them what they most want: respect," said Mr. Mihi, who organizes sports activities for teenagers at city hall. "If you respect them, they respect you."

One reason politicians fail to make themselves heard in the suburbs is that successive governments have failed to tackle disproportionately high unemployment and crime rates in the suburban housing projects, leaving youth with few opportunities. That feeling of exclusion is exacerbated by a lack of political representatives of North African origin and other role models, Mr. Mihi said.

The lack of moral authority is perhaps most flagrant with the police, locals said, because the interaction between officers and residents is often reduced to frequent and random identity checks that are perceived to be humiliating in the mainly North African communities in the suburbs.

At the local market, Muhammad, 24, who declined to give his last name, said such checks sometimes happen outside his own apartment. He recounted how the night before, the police stopped him as he was walking home.

"They grabbed me and touched my hood to see if it was hot or sweaty," he said, describing what he called a regular practice. "If you're caught with a sweaty hood, it means you've been running and that you have probably committed a crime."

Meanwhile, the parents of the teenagers in question lack authority because poverty has often made family life more difficult, says Ms. Jampolsky. Neither do they share the quest for identity so prevalent among the younger generation.

    Riots in France Blamed on a Vacuum in Authority, NYT, 3.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/03/international/europe/03cnd-france.html?fta=y


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

November 4, 2005
Editorial

In Paris, Tough Talk Isn't Enough

 

4.11.2005
The New York Times

 

The suburbs of Paris have a long history of violent uprisings by enraged residents. But the nightly clashes in the grimy northeastern environs over the past week have been grimly contemporary. The rioters torching cars and pelting the police are mainly the sons of African and Arab immigrants, most of them Muslims, who have never been integrated into French society, who work for the lowest wages and who live in ghettos rife with crime.

The daily images of helmeted police officers and angry youths silhouetted against blazing cars near dilapidated apartment blocks should remind the French that they have a huge problem in need of urgent attention.

France clings to its cherished approach to immigration, which has been to declare that once in France, everyone is French and therefore equal, and that's that. The truth is that everyone is not French, nor equal, especially in an era of soaring immigration. The old approach gets in the way of real affirmative action or community outreach. Efforts at imposed integration, like the ban that keeps Muslim girls from wearing head scarves in state schools, have only antagonized immigrants.

Interior Minister Nicolas Sarkozy, who has ambitions to be president, has not been much help. He called the rioters "scum" and said the answer was zero tolerance of crime. A better answer would involve job opportunities, decent housing and good education for these new citizens.

    In Paris, Tough Talk Isn't Enough, NYT, 4.11.2005, http://www.nytimes.com/2005/11/04/opinion/04fri2.html

 

 

 

 

 

French riots spread outside Paris

 

Fri Nov 4, 2005 12:23 PM ET
Reuters
By Kerstin Gehmlich

AULNAY-SOUS-BOIS, France (Reuters) - Rioters set fire to hundreds of vehicles in impoverished suburbs of northeastern Paris in an eighth night of unrest that spread for the first time to other parts of the capital and other towns in France.

Local officials said they had lost patience with the government. Prime Minister Dominique de Villepin met his rival, Interior Minister Nicolas Sarkozy, but kept a low profile after days of government squabbling over how to handle the crisis.

Police reported fewer clashes than previous nights and residents said the Eid al-Fitr holiday ending Ramadan may have calmed areas with large populations of Muslims of North African and black African origin.

But the rioting spread, with some attacks reported in western Paris suburbs -- including the torching of 23 buses at a depot -- and a few cars firebombed around Rouen in northern France, Dijon in the east and Marseille in the south.

The pattern of violence also changed, shifting from crowds clashing with police to targeted arson attacks, many against businesses and warehouses.

"I've had enough of this," said an angry woman wearing a headscarf in Aulnay-sous-Bois, a northeastern Paris suburb where a large warehouse was burned down overnight. "This must stop quickly. It's just not right."

Mayors from the riot-hit areas were also exasperated after Villepin briefed them on Thursday evening about an "action plan for the suburbs" he aims to present later this month.

"Many of us told him this isn't the time for an umpteenth plan," said Jean-Christophe Lagarde, mayor of Drancy. "All we need is one death and I think it will get out of control."

 

"IMMENSE VIOLENCE"

Justice Minister Pascal Clement was visibly shaken after being briefed about a handicapped woman in her 50s who was badly burned on Wednesday evening when rioters poured petrol on a city bus she was riding in and set it ablaze.

"This is immense violence," he told reporters in Bobigny, another town in the Seine Saint Denis department between central Paris and Charles de Gaulle airport that has been the worst hit. "I think all French are shocked to see things like this."

With the violence making headlines around the world, Foreign Ministry spokesman Jean-Baptiste Mattei complained about foreign coverage of the riots -- without naming any media -- and said foreign tourists were not in danger.

"One is sometimes surprised at the international coverage of these events," he told reporters. "These are very serious incidents ... but we are very far from such a serious situation as some commentaries or television reports lead one to think."

Officials in Seine Saint Denis said 187 vehicles had been destroyed there overnight. French media said up to 600 vehicles were destroyed in the whole greater Paris region, including 23 buses at a terminal in Trappes in the southwest near Versailles.

Police detained 27 people and reported two injuries. They said a total of 1,260 vehicles had been destroyed in the greater Paris region since riots began last week, with more than half torched in Seine Saint Denis alone.

Security officials said the presence of hundreds of riot police had acted as a deterrent, but rioters nevertheless set fire to two textile warehouses, a bus depot and a school.

"Why a school, why a car? What can you say about such blind violence?" said one local mayor, Michel Beaumale.

 

FEAR VIOLENCE WILL SPREAD

Villepin spent Friday out of public view in his Matignon offices. Mayors who criticized him expressed concern the rioting could spread to other cities with similar suburbs that keep the poor far from rich city centers.

Manuel Valls, mayor of Evry south of the capital, said: "We're afraid that what's happening in Seine Saint Denis will spread. We have to give these people a message of hope."

Rioting among young men of North African and black African origin -- mostly locally born citizens who feel cheated by France's official promises of liberty, equality and fraternity -- began last week after two teenagers of African origin died while fleeing the police.

Sarkozy, who sparked controversy earlier this week by dubbing protesting youth "scum", denounced the rioters but adopted a less strident tone.

"I am well aware that it will take some time to resolve these problems of the suburbs which have been left untouched for 30 years," he said during a visit to the Alpes-Maritime region.

Villepin and Sarkozy, whose bitter political rivalry has overshadowed the government's reaction, teamed up on Thursday to announce that restoring order was their "absolute priority".

Villepin blamed the riots on gangs he said terrorized residents and sought to keep police out of their districts, and vowed law and order would be restored.

In several interviews on Friday morning, conservative politicians said drug traffickers and Islamist militants were fanning the unrest, although they gave no details.

    French riots spread outside Paris, R, 4.11.2005, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-04T172330Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

Waves of Arson Attacks Hit Paris Suburbs

 

November 4, 2005
Filed at 12:18 p.m. ET
By THE ASSOCIATED PRESS

LE BLANC MESNIL, France (AP) -- Small, mobile groups of youths hit Paris' riot-shaken suburbs with waves of arson attacks, torching hundreds of cars, as unrest entered its second week Friday and spread to other towns in France.

In the eastern city of Dijon, teens apparently angered by a police crackdown on drug trafficking in their neighborhood set fire to five cars, said Paul Ronciere, the region's top government official.

Another 11 cars were burned at a housing project in Salon-de-Provence, near the southern city of Marseille, police said.

Overnight in the Paris region, 420 cars were set ablaze, up from previous nights, the Interior Ministry said. It said five police were slightly injured by thrown stones or bottles.

But unlike previous nights, there were few direct clashes with security forces, no live bullets fired at police, and far fewer large groups of rioters, said Jean-Francois Cordet, the top government official for the worst-hit Seine-Saint-Denis suburb northeast of Paris.

Instead, he said, the unrest was led by ''very numerous small and highly mobile groups,'' with arson attacks that destroyed 187 vehicles and five buildings, including three sprawling warehouses.

''The peak is now behind us,'' said Gerard Gaudron, mayor of Aulnay-sous-Bois, one of the worst-hit towns. He told France-Info radio that parents were determined to keep teenagers home to prevent unrest. ''People have had enough. People are afraid. It's time for this to stop.''

The rioting started Oct. 27, after youths were angered over the deaths of two teenagers -- Bouna Traore, 15, and Zyed Benna, 17. They were electrocuted in a power substation where they hid, thinking police were chased them.

Traore's brother, Siyakah Traore, on Friday urged protesters to ''calm down and stop ransacking everything.''

''This is not how we are going to have our voices heard,'' he said on RTL radio.

Car torchings are a daily fact of life in France's tough suburbs, with thousands burned each month, police say. Police intelligence has recorded nearly 70,000 incidents of urban violence this year, including attacks on police and rescue services, arson, throwing projectiles, clashes between gangs, joy-riding and property destruction, Le Monde reported.

What sets this unrest apart is its duration, intensity and the way it rapidly ignited beyond the original flashpoint of Clichy-sous-Bois in northeast Paris to become a broader challenge for France. Many of the riotous youths are the French-born children of immigrant parents. The unrest has laid bare discontent simmering in suburbs and among immigrant families who feel trapped by poverty, unemployment, and poor education.

France's Muslim population, estimated at 5 million, is Western Europe's largest. Immigrants and their children often complain of police harassment and job discrimination.

Some 1,300 riot police fanned out overnight across Seine-Saint-Denis, as the unrest entered its second week and followed Prime Minister Dominique de Villepin's vow Thursday to restore order.

A commuter train line linking Paris to Charles de Gaulle airport northeast of the capital ran a scaled-back service Friday after two trains were targeted Wednesday night. The SNCF train authority said one in five trains was running and conductors of night trains were demanding onboard security.

Youths fired buckshot at riot police vehicles in Neuilly-sur-Marne, east of Paris, and a group of 30 to 40 harassed police near a synagogue in Stains to the north where a city bus was torched and a school classroom partially burned, Cordet said.

In Trappes, to the west, 27 buses were incinerated. But the unrest was scaled back from the sometimes-ferocious rioting of previous nights, when bullets were fired at police and firefighters without causing injuries.

    Waves of Arson Attacks Hit Paris Suburbs, NYT, 4.11.2005, http://www.nytimes.com/aponline/international/AP-France-Rioting.html?hp&ex=1131166800&en=700396286144fb74&ei=5094&partner=homepage

 

 

 

 

 

Les RG ont recensé 70 000 cas de violences urbaines depuis janvier

 

4.11.2005
Le Monde
Piotr Smolar

 

Les images d'émeutes urbaines qui se succèdent depuis la mort de deux adolescents à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ne constituent pas un simple accès de fièvre. Depuis le 1er janvier, près de 70 000 faits de violences urbaines ont été recensés en France. Ce chiffre apparaît dans le nouvel indicateur national géré par la direction centrale des renseignements généraux (DCRG), qui compile ses propres constatations sur le terrain avec celles de la sécurité publique, de la police judiciaire et de la gendarmerie. Loin d'être exhaustif, il donne toutefois une idée de la gravité du phénomène des incendies volontaires, des heurts avec les forces de l'ordre ou des rixes entre bandes.

Mis en place en fin d'année 2004, il a pour vocation d'offrir au ministère de l'intérieur un nouvel outil d'analyse dans les quartiers sensibles, au travers de neuf rubriques. L'indicateur permet de déceler un creux dans l'évolution des violences urbaines en février et en août, dû dans un cas au mauvais temps, dans l'autre aux départs de nombreux jeunes gens en vacances.

Au total, depuis le 1er janvier, plus de 28 000 voitures et près de 17 500 poubelles ont été incendiées dans le pays. Près de 5 760 dégradations de mobilier urbain, 442 affrontements entre bandes et 3 832 faits de violence contre les services de sécurité ou de secours ont été signalés. "On ne recense que les faits qu'on constate ou qui nous sont rapportés, explique-t-on à la DCRG. Pour les rodéos et les rixes entre bandes, on sait bien qu'il existe un grand chiffre noir."

 

AFFRONTEMENTS ENTRE BANDES

Les trois départements les plus touchés sont le Nord, les Bouches-du-Rhône et, surtout, la Seine-Saint-Denis. Si les deux premiers enregistrent le plus grand nombre de faits, la Seine-Saint-Denis constitue le département le plus sensible aux yeux des policiers, en raison de la densité urbaine, de la concentration sans équivalent de cités sensibles, souvent très proches les unes des autres, et des problèmes sociaux abyssaux. " On n'est pas dans un schéma simpliste d'affrontement entre de soi-disant jeunes et le couple police-justice, affirme le directeur départemental de la sécurité publique, Jacques Méric. On est face à des problèmes de société profonds, une grande paupérisation, des citoyens qui veulent la paix publique et d'autres qui brûlent les voitures de leurs voisins..."

La Seine-Saint-Denis a fait parler d'elle à plusieurs reprises depuis le début de l'année en raison de faits divers marquants. Aubervilliers a vécu un week-end de violences en avril après la mort accidentelle d'un jeune homme poursuivi par la police. Quelque quarante jeunes gens avaient été interpellés à l'issue d'affrontements avec les forces de l'ordre ; des voitures et des magasins avaient été saccagés, des cocktails Molotov lancés.

Le 19 juin, un enfant de 11 ans est mort, victime d'une balle perdue lors d'un règlement de comptes dans la cité des 4 000, à La Courneuve. Ce drame avait incité Nicolas Sarkozy à revenir, à plusieurs reprises, dans la commune. La situation a-t-elle changé depuis ? Selon les policiers de La Courneuve, la violence apparente, commise sur la voie publique, a fortement diminué grâce à la présence accrue des forces de l'ordre, notamment des CRS. "Mais on ne se fait pas d'illusions, confirme un commissaire de La Courneuve. Les trafics continuent ou se déplacent dans les communes voisines. Il suffit d'une étincelle pour tout faire dérailler."

Le 29 octobre, une patrouille a tenté d'interpeller un homme ayant commis un vol avec violence dans le secteur sensible de la barre Balzac. Un groupe de jeunes a voulu s'interposer. Les policiers ont dû user de leurs flash-balls pour se dégager. Le 12 octobre, six pompiers sortant d'un restaurant de La Courneuve ont eu une brève altercation avec un jeune homme. Ce dernier a rameuté en quelques instants une quinzaine de camarades qui se sont jetés sur les pompiers pour les agresser. Deux d'entre eux ont été hospitalisés.

Un des phénomènes les plus inquiétants constatés par les policiers est la recrudescence des affrontements entre bandes, dont les motivations demeurent obscures. Dix jours avant la mort des deux adolescents à Clichy-sous-Bois, les habitants du Bois-Perrier ont assisté à un affrontement à coups de barres de fer, de couteaux et de bombes lacrymogènes, entre des jeunes de Rosny et une trentaine d'autres venus de Noisy-le-Sec. Une quinzaine de voitures ont été saccagées. Les mineurs interpellés ont été remis en liberté.

En septembre, une soirée rap à Noisy-le-Grand avait dégénéré en bagarre générale entre deux groupes rivaux. "Il existe des contentieux entre des bandes que personne ne peut expliquer, explique un responsable des renseignements généraux du département. Il y a une sorte de transmission orale de la haine entre jeunes habitants des cités voisines, souvent scolarisés dans les mêmes établissements."

    Les RG ont recensé 70 000 cas de violences urbaines depuis janvier, Le Monde, 4.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-706070@51-704172,0.html

 

 

 

 

 

Banlieues

«Ils sont dans la centrale EDF...»

Dans l'enquête sur les deux morts à Clichy, les échanges radio des policiers sont accablants.

 

Vendredi 04 novembre 2005
Libération
Par Karl LASKE

 

« L'un des policiers est monté sur une poubelle et, ne voyant rien, il a regagné le poste.» François Molins, le procureur de Bobigny, a tenté, hier, de résumer l'intervention policière ayant précédé la mort de Zyed Benna et de Bouna Traore dans l'un des générateurs de la centrale EDF de Clichy-sous-Bois, jeudi 27 octobre. Un troisième jeune, Muttin Altun, grièvement blessé, est toujours hospitalisé. Le procureur a annoncé, «dans un souci de transparence», l'ouverture d'une information judiciaire pour «non-assistance à personne en danger».

Devant une pile de procès-verbaux, il a précisé que l'enquête préliminaire pour «recherche des causes de la mort» avait donné lieu à «l'audition de la totalité des services de police» impliqués, ainsi qu'à «l'exploitation des enregistrements des échanges radio des policiers». Ces bandes sonores semblent accablantes pour les fonctionnaires présents ce jour-là. Parmi les camarades de Zyed et Bouna arrêtés par la police, plusieurs avaient fait état d'échanges radio entendus dans les voitures de police après leur interpellation. «Ils sont dans la centrale EDF, ils n'iront pas bien loin...», dit avoir entendu Sofiane, l'un d'eux.

En danger. L'enquête préliminaire, doublée d'une enquête de l'Inspection générale des services (IGS), confirme la teneur de ces témoignages. Sur les bandes audio, les policiers disent «voir deux jeunes en train d'enjamber une clôture pour aller sur le site de la centrale EDF, a expliqué le procureur de Bobigny. A 17 h 30, ils pensent que les jeunes sont sur le point d'entrer sur le site EDF, et qu'ils sont en danger».

Dans le même élan de «transparence», le ministère de l'Intérieur a dévoilé, hier, les conclusions de l'enquête de l'IGS et l'analyse des échanges radio entre policiers. «Il ressort qu'un chef de bord intervenant en renfort effectue des recherches dans un cimetière attenant à l'emprise EDF, note l'IGS. Il signale que les deux individus sont localisés, et en train d'enjamber un obstacle pour aller sur le site EDF.» Pour des raisons techniques, le policier aurait répété son message, en l'atténuant. «Précisant qu'il s'agissait de sa pensée et qu'il faudrait appeler du renfort pour cerner le quartier, résume l'IGS. Quelques instants plus tard, un opérateur, qui ne s'identifie pas, signale que la pénétration sur le site EDF représente un danger vital.» Le policier aurait déclaré à l'IGS «ne pas avoir vu directement les individus pénétrer sur le site d'EDF», mais qu'il avait «craint que ce ne soit leur intention».

Le procureur de Bobigny, qui avait indiqué, samedi, que «les jeunes s'étaient cru poursuivis», a maintenu cette thèse, hier, malgré son propre récit des faits. «Il n'y a pas eu de course poursuite avec les jeunes», a-t-il réitéré. Donc «pas de lien de causalité entre l'intervention des services de police et l'entrée des trois jeunes dans le périmètre de la centrale». Des policiers tournaient dans un terrain vague de Clichy-sous-Bois, à la recherche de jeunes, mais ne les poursuivaient pas. Tout en interpellant ceux qu'ils trouvaient sur leur chemin...

Versions. D'autres incohérences apparaissent, liées aux différentes versions officielles qui ont circulé peu après les faits. Le ministre de l'Intérieur avait par exemple évoqué «une tentative de cambriolage» puis «la dégradation d'une cabane de chantier» par les jeunes. L'IGS mentionne «une intrusion sur un chantier» ­ mais, sur place, on ne trouve que de simples échafaudages entreposés. Par ailleurs, le procureur a expliqué que les policiers avaient pu croire que «les mineurs vus en train de sauter la clôture» avaient été «arrêtés à leur tour». Une dizaine de minutes après avoir laissé fuir Zyed, Bouna et Muttin, les policiers ont en effet interpellé deux autres jeunes, qui étaient cachés derrière une épave de voiture sur le même terrain vague.

Après avoir accompagné les familles des victimes chez le ministre de l'Intérieur, hier après-midi, Me Jean-Pierre Mignard, leur avocat, s'est déclaré conforté par certaines des conclusions de la police des polices. «Les policiers admettent avoir compris l'entrée des jeunes dans l'enceinte de la centrale EDF et, pour certains, leur préoccupation devant la dangerosité de la situation», remarque l'avocat. L'information judiciaire a été confiée à Olivier Géron, doyen des juges d'instruction de Bobigny.

    «Ils sont dans la centrale EDF...», Libération, 4.11.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=335994

 

 

 

 

 

Riots erupt again in Paris suburbs

 

Thu Nov 3, 2005 7:00 PM ET
Reuters
By Franck Prelvel

 

LE BLANC-MESNIL, France (Reuters) - Young rioters set fire to at least 50 vehicles in an eighth night of unrest in the impoverished suburbs of northeastern Paris as exasperated local officials criticized politicking by national leaders.

Rioting erupted again late on Thursday despite hopes that festivities ending the fasting month of Ramadan would calm rioters, many of them Muslims of North African origin protesting against race bias they say keeps them in a second-class status.

About 1,000 riot police patrolled poor areas but gangs of hooded youths roamed the streets threatening to strike again later in the night.

"It seems a bit calmer than previous nights but about 50 vehicles have been torched since nightfall," said a police spokesman in the Seine Saint Denis area.

French media also reported attacks on a school and a bus in northern Paris and on vehicles in two poor areas to the west of the capital. Several cars were also reported to gave been set ablaze in Dijon, the first city outside Paris to be hit.

On Thursday evening, local officials complained loudly about dithering and politicking among national officials after Prime Minister Dominique de Villepin briefed them about an "action plan for the suburbs" he aimed to present later this month.

"Many of us told him this isn't the time for an umpteenth plan," said Jean-Christophe Lagarde, mayor of Drancy in the riot-hit region. "All we need is one death and I think it will get out of control."

Manuel Valls, mayor of Evry south of the capital, said: "We're afraid that what's happening in Seine Saint Denis will spread. We have to give these people a message of hope."

 

LAW AND ORDER "ABSOLUTE PRIORITY"

Rioting among young men of North African and black African origin -- mostly locally-born citizens who feel cheated by France's official promises of liberty, equality and fraternity -- began last week after two teenagers of African origin died while fleeing the police.

It escalated on Wednesday evening when police and fire crews were shot at with live ammunition on three occasions.

Villepin and Interior Minister Nicolas Sarkozy, whose bitter political rivalry has overshadowed the government's reaction, teamed up in the French Senate on Thursday to announce that restoring order was their "absolute priority".

Villepin indirectly blamed the riots on gangs he said terrorized residents and sought to keep police out of their neighborhoods.

"I refuse to accept that organized gangs are laying down the law in certain neighborhoods, I refuse to accept that crime networks and drug traffickers profit from this disorder, I refuse to accept that the strong intimidate the weak," he said.

"Law and order will have the last word," he told senators.

Sarkozy seconded him, saying: "There is only one political line, that set by the prime minister."

Sarkozy, accused by opponents of inflaming passions with his outspoken attacks on the "scum" behind the violence, said on Thursday that 143 people had been detained in the past week for rioting.

The unrest in France comes despite Sarkozy's anti-crime drive following President Jacques Chirac's re-election in 2002, which was won largely on law and order issues.

His two-pronged approach -- a crackdown on rioters combined with proposals to promote minorities and help fund mosques -- has provoked rearguard attacks from rivals in the conservative government who accuse him of stoking extremism.

Villepin has struggled to end cabinet squabbling over how to handle disturbances that forced him to cancel a trip to Canada and Sarkozy to call off a visit to Pakistan and Afghanistan. Moscow warned Russians against visiting Paris suburbs.

The ruling Union for a Popular Majority is split between a pro-Sarkozy camp and rivals who support Chirac and Villepin, handing the opposition Socialists a rare chance to attack the conservatives on their much-vaunted record on crime.

(Additional reporting by Laure Bretton in Paris)

    Riots erupt again in Paris suburbs, R, 3.11.2005, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=worldNews&storyID=2005-11-04T000030Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

Shots fired as French riots escalate

 

Thu Nov 3, 2005 11:39 AM ET
Reuters
By Paul Carrel

 

BOBIGNY, France (Reuters) - Rioters shot at police and fire fighter crews in the worst night of a week of violence in poor suburbs that ring Paris prompting France's prime minister on Thursday to vow to restore law and order.

Youths who rampaged overnight left a trail of burned cars, buses and shops in nine suburbs north and east of Paris, home to North African and black African minorities frustrated at their failure to get jobs or recognition in French society.

Prime Minister Dominique de Villepin condemned the violence and said restoring order was his "absolute priority".

"I refuse to accept that organized gangs are laying down the law in certain neighborhoods ... Law and order will have the last word," he told senators.

Rioters torched 177 vehicles and attacked a primary school and shopping center, local officials said. Four police officers and two firefighters were hurt, including one with facial burns from a Molotov cocktail.

Prefect Jean-Francois Cordet, the government's top official in the Seine-Saint-Denis region, confirmed shots had been fired at police and fire crews in three separate incidents.

Cordet did not say what sort of weapons had been fired but media said local police recovered shotgun cartridges from the scene at La Courneuve. No one was reported wounded.

Francis Masanet, secretary general of the UNSA police trade union, said: "It's a dramatic situation. It is very serious and we fear that the events could even get worse tonight."

 

FIRM BUT FAIR

Interior Minister Nicolas Sarkozy, accused by opponents of enflaming passions with his outspoken attacks on the "scum" behind the violence, said 41 people had been detained overnight, and 143 in the past week.

"Faced with the seriousness of these events there is only one political line ... firmness and justice," Sarkozy said.

"Firmness without justice, is extremism. Justice without firmness, is laxity. Our policy ... is to be firm and fair," he told senators.

At a supermarket in Bobigny's shopping center, staff swept up broken glass and worried about the future.

"If this continues, I'll have to close. Clients are afraid. There's normally lots of people here at this time of the day," said a local cobbler who did not want to be named.

"It's because of the police that this is going on," said one black youth who did not want to be identified. "They are too violent. That's not what their job is."

Governments across Europe have been confronted with violence in deprived inner city areas, and the unrest in France comes despite Sarkozy's anti-crime drive led in the wake of President Jacques Chirac re-election in 2002, won on law and order issues.

Villepin has struggled to end cabinet squabbling over how to handle disturbances that forced him to cancel a Canada trip. Moscow warned Russians against visiting Paris suburbs.

The ruling Union for a Popular Majority is split between a pro-Sarkozy camp and rivals who support Chirac and Villepin, handing the opposition Socialists a rare chance to beat the conservatives over their much-vaunted record on crime.

"When you see what's gone on over the past three years, when neighborhood police have been dismantled ... I think there's another failure to be noted," Socialist leader Francois Hollande said on French radio.

Sarkozy has scoffed that crime rose 15 percent when the Socialists were last in office and says 2,000 more police will help enforce his "zero tolerance" of rioters.

One police union official described the unrest as a "civil war" and urged a curfew in affected areas.

The unrest erupted first in Clichy-sous-Bois after two teenagers were electrocuted while apparently fleeing police during a local disturbance.

Local prosecutor Francois Molins told reporters police had not been chasing the pair when they clambered into an EDF substation. But he opened an official probe into the matter.

(Additional reporting by Kerstin Gehmlich and Jon Boyle)

    Shots fired as French riots escalate, R, 3.11.2005, http://today.reuters.com/news/newsArticle.aspx?type=topNews&storyID=2005-11-03T163929Z_01_MAR227625_RTRUKOC_0_US-FRANCE-RIOTS.xml

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jeudi 3 novembre, Aulnay-sous-Bois

lundi 07 novembre 2005 - 18:16        Libération

Les mêmes images passent en boucle à la télévision: des voitures en feu, des face à face entre jeunes et CRS, des entrepôts incendiés.
Depuis deux jours, les violences urbaines se sont étendues à plusieurs départements de la région parisienne
même si elles restent particulièrement concentrées sur la Seine-Saint-Denis.
A la Courneuve des policiers essuient même deux tirs à balles réelles et 177 véhicules brûlés sont comptabilisés dans le département.
Des bâtiment sont aussi touchés: la préfecture à Bobigny, un commissariat, une école et un garage à Aulnay-sous-Bois...
135 personnes ont été interpellées depuis le début des émeutes, dont 98 ont été placées en garde à vue.
27 majeurs ont été déférés devant le parquet de Bobigny et 17 ont été incarcérés. 16 mineurs ont également comparu devant un juge des enfants.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=336634&Template=GALERIE&Objet=49183

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Samedi 29 octobre, Clichy-sous-Bois
© Stéphane REMAEL/L'œil public

lundi 07 novembre 2005 - 18:05        Libération

Deux jours après la mort de deux adolescents électrocutés dans le transformateur EDF dans lequel ils s'étaient réfugiés pour «échapper» à la police,
une marche silencieuse est organisée à Clichy-sous-bois. Quelque 500 personnes, proches et habitants défilent, passant à côté des véhicules calcinés,
témoignage des violences qui ont ébranlé la ville durant les nuits qui ont suivi le décès des deux jeunes. «On n'est pas là pour casser des voitures (...)
Mais il n'y a pas de logement, pas de travail, pas de budget pour la mairie de Clichy et ça il faut le dire à M. Sarkozy», déclare un manifestant.
Malgré les affirmations du ministre de l'Intérieur selon lesquelles les adolescents n'étaient pas poursuivis par la police,
de nombreux jeunes sont toujours persuadés qu'ils sont morts en essayant d'échapper à un contrôle
L. B.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=336634&Template=GALERIE&Objet=49179

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les jugements d'expulsion locative sont en forte hausse

 

2 novembre 2005
Le Monde
Bertrand Bissuel

 

La "trêve hivernale" débute, mardi 1er novembre, donnant un répit de quatre mois et demi aux familles visées par un jugement d'expulsion. Les dernières statistiques officielles soulignent la forte diminution des interventions policières pour évincer de leur logement les locataires déchus de leur droit. Mais cette tendance est contrebalancée par la montée, spectaculaire et ininterrompue, des contentieux locatifs. En quinze ans, les bailleurs n'ont jamais autant saisi les tribunaux qu'en 2004, selon les chiffres du ministère de la justice.

La situation semblait pourtant s'être améliorée. Le nombre de ménages évincés manu militari de leur habitation a fortement diminué en 2004 : ­ 21,7 % par rapport à 2003. Après un doublement en cinq ans, la décrue s'est amorcée, probablement grâce aux "protocoles Borloo".

Lancé en mai 2004 par le ministre de la cohésion sociale, ce dispositif suspend la procédure d'expulsion au profit des locataires HLM de "bonne foi" , qui s'engagent à reprendre le paiement du loyer et à apurer leur dette. En contrepartie, l'Etat rétablit ou maintient le versement de l'aide personnalisée au logement (APL) ­ celle-ci étant théoriquement suspendue après plusieurs mois d'impayés.

En juin, quelque 15 000 ménages étaient engagés dans cette démarche, d'après Patrick Kamoun, de l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui réunit tous les organismes HLM. "Ça fonctionne bien dans 80 % des cas" , affirme-t-il. A Paris, ces accords entre bailleurs et locataires ont sans doute favorisé la diminution des assignations devant les tribunaux d'instance : ­ 3,12 % entre le premier semestre de 2004 et celui de 2005, d'après Olivier Filliette, sous-directeur de l'habitat et du logement à la préfecture.

Les "protocoles Borloo" ont également pesé sur l'attitude des services de l'Etat : alors que le ministère de l'intérieur encourageait les préfets, depuis 2002, à faire exécuter les jugements d'expulsion avec l'aide de la police, ils ont levé le pied en 2004.

 

 

"RÉPRESSION DES LOCATAIRES"

 

Mais à la mi-octobre 2004, déjà, Stéphane Dambrine, président de l'association des organismes HLM en Ile-de-France, remarquait qu'un certain nombre de "protocoles Borloo" n'étaient pas respectés, quelques mois après avoir été signés. "Ils permettent d'éviter une dégradation rapide de la situation, grâce au maintien de l'APL, mais ne résolvent pas le problème de fond, certains locataires n'arrivant pas à régler le loyer résiduel -la part restant à leur charge, après avoir perçu l'aide-", déclarait-il, lors d'un colloque sur la prévention des expulsions. Dès lors, que faire de ces familles qui ne s'en sortent pas ? A terme, les bailleurs sociaux seront probablement amenés à "faire le ménage" , selon la formule d'un cadre du mouvement HLM.

En outre, les "protocoles Borloo" risquent de perdre de leur force : lorsqu'ils furent mis en place par le biais d'une circulaire, les préfets jouaient un rôle moteur. Mais depuis que le dispositif a été inscrit dans la loi de cohésion sociale du 18 janvier, les services de l'Etat ne sont ­ étrangement ­ plus tenus de s'y impliquer. "C'est dommage, commente Patrick Kamoun, car là où les préfets sont restés, les accords entre bailleurs et locataires marchent mieux." "Ce désengagement de l'Etat est préoccupant quand il n'est pas relayé par une collectivité locale" , renchérit Gérard Vignoble, député (UDF) du Nord et auteur d'un rapport sur la "prévention des expulsions locatives".

Fait plus inquiétant encore : l'inexorable progression des demandes de bailleurs pour obtenir la résiliation d'un bail ou l'éviction, manu militari , d'un locataire en situation d'impayé. En 2004, les jugements d'expulsion s'élevaient à plus de 103 000, contre un peu plus de 71 000, cinq ans plus tôt, soit un accroissement de 44,8 %. Sur la même période, les demandes de réquisition de la force publique par les bailleurs ont augmenté de près de 40 %.

Tout se passe comme si les mesures prises depuis la loi de lutte contre les exclusions de juillet 1998 ne parvenaient pas à endiguer ce phénomène. D'après les chiffres de la chancellerie, le nombre de jugements d'expulsion s'est accru de 84,9 % dans la Seine-Saint-Denis, entre 2002 et 2004. D'autres départements sont touchés : la Seine- et-Marne (+ 67 %), la Moselle (+ 46,5 %), les Alpes-Maritimes (+ 44,4 %), le Bas-Rhin (+ 43,7 %), le Maine-et-Loire (+ 35,6 %), les Bouches-du-Rhône (+ 33,2 %)...

"Tous les indicateurs sont au rouge, s'inquiète la Fondation Abbé Pierre, ce qui traduit à la fois les difficultés économiques dont est victime une partie croissante de la population et un durcissement dans la politique de répression des locataires en situation d'impayés." Les contacts se dénouent avec certains commissariats, explique André Gachet, responsable de l'Association lyonnaise pour l'insertion par le logement (Alpil). "Le système d'information préalable -qui avait été mis en place avec des policiers- ne fonctionne plus aussi bien" , dit-il. En outre, il arrive qu'une expulsion soit réalisée alors même que le juge de l'exécution était saisi du dossier et ne s'était pas encore prononcé, poursuit-il. "Avant, il était d'usage d'attendre sa décision", relève-t-il.

Pour sa part, Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de la fédération Droit au logement (DAL), se dit "sidéré" par l'explosion des indicateurs statistiques qui résulte, selon lui, "de la spéculation immobilière, alimentée par les politiques du gouvernement, de la montée de la pauvreté salariale, et de la flambée des loyers". En 2004, le prix des locations a augmenté de 4,1 % en Ile-de-France, contre 3,8 % un an plus tôt, d'après l'Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne (OLAP). Une évolution largement imputable à l'accroissement de l'indice du coût de la construction (ICC).

M.de Villepin a annoncé le 1er septembre que les aides personnelles au logement seraient revalorisées de 1,8 % ­ après un gel de deux ans. Mais cette "actualisation des barèmes" a été jugée "insuffisante" par les administrateurs de la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF). D'autant que la hausse du coût des matières premières, et donc de l'énergie, va encore alourdir les charges des locataires.

    Les jugements d'expulsion locative sont en forte hausse, Bertrand Bissuel, Le Monde, 2.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-705368@51-681704,0.html

 

 

 

 

 

«Un jour viendra, Robert, qu'on aura les toilettes!»

Depuis plus de trente ans, les locataires des corons d'Hersin-Coupigny, près de Lens,
attendent la rénovation promise de leurs logements sociaux.

 

Lundi 24 octobre 2005
Libération
par Haydée SABERAN

 

Hersin-Coupigny (Pas-de-Calais) envoyée spéciale

 

«Le soir, on prend un chaudron, comme les vieux dans le temps, et on se lave.» Dans les corons de la rue de Rome à Hersin-Coupigny, près de Lens, Claudine, 49 ans, vit sans chauffage central, sans isolation, sans eau chaude, sans salle de bains. Les toilettes dehors, sans chasse d'eau. Prix du loyer : 100 euros, entièrement couvert par l'aide au logement, car elle est RMiste. Plus de 8 000 logements sociaux de l'ancien bassin minier du Nord-Pas-de-Calais attendent des rénovations, bloquées faute d'argent pour creuser les tranchées d'arrivée de gaz et de tout-à-l'égout.

«Brûle tout». A l'intérieur, ça sent l'humide, taches noires de moisi sur les murs, une maison à l'abandon, comme si Claudine squattait chez elle. «Le papier peint tombait, alors, je l'ai arraché. Je n'ai pas tapissé, ce serait du gaspillage.» Le seul point d'eau est un robinet dans la cuisine. Pour y accéder, il faut traverser la petite cour. Pour se laver, chauffer l'eau à la bouilloire, remplir la bassine. Se déshabiller, malgré le froid. Dans la cuisine, la fenêtre ne ferme plus tout à fait, mais on ne répare pas, on attend la rénovation. Derrière une porte, elle stocke des meubles cassés et des planches : «Je récupère ; mon feu, c'est un brûle tout.» Cathy, la voisine, passe boire le café. Sa maison est plus confortable, elle a payé 16 000 francs, il y a 12 ans, au précédent locataire pour récupérer la véranda, les toilettes, la douche et les deux inserts qu'il avait installés. «C'est pas du luxe, mais on y arrive.» Dehors, les enfants circulent en vélo. Antoinette, 38 ans, mère et grand-mère, ne se plaint pas, mais «trouve que quand on va chez quelqu'un qui a une chasse d'eau, c'est rilax».

A quelques maisons de là, Monique, 69 ans, veuve de mineur, a fini par haïr ses toilettes. «L'hiver, on y va avec un bonnet et un manteau. Et quand il pleut à verse ou quand il fait noir, le pot. Avant, je supportais, je n'y arrive plus. Mais je n'ai pas les moyens d'habiter ailleurs.» Elle vit avec 753 euros par mois, la retraite de son mari mineur décédé. Elle enrage. «Parmi mes amis, ma famille, y a que moi qui vais aux toilettes dehors. Quand t'arrives à 69 ans, ça devient critique.» Le salon est modeste et impeccable. Un gros cierge à l'effigie de sainte Rita. Elle a une baignoire, cachée derrière un rideau, mais sans arrivée d'eau. Elle la remplit pour prendre le bain «une fois par semaine». Sinon, c'est «tous les jours au bassin et à la bouilloire».

Charentaises. Emile, dit Milou, est mort d'une tumeur au poumon, avant d'être reconnu silicosé. Quand il n'a plus réussi à se lever, elle le lavait dans son lit. Elle porte plusieurs tonnes de charbon par an du jardin jusqu'aux poêles, pour chauffer le bas de la petite maison. «La dame en face, quand mes cendres sont trop lourdes, elle les met à la poubelle.» La rénovation ? «Personne n'en parle. Ils avaient dit qu'en l'an 2000, ça allait changer, et il s'est rien passé.» Dehors, le voisin, en charentaises, bras croisés devant chez lui, Robert, ancien marin. A la grille du jardin entre les rosiers et les touffes de thym, elle le hèle : «Un jour viendra, Robert, qu'on aura les toilettes !»

Marteau-piqueur. Quartier de la Longue-Pierre, rue Pasteur, Roland plante des oeillets à côté de ses capucines. Ce petit homme de 71 ans était mineur, 35 ans de carrière, dont 19 ans de fond. «L'histoire, elle est très simple, j'aimerais avoir un petit peu de gaieté pour moi.» Il voudrait le chauffage central et une isolation. Roland montre ses mains, abîmées par l'abattage du charbon au marteau-piqueur : il ne peut plus fermer le poing. Porter quatre kilos de charbon à verser dans les poêles deux fois par jour, c'est dur. Sa femme Margot ne peut pas, elle marche avec un déambulateur. «Ça fait 38 ans qu'on nous dit "attendez-vous à avoir des rénovations bientôt".»

Au bout de la rue, c'est chez Auguste, 75 ans. Il fait chaud et ça sent le pétrole. Il ne se chauffe plus au charbon à cause de sa silicose. On serre une main décharnée. Il rit au fond de son canapé, ses épaules maigres se secouent. Il a un tuyau vert dans les narines, relié à une machine qui lui donne de l'oxygène. Respirer est une bataille, mais il n'en parle pas. «33 ans de fond. Avant, y avait pas de chômage.» Il ne monte plus à l'étage. Dans sa jeunesse, il a installé une salle de bains dans l'espace pris sur le jardin. Il rit encore. «On va bientôt casser s'pipe. Aller d'où qu'on revient pas. Maintenant, ils font des caveaux où on peut jouer aux cartes avec ses voisins.»

    «Un jour viendra, Robert, qu'on aura les toilettes!», Libération, 24.10.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=333162

 

 

 

 

 

Société

6% des Français en dessous du seuil de pauvreté

 

Lundi 17 octobre 2005
Libération
Par N. I-A. (avec AFP)

 

C'est le chiffre que livre l'INSEE à l'occasion de la "Journée du refus de la misère". Les assocations s'inquiètent notamment du phénomène de la précarité qui touche de plus en plus de familles françaises.

 

Rassemblements, conférences de presse, témoignages....Des manifestations sont prévues dans toute la France lundi pour sensibiliser l'opinion publique à la pauvreté, pour la "Journée du refus de la misère".

Selon l'indicateur de l'INSEE, 6% de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté, fixé à un revenu d'environ 600 euros par mois (50% du revenu médian).. Soit environ trois millions et demi de Français. Si l'on retient le seuil d'Eurostat, agence de statistiques de l'UE qui le fixe à 60% du revenu médian, il y aurait alors quelques 12% de pauvres en France, presque 7 millions de personnes. Mais quelque soit l'indicateur retenu, la pauvreté paraît en net recul : en 1970, 12% de la population vivait en dessous du seuil de pauvreté selon l'INSEE, 18% selon Eurostat.

Néanmoins, pour les associations sur le terrain, la réalité est plus complexe. Elles décrivent le fort développement de la précarité, antichambre de la misère, qui touche de plus en plus de jeunes et de personnes intégrées dans le monde du travail. Selon l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, il y a environ un million de " travailleurs pauvres " en France. De son côté, Emmaüs relevait, dans une enquête menée en janvier, que 8,5% des personnes hébergées dans ses centres d'urgences avaient un contrat de travail. Par ailleurs, dans son rapport 2005, la Fondation Abbé Pierre estime à trois millions le nombre de personnes en situation de " mal-logement ".

" La rue est en train de se modifier profondément depuis quelques années : on voit, en même temps, de plus en plus de jeunes, de plus en plus de travailleurs, de femmes, et de personnes âgées " explique Patrick Rouyer, directeur des missions sociales d'Emmaüs, cité par l'AFP.

Autant de préoccupations qui seront donc évoquées ce 17 octobre, transformée en Journée du refus de la misère en 1987 par le fondateur de l'ONG ATD Quart-Monde, le père Joseph Wresinski. Le 17 octobre a depuis été déclarée " Journée Mondiale " par l'ONU en 1992. Pour l'occasion, le président d'ATD Quart-Monde, Pierre Saglio, rappelait lundi matin sur France Inter que " la précarité gagne du terrain : un certain nombre de gens, bien qu'ils aient un travail, n'ont pas les ressources suffisantes pour sortir de la pauvreté ". Il a ensuite appelé l'Etat à " passer des contrats avec les élus, les syndicats, tous les acteurs concernés, pour dire que dans 3 ans, dans 5 ans, dans un délai qu'on se fixe, on arrive enfin à ce que, dans nos communes, plus personnes ne soit obligé de vivre dans la rue "

    6% des Français en dessous du seuil de pauvreté, par N. I-A. (avec AFP), Libération, 17.10.2005, http://www.libe.com/page.php?Article=331628

 

 

 

 

 

Près de six profs sur dix
se plaignent d'épuisement physique ou psychique.

Les enseignants malades de l'école

 

Vendredi 02 septembre 2005 (Liberation - 06:00)
Par Sandrine CABUT
Libération

 

Douze millions d'élèves et 880 000 enseignants font leur rentrée. Parmi eux, 275 000 profs consulteront dans l'année un médecin «suite à un accident ou à des lésions physiques ou psychiques survenues dans le cadre de leur travail», selon une enquête encore inédite. Côté élèves, plusieurs indices signalent une aggravation du malaise : l'Institut national de prévention et d'éducation à la santé note ainsi que 11,9 % des 11-15 ans «n'aiment pas» l'école, et deux livres analysent le désarroi de centaines de milliers d'enfants et ados : L'Elève humilié de Pierre Merle (PUF) et Il aurait pu être bon élève d'André Agard-Maréchal (Albin Michel). Libération a enquêté des deux côtés de l'estrade dans cette école qui, quand elle fait mal, est incapable d'offrir un soutien à la hauteur des détresses qu'elle déclenche.

 

 

Is s'avouent fatigués, physiquement et nerveusement, souffrent du bruit et de la violence des élèves, ont de plus en plus recours à des arrêts maladie... Les enseignants ne sont pas en superforme, selon plusieurs enquêtes et les témoignages de psychiatres et psychologues. Ainsi, une vaste étude de la MGEN (Mutuelle générale de l'Education nationale) sur «climat scolaire et conditions de travail», dont Libération s'est procuré les premiers résultats, montre que la plupart des chefs d'établissement sont conscients du stress subi par leur personnel. Dans cette enquête, menée sous la direction de Georges Fotinos, conseiller du président de la MGEN, trois quarts des directeurs de l'enseignement secondaire jugent que le «niveau de stress» du personnel s'est aggravé au cours des dernières années. Chez les directeurs d'école, ils sont 90 % à parler de dégradation. Une enquête du Snes (Syndicat national des enseignements de second degré) auprès de plus de 2 000 enseignants, publiée cet été, va dans le même sens : près de six profs sur dix se plaignent d'«épuisement physique ou nerveux» qu'ils mettent en rapport avec leur métier, 30 % dorment mal, un sur deux juge le bruit «très fatigant»... Conséquences mesurables de ce mal-être, les arrêts de travail augmentent. En cinq ans, le nombre de personnels de l'Education nationale ayant touché des indemnités journalières plus de trois mois dans l'année a grimpé de 13 %. Et le montant des indemnités allouées par la MGEN a, lui, bondi de 32 %, selon des données de la mutuelle rapportées par le Quotidien du médecin en juillet 2004. «La moitié des arrêts de travail de plus de quinze jours sont liés au stress et à la violence du lieu de travail», estimait alors le psychiatre Mario Horenstein.

Visibilité. Pour autant, martèlent les spécialistes en s'appuyant sur d'autres enquêtes épidémiologiques, il n'y a pas globalement plus de troubles psychiatriques chez les maîtres d'école et professeurs que dans la population générale. «Il y a une meilleure visibilité, analyse Richard Rechtman (psychiatre et médecin chef à l'hôpital de La Verrière ­ établissement de la MGEN). Notamment parce que les conditions de travail des enseignants sont peu compatibles avec des problèmes psychologiques. De plus, les troubles peuvent se révéler de façon bruyante.» Les symptômes sont plus ou moins sévères (troubles anxieux, dépression, addictions, notamment à l'alcool...), mais pas spécifiques.

«Les conditions de travail ne sont pas responsables, ce sont plutôt des facteurs aggravants», insiste Richard Rechtman. Il cite cependant le «déclassement social majeur de la profession ces dernières années» comme «facteur de malaise très profond». Et conclut : «Les difficultés professionnelles des enseignants sont réelles, mais leurs plaintes sociales ne sont pas entendues par la société et les politiques. Leur seule façon d'être écoutés est de passer par des plaintes psychiques.»

Epuisement. D'autres praticiens cherchent néanmoins des explications au coeur du métier. «Chez les enseignants comme chez tous les intellectuels, il y a toujours ce souci d'idéaliser leur profession. Mais tant que l'on n'a pas fait le deuil de l'idéal, on ne peut pas aller bien», estime Gaby Richon, psychiatre hospitalier dans les Deux-Sèvres. Un élément qui, couplé au rapport de forces vécu par les professeurs, explique selon lui que plus l'enseignant est investi et en proie au doute, plus il déguste. L'enseignement pourrait donc être le révélateur d'une fragilité psychique. Pour Violaine Gueritault, psychologue et auteure d'une thèse sur le burn-out (syndrome d'épuisement professionnel), «le burn-out existe dans tous les métiers, mais les enseignants sont une population à risque, tout comme les professions médicales». Et d'expliquer que, des huit facteurs reconnus comme prédisposant à ce syndrome, certains sont très présents chez les enseignants : absence de reconnaissance et de récompense, manque de contrôle de l'organisation de son travail, et, paradoxalement, haute valeur assignée à son métier (sentiment d'utilité).

Dépistage. Si les troubles psychologiques des enseignants sont bien connus, le défi pour ceux qui les prennent en charge est désormais aux deux extrémités de la chaîne. A défaut d'une réelle prévention, un dépistage plus précoce s'imposerait. Il ne passera visiblement pas par la médecine du travail, quasi inexistante à l'Education nationale. Dans l'enquête du Snes, 55 % des enseignants n'ont pas eu de visite médicale depuis plus de quinze ans. «Les enseignants ne sont pas réticents à consulter généralistes et psychiatres», tempère Richard Rechtman. L'autre difficulté est de les aider à se réinsérer professionnellement. Un domaine où il y reste aussi beaucoup à faire, comme dans d'autres métiers.

    Près de six profs sur dix se plaignent d'épuisement physique ou psychique : Les enseignants malades de l'école, Libération, 2.9.2005,  http://www.liberation.fr/page.php?Article=320770

 

 

 

 

 

Logement : Paris, la capitale aux 976 taudis

Le troisième incendie meurtrier en quatre mois
souligne la dangerosité de nombreux bâtiments parisiens,
notamment dans les quartiers populaires.

 

Mercredi 31 août 2005
Libération
Par Tonino SERAFINI
 

 

Paris Ville lumière, mais aussi Paris ville des taudis. Une réalité masquée par ses larges avenues plantées d'arbres et d'immeubles en pierre de taille qui impressionnent les touristes. Mais il y a l'envers du décor. Celui du Paris populaire. Pas moins d'un millier d'immeubles sont classés insalubres dans la capitale (976 exactement), selon un inventaire établi en juillet par l'Observatoire du saturnisme, de l'insalubrité et de l'habitat dégradé, un organe mis en place par l'équipe Delanoë pour recenser les bâtiments vétustes et présentant un danger pour leurs habitants ; 80 % de ces immeubles sont situés dans les cinq arrondissements populaires du nord-est parisien : Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe (voir ci-contre). Le bâtiment du 8, rue du Roi-Doré (situé dans le IIIe), où 7 personnes ont trouvé la mort lundi soir, figure sur cette liste.

Parmi ces immeubles, une bonne cinquantaine sont intégralement squattés et autant partiellement occupés sans droit ni titre par des personnes ou des familles en panne de logement. Cette question des squats et des immeubles vétustes a déclenché hier une polémique droite-gauche, après la macabre série de trois incendies qui ont fait 48 morts. Hier, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, a préconisé la fermeture pure et simple de «tous ces squats et tous ces immeubles pour arrêter ces drames». Mais sans dire ou seront relogées les personnes ainsi mises à la rue. Hier, la préfecture de police a donné le ton en évacuant un squat rue du Chalet, dans le Xe.

A Paris, on estime que pas moins de 2 000 familles vivaient dans les 423 immeubles considérés comme les plus dégradés et confiés à ce titre à la Siemp, une société d'économie mixte municipale. A ce jour, 542 d'entre elles ont déjà été relogées. Les bâtiments les plus dangereux ont été vidés. Certains ont été rasés ou font l'objet d'une réhabilitation lourde. Problème : la résorption de l'insalubrité bute sur la question épineuse du relogement dans une ville où l'on compte 102 000 demandeurs de HLM. Mais Claude Goasguen, président du groupe UMP au Conseil de Paris, et Philippe Goujon, président de la fédération UMP, ont quand même demandé hier une enquête administrative pour savoir pourquoi l'immeuble de la rue du Roi-Doré n'a «pas été mis aux normes [...] et plus généralement pourquoi la ville de Paris a tant de difficultés pour éradiquer l'insalubrité». Des propos qui ont suscité un mouvement de colère à l'Hôtel de Ville. Un communiqué est venu rappeler que sous la mandature de Tiberi seulement «17 bâtiments insalubres avaient été identifiés», laissant entendre que les taudis sont un héritage des équipes municipales précédentes. Effectivement, la liste du millier de taudis parisiens a été établie en 2002, après l'arrivée aux affaires de Bertrand Delanoë. Les immeubles dégradés existaient déjà mais étaient ignorés. C'est à cette époque que la ville décide de consacrer 152 millions d'euros sur six ans pour résorber l'insalubrité. «Jamais une collectivité n'a débloqué autant d'argent», rappelle Jean-Yves Mano, l'adjoint en charge du logement. Pour reprendre en main le «noyau dur de l'insalubrité» (423 immeubles très dégradés), la municipalité utilise son bras armé : la Siemp. A elle de faire les diagnostics du bâti, de reloger les familles et, ensuite, de réhabiliter ou de reconstruire. Parmi ces bâtiments, des dizaines appartiennent de longue date à la ville de Paris, souvent après expropriation dans le cadre d'opérations d'urbanisme lancées sous les mandatures Chirac, mais non conduites à leur terme. Vidés. Murés. Ils ont ensuite été occupés par des familles en panne de logement. On trouve aussi dans la liste des taudis, des copropriétés impécunieuses, des hôtels meublés ou des immeubles appartenant à des privés. Tel était le cas du bâtiment du 8, rue du Roi-Doré, dont la ville a décidé l'expropriation en 2004.

    Logement : Paris, la capitale aux 976 taudis, Libération, 31.8.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=320236

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les immeubles insalubres à Paris
Libération        31.8.2005
http://www.liberation.fr/page.php?Article=320236

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Eté

Les colonies de sans-vacances
Quatre Français sur dix ne partent pas durant leurs congés :
un phénomène accentué par la crise économique,
qui touche de plus en plus de jeunes.



lundi 08 août 2005
Libération
Par Nicole PENICAUT

 

Tout se passe comme si le seuil était devenu indépassable, amélioration de la situation économique ou pas. Alors qu'elle n'avait cessé d'augmenter depuis 1950, la proportion de Français partant en vacances n'évolue plus depuis 1990. Elle a même régressé certaines années, pour se situer en 2004 aux alentours de 65 %. Il y a donc près de quatre Français sur dix qui regardent les autres partir. Certes, dans le lot, il y a ceux qui s'en réjouissent, soit qu'ils abhorrent les départs, soit qu'ils se trouvent très bien chez eux. Mais selon l'Insee ils ne sont qu'une minorité. La plupart de ceux qui ne partent pas en sont empêchés faute d'argent. Ou, faute de projet : partir loin ne s'improvise pas dans des familles qui n'ont jamais eu pour horizon que leur cité. Résultat : un Français sur sept n'a jamais goûté aux vacances ailleurs que chez lui.

Dans une société où le temps des loisirs est devenu central, cette statistique peut être inquiétante, si on sait que dans celle-ci la proportion de jeunes va croissant. «Le taux de départ en vacances des jeunes connaît ces dernières années une baisse sensible, en grande partie liée aux difficultés économiques : prolongement des études, précarité de l'emploi, petits boulots, stages, chômage», constate le ministère délégué au Tourisme, qui évalue à 2 millions le nombre de jeunes de 15 à 24 ans ne partant pas en vacances, soit 25 % de la classe d'âge. Les pré-adolescents (9-13 ans) sont tout aussi frappés par l'exclusion des vacances et des loisirs que leurs aînés. «Ils constituent un phénomène nouveau, et préoccupant si on considère que cet âge est favorable aux apprentissages culturels, à la découverte de l'autre et à la socialisation, rôle traditionnellement attribué aux loisirs», notent Françoise Potier et Pascale Zegel, deux chercheuses de l'Institut national de recherche sur les transports et leur sécurité (Inrets). Aujourd'hui, trois mineurs sur dix ne partent pas en vacances. Les 35 heures n'y ont rien changé, et ont même accru les inégalités. «Les Français déjà favorisés par l'accès aux loisirs ont vu leur fréquence d'activité croître tandis que ceux dont l'accès aux loisirs hors domicile était rare n'ont connu qu'une éventuelle légère amélioration», constate l'Inrets.

Une partie de l'explication réside dans l'inadaptation des aides à la nouvelle donne sociale d'une France qui compte 10 % de chômeurs et plus encore de précaires. Conçus pour les salariés, les dispositifs d'aide aux vacances excluent ceux qui ne le sont pas. Et encore chez les salariés il y a de nombreuses inégalités. L'employé d'une grande entreprise avec un comité d'entreprise fort est mieux loti que son homologue d'une PME. Pour les chèques-vacances, pareil. Même s'ils élargissent leur clientèle, ceux-ci profitent beaucoup plus aux salariés des grands groupes. Ce qui explique en partie qu'un ouvrier sur deux ne parte pas en vacances. Critiquées pour leur vétusté, les structures du tourisme social ont fini par moderniser leurs installations. Mais les tarifs ont suivi... Ne restent pour ceux qui ne peuvent accéder à aucun de ces dispositifs les aides sociales (Caisse d'allocations familiales, mairie...). Mais il leur manque souvent la mise de fonds qui leur permettrait d'en profiter.

    Les colonies de sans-vacances, Libération, 8.8.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=316069

 

 

 

 

 

Eté

A savoir

 

lundi 08 août 2005
Libération

 

36 % d'exclus

Chaque année, 36 % de la population est exclue des rangs des vacanciers. Dix millions de personnes, soit 16 % des Français, ne sont jamais parties en vacances.
(Source : ministère délégué au Tourisme.)

 

Les 15-24 ans

Etudes prolongées, précarité de l'emploi, chômage, stages et petits boulots, ils partent de moins en moins. Actuellement, on compte dans cette tranche d'âge, 25 % de «non-partants».
(Source : Conseil national du tourisme.)

 

La loi de lutte contre l'exclusion de 1998 reconnaît les vacances comme un droit fondamental de l'individu, au même titre que le logement et la santé. (Source : ministère délégué au Tourisme.)

 

65,9 % des Français sont partis en vacances en 2004

Ils étaient 65,6 % en 2003 et 66,1 % en 2002 à avoir fait un voyage d'au moins quatre jours. (Source : ministère délégué au Tourisme.)

 

« Le non-accès aux vacances est devenu l'une des composantes de l'exclusion. » Jean Froidure, professeur à l'université de Toulouse-le Mirail, membre de l'équipe de recherches «tourisme,système, environnement, culture»

 

Le budget d'un vacancier est en moyenne de 44 euros par jour. 19 % des plus de 15 ans consacrent moins de 760 euros à leurs vacances, 33 % ont un budget qui oscille entre 760 et 1 520 euros et 18 % déclarent dépenser entre 1529 et 2300 euros. (sondage direction du tourisme/Ipsos)

    Ete > A Savoir, Libération, 8.8.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=316074

 

 

 

 

 

Enquête

Les harcelés du travail

 

26.4.2005
Le Monde

 

"Des antécédents médicaux ?" La question semble banale. Pourtant, Madame S. secoue la tête, incapable de répondre. Le docteur Sandret se tait, attend. "Je ne me suis jamais arrêtée, reprend-elle enfin d'une voix tremblante, si je laisse mon poste, je n'aurai plus rien en revenant !" Elle éclate en sanglots : "Le peu qui me reste à faire, je ne l'aurai plus !" "On vous fera disparaître ?", interroge doucement le médecin. "Oui !" Mme S. cherche fébrilement un Kleenex dans son sac ; le maquillage, l'assurance, tout fond avec les larmes. Elles ne cesseront plus.

Lorsqu'elle est entrée, il y a cinq minutes, Mme S. avait pourtant toutes les apparences de la solidité. A se demander ce qu'elle venait faire à la consultation "souffrance et travail" de l'hôpital de Créteil (Val-de-Marne). La cinquantaine agréablement potelée, un visage doux, bien maquillé, tailleur impeccable et bijoux discrets, elle est le genre de femme sur qui on a envie de s'appuyer en cas de problème. Telle était d'ailleurs sa vocation : d'abord sage-femme, puis économe dans un hôpital privé, elle assumait tous les problèmes matériels de l'établissement : commandes, stocks, entretien, parking, Ticket-Restaurant... "C'était le bureau où tout le monde venait", dit-elle.

C'était. Car, depuis deux ans, son établissement a fusionné avec un autre, public. Et Madame S. a basculé dans un enfer sournois qu'elle raconte par petits bouts, en reniflant. "Très vite, nous nous sommes aperçus que nous étions mis à l'écart." Faute de formation au code des marchés publics, elle s'empêtre dans l'entrelacs des règlements administratifs. On lui retire les codes acheteurs, la privant de toute initiative, puis on l'"oblige à signer" une humiliante fiche de poste, définissant ses tâches. Surtout, on la coiffe d'une supérieure, une "fille ingénieur des Mines qui ne connaissait rien au médical" mais qui la prend de haut. "J'ai vingt ans d'expérience dans l'économat et j'allais devoir tout lui apprendre ! Dix jours après son arrivée, ça a été plus fort que moi, je l'ai envoyée promener !"

Mme S., accusée de mauvaise coopération, est mise hors circuit. Un service entier est déménagé sans elle. Sa supérieure fouille son bureau en son absence, contacte les fournisseurs sans la prévenir, organise des réunions sans la convoquer. Elles ne communiquent que par e-mails. Petit à petit, le poste de l'économe est vidé de son contenu. "Je suis sous contrôle complet. Je n'ose même plus passer des commandes."

Et puis le comble : fin 2004, "on" l'accuse de dépassement budgétaire. "Toute la journée, on a fait pression sur le magasinier pour qu'il témoigne contre moi." Les pleurs redoublent. "Jusque-là, j'arrivais à tout supporter, mais les faux témoignages en plus, ça, non !" Elle hoquette : "J'ai toujours tort, je ne me sens plus capable de résister aux attaques. Je n'arrive plus à en parler sereinement, je m'angoisse avant d'aller au travail."

Sa famille lui a conseillé de se défendre. Elle a consulté un avocat. Puis, en désespoir de cause, les syndicats. "J'ai encore une dizaine d'années à travailler. Comment je vais faire ? Je ne vois plus d'issue !" Cette fois, elle a craqué tout de bon mais elle a vidé son sac. Au médecin de faire avec.

Ce n'est pas un médecin ordinaire. Le docteur Sandret est un expert en "souffrance au travail", une nouvelle spécialité dont il n'existe encore que six consultations en France, toutes dans la région parisienne, toutes débordées. Jadis, le service "pathologies professionnelles" de Créteil se contentait d'évaluer les inaptitudes décidées par les médecins du travail. Mais au fil des années 1990, les cas se sont multipliés, aggravés, provoquant des dépressions très lourdes, des suicides, des maladies psychosomatiques des tendons, de la colonne vertébrale, des paralysies invalidantes.

Il ne suffisait plus d'évaluer les troubles, il fallait soigner. D'autant qu'à la faveur du best- seller de Marie-France Hirigoyen, Le Harcèlement moral (éd. Syros, 1998), les malades mettaient un nom sur leur douleur, et que la loi s'en était mêlée, fin 2001, créant une nouvelle catégorie de victimes : les harcelés.

"Je voyais arriver des gens, livre en main, disant : là, page 90, c'est moi !", raconte Marie Pezé, la pionnière, qui a créé, à Nanterre, la première consultation Souffrance et travail, afin de lutter contre cette nouvelle "maladie du siècle". "Le harcèlement dépasse de loin l'histoire du pervers et de sa victime, ajoute-t-elle, dans 90 % des cas on est sur du harcèlement stratégique ; on voit même circuler des manuels de management conseillant d'utiliser la peur pour gérer les salariés. Très peu de gens peuvent tenir. A la longue, ils présentent le même tableau psychique désastreux que les victimes d'attentats dans le RER."

Le cas de Mme S. est, hélas, un grand "classique". "Les gens majoritairement en butte au harcèlement sont de bons salariés, très investis dans leur travail, jamais ceux qui s'en moquent, explique le docteur Sandret, tous sont porteurs de valeurs - ­ dignité, qualité ­ - qui ne sont plus la norme dans l'entreprise. Ils ont un sentiment d'illogisme, car ils sont remis en cause là où ils sont bons. Et plus ils se défendent pour prouver leur valeur, plus la nasse se resserre." La thérapie, selon le médecin, consiste à "donner un sens à ce qui s'est passé, à leur expliquer que, s'ils ont été en butte aux persécutions, c'est qu'ils étaient porteurs de valeurs".

Face à Mme S., il hésite à peine : "Vous savez bien que l'objectif de la fusion était de remplacer un mode de fonctionnement par un autre, vous n'êtes pas la seule concernée." Mme S. l'admet, tous les cadres issus du privé sont touchés : le chef comptable est enfermé dans son bureau, la directrice adjointe n'a plus aucun pouvoir. "La nouvelle direction n'avait pas envie de garder les gens porteurs de mémoire, reprend le médecin, elle n'avait pas envie de vous former. Pour elle, c'est difficile de gérer deux cultures différentes. Dans ce cadre-là, vous ne pouvez pas tenir, vous allez être laminée. La seule solution, c'est la fuite : il faut partir."

Mme S. proteste un peu. Elle a 52 ans, elle n'aime pas changer, et puis, "c'est une injustice !" "La vie n'est pas juste tout le temps, rétorque le Dr Sandret. La justice, vous pourrez la demander dans un deuxième temps. Je vois ici des salariés qui restent dans l'entreprise. Ils ont raison au nom de la morale, de la justice, mais, parfois, ils y perdent leur vie." Madame S. a cessé de pleurer. "Il fallait qu'on me le dise", soupire-t-elle, soulagée.

Plus de la moitié des traitements passent par un départ, ou un changement de poste. Car la loi protège mal et ne guérit pas du tout. "Si on reste dans une problématique juridique, on ne s'en sort pas, assure le docteur Sandret, même la réparation aux prud'hommes ne règle rien. Je demande une parenthèse sur ce plan." Le docteur Marie Pezé acquiesce : "Les affaires juridiques suspendent la reconstruction personnelle, les gens doivent d'abord tourner la page. Nous préférons les dégager sur un autre poste, avis médical à l'appui."

Partir, oui mais comment ? la question hante les consultations. Le harcèlement stratégique, notamment dans la grande distribution, vise souvent à pousser les salariés à la démission, évitant ainsi à la direction les procédures et les indemnités de licenciement. "Surtout, ne démissionnez pas", répète le docteur Sandret.

Mme M., sa deuxième patiente, écoute la leçon, crispée sur sa chaise. C'est une femme mince, vêtue d'un blouson et d'un jean "mode", chaussée de fines sandales. Assistante commerciale depuis treize ans dans une petite entreprise en difficulté, elle est prête à négocier son départ pour mettre un terme aux avanies de son supérieur hiérarchique, mais la direction refuse : "Le directeur m'a répondu : 'On n'a pas un sou, si tu veux partir, tu démissionnes, ou alors ce sera pour faute grave."'

Mme M. a perdu 6 kg depuis un an et demi. Elle est sous traitement pour maladie d'estomac. En janvier, elle s'est démis une vertèbre en déplaçant un sac. Puis, son médecin l'a arrêtée pour dépression nerveuse. Elle a repris cette semaine. "C'était assez tendu." Pendant son absence, elle a reçu un avertissement. A son retour, on a redéfini son poste de telle façon qu'elle soit débordée. Elle aime pourtant son travail ­ "Je m'implique, l'environnement me plaît" ­, mais elle n'en peut plus : "Je vis avec ça, je me couche avec ça, la nuit, je me réveille et, le matin, c'est toujours là. Ça m'envahit." Avec le docteur Sandret, Mme M. reprend pas à pas les étapes de son calvaire, depuis l'arrivée d'un jeune directeur commercial de 28 ans, dont elle assurait précédemment les tâches "en dépannage". "Ce monsieur" comme elle dit, l'a aussitôt prise en grippe, dévaluée, tenue à l'écart des dossiers. Il ne communique avec elle que par e-mails alors qu'ils travaillent face à face. "Il aimerait travailler avec une femme plus jeune, dit-elle. A 40 ans, les femmes sont vieilles, j'ai passé le cap." Le médecin rectifie : "Vous êtes surdimensionnée par rapport au poste. Vous êtes dangereuse pour lui. Ce n'est pas vous en tant que personne mais en tant que porteur d'expérience de l'entreprise, qui êtes visée."

Certains tiennent le coup, psychologiquement, mais c'est le corps qui craque. Ainsi Mme P. "travaille sous morphine", souligne le docteur Marie Pezé. Dans son petit bureau de l'hôpital de Nanterre Mme P. se tient très droite, les bras croisés, comme pour se protéger. Elle a le corps et les mains noueux, les yeux usés, comme la couleur de son pull. C'est une femme "extrêmement équilibrée", insiste le médecin. Afin de maîtriser la douleur, elle pratique le yoga, la natation. Mais cela ne suffit pas. Une opération du maxillaire, un genou cassé, des polypes intestinaux, des fibroses, des tendinites, une opération du canal carpien, et on en passe. A 51 ans, elle prend dix médicaments par jour, certains très lourds.

Jadis, pourtant, Mme P. était solide. Ouvrière et heureuse de l'être dans une petite entreprise familiale de cosmétiques. Le travail à la chaîne était dur mais les cadences humaines et l'atmosphère conviviale. "On s'épaulait, se souvient-elle, on faisait une bonne équipe ; les jours d'inventaire, on venait à 6 heures, le samedi. Après, on mangeait un casse-croûte." Elle était chargée des rouges à lèvres. "Je suis une manuelle, j'aime la précision. Quand un rouge sortait impeccable, qu'il brillait bien, je disais : regarde comme il est beau !"

Las, en 1988 la petite entreprise est rachetée par un groupe. Finies la convivialité, la qualité. Seuls comptent les rendements, et ils augmentent dramatiquement, en même temps que les effectifs diminuent : de 600 pots à remplir et conditionner par heure, on passe à 800, puis à 1 000 et même à 1 200 voire plus, certains jours, quand on a pris du retard. Dans ces cas-là, raconte Mme P., "les filles pètent les plombs, jettent tout par terre". Les crises de nerfs sont gérées, un brancard ad hoc est même prévu dans le vestiaire. Les ouvrières ont toutes une barre de "Lexomil" dans la poche. Et aussi des sparadraps, car visser 1 200 pots par heure esquinte les mains. "Quand on montre nos ampoules, on nous répond : 'Vous ne voulez plus le faire ? Très bien, on sous-traite et on ferme..."' Les rouges à lèvres sont déjà partis en sous-traitance.

Quant à la camaraderie, elle n'est plus qu'une nostalgie de mauvais aloi. La contremaîtresse veille à ne jamais placer deux copines côte à côte. D'ailleurs, il ne reste plus que 15 anciennes, sur 35.

On ne s'épaule plus. On s'espionne. Alors, depuis dix ans, Mme P. enchaîne maladie sur maladie. "Le stress fait faire beaucoup de choses. Si j'avais su ce que ça allait me coûter, l'entreprise, je n'aurais pas continué", avoue-t-elle. Pourtant, elle continue, vaille que vaille, en attendant d'être classée en invalidité partielle et mutée dans un travail moins pénible. "Elle n'a pas fait de décompensation psychique mais une énorme décompensation physique", commente Mme Pezé.

"Depuis le début des années 1990, le système s'est emballé, note le docteur Sandret. Il y a une intensification du travail et une individualisation croissante qui casse toutes les solidarités et aggrave les tensions mentales."

Dans son cabinet, arrive la dernière patiente. Bronzée, sexy, un sourire jusqu'aux oreilles. Esthéticienne, elle possédait son propre cabinet avant de travailler chez quelqu'un d'autre qui l'a niée sur le plan professionnel. S'est ensuivie une dépression très profonde pendant des années. Elle aimait son travail, se sentait enfermée dans cette situation et n'arrivait pas à partir. C'est fini. "Depuis trois jours, j'ai enfin reçu ma lettre de licenciement !, annonce-t-elle, et je suis, ­ ouf ! ­ libre de toute galère !"

    Véronique Maurus, Le Monde, 26.04.2005, http://www.lemonde.fr/web/imprimer_element/0,40-0@2-3230,50-642666,0.html

 

 

 

 

 

Logement

Location : état des lieux calamiteux
Flambée des loyers, bailleurs de plus en plus exigeants, spéculation immobilière... Comment le marché s'est dégradé.

 

16 mars 2005
Tonino SERAFINI
Libération

 

Sale temps pour les locataires. Et pas seulement en raison de la fin de la trêve hivernale, annonciatrice de la reprise des expulsions. Chaque année près de 100 000 jugements ordonnant l'éviction de locataires sont rendus par les tribunaux, dont près de 80 % pour impayé de loyer. Mais, au-delà de cette actualité, un mouvement de fond, qui s'aggrave depuis une vingtaine d'années, inquiète les associations de locataires : la crise du logement caractérisée par un manque d'offre locative et des dispositions législatives libéralisant le secteur de l'habitat ont modifié la donne en faveur des bailleurs. Disparition progressive de la loi de 48, flambée quasi continue des loyers, tri sévère des locataires, classes moyennes chassées des centres-ville par les «ventes à la découpe», loi Robien octroyant des avantages fiscaux considérables aux propriétaires... Les bailleurs ont le vent en poupe. Retour sur les étapes de ce retournement.

 

L'inexorable disparition des loyers privés bon marché

Fini les loyers pas trop chers. Dans le parc privé, la loi de l'offre et de la demande détermine le niveau des loyers. L'encadrement des loyers a été considérablement assoupli avec la fin de la loi de 48 qui permettait à des ménages modestes d'habiter en centre-ville et favorisait un certain brassage social, notamment à Paris, Lyon ou Toulouse. C'est le gouvernement Chirac version 1986-88 et son ministre Pierre Méhaignerie qui ont sonné le glas de ce texte voté dans l'après-guerre et qui était favorable aux locataires. 708 000 logements, soit plus de 15 % du parc locatif privé (4,5 millions de logements à l'époque), étaient encore régis par la loi de 48 en 1984. Vingt ans après, seulement 246 000 logements relèvent encore de ce statut, à peine 5 % du parc privé (qui compte désormais cinq millions de logements). La plupart de ces locataires sont des personnes âgées. A leur décès, leur logement retombera dans le marché libre. La loi s'éteint avec ses bénéficiaires. Mais pas suffisamment vite au goût du gouvernement. La future loi Habitat pour tous (qui devrait être débattue au Parlement d'ici à l'été) prévoit une accélération de la disparition de ces loyers bon marché pour les ménages ayant des revenus dépassant un certain seuil.

L'absence d'offre locative bon marché dans le parc privé crée un embouteillage dans les HLM : on y recense plus d'un million de demandes d'attribution, dont 300 000 dans la seule région Ile-de-France.

 

L'incroyable envolée des loyers

A louer au métro Guy-Moquet (Paris XVIIe) un «2 pièces, 1 070 euros charges comprises». Appartement familial à Saint-Mandé (Val-de-Marne) «2 000 euros charges comprises». A Toulouse, «2 pièces de 60 m2» au métro Wilson «650 euros», sans les charges. Trois pièces à Bordeaux : «750 euros par mois, charges comprises». Ces annonces piochées au hasard témoignent de l'incroyable envolée des loyers à Paris mais aussi dans les métropoles régionales. La grogne sociale et la détérioration du pouvoir d'achat sont en partie alimentées par l'incessante hausse du budget consacré au logement. Les familles logées dans le parc privé consacrent désormais près du quart de leurs revenus (23,6 %) à l'habitat (loyer + charges locatives) contre seulement 14,4 % en 1984, selon l'Insee.

Et la hausse ne ralentit pas. Au troisième trimestre 2004, l'Indice du coût de la construction (ICC), sur lequel sont basées les augmentations annuelles des loyers, a fait un bond de 4,58 %. En trois ans, l'indice a justifié une hausse des loyers de l'ordre de 10 % pour les baux en cours. La progression a été encore plus forte à la relocation. Lorsque le locataire d'un logement change, le bailleur peut fixer librement le nouveau montant du loyer. Compte tenu du déséquilibre entre l'offre et la demande, les loyers ont explosé. L'Olap (Observatoire des loyers de l'agglomération parisienne), un organisme officiel, fait état de hausses à la relocation de plus de 10 % par an à Paris : 10,3 % en 2001, 11,2 % en 2002 et 9,9 % en 2003. «Les propriétaires n'ont jamais gagné autant d'argent!» s'exclame Jean-Pierre Giacomo, président de la CNL (Confédération nationale du logement), la plus importante association de défense des locataires. Selon les agents immobiliers, en 2005, les prix à la relocation se sont «stabilisés, mais à un niveau élevé».

 

Une loi qui alimente la hausse

Les propriétaires doivent une autre fière chandelle à la loi Méhaignerie de 1986 dont on mesure toutes les conséquences vingt ans plus tard : lorsqu'un loyer est «manifestement sous-évalué comparé aux loyers habituellement constatés dans le voisinage pour des logements comparables», le propriétaire peut l'augmenter lors du renouvellement du bail. Pour cela, il doit avertir le locataire au moins six mois avant l'expiration du bail, en fournissant des références de loyers plus élevés. Si le locataire refuse la hausse, une commission de conciliation doit être saisie. En cas de blocage, le juge tranche. Voilà pour la procédure. Reste le fond, l'aspect inflationniste de cette mesure. «Un propriétaire trouvera toujours dans le voisinage des loyers supérieurs au sien. Une hausse sert ainsi à justifier une autre hausse. C'est une spirale sans fin qui a largement contribué à la flambée des loyers pendant deux décennies, démontre Pascal Robin, secrétaire confédéral de la CGL (Confédération générale du logement). Les locataires ont intérêt à refuser les hausses. Les juges se montrent beaucoup plus raisonnables dans la fixation du nouveau loyer.»

 

Des locataires triés sur le volet

Un Smicard ne peut désormais plus louer de studio ou de 2 pièces dans les grandes villes : trop cher. La flambée des loyers a pour effet un tri social des locataires par le biais du revenu. Les bailleurs se montrent très sourcilleux sur cette question. Le candidat à la location doit prouver qu'il dispose de ressources mensuelles trois à quatre fois supérieures au montant du loyer. Il doit aussi présenter un garant, appelé à la rescousse en cas d'impayé de loyer. Celui-ci doit gagner au moins quatre fois le montant du loyer. Même des couples quadragénaires, avec enfants et disposant de revenus solides, ont besoin d'un garant pour louer, ou doivent immobiliser une forte somme sur un compte bloqué. Enfin, les candidats à la location, ainsi que leur(s) garant(s), doivent fournir un nombre de documents relevant de la vie privée : relevé d'identité bancaire, carte Vitale, bulletins de salaire, contrat de travail, avis d'imposition, etc. Des bailleurs exigent même le jugement de divorce pour les personnes séparées «pour vérifier si elles ne sont pas redevables d'une pension alimentaire ou d'une prestation compensatoire imputant leurs revenus», se justifie un agent immobilier.

 

Les classes moyennes chassées des centres-ville

«On avait toujours pensé que si on payait notre loyer et qu'on entretenait bien notre logement, on était assurés de rester dans notre appartement.» Désillusions d'un couple de retraités victime de la déferlante des «ventes à la découpe». Depuis cinq ans, les investisseurs institutionnels (assureurs, banques, mutuelles) se sont mis à vendre leurs immeubles locatifs. Ils profitent de la hausse vertigineuse de la pierre pour engranger de fortes plus-values. La vente à la découpe consiste à se défaire d'un immeuble, appartement par appartement. Les locataires, appartenant souvent à la classe moyenne, doivent acheter leur logement, ou plier bagage au terme de leur bail. Des milliers de familles sont ainsi chassées des centres-ville, où l'offre locative est rare et les loyers au plus haut. 36 000 «ventes à la découpe» ont eu lieu à Paris depuis une dizaine d'années. Le phénomène gagne Lyon, Marseille et la périphérie de Lille.

 

Le logement, produit financier

«En vingt ans, nous sommes passés d'une gestion patrimoniale à la papa à une financiarisation du logement. Avant, la stratégie des propriétaires consistait à accumuler du patrimoine, à capitaliser sur le long terme. Aujourd'hui, le souci de rentabilité immédiate prévaut», analyse Jean-Pierre Giacomo de la CNL. Les nouveaux bailleurs sont guidés par des ratios. Le loyer doit être suffisamment rémunérateur pour tenir la comparaison avec d'autres types d'investissement. Sinon, ils vendent leur patrimoine immobilier et placent l'argent ailleurs. L'investissement Robien symbolise à l'extrême cette financiarisation du logement. Des cadres supérieurs, des professions libérales investissent dans le logement locatif pour obtenir de substantiels dégrèvements fiscaux qui s'additionnent au revenu locatif. Ce dispositif coûte autour de 600 millions d'euros par an à l'Etat, sans pour autant plafonner les loyers à un niveau raisonnable.

 
   Tonino SERAFINI, Libération, 15.3.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=282832

 

 

 

 

 

Logement. A savoir


16.3.2005
Libération



29,5 millions de logements

ont été comptabilisés en France en janvier 2002, dont 24,5 millions de résidences principales, 2,7 millions de résidences secondaires, 2 millions de logements vacants, et 300 000 logements occasionnels.


13,7 millions de ménages

(56 %) sont propriétaires du logement qu'ils occupent. On compte 9,3 millions de locataires. Parmi eux, 5,1 millions sont logés dans le parc privé et 4,2 millions en HLM. Un million de personnes sont logées gratuitement.


83 836 jugements d'expulsion

pour impayés de loyer ont été prononcés en 2002 (dernier chiffre connu). Plus de 25 000 autres décisions d'éviction sont fondées sur d'autres motifs (trouble de voisinage, congé pour vente ou pour reprise du logement par le propriétaire).


Manu militari

La majorité des locataires faisant l'objet d'une procédure d'expulsion quittent leur logement d'eux-mêmes. Mais nombre de ménages n'ont pas de solution de repli et s'accrochent jusqu'à l'intervention de la police. 9 717 locataires ont ainsi été expulsés manu militari en 2003.

"Malgré les annonces de M. Borloo, les expulsions sans relogement se sont poursuivies massivement en 2004 et vont menacer des dizaines de milliers de familles après le 15 mars (...).»

Appel pour un gel des expulsions, signé par une quarantaine d'organisations.

    A Savoir, Logement, Libération, 15.3.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=282835

 

 

 

 

 

Intégration

Les revendications des noirs de France

Face au peu de place qui leur est accordée dans la société,
les Français d'origine africaine et antillaise
expriment des revendications croissant

 

22 février 2005

Libération

Stéphanie BINET

 

Que ce soit lors de colloques, lors de débats sur des plateaux de télévision, dans les textes des rappeurs ou dans le récent film sur la société antillaise Neg'Maron, les Français d'origine antillaise ou africaine expriment de plus en plus leur malaise et leur colère quant au peu de place qui leur est laissée dans la société française. Les récents dérapages antisémites de Dieudonné sont d'autant plus pervers qu'il tente de surfer sur ce mal-être. «Il y a une grogne qui existe depuis longtemps, mais aujourd'hui elle s'exprime, résume Marie-Georges Peria, vice-présidente du Cerfom (Centre d'étude et recherche des Français d'outre-mer). Elle était auparavant difficile à formuler, car les injustices, dont elle se nourrissait, relevaient du non-dit. Mais, en 1998, à l'occasion du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage, les originaires d'outre-mer ont trouvé un point focal pour commencer à exprimer ce qu'ils ressentaient. Depuis, les revendications s'amplifient de tous les côtés.»

 

«En 1998, le gouvernement nous avait promis qu'il ferait un truc pour nous. On attend toujours»

Il y a tout d'abord eu les demandes de quotas à la télévision et dans le cinéma pour les minorités visibles, menées par le collectif Egalité du metteur en scène guadeloupéen Luc Saint-Eloi et de la romancière camerounaise Calixthe Beyala lors des Césars 2000, suivies de la marche du peuple noir l'été suivant. En même temps, Christiane Taubira défend son projet de loi pour la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité devant le Parlement. En février 1999, il est adopté en première lecture. Marie-Georges Peria se rappelle de la lutte que les associations ont dû mener pour que la loi soit examinée en deuxième lecture au Sénat : «Il a fallu qu'on réclame son passage au Parlement. Elle a été déprogrammée quatre fois avant d'être finalement votée en mai 2001. Depuis, elle n'est toujours pas appliquée. Le décret d'application date seulement du printemps dernier. Le comité de personnalités tente timidement de travailler sur ses différents articles. Aujourd'hui, personne ne comprend dans la communauté noire pourquoi la loi Taubira est passée inaperçue dans les médias nationaux.»

Martiniquaise, Marie-Andrée Bapté, 60 ans, femme de service dans un centre pour handicapés mentaux, a à peine conscience que cette loi existe mais se souvient juste des promesses : «Au moment de l'anniversaire de l'abolition de l'esclavage, le gouvernement nous avait promis qu'il ferait un truc pour nous. On attend toujours. J'ai vaguement entendu parler de cette loi sur Média Tropical (radio antillaise de la région parisienne, ndlr), puis plus rien.» Arrivée en métropole au début des années 70, «parce qu'on y trouvait plus facilement du travail qu'en Martinique», Marie-Andrée, proche de la retraite, s'inquiète pour ses enfants : «Aujourd'hui, la nouvelle génération est révoltée. Mes fils, en plus de savoir ce que leurs ancêtres ont subi, se sentent rejetés dans leur pays. Alors qu'ils sont Français à part entière, diplômés, on les juge toujours sur leur couleur de peau.»

 

«Ce passé qui emprisonne mon présent»

Beaucoup de rappeurs issus de cette même génération ont évacué leurs frustrations dans leurs textes, évoquant la traite des Noirs, l'esclavage, l'annulation de la dette africaine. Philippe, membre du groupe de rap la Rumeur, y a consacré un texte entier, 365 Cicatrices : «Le constat quotidien de mes souffrances, des délits de faciès, de ce passé qui emprisonne mon présent», dit ce jeune Guadeloupéen qui a grandi dans une cité des Yvelines. Dans la chanson, il raconte comment il a pleuré lors de la commémoration de l'abolition de l'esclavage, la fierté des tirailleurs bafouée à la fin de la guerre, il se moque des Noirs qui se teignent en blond et rappe : «Y a des chaînes qui nous maintiennent au bas de l'échelle, et pour que ça change, faudrait qu'on attende que la banquise dégèle ?» Maire adjoint à la jeunesse à Bagneux, Jean-Claude Tchicaya, de père congolais et d'une mère martiniquaise, 39 ans, explique : «Les jeunes Noirs comme les jeunes Maghrébins ont soif d'égalité. Les inégalités qu'ils subissent au quotidien leur sont insupportables. Ils ne veulent plus de discours lyriques sur l'égalité, ils veulent une égalité effective. Ce n'est pas du tout une posture de victimisation, mais il naît chez eux une forte conscience politique de la place qu'ils veulent occuper en France.»

Diplômé des Hautes études et pratiques sociales, Jean-Claude Tchicaya a également consacré sa thèse aux conséquences et effets de la traite et de la colonisation dans les rapports sociaux en France. Il crée, avec le rappeur Joey Starr et Olivier Besancenot, un collectif pour commémorer les oubliés de l'Histoire institutionnelle. Leur association Devoirs de mémoires est née pour rappeler le 40e anniversaire de l'assassinat de Malcolm X (lire ci-contre), le 21 février 1965 : «Il faut, dit Tchicaya, qu'on parle de cette histoire non dite, intériorisée chez les Noirs comme chez les Blancs, qui a développé pour les Noirs un complexe d'infériorité et les autres un complexe de supériorité.»

Rappeur d'origine sénégalaise, Mbégane Ndour préfère lui aussi l'action sur le terrain plutôt que la prise de parole dans les disques et les conférences. Il y a trois ans, il a produit un disque sur le sujet, African Consciences, qui n'a reçu aucun écho. Chaque semaine, il consacre une heure à aider un collégien dans ses devoirs de maths. Il appelle ça l'heure africaine, nom qu'il a donné à son association : «Il faut arrêter de se cacher derrière des discours, les livres, les CD, les chansons. Sur le terrain, il y a urgence. La France est en train de créer un environnement de frustration, de désespoir, qu'on ne pourra plus maîtriser. On parle encore le discours de l'intelligence, il ne faudrait pas qu'il n'y ait que celui de la violence qui soit entendu.»

    Stéphanie Binet, Libération, 22.2.2005, http://www.liberation.com/page.php?Article=277447

 

 

 

 

 

1685 : le code noir

Dans ce texte, le roi de France entend définir une doctrine de l'esclavage. Ses cinq grandes préoccupations sont : sauver l'âme des esclaves, garantir leur soumission par la terreur, limiter la barbarie des maîtres, définir les conditions de vente et d'héritage des esclaves et codifier les conditions d'affranchissement.

 

1713: l'«Asiento»

A la suite des traités d'Utrecht, Hollandais et Anglais obtiennent l'«Asiento», le monopole du transport des Noirs d'Afrique vers les colonies espagnoles.
En 1445, une bulle du pape autorisait le Portugal à réduire en esclavage les peuples infidèles.

 

La traite des Noirs

Au XVIIIe siècle, des navires chargés de pacotilles quittent les ports européens vers l'Afrique. Les denrées sont échangées contre des esclaves. Ceux-ci sont acheminés vers les colonies américaines. Les navires repartent vers l'Europe avec des produits tropicaux et des métaux précieux : c'est le commerce triangulaire.

 

Abolition et rétablissement

En 1794, la Convention prend un décret d'abolition. Huit ans plus tard, Bonaparte, sensible aux arguments du lobby colonial, rétablit l'esclavage et la traite des Noirs.

«L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront absolument interdits.»
Article premier du décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848

 

Victor Schoelcher

Né à Paris, en 1804. Victor Schoelcher est héritier des courants abolitionnistes. En 1848, il est nommé sous-secrétaire d'Etat aux Colonies. Le 27 avril, il parvient, non sans difficultés, à signer le décret d'abolition de l'esclavage. Elu en août, il représente la Martinique et la Guadeloupe. Optant pour le premier mandat ; il laisse le second à son suppléant, un ancien esclave.

    A Savoir, Encadré de l'article de Stéphane Binet, Libération, 22.2.2005, http://www.liberation.com/page.php?Article=277448

 

 

 

 

Près d'un enfant sur deux naît hors mariage

 

Le bilan démographique 2004 de l'Insee confirme la baisse du mariage au profit de l'union libre et du pacs. La France reste l'un des pays les plus féconds d'Europe avec 1,91 enfant par femme contre 1,68 en 1994.

 

 

 

 

Le Monde        16.2.2005
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-398146,0.html

 

 

 

 

 

Au fil des ans, les bilans démographiques de l'Insee dessinent à petites touches le nouveau visage de la famille. Il y a encore une trentaine d'années, le mariage était la forme d'union la plus répandue et les enfants étaient en grande majorité issus de couples mariés.

Aujourd'hui, les mutations de la famille ont profondément modifié ce tableau : le nombre de mariages baisse au profit d'autres formes de conjugalité, comme l'union libre ou le pacs, et les naissances hors mariage sont en passe de devenir majoritaires.

Depuis le pic symbolique de l'an 2000 - plus de 300 000 dans l'année -, le nombre de mariages ne cesse de reculer : en 2004, 266 000 unions ont été célébrées en mairie, ce qui représente une baisse de près de 6 % par rapport à l'année précédente. Ce recul accentue la désaffection commencée dans les années 1970 : en trente ans, le taux de nuptialité, qui mesure le nombre de mariages pour 1 000 habitants, a baissé de plus de 40 %. Et l'âge des mariés augmente sans cesse : depuis 1990, il a progressé de trois ans, s'établissant en moyenne à 30,6 ans pour les hommes et à 28,5 ans pour les femmes.

Les couples ne sont évidemment pas moins nombreux pour autant : ils vivent plus souvent en union libre ou sous le régime du pacte civil de solidarité, le pacs. Depuis sa création, en 1999, ce contrat, dont Jacques Chirac disait à l'époque qu'il était "inadapté aux besoins de la famille", a rencontré un vif succès : au cours des trois premiers trimestres de 2003, 27 000 pacs ont été signés, soit une hausse de près de 20 % par rapport à la même période de l'année précédente.

Au total, plus de 130 000 pactes ont déjà été signés dans les tribunaux d'instance. "La pratique l'a consacré comme un nouveau mode de conjugalité, répondant à des attentes nombreuses, et inscrit dans la durée", soulignait en novembre 2004 un rapport remis au garde des sceaux, Dominique Perben.

 

JUSTE DERRIÈRE L'IRLANDE

Au chapitre des naissances, la France reste l'un des pays les plus dynamiques d'Europe : avec un taux de fécondité de 1,91 enfant par femme, elle se situe en deuxième position, juste derrière l'Irlande et loin devant d'autres pays comme la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, dont le taux stagne à moins de 1,3 enfant par femme. Au sein des dix nouveaux pays membres de l'Union, la fécondité est également très faible : elle varie de 1,16, pour Chypre, à 1,41, pour Malte.

Au total, en France, le nombre de naissances a légèrement augmenté en 2004, pour atteindre 797 000. Cette augmentation - en partie liée au jour supplémentaire de l'année bissextile 2004 - résulte de la progression régulière du taux de fécondité : en dix ans, il a nettement progressé, passant de 1,68 enfant par femme, en 1994, à 1,91, aujourd'hui. "Cette plus forte fécondité compense la baisse du nombre de femmes en âge de procréer, souligne l'Insee. Les générations de femmes de 20 à 40 ans, qui donnent naissance à 96 % des bébés, sont peu à peu remplacées par des générations moins nombreuses." Aujourd'hui, les mères mettent au monde leurs bébés de plus en plus tard : l'âge moyen au premier enfant, qui était de 28,8 ans il y a dix ans, atteint désormais 29,6 ans. "En 2004, une mère sur deux est âgée de plus de trente ans, contre 38 % en 1990 et 27 % en 1980", remarque le document de l'Insee. Les naissances chez des mères de plus de quarante ans restent faibles (3,4 %), mais elles sont en augmentation constante.

Enfin, les enfants naissent de plus en plus souvent hors mariage : en 2004, 47,4 % des bébés étaient issus de couples non mariés contre 6 % en 1965. "Désormais, finalement, quelle que soit la situation juridique du couple, c'est la naissance d'un enfant qui crée socialement la famille", résumait, en 1999, la sociologue Irène Théry dans un rapport sur le couple, la filiation et la parenté.

 

DERNIÈRES INÉGALITÉS

Prenant acte de ces bouleversements familiaux, plusieurs pays - la Belgique en 1987, le Québec en 1994 ou l'Allemagne en 1997 - ont cessé de distinguer, dans leur droit, les enfants "légitimes", issus de couples mariés, des enfants "naturels", issus de couples non mariés. En France, le code Napoléon de 1804 appelait les enfants naturels les "sans famille" mais, depuis la réforme du code civil de 1972, ils sont devenus les égaux, en droits et en devoirs, des enfants légitimes. Une prochaine réforme devrait parachever cette évolution en faisant disparaître les dernières inégalités entre ces enfants.

    Anne Chemin, Le Monde, 16.2.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-398146,0.html

 

 

 

 

Mortalité en baisse

et espérance de vie en hausse en France en 2004

 

L'espérance de vie a "fortement augmenté" en 2004 par rapport à 2003, pour atteindre 76,7 ans pour les hommes et 83,8 pour les femmes.

L'année 2004 a été marquée par une forte baisse des décès en France par rapport à 2003, en partie imputable, mais pas seulement, aux conséquences de la canicule, selon une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée mardi 15 février.

En 2004, le solde naturel (la différence entre le nombre des naissances et celui des décès) a atteint 279 300 personnes, soit "un niveau jamais observé en vingt ans", selon l'Insee.

Il s'explique par le maintien des naissances à un niveau élevé, en légère augmentation (797 400, contre 793 900 en 2003) et, surtout, par une forte baisse du nombre de décès (518 100, contre 560 100 en 2003, année de la canicule), note l'Insee.

"Une partie de cette baisse est sans doute la conséquence de décès anticipés en 2003 du fait de la canicule. En outre, aucune épidémie de grippe ne s'est produite en 2004, contrairement à la fin de l'année 2003", explique l'Insee.

Mais ces deux facteurs "n'expliquent sans doute qu'en partie le recul des décès en 2004. D'ailleurs, les régions métropolitaines où la mortalité a le plus baissé en 2004 ne sont pas uniquement celles où la canicule a le plus sévi", selon l'Insee.

La baisse des décès en 2004 est d'ailleurs très nette par rapport aux années précédentes, 2002 (544 100 décès) ou 2001 (541 200 décès).

 

ESPÉRANCE DE VIE EN FORTE AUGMENTATION

Conséquence paradoxale de la canicule, l'espérance de vie a "fortement augmenté" en 2004 par rapport à 2003 pour atteindre 76,7 ans pour les hommes et 83,8 pour les femmes, soit 0,9 an de plus dans les deux cas.

"La canicule, par le biais des décès anticipés qu'elle a provoqués, s'est traduite (à elle seule) par une augmentation de l'espérance de vie en 2004 d'au maximum 0,2 année", explique l'Insee.

La baisse du nombre de mariages commencée depuis le pic de l'an 2000 s'est poursuivie de manière plus marquée, avec 266 300 mariages célébrés en 2004, soit 5,9 % de moins qu'en 2003. Les mariages comportant au moins un époux de nationalité étrangère poursuivent leur hausse (20 % des mariages en 2004, contre 12 % en 1993).

A l'opposé, les pacs (pactes civils de solidarité) remportent un vif succès, avec 27 000 pacs signés sur les neufs premiers mois de 2004, contre 22 000 l'année précédente. Depuis 1999, un pacs sur dix a été dissous.

La fécondité française (191,6 enfants pour 100 femmes) reste la deuxième d'Europe derrière l'Irlande (198 enfants pour 100 femmes). En France, "les enfants naissent de plus en plus souvent de parents non mariés", c'est le cas de 47,4 % des naissances en 2004, contre 37,2 % dix ans auparavant, souligne l'Insee.

 

16,2 % DE PLUS DE 65 ANS

Le taux de mortalité infantile continue de diminuer, avec 4,1 décès d'enfants de moins d'un an pour 1 000 naissances vivantes, selon l'Insee.

Le solde migratoire est en légère hausse en 2004 (107 500 contre près de 102 000 en 2003), mais la France est toujours l'un des pays de l'Union européenne pour lesquels il contribue le moins à l'accroissement de la population (25 %, contre 90 % dans l'Europe des 25).

Enfin, la population française continue de vieillir : 16,2 % des habitants avaient 65 ans ou plus au 1er janvier 2005. Les moins de 20 ans représentent 25,2 % de la population.

La population de la France métropolitaine est estimée à 60,56 millions au 1er janvier 2005 et celles des départements d'outre-mer à 1,81 million, selon l'Insee.

 
   Le Monde, avec AFP, 15.2.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-398116,0.html

 

 

 

 

 

Antidépresseurs : enquête sur un inquiétant succès

 

L'explosion de la consommation de la "pilule du bonheur", depuis quinze ans, cache une sérieuse dérive. Prozac, Zoloft, Deroxat : ces traitements constituent la réponse quasi systématique au mal-être social. De plus en plus de psychiatres réclament une "rationalisation" de la prescription.

La "pilule du bonheur" serait-elle en train de trahir sa promesse ? Alors que l'usage des antidépresseurs a explosé, dans le monde occidental, depuis l'apparition du célèbre Prozac il y a plus de quinze ans, des interrogations naissent dans la communauté médicale internationale sur l'innocuité de ces molécules, notamment dans leur utilisation chez les enfants et les adolescents. En France, où la consommation d'antidépresseurs atteint des sommets, les psychiatres restent prudents, en se gardant bien de jeter la suspicion sur cette classe de médicaments qui a prouvé son efficacité dans le traitement de la dépression majeure chez l'adulte. Le corps médical reconnaît toutefois qu'il existe un réel "mésusage" des antidépresseurs, conséquence de leur trop grande banalisation : les petites gélules constituent désormais la réponse quasi systématique à toutes les expressions du mal-être social.

Apparus à la fin des années 1980, les antidépresseurs de la famille du Prozac, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS), ont rapidement supplanté les anciennes molécules traditionnellement administrées dans le traitement de la dépression. Plus maniables d'utilisation (une seule prise par jour), présentant moins d'effets secondaires (il n'y a pas de risque mortel en cas d'absorption massive), les ISRS ont vite fait figure de médicaments miracles. Soutenus par un marketing intense des laboratoires pharmaceutiques, ils se sont imposés avec facilité dans les feuilles de soins des médecins généralistes.

L'extension de leurs indications aux troubles obsessionnels compulsifs et surtout aux troubles anxieux n'a fait qu'accentuer cette évolution : à tel point qu'en dix ans les ISRS ont presque atteint les volumes de prescription des benzodiazépines (les anxiolytiques, comme le Valium), dont la consommation avait explosé dans les années 1970.

Les chiffres sont impressionnants : selon une étude publiée en janvier par le ministère de la santé, les ventes d'antidépresseurs ont été multipliées par 6,7 entre 1980 et 2001 en France, alors que les ventes globales de médicaments étaient multipliées par 2,7 pendant la même période. Quarante millions de boîtes ont été vendues en 2002, soit un coût d'environ 600 millions d'euros pour l'assurance-maladie. D'après une étude de la CNAM, 9,7 % des assurés sociaux, en majorité des femmes, ont obtenu le remboursement d'un antidépresseur en 2000, soit près d'une personne sur dix.

 

DÉRIVE

Les deux antidépresseurs phares de la classe des ISRS, le Prozac et le Deroxat, figuraient d'ailleurs, en 2001, parmi les dix médicaments les plus vendus dans le pays. Or, un rapport de l'Agence du médicament faisait apparaître, dès 1998, qu'un tiers de ces prescriptions étaient effectuées en dehors des indications de l'autorisation de mise sur le marché, le plus souvent pour des patients ne présentant aucun diagnostic psychiatrique caractérisé.

La question de la bonne utilisation des antidépresseurs se pose aujourd'hui aux spécialistes, qui reconnaissent l'existence d'une forme de dérive. "Il est probable que des gens qui vont très mal ne consultent pas, mais qu'en revanche, comme l'accès au médecin est hypertrophié dans l'expression de la plainte, les généralistes sont conduits à prescrire des antidépresseurs à des personnes qui ne présentent pas un état dépressif au sens clinique du terme", explique ainsi le docteur Alain Gérard, psychiatre libéral et expert auprès de l'Agence française de sécurité sanitaire et des produits de santé (Afssaps). "La question n'est pas une surconsommation des antidépresseurs, mais une "dysconsommation", renchérit le professeur Michel Lejoyeux, psychiatre à l'hôpital Bichat, à Paris. Il y a, d'un côté, beaucoup de personnes qui sont déprimées mais sous-diagnostiquées et, de l'autre, de nouveaux malades imaginaires, surmenés, fatigués, et qui vont consulter en mettant sur le compte de la dépression les difficultés de la vie."

Du côté des médecins généralistes, à l'origine de 90 % des ordonnances d'antidépresseurs, on s'agace d'être considérés comme les premiers responsables de l'explosion de la consommation. Médecin généraliste et coauteur, avec le docteur Alain Gérard, du Vidal de la santé psy (2004), le docteur François Baumann affirme que les antidépresseurs "remplissent le rôle, à court terme, que les patients attendent d'eux". "Les généralistes voient passer beaucoup de gens en souffrance psychosociale. Ces patients sont déprimés, très tristes, et ils veulent sortir de cette situation. Ils ont besoin de distanciation, de recul, et affirment aller mieux après avoir pris ce médicament, qui les remet sur les rails", décrit le docteur Baumann, pour qui les antidépresseurs sont "une forme de starter, qu'il faut ensuite associer à une psychothérapie".

 

"PAS D'ALTERNATIVE"

"Les généralistes n'ont pas d'alternative thérapeutique, ils subissent une véritable dictature du médicament, déplore le docteur Serge Rafal, généraliste attaché à l'hôpital Tenon et partisan des médecines douces. Le réflexe des médecins, c'est le diagnostic rapide, par manque de temps, et donc le traitement par antidépresseur. C'est une solution de facilité, mais c'est aussi l'option la moins chère pour le patient, comparé à un travail de thérapie long et coûteux."

Il n'est toutefois pas rare que l'effet miracle des gélules n'ait pas lieu. Dans son cabinet parisien, le docteur Sophie Bialek est consultée par une majorité de personnes sous antidépresseurs et pour qui "le médicament n'a pas résolu la question du malaise". Psychiatre-psychanalyste et membre de la Société pour l'action et la recherche en psychiatrie (SARP), le docteur Bialek déplore que la psychiatrie ait "abandonné une certaine retenue dans la prescription". "On privilégie aujourd'hui le repérage quantitatif de la maladie - dépression légère, sévère ou modérée -, au détriment d'un repérage qualitatif fondé sur la distinction clinique de la névrose et de la psychose." Or, affirme le docteur Bialek, de nombreux patients psychotiques sont confondus avec des déprimés et placés sous antidépresseurs, au mépris des complications, parfois graves (agitation, risque suicidaire), qui peuvent en résulter.

Aujourd'hui, face à l'ampleur de la consommation, la question du rapport bénéfice-risque des antidépresseurs et de leur coût pour la collectivité pourrait être posée. Et s'"il ne faudrait pas que la mauvaise utilisation transforme la molécule en mauvais médicament",selon l'expression du docteur Alain Gérard, les psychiatres plaident dorénavant pour " une rationalisation de la prescription, dans la même logique que pour les antibiotiques", explique le docteur Lejoyeux.

Reste qu'une frange importante de la population n'est pas près de renoncer aux bénéfices de ces molécules, aux propriétés stimulantes : "Les antidépresseurs ont aussi une action psychocomportementale vécue agréablement par des gens bien portants", écrivait, dès 1996, le professeur Edouard Zarifian dans son ouvrage Le Prix du bien-être (Odile Jacob). "Le présumé malade est en fait un malheureux, le médicament une substance procurant du bien-être, et le médecin le recours le plus facile et le moins onéreux pour un malheureux qui veut rester performant."

    Source : Cécile Prieur, Le Monde, 12.11.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-386671,0.html

 

 

 

 

Les trois grandes classes de produits

 

Découverts en 1957, les antidépresseurs améliorent l'humeur dépressive et font disparaître la tristesse et le ralentissement pathologiques.

Il existe trois grandes classes d'antidépresseurs. Les tricycliques et imipraminiques, comme le Laroxyl, le Tofranil ou l'Anafranil, sont les plus anciens. Très efficaces, notamment sur les dépressions sévères, ils comportent des effets indésirables, en particulier une cardiotoxicité en cas de surdosage et des risques d'hypertension.

Les sérotoninergiques (inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine, ISRS) sont apparus en 1987. Augmentant la concentration de sérotonine dans les neurones, ils ont une efficacité semblable à celle des tricycliques, mais avec des effets secondaires moindres. Ils provoquent une mise à distance des affects qui soulage la gêne provoquée par les troubles émotionnels. Parmi les ISRS, la fluoxétine (Prozac), la sertraline (Zoloft), la paroxétine (Deroxat), la fluvoxamine (Floxyfral) et le citalopram (Seropram). Leur indication a été ensuite étendue aux troubles obsessionnels compulsifs (TOC).

Les antidépresseurs à double action sont nés en 1997. Dérivés des ISRS, ils agissent également sur un autre neuromédiateur, la noradrénaline. C'est le cas du milnacipran (Ixel) et de la venlafaxine (Effexor).

    Source : Cécile Prieur, encadré de l'article Antidépresseurs : enquête sur un inquiétant succès, Le Monde, 12.11.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-386671,0.html

 

 

 

 

Le nombre

d'internements psychiatriques a fortement augmenté

 

En dix ans, les hospitalisations sous contrainte, à la demande d'un tiers ou du préfet, se sont accrues de 86 %, pour atteindre un total supérieur à 72 000 en 2001. Le détournement des règles, le manque de suivi psychiatrique, l'évolution de la société expliquent ce phénomène inquiétant.

La progression s'est faite en silence, presque dans l'indifférence. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 27 juin 1990, qui a réformé les modalités de l'internement psychiatrique, le nombre d'hospitalisations sous contrainte (HSC) a augmenté de près de 86 % en France, passant de 37 688 admissions en 1992 à 72 519 en 2001. Qu'elles soient réalisées à la demande d'un tiers (notamment par la famille) ou d'office (par le préfet) quand la personne est dangereuse, ces mesures sanitaires, qui sont aussi privatives de liberté, ne cessent de croître, sans qu'aucune étude officielle permette de comprendre ce phénomène. "C'est vrai qu'on ne sait pas pourquoi ça augmente autant", confie l'entourage du ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy, qui a confié une mission sur ce sujet à l'Inspection générale des affaires sociales (IGAS).

Réunis dans une circulaire de la direction générale de la santé du 24 mai, les chiffres, seuls indicateurs connus du phénomène, ne laissent pas d'inquiéter. Certes, l'augmentation des hospitalisations sous contrainte, qui représentaient, en 2001, 13,1 % des 553 000 admissions annuelles en psychiatrie, contre 11 % en 1992, doit être replacée dans le "contexte d'une croissance" globale du nombre d'hospitalisations en psychiatrie.

Pourtant rien n'explique les différences, parfois énormes, observées d'un département à l'autre, de l'ordre de 1 à 9 : les HSC représentent ainsi 35 % des hospitalisations totales en psychiatrie dans les Hauts-de-Seine et 31 % dans l'Oise, contre 4 % dans les Hautes-Alpes ou 6 % dans le Territoire de Belfort.

Autre signe alarmant, le recours aux procédures d'urgence, qui permet d'interner plus facilement une personne sous contrainte : elles sont ainsi passées de 13 % en 1992 à 40 % en 2001 pour les hospitalisations à la demande d'un tiers ; et de 60 % à 70 % pour les hospitalisations d'office.

Ces derniers chiffres témoignent de la dérive du phénomène. Alors que, dans la plupart des pays européens, les internements psychiatriques relèvent du juge judiciaire, la France a gardé une procédure administrative, héritière de l'ancienne loi de 1838 instituant les asiles. La loi de 1990, qui a réformé le système, a posé des précautions, mais elles sont aujourd'hui détournés. "On accepte de plus en plus d'hospitalisations à la demande de personnes ne connaissant pas les patients", explique ainsi Michel Caire, président de la Société des psychiatres des hôpitaux de secteur de Paris (Somepsy).

 

"SYNDROME DU TOURNIQUET"

Quant à la règle des deux certificats médicaux nécessaires avant toute hospitalisation, elle a paradoxalement induit une augmentation des admissions en diluant les responsabilités : "Au lieu d'être une garantie pour les droits des personnes, c'est une porte d'entrée facilitée", résume le docteur Patrick Bantman, chef de service à l'hôpital Esquirol, à Saint-Maurice (Val-de-Marne).

Mais c'est surtout l'évolution globale de la psychiatrie qui explique l'augmentation du nombre des hospitalisations sous contrainte. Depuis les années 1970, et la disparition des grands asiles, le nombre de lits a considérablement baissé. Dans ce contexte, l'hospitalisation est désormais réservée aux "situations de crise". L'amélioration des neuroleptiques permet par ailleurs une stabilisation plus rapide des patients, qui sortent plus vite de l'hôpital mais y retournent, parfois, aussi vite. "La hausse des chiffres cache un phénomène d'hospitalisations à répétition", explique le docteur Guy Gozlan, de l'association CDHP France, qui fédère les commissions départementales d'hospitalisation psychiatrique. "Certains malades sont sortis dès les premiers signes d'amélioration, au bout de 24 heures ou trois-quatre jours, puis ils rechutent et sont réhospitalisés." "C'est le syndrome du tourniquet, confirme le professeur Jean-Louis Terra, chef de service au Vinatier, à Bron (Rhône). On fait sortir les patients au plus juste en prenant le risque qu'ils reviennent très rapidement."

Le contexte interne à la psychiatrie n'explique pas tout cependant. De l'avis des psychiatres, l'augmentation des hospitalisations sous contrainte est aussi le reflet d'une société moins tolérante à l'égard de la maladie mentale. "Les gens supportent beaucoup moins la maladie de leurs proches, la pression des familles pour l'hospitalisation est devenue très forte", témoigne le docteur François Caroli, chef de service à l'hôpital Sainte-Anne, à Paris. "Les troubles sur la voie publique sont beaucoup moins bien tolérés qu'avant, les gens sont beaucoup plus facilement hospitalisés", explique le docteur Bantman.

Et si les pathologies ne changent pas - ce sont toujours celles qui empêchent le consentement aux soins, comme la schizophrénie, la maniaco-dépression ou les tentatives de suicide -, le docteur Bantman fait état d'"un rajeunissement de la population hospitalisée", avec beaucoup de jeunes présentant des psychoses schizophréniques révélées par une consommation de cannabis ou d'alcool "au long cours".

Les familles et anciens patients témoignent eux aussi d'un contexte social durci qui "fait que les gens disjonctent plus vite". Mais ils décèlent dans l'augmentation des hospitalisations sous contrainte un manque de prévention et de repérage des troubles psychiques, notamment par les médecins généralistes. "Quand on ne traite pas le problème par anticipation, en accompagnant le malade dans la cité, on se dirige tout droit vers la crise et l'hospitalisation sans consentement", souligne Jean Canneva, président de l'Union nationale des amis et familles des malades mentaux (Unafam).

 

"DIFFICILE DE SE RELEVER"

Cette situation est d'autant plus scandaleuse, estiment les familles, que, "pour quelqu'un qui est en souffrance psychique, qui est dans le déni de sa maladie, l'hospitalisation est une violence extrême", rappelle Claude Finkelstein, présidente de la Fédération nationale des patients et anciens patients de la psychiatrie (FNAP-psy). "Moi, je vois des gens massacrés, qui perdent leur travail, leurs enfants... Il est très difficile de se relever après la stigmatisation de l'internement."

Pour sortir de l'impasse, les familles réclament l'instauration d'une période de 72 heures d'observation, préalable à l'hospitalisation sous contrainte, au cours de laquelle "le consentement de la personne serait recherché". Cette réforme, toujours à l'étude au ministère de la santé, n'est cependant pas près d'aboutir tant elle divise la communauté des psychiatres.

En attendant, l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (Anaes) devrait éditer, dans les mois qui viennent, une recommandation de bonnes pratiques cliniques dans la procédure de placement sous contrainte. Afin de s'approcher du difficile équilibre entre respect des libertés et nécessité de soulager la souffrance psychique.

   
Cécile Prieur, Le Monde, 28.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-384706,0.html

 

 

 

 

 

Deux procédures différentes, selon la gravité des cas


Les hospitalisations sous contrainte sont régies par la loi du 27 juin 1990, qui institue deux procédures différentes d'internement. L'hospitalisation à la demande d'un tiers (HDT). Il s'agit d'une hospitalisation par la volonté de la famille ou de l'entourage proche d'une personne. L'état de santé du patient doit imposer des soins immédiats assortis d'une surveillance constante en milieu hospitalier. La loi exige une lettre manuscrite du tiers qui sollicite l'hospitalisation et deux certificats médicaux concordants et circonstanciés dont un au moins doit émaner d'un médecin extérieur à l'hôpital. En cas d'urgence, un seul certificat suffit. La mesure d'HDT empêche la personne hospitalisée de pouvoir quitter l'hôpital de sa propre volonté. La levée de la mesure se fait sur avis médical.

L'hospitalisation d'office (HO). Elle s'applique aux personnes dont les troubles psychiques compromettent l'ordre public ou la sûreté des personnes. Elle est prise par le préfet ou par le maire de la commune en cas de péril imminent et au regard d'un avis médical circonstancié. La personne placée sous HO ne peut quitter l'hôpital par sa volonté. La mesure est levée par le préfet sur proposition médicale. Les mesures d'internement, par HO ou HDT, peuvent également être levées par le tribunal de grande instance, après requête de la personne placée.

     Encadré de l'article de Cécile Prieur, Le Monde, 28.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-384706,0.html

 

 

 

 

 

Le syndicalisme français connaît une situation paradoxale

 

Si la France est l'un des pays industrialisés qui affiche le plus faible taux de syndicalisation au sein de sa population active, elle voit en revanche progresser la présence des syndicats sur le lieu de travail, un paradoxe radiographié par la Dares (direction de la recherche du ministère de la cohésion sociale) dans une étude publiée mardi.

Avec 8,2 % de salariés adhérents à un syndicat en 2003 - 7,5 % des femmes et 9 % des hommes -, soit 1 845 000 personnes sur un effectif total de 21,71 millions, la France affiche un taux de syndicalisation divisé par deux en 25 ans, note l'étude, intitulée "Mythes et réalités de la syndicalisation en France". Ce taux s'est toutefois stabilisé depuis le début des années 1990.

Toutefois, dans certains pays affichant des taux supérieurs l'adhésion à un syndicat est obligatoire pour être embauché dans certaines entreprises (Mexique ou Corée du Sud), voire pour toucher des allocations chômage (Belgique, certains pays scandinaves).

Mais, spécificité française, la représentation syndicale dans les entreprises, elle, progresse : 40 % des salariés ont déclaré en 2003 qu'un ou plusieurs syndicats étaient présents sur leur lieu de travail - contre 38 % en 1996 - et même 55 % si l'on inclut les salariés de la fonction publique (contre 50 % sept ans auparavant).

Cette situation inédite, qui ne se retrouve qu'en Espagne et aux Pays-Bas, contraste avec un contexte international de fort recul syndical, note cette étude de la direction de la recherche du ministère de la cohésion sociale.

(...)

    Le Monde.fr (avec AFP), 26.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-384557,0.html

 

 

 

 

 

L'enseignement public à Paris, machine à exclure

Dans un rapport confidentiel,
l'inspection générale de l'Education
chiffre pour la première fois les inégalités.

 

Paris, capitale des inégalités scolaires. Ce que chacun pressentait est confirmé par un rapport confidentiel de l'Inspection générale de l'Education nationale, dont Libération a eu connaissance. Intitulé «Evaluation de l'enseignement dans l'académie de Paris», il vient d'être remis au ministre de l'Education, François Fillon, et n'est pas destiné à être rendu public.

En 120 pages, ce rapport désosse méthodiquement une véritable machine à exclure les plus faibles. Paris ne se contente pas d'être incapable de résorber les inégalités sociales de départ : il les creuse. Si «40 % des effectifs sont issus des classes sociales les plus favorisées», Paris n'est pas épargné par les défis : le taux de chômage ou de bénéficiaires du RMI y est supérieur à la moyenne nationale ; l'académie accueille autant d'élèves non francophones primo-arrivants que celle de Créteil. Par ailleurs, aux inégalités qui règnent entre les arrondissements du centre et de l'ouest (Ve, VIe, VIIe, VIIIe, XVIe et XVIIe) et ceux du nord-est (Xe, XIe, XVIIIe, XIXe et XXe) s'ajoutent les inégalités internes à quasiment tous les arrondissements.

 

Tout commence en maternelle

Avec un taux de scolarisation des moins de 3 ans de 8 %, Paris fait quatre fois moins bien que la moyenne nationale. Faute de place ? Même pas. Les écoles tentent ainsi de préserver des effectifs relativement réduits. Or, pour le rapport, «c'est dès l'école maternelle que se met en place l'approche élitiste» qui mènera aux piètres résultats ultérieurs. Au passage, il épingle un «scandale parisien» : la quasi-absence d'accueil des élèves le samedi matin, et il «regrette d'avoir à rappeler que les maîtres sont rémunérés pour accueillir les élèves». Quelques visites surprises ont prouvé que les samedis matin sans élèves n'étaient pas toujours consacrés, comme prévu, à la concertation entre enseignants : les inspecteurs ont parfois trouvé porte close.

 

Ça continue en cours préparatoire

Là, les classes sont plus chargées qu'ailleurs et «fréquemment confiées à des [enseignants] débutants, en contradiction avec les recommandations constantes», alors que la réussite à ce niveau est jugée déterminante pour la suite de la scolarité. Dès lors, un écart s'installe, «qui ne cessera plus ensuite de s'accroître, entre les bons élèves qui deviendront toujours meilleurs et les plus faibles qui n'obtiendront plus que de médiocres résultats». La faute, entre autres, à une insuffisante prise en charge des élèves en difficulté, pour lesquels il est fait appel «immédiatement et systématiquement à une aide extérieure» pour des problèmes «qui devraient être pris en charge par le maître lui-même». La faute, aussi, à des emplois du temps «éclatés, dispersés, sans réelle cohérence». Car les enseignants parisiens reçoivent le soutien d'un corps particulier, celui des professeurs de la ville de Paris (PVP), pour les arts, les langues et l'éducation physique et sportive. Or ce sont les disponibilités de ces derniers qui déterminent les emplois du temps. De plus, un examen attentif a montré que les enseignants effectuent en moyenne 22h20 hebdomadaires devant les élèves, et non les 27 prévues, soit une perte de 14 858 heures annuelles pour l'académie, l'équivalent de 550 emplois ! Enfin, peu de projets d'école et de travail collégial, sauf dans les établissements en difficulté : «Les maîtres parisiens ne sont pas moins compétents, ils sont plutôt moins innovants et moins impliqués.» Ils pratiquent une pédagogie qui ne semble pas produire les effets escomptés sur le niveau des élèves : «Les méthodes d'enseignement, fortement marquées par les modèles magistraux, sont le plus souvent (...) fondées sur la seule parole du maître : celui-ci parle, les élèves écoutent.»

 

Le collège aggrave les écarts

Le nombre d'élèves affichant deux années de retard double entre le CM2 et la 3e, toujours au détriment des moins favorisés. Ainsi, 11,7 % des élèves du Xe arrondissement ont deux ans de retard à l'entrée en 6e, contre 0,5 % dans le prestigieux Ve. Pour les retards d'un an «seulement», le Xe est rejoint par les XVIIIe, XIXe et XXe (28 %). Au coeur du processus qui amène le collège à conforter ces inégalités : «les procédures d'affectation des élèves». Le rapport révèle en effet que l'extrapolation proposée voici un an par Libération de 53 % d'élèves de 6e non scolarisés dans le collège public de leur secteur est un plancher et non un plafond (Libération du 8 novembre 2003). Aux 30 % d'élèves qui choisissent le privé, il faut ajouter les 10 % qui obtiennent une dérogation, mais aussi les 5 000 collégiens qui «ne se trouvent pas dans le collège de leur secteur de domiciliation en raison du choix d'une option particulière». Soit environ 50 % des élèves de 6e, compte non tenu des domiciliations fictives, que le rapport s'avoue incapable de mesurer. En revanche, Paris accueille très officiellement 1 400 collégiens de banlieue, qui ne viennent dans la capitale, «pour la majorité d'entre eux, que pour contourner les règles de sectorisation de leur propre département». Un apport qui fait du bien aux statistiques parisiennes et déshabille les académies voisines d'autant de «bons» élèves : leur taux de réussite est 9 % plus élevé que celui de résidents parisiens.

Commentaire sans ambages des auteurs du rapport : «Il faudra bien un jour poser clairement la question de savoir pourquoi la sectorisation est à ce point insupportable à certaines familles.» Les inspecteurs ont leur idée : pour rendre plus de collèges attractifs, on pourrait commencer par réviser la carte des options. La «fracture sociale» est en effet redoublée par l'offre des collèges : un sur deux «n'offre aucune option "valorisante"». Comme par hasard, ils sont plutôt situés dans les arrondissements qui cumulent les handicaps. Côté pédagogique, le collège aurait par ailleurs bien souvent tendance à se comporter en «petit lycée», imposant selon les inspecteurs «des exigences parfois excessives» et une «sévérité souvent exagérée». «Les annotations sur les copies des élèves sont peu centrées sur la compréhension de l'erreur et/ou la remédiation, voire sont parfois de véritables "couperets".»

 

Le lycée achève le processus

Avec ses procédures de sélection impitoyables qui permettent à une dizaine d'établissements de faire leur marché ­ le rapport parle carrément de «libre concurrence» ­, le lycée achève ce processus de «marche ou crève» imposé aux élèves dès le primaire. «Les "bons" établissements, comme les "bonnes" classes, deviennent toujours meilleurs. C'est ce système même qui interdit la réussite des autres lycéens, parce qu'à ne mettre ensemble que des élèves "faibles", on se donne peu de chances d'en faire, malgré tous les efforts, d'excellents élèves.» Et là encore, le cercle vicieux est fatal : les établissements que fuient les classes moyennes et supérieures sont les plus soumis aux phénomènes de violence. Pour quels résultats ? Excellentissimes, si l'on ne prend en compte que les élèves les plus favorisés, sinon, «les résultats académiques sont plus faibles que la moyenne nationale». Et encore, le privé a une part importante dans les bons résultats : «Parmi les 25 lycées dont la "valeur ajoutée" est la plus forte, on trouve dans l'ordre : un lycée public, vingt-deux lycées privés, puis deux autres lycées publics.»

On ne s'étonnera donc pas que «le privé réussisse partout mieux que le public» et affiche une différence de + 20,3 % au niveau du brevet et de + 8,3 % au niveau du bac. Pourtant, les enseignants du public sont plus expérimentés (49,6 % de plus de 50 ans dans le secondaire, soit 13 % de plus que la moyenne) et plus diplômés (25,4 % d'agrégés, contre 11 % de moyenne). Idem pour les chefs d'établissement : 80 % affichent 50 ans ou plus, contre 60 % au niveau national.

 

Les moyens ne manquent pas

Au primaire, «l'école bénéficie de moyens d'enseignement à nul autre pareils en quantité comme en diversité [qui] devraient faire de l'école de la capitale la meilleure école de France» . De plus «un très fort engagement municipal permet de proposer aux enfants parisiens une palette d'activités péri et extra-scolaires de très grande qualité». L'éducation prioritaire n'est pas moins choyée : 30 % des élèves de primaire sont en réseau d'éducation prioritaire (REP), soit 2 % de plus que dans l'académie de Créteil dont relève la Seine-Saint-Denis (et 13 % de plus que la moyenne nationale) et 25,6 % des collégiens (20,4 % au plan national). Mais la répartition de ces zones laisse à désirer : certaines accueillent autant d'enfants de familles favorisées que de défavorisées, à tel point qu'«on pourrait considérer que six REP n'ont plus leur place dans l'enseignement prioritaire».

Comment rompre cette mécanique ? En mettant en oeuvre une carte scolaire «permettant de résorber l'absence de mixité sociale» qui «caractérise» cette académie. En rationalisant l'administration rectorale, où une douzaine d'échelons hiérarchiques s'entrelacent, soit deux fois plus que partout ailleurs. En diffusant les «bonnes pratiques», dont le rapport signale l'existence pour déplorer aussitôt qu'elles demeurent minoritaires ou cantonnées aux établissements en difficulté. Mais il faudrait surtout une solide volonté politique, tant les dysfonctionnements sont ancrés dans les moeurs éducatives parisiennes. En somme, une révolution.

     Emmanuel Davindekoff, Libération, 25.10.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=248653

 

 

 

 

 

Dépression, anxiété, suicide : les chiffres d'un mal français

 

Dépression, anxiété, risque suicidaire, etc. : pour la première fois, une enquête confirme l'ampleur des troubles psychiques dans la société française. Intitulée "Santé mentale en population générale" et réalisée par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avec l'aide du ministère de la santé, elle a été menée auprès de 36 000 personnes entre 1999 et 2003. A la fois "photographie" et "baromètre", elle offre deux résultats aussi spectaculaires qu'inquiétants : 11 % des personnes interrogées ont connu un épisode dépressif dans les deux semaines précédant l'enquête ; 12,8 % ont déclaré souffrir d'anxiété généralisée dans les six derniers mois. La situation matrimoniale et le chômage sont les deux facteurs les plus corrélés aux épisodes dépressifs. (...)

    Le Monde, 24.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-384122,0.html

 

 

 

 

 

La pauvreté
touche d'abord les femmes, les jeunes et les étrangers

 

Expulsions de locataires, surendettement, minimas sociaux : tous les indicateurs permettant de mesurer la précarité sont à la hausse. A l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère, dimanche 17 octobre, les associations se disent débordées face à l'ampleur du phénomène.

 

Tout converge : la sécheresse des statistiques officielles et la richesse des témoignages des associations de lutte contre l'exclusion, qui se mobilisent, dimanche 17 octobre, à l'occasion de la Journée mondiale du refus de la misère. Après avoir diminué d'un demi-million entre 1998 et 2001, le nombre de personnes pauvres est probablement reparti à la hausse depuis deux ans. Même si les chiffres de l'Insee pour 2002 et 2003 ne sont pas encore connus, "plusieurs indices permettent de penser que le taux de pauvreté a augmenté", souligne l'Observatoire national de l'exclusion sociale, dans son rapport 2003-2004.

Le retournement économique de la mi-2001, le durcissement des conditions d'indemnisation des demandeurs d'emploi, l'extinction programmée des emplois-jeunes et la diminution du nombre de contrats aidés mise en œuvre par les deux premiers gouvernements Raffarin (mai 2002-avril 2004) ont fini, logiquement, par se lire dans les statistiques, alors que les mesures du plan Borloo en faveur de la cohésion sociale ne sont pas encore mises en œuvre.

 

Les indicateurs dans le rouge.

Le nombre de RMIstes, proche de 1,2 million, n'a jamais été aussi élevé. Et il s'accroît à un rythme accéléré : + 1,4 % en 2002, + 4,9 % en 2003, + 10,5 % entre juin 2003 et juin 2004. 194 400 personnes perçoivent l'allocation de parent isolé (API), soit une progression de 8,8 % entre juin 2002 et juin 2004. Plus de 3,5 millions de personnes vivaient sous le seuil de pauvreté en 2001.

Le phénomène ne se nourrit pas seulement du chômage, mais aussi de la précarité de l'emploi. Les petits boulots, les contrats à durée déterminée, le travail saisonnier, les temps partiels contraints sont le lot quotidien d'un million de travailleurs pauvres. Salariés ou indépendants, jeunes de moins de 25 ans ou quinquagénaires, ils ont souvent à peine 420 euros par mois pour vivre, pas de qualification et moins de droits que les allocataires des minima sociaux. "Ce sont les oubliés des politiques sociales. On en voit de plus en plus", affirme Françoise Leroy, vice-présidente de la fédération Coorace (Coordination des organismes d'aide aux chômeurs par l'emploi).

 

Le surendettement en hausse de 22 %.

L'aggravation de la pauvreté se traduit aussi dans le chaos des trajectoires, rompues par des problèmes de logement, de budget, de santé. Les familles croulant sous les impayés sont de plus en plus nombreuses. Sur les quatre premiers mois de l'année, les commissions de surendettement ont reçu quelque 71 000 dossiers, contre environ 58 000 sur la même période de 2003, soit une augmentation de 22 %. La "faillite civile", qui permet - sous certaines conditions - d'effacer les créances accumulées par des ménages surendettés, a probablement créé un appel d'air. Mais ces statistiques reflètent aussi les difficultés sociales, économiques, familiales d'une frange croissante de la population.

Autre tendance spectaculaire : l'inflation des expulsions locatives. L'an passé, 9 717 ménages ont été évincés de leur logement par la "force publique", d'après le ministère de l'intérieur. En cinq ans, le chiffre a plus que doublé (+ 122,9 %). L'augmentation la plus forte s'est produite entre 2002 et 2003 (+ 29 %). Les services de l'Etat ont sans doute requis les forces de l'ordre plus fréquemment qu'avant, de manière à ne plus avoir à indemniser les propriétaires qui n'ont pas obtenu l'exécution d'un jugement d'expulsion. Mais ces statistiques accréditent, elles aussi, une extension de la précarité.

 

Les dispositifs d'accueil saturés.

"Il y a environ un an, témoigne Martin Hirsch, président d'Emmaüs France, nous avons constaté que les dispositifs d'accueil étaient saturés, que les demandes d'aides émanaient de populations assez diverses, notamment de familles, et qu'elles portaient sur tout : l'habitat, le travail, la nourriture, etc." Depuis, la situation ne s'est pas arrangée.

Outre le renchérissement du chômage, la crise du logement s'est durcie. Flambée des loyers, effondrement de l'offre locative à bon marché dans le parc privé... Les demandes de logements sociaux grimpent en flèche : 1,33 million en 2003, d'après la direction générale à l'urbanisme. Un flot de candidatures que les organismes HLM ne peuvent pas absorber. Résultat : le "mal-logement" gagne du terrain : squats, marchands de sommeil...

 

Des familles fragilisées.

Plus nombreuses, aussi, sont les personnes recueillies par des proches. La municipalité de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) s'en est rendu compte au moment de la rentrée scolaire : quelque 250 enfants, inscrits à la maternelle ou dans le primaire, résident - avec leurs parents - chez des tiers, d'après la maire, Catherine Hanriot (PCF). A Bondy (Seine-Saint-Denis), environ 280 écoliers sont dans la même situation. Soit "quasiment les effectifs d'un établissement scolaire", ajoute le maire, Gilbert Roger (PS). Pour trouver un toit, certains ménages, le plus souvent issus de l'immigration, "acquièrent à plusieurs un pavillon et l'occupent ensemble", rapporte Mme Hanriot.

Si les files d'attente s'allongent à l'entrée du parc social, les personnes, qui vivent en centres d'hébergement, mettent de plus en plus de temps à trouver une HLM. Du coup, les places en foyers disponibles se raréfient et des sans-logis sont, dès lors, contraints de dormir dehors. C'est ce qui est arrivé à douze familles, dans la nuit du 11 au 12 octobre, à Toulouse (Haute-Garonne).

 

Des étrangers en situation précaire.

Cette pression sur les structures d'hébergement est alimentée par le flot grossissant de sans-papiers et de demandeurs d'asile. Les centres d'accueil pour demandeurs d'asile (CADA) étant débordés, les candidats au statut de réfugié sont orientés vers d'autres structures - comme les centres d'hébergement - qui ne sont pas adaptées à de tels publics. A Paris et dans les trois départements limitrophes, nombre d'entre eux dorment à l'hôtel. D'après le ministère délégué à la lutte contre la précarité, l'Etat paie environ "7 900 nuitées par jour" pour des personnes "en rupture d'hébergement"; dans plus de huit cas sur dix, il s'agit de demandeurs d'asile - en attente d'une réponse ou déboutés.

D'autres échouent dans des campements de fortune, comme à Orléans (Loiret), ou occupent des immeubles désaffectés - à l'image de ces familles africaines installées sur le campus universitaire de Cachan (Val-de-Marne). "Au moment de la réforme du droit d'asile et de la fermeture du centre de Sangatte, il y a deux ans, nous avions mis en garde les pouvoirs publics contre la multiplication des mini Sangatte, rappelle M. Hirsch. Aujourd'hui, nous y sommes."

Les associations sont de plus en plus confrontées à ces étrangers précaires, qui risquent fort de ne pas être reconduits à la frontière, tout en étant privés de droits. Sur les 19 863 patients reçus en 2003 par les centres de la mission France de Médecins du monde, 85,6 % étaient des étrangers. L'immense majorité d'entre eux (91 %) n'ont pas d'autorisation de travail et ne perçoivent aucune ressource. D'après le Samu social de Paris et plusieurs organisations humanitaires, ils ont aussi plus de peine à se faire soigner - à cause de la réforme de l'aide médicale d'Etat. Et l'opinion publique, de plus en plus dure à l'égard des personnes défavorisées, ne semble pas s'en émouvoir.

    Bertrand Bissuel et Claire Guélaud, Le Monde, 17.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-383290,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serguei        Le Monde        30.12.2003
"Chômage et précarité : le choc du 1er janvier 2004"
Père Noël = Jean-Pierre Raffarin, premier ministre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancho        Le Monde        17.10.2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Seule, Marie-Laure élève ses deux enfants
et vit avec 400 euros par mois

 

La pauvreté est un combat de tous les instants. Marie-Laure élève, seule à Brest (Finistère), ses deux garçons. Quand elle a payé ses charges, il leur reste à peine 400 euros pour vivre. "Et pourtant, s'indigne une bénévole du Secours catholique, elle a toujours travaillé ou voulu travailler." La jeune femme a 31 ans. Quand elle attendait son aîné, en 1992, son compagnon l'a abandonnée. En 2001, son mariage n'a pas résisté plus de trois mois à l'annonce d'une nouvelle grossesse. Marie-Laure s'est à nouveau retrouvée seule et sans ressource.

"Je travaillais comme agent de sécurité. Mais j'ai dû m'arrêter quand j'attendais mes enfants, car mes grossesses étaient à risque. Actuellement, la Caisse d'allocations familiales prend en charge mon loyer et me verse l'allocation de parent isolé (API). Je rechercherai du travail quand le petit, qui a quinze mois, ira à l'école", explique-t-elle. Logée par l'OPAC, à moins de 500 mètres du domicile de son ancien mari, qui réclame désormais la garde de son fils, la jeune femme vit dans la hantise que cet homme lui enlève son enfant. Elle a vécu trois mois recluse et ne dort plus qu'"avec des cachets". Ses seules sorties ? La Maison des quatre moulins, où s'active une équipe d'une vingtaine de bénévoles qui se battent pour la réinsertion sociale et professionnelle des jeunes femmes seules avec enfants.

Comme celle de Marie-Laure, la vie des "sans" - les sans-emploi, les sans-ressources, les sans-domicile, les sans-papiers... - tient, toujours, du parcours du combattant. Mais quand la situation économique générale se durcit, leurs difficultés s'aiguisent encore et font boule de neige.

 

"PATHOLOGIES ET CONDUITES ADDICTIVES"

Etre pauvre, bien sûr, ce n'est pas seulement vivre avec 400 euros par mois. C'est aussi accumuler les fragilités : être mal logé (trois millions de personnes le sont en France), devoir renoncer à se soigner pour des raisons financières, être en mauvaise santé, etc. Et il suffit parfois de pas grand-chose pour que la vie bascule et que le drame l'emporte.

"Dans le Val-de-Marne, explique Françoise Bousquet, responsable des actions sociales de la Croix-Rouge départementale, 41 % des personnes que nous hébergeons sont sans ressources. 28 % ont le RMI, 12 % ont une pension et 15 % ont un salaire. Parmi elles, il y a des cadres qu'un problème d'alcoolisme ou qu'un divorce a précipités dans la rue."

Dans ce département, comme partout ailleurs en France, la population prise en charge par le Samu social a rajeuni ces dernières années : "Beaucoup de jeunes sont arrivés de province, témoigne la jeune femme. En général, ils fuyaient un conflit familial et cherchaient un emploi. Une fois en région parisienne, ils trouvent du travail. Un tiers d'entre eux a le bac. Mais beaucoup ne parviennent pas à se cramponner à leur emploi."

Plus ils ont été exposés à la violence, plus leur galère a été longue, plus leurs problèmes de santé physique ou mentale sont lourds. "On trouve chez eux des pathologies orthopédiques, cardiaques, diabétiques que l'on trouve normalement chez des sujets plus âgés", précise François Bousquet en mentionnant l'existence de "conduites addictives" et de "troubles du comportement". Pour les aider, le Samu social du département a mis en place un réseau de psychologues, d'éducateurs spécialisés et d'infirmiers psychiatriques. Un premier pas vers une moins mauvaise prise en charge de la santé mentale des exclus.

    Claire Guélaud, Le Monde, 17.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-383291,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plantu        Le Monde        17.10.2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Encadré de l'article
Seule, Marie-Laure élève ses deux enfants
et vit avec 400 euros par mois
:
 

 

La définition du seuil de pauvreté


En France.

L'Insee le fixe, fin 2003, à la moitié du revenu médian - contre 60 % en Europe -, soit environ 650 euros par mois pour une personne seule, ou 1 170 euros pour un couple avec un enfant de moins de 14 ans. En 2001, 3,5 millions de personnes et 6,1 % de la population vivaient sous ce seuil. Mais si l'on retenait les critères européens, 7,1 millions de personnes et 12,4 % de la population seraient considérés comme pauvres.



A l'étranger.

D'après le "panel communautaire européen des ménages", c'est au Danemark que le taux de pauvreté est le plus faible (6 % contre 13 % en Italie et 15 % au Portugal). Les Etats-Unis comptent 36 millions de pauvres, soit 12,5 % de la population (11,1 % en 1973).

    Le Monde, 17.10.2004.

 

 

 

 

 

La violence scolaire
a augmenté de 12 % en 2003-2004 dans le second degré

 

Au total, plus de 81 000 signalements ont été recensés par le biais du logiciel Signa dans les collèges et les lycées.

La violence scolaire a augmenté de 12 % pour l'année 2003-2004 dans les collèges et lycées par rapport à 2002-2003, selon les données publiées, vendredi 15 octobre, par le ministère de l'éducation nationale (10 % si l'on exclut les mois de juillet et d'août). Au total, plus de 81 000 signalements d'actes de violence ont été recensés dans le second degré, soit un peu plus de 14 actes en moyenne par établissement. Ce recensement est effectué grâce au logiciel Signa, alimenté par les chefs d'établissement et mis en place à la rentrée 2001-2002. Le taux de réponses oscille entre 70 % et 80 %. En 2002-2003, la violence avait baissé de 11,4 % pour atteindre 72 000 actes.

Les incidents surviennent principalement dans les collèges (70 %), moins dans les lycées généraux et technologiques (15 %) et professionnels (14 %). Les élèves sont auteurs de 80 % des actes de violence contre autrui et victimes dans environ 60 % des cas. Les personnels - chefs d'établissement et conseillers principaux d'éducation en tête - sont, pour leur part, victimes dans environ un tiers des cas impliquant des personnes physiques. Les incidents sont concentrés dans certains établissements. En 2003-2004, un peu moins de la moitié du nombre total des signalements sont survenus dans 10 % des 7 900 collèges et lycées publics.

Les violences physiques sans arme représentent près de 30 % des signalements (29,2 %), les insultes ou menaces graves près du quart (24,7 %) et les vols ou tentatives 10,5 %. Loin derrière viennent les dommages aux locaux (3,6 %), la consommation de stupéfiants (2,6 %) ou encore le racket ou les tentatives (2,3 %). Depuis janvier 2004, le logiciel Signa permet, pour tout acte, d'indiquer son éventuelle motivation raciste ou antisémite. Globalement, ces actes ont représenté 3 % des signalements, dans environ 10 % des établissements. Près de 65 % de ces actes sont des insultes ou menaces graves ; 16 % des violences physiques sans arme.

 

ÉTABLISSEMENTS DIFFICILES

Novembre et décembre demeurent les mois les plus difficiles de l'année. Toutefois, en 2004, la situation s'est particulièrement dégradée en janvier et février. La hausse des signalements constatée pour 2003-2004 est plus marquée dans les établissements difficiles. Alors qu'en 2002-2003, les établissements classés en zone ou en réseau d'éducation prioritaire (ZEP ou REP) étaient déjà, en moyenne, près de deux fois plus exposés que les autres, l'écart a continué de se creuser.

Les actes particulièrement graves ont connu des hausses très marquées. C'est le cas des violences physiques à caractère sexuel (+ 26 %), des tentatives de suicide (+ 27 %), des infractions liées aux stupéfiants (consommation + 25 % et trafic + 19 %), qui représentent 6 % des signalements. En juin, les syndicats avaient mis en parallèle ce regain de violence, publié partiellement par le ministère, avec la suppression de 10 000 postes d'aides-éducateurs (Le Monde du 5 juin). Le ministre de l'éducation nationale, François Fillon, avait alors déclaré "travailler au renforcement des moyens de surveillance dans le budget 2005". Celui-ci prévoit finalement la création de 9 000 postes d'assistant d'éducation en remplacement du départ d'autant de surveillants. En revanche, seuls 800 postes seront créés pour remplacer les 6 000 aides-éducateurs dont le contrat arrivera à échéance dans le premier et le second degré.

    Martine Laronche, Le Monde, 15.10.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-383166,0.html

 

 

 

 

 

Chômage et rmi en pleine croissance

Près de 2,5 millions de demandeurs d'emploi
et plus d'un million de RMistes:
malgré les discours sur le social,
le gouvernement a échoué.

 

La croissance est là. Pourtant le chômage augmente toujours : + 0,5 % en août. Cela représente 2 453 100 demandeurs d'emploi, 2,2 % de plus qu'il y a un an. On objectera qu'il avait baissé de 0,5 % en juillet et que les statistiques d'un mois d'été sont peu significatives, les fameuses corrections des variations saisonnières (CVS) ne parvenant pas toujours à gommer les effets de calendrier. Selon les années, les nouveaux demandeurs s'inscrivent à l'Agence pour l'emploi fin août ou septembre. Mais les faits sont là : le chômage ne baisse pas.

Plus grave : le nombre de chômeurs de longue durée, ceux qui sont inscrits depuis plus d'un an à l'ANPE, a augmenté plus vite encore : + 0,2 % en un mois, + 2,5 % en un an. Et une étude publiée mercredi par la Drees (service statistique du ministère de la Santé et de la Protection sociale) montre qu'entre le 1er juillet 2003 et le 30 juin 2004 le nombre d'allocataires du RMI a explosé : + 10,5 %. Au début de l'été, ils étaient 1 039 300 (en données CVS) à vivre avec moins de 418 euros par mois. Un record absolu depuis la création de cette allocation par Michel Rocard en 1989. Ce constat dramatique pourrait donner raison à Jean-Louis Borloo, qui ne cesse de répéter que le vrai problème est celui «du chômage structurel et de l'exclusion qui l'accompagne». Le ministre délégué aux Relations du travail, Gérard Larcher, a aussitôt expliqué que cette hausse du chômage rendait «encore plus nécessaire la mise en place effective, rapide, du plan de cohésion sociale».

    François Wenz-Dumas, Libération, vendredi 01 octobre 2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=242714

 

 

 

 

 

L'immobilier retrouve les sommets de 1991

Et les prix en Ile-de-France grimpent toujours.

 

Ça y est. Le palier que tout le monde redoutait a été touché. A force de grimper depuis 1998, les prix de l'immobilier parisien, en euros constants, ont atteint les sommets de 1991. Une époque caractérisée par une bulle spéculative, qui avait enflé à partir des années 1984-1985 et fini par exploser au début des années 90. Le marché était ensuite entré dans un long tunnel avant d'amorcer une nouvelle envolée au cours des six dernières années.

La crainte d'une répétition de l'histoire est patente. Hier le président de la Chambre des notaires de Paris, Me Pisani, n'a pas caché ses inquiétudes. «Les prix restent trop orientés à la hausse. Cela constitue pour les professionnels de l'immobilier une vraie préoccupation.» Effectivement les statistiques dévoilées hier laissent pantois : en un seul trimestre (le deuxième de cette année), la pierre parisienne a augmenté de 4,2 %. Et sur un an la hausse atteint 13,1 % (cinq fois plus que l'indice général des prix).

Pour acquérir un logement dans la capitale, il faut débourser en moyenne 4 316 euros du mètre carré. Mais dans les arrondissements centraux la pierre approche ou dépasse les 6 000 euros du mètre : 5 867 eu- ros dans le VIIIe, 5 932 euros dans le Ve, 6 745 euros dans le VIIe. Même les quartiers dits populaires (Xe, XVIIIe, XIXe, XXe) sont au-dessus des 3 000 euros. Dans tous les arrondissements les hausses sont supérieures à 10 % avec un pic remarquable de 18,2 % dans le Xe. Acheter un appartement est devenu «hors de prix et hors d'atteinte de la solvabilité des ménages», a admis Me Pisani.

Pire : cette inflation immobilière est contagieuse. Toute la région Ile-de-France est touchée par un mouvement en escargot : les familles qui n'ont plus les moyens d'acheter dans Paris vont en petite couronne. Les ménages devenus insolvables en proche banlieue s'en vont en grande couronne. Ces déplacements nourrissent la hausse. Département populaire, la Seine-Saint-Denis voit ses prix flamber (+16,9% en un an), tout comme le Val-de-Marne (+13,8%) ou les Hauts-de-Seine (+13,8%). Dans les communes proches de Paris, où la pierre était jusque-là abordable, c'est le délire. Le prix des appartements anciens a grimpé de 49,7 % en un an à Aulnay-Sous-Bois. Autres exemples effarants : Montreuil (+31%) ou Rosny-sous-Bois (+27,7%).

    Tonino Serafini, Libération, mercredi 29 septembre 2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=242055

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pessin        Le Monde        21.9.2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mixité sociale :

des centaines de communes n'appliquent pas la loi

 

A la veille du congrès du mouvement HLM, qui s'ouvre mardi 21 septembre, la Fondation Abbé-Pierre dénonce la mauvaise volonté de certains maires dans la mise en œuvre de la loi SRU, qui fixe un quota de logements sociaux. En 2003, 20 300 constructions ont néanmoins été financées

Le congrès du MOUVEMENT HLM, qui s'ouvre mardi 21 septembre à Montpellier, est l'occasion de tirer un bilan d'étape de la loi SRU du 13 décembre 2000 qui fait obligation aux communes de mieux répartir les logements sociaux en leur fixant un taux de 20 % EN 20 ANS. Les communes qui ne tiennent pas le rythme fixé sont soumises à des pénalités financières sous forme de "contribution sociale de solidarité".En 2003, quelque 20 300 logements sociaux ont été financés alors que l'objectif était de 20 900. Et selon la Fondation Abbé-Pierre, 200 À 300 COMMUNES demeurent rétives à l'obligation d'une meilleure répartition sociale. Néanmoins un PREMIER FRÉMISSEMENT commence à se faire sentir, ce qui conduit le gouvernement à vouloir renforcer les effets de cette loi en durcissant les sanctions.

(...)

Les données fournies par les services de l'Etat permettent néanmoins de dégager des tendances. Ainsi, plusieurs régions se singularisent par des scores calamiteux. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, près de 60 % des communes visées par la loi SRU "n'ont rien produit" en 2002 et en 2003, d'après la direction régionale à l'équipement (DRE). Seules huit municipalités – sur la centaine concernée – ont réalisé au moins "80 % de leur objectif théorique annuel". En Haute-Garonne, quelques villes affichent des taux de logements sociaux en baisse entre 2001 et 2003, selon le comité départemental de l'habitat : Frouzins (qui passe de 5,5 % à 4,1 %), Cugnaux (de 16 % à 14,2 %), Launaguet (13,4 % à 11,58 %)... A Bruguières, le compteur est resté bloqué à 0 %.

Dans le Val-d'Oise, "la production en commune SRU reste faible", peut-on lire dans un "rapport d'activité" de la DDE. Une manifestation a même été organisée, à la fin juin, devant la sous-préfecture de Sarcelles, à l'initiative de plusieurs associations, pour imposer "la construction de logements sociaux dans les communes qui ne respectent pas" leur quota. Dernier exemple, même s'il y en a bien d'autres : les villes de l'agglomération de Lorient qui sont visées par la loi SRU n'ont produit que le quart des logements sociaux qu'elles devaient livrer sur la période 2001-2004.

(...)

    Source : Bertrand Bissuel, Le Monde, 21.9.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-379779,0.html

 

 

 

 

 

Objectif : 20 % de logements sociaux

 

Présentée à l'initiative de Jean-Claude Gayssot et de Louis Besson, quand ils étaient ministres du gouvernement de Lionel Jospin, la loi Solidarité et renouvellement urbains (SRU) du 13 décembre 2000 cherche, notamment, à mieux répartir les logements sociaux.

 

 

Communes concernées.

Les municipalités de plus de 1 500 habitants en Ile-de-France et de plus de 3 500 habitants dans le reste du territoire, situées dans les agglomérations de plus de 50 000 habitants, sont tenues d'avoir 20 % de logements sociaux.

Elles ont 20 ans pour atteindre cet objectif.

D'après la direction générale à l'urbanisme, 776 communes étaient concernées en 2002.

Il manquait, au total, un peu plus de 400 000 logements.

 

 

Logements pris en compte.

Sont considérés comme logements sociaux : les HLM, tous les logements conventionnés (ce qui peut inclure des habitations du parc privé soumises à des plafonds

de loyer et de ressources), ainsi que le patrimoine de quelques sociétés immobilières. Les places en foyers et en centres d'hébergement sont elles aussi retenues dans le calcul.

 

 

Pénalités financières.

Les communes visées par la loi SRU sont assujetties à un prélèvement d'environ 150 euros par logement manquant.

Celles qui touchent la dotation de solidarité urbaine et qui comptent plus de 15 % de logements sociaux en sont exonérées. Les dépenses engagées par la commune pour réaliser des logements sociaux sont déduites du prélèvement, afin d'inciter à construire. Cette"contribution de solidarité" est reversée à une structure intercommunale si celle-ci a approuvé un programme local de l'habitat. Sinon, le prélèvement est collecté par un fonds d'aménagement urbain.

En 2003, les "communes SRU" ont été ponctionnées à hauteur de 38 millions d'euros, contre un peu plus de 40 l'année précédente.

    Source : Bertrand Bissuel, Le Monde, 21.9.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-379779,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Samira Bellil

Courageous writer
who forced France to confront the outrage of gang rape

 

I first met Samira Bellil, who has died aged 31 from stomach cancer, at a grimy community centre in Marseille on Valentine's Day last year. She was small, with eyes that were surprisingly blue for a young French woman of Algerian origin, and corkscrew curls that I recognised from the cover of her book, Dans L'Enfer Des Tournantes (In The Hell Of Tournantes).

Published in 2002, it had made her immediately infamous, because it was the first time a young woman had dared to reveal the reality of life in the deprived ghettos - the banlieue - of French cities. In these suburbs, violence against young women was standard; gang rapes were endemic. They were not even called gang rapes, but tournantes, or pass-rounds, because the girl was passed around like a joint.

Samira was first gang-raped when she was 14, when her boyfriend handed her over to three of his friends. They beat her viciously, raped her all night, and then made her breakfast. A month later, the most violent rapist, K, dragged her off a train by her hair, while other passengers looked the other way, and she was gang-raped again. These events made her, if not typical of a young woman of immigrant background in the suburbs, then not exceptional either.

Samira was born to Algerian parents in Algiers, but her family soon moved to the Parisian suburb of Seine-Sainte-Denis. Her father was sent to jail almost immediately for what Samira later described as "stupidities", and she was fostered by a family in Belgium for five happy years, before being summoned back to her parents "like a parcel". She found her father violent and distant, and her home life was not happy.

As a teenager, she started to go out, to meet boys, to rebel. It was dangerous behaviour, in a macho environment where a girl's reputation is sacred. A reputation could get you sent back to the bled, or homeland. Or worse: girls who dared to go out, wear make-up or drink were considered fair game for a tournante. When young women were told to behave, or they would end up in the basement, everyone knew what it meant.

Samira did not report her rapes until two friends told her that K had raped them too. Reprisals are common - flats burned down, little sisters threatened - but Samira decided to prosecute. In the end, K was sentenced to eight years in prison.

As she wrote in her book, she was condemned to a lot more. Her parents threw her out in shame, and her quartier, or neighbourhood, rejected her. "People outside the estates don't know," she said. "And everyone on the estate knows, but they won't say anything." There were years of drug abuse, squats, foster homes, despair.

Eventually, she found a psychologist who helped her. She had years of therapy, and decided to write her book to show other young women that there was a way out. "It's long and it's difficult, but it's possible," she wrote in the dedication - to "my sisters in trouble". She used her real name and put her photo on the cover, "because," she said, "my editor said I had a nice face". She played it down, but it was courageous, especially as she still lived in the same quartier, and K lived there too.

Samira was at the social centre in Marseille that day as part of a women's march organised by Ni Putes Ni Soumises (Neither Slags Nor Doormats), the first organisation - which she had helped to found - to publicly address the issue of violence against young banlieue women. The march got attention; Samira's book had shocked France into acknowledging what was happening in its suburbs.

Young women who were used to keeping quiet for fear of family pressure or worse, now stood up in packed community halls, finally telling the truth. At a public debate, a young man asked Samira what was wrong with gang bangs, anyway. She looked exhausted, but she responded characteristically. "Firstly, mate," she said, looking at him, "get it straight. It was not a gang bang. I was gang-raped. OK?" Thanks to her book and her activism, the French government and the mayor's office in Paris began researching the problem of violence against young banlieue women, and her portrait was hung outside the French national assembly.

Samira continued to speak out, though, as she told me when we met for an article I wrote on tournantes for Guardian Weekend last year, "I can't carry all that violence forever". She slowly found some peace, doing drama, which she loved, and working as a youth worker in her quartier; she said there were incredible people in the banlieue , and that despite everything, that was where she belonged. She was reconciled with her mother, and close to her two sisters, and she even decided that not all men are bastards, as she put it.

She wanted to fall in love, be normal, but she didn't have time; after a life of violence, and a short period of respite, she was defeated by cancer. She deserved better.

 

· Samira Bellil, writer, activist and youth worker, born November 27 1972; died September 4 2004

    Rose George, The Guardian, p. 21, Monday September 13, 2004, http://www.guardian.co.uk/obituaries/story/0,,1302988,00.html

    Guardian Unlimited © Guardian Newspapers Limited 2004

 

 

 

En France, des femmes tuées en silence

Cet été, 29 meurtres de femmes par leur conjoint ont été relatés par l'AFP. Pourtant, aucun chiffre officiel n'existe sur le phénomène.

 

Pourquoi tant de femmes périssent en France sous les coups de leur conjoint ?Une tous les deux jours cet été. Leur nombre est-il en hausse, comme l'affirment les associations, à l'instar de l'Espagne, qui a connu une augmentation de 34 % entre 2002 et 2003? Combien d'enfants meurent lors de ces drames «de couple» ? Personne ne peut le dire. L'Etat français ne s'est jamais intéressé à la question. Contrairement à la plupart des pays occidentaux, qui tiennent le décompte de ces homicides, il n'existe aucun organisme chargé de les comptabiliser.

En 2001, le professeur Henrion, membre de l'Académie de médecine, auteur d'un rapport sur les violences conjugales pour le ministère de la Santé, préconisait pourtant de recenser les homicides pour violences conjugales et d'en assurer une publication annuelle. Ce travail effectué méthodiquement en Espagne depuis la fin des années 90 a permis aux chercheurs et aux responsables politiques de déterminer que ces crimes survenaient quand la femme décidait de quitter son conjoint : 70 % des victimes (contre 29 % au Danemark ou 27% au Canada) étaient en instance de séparation. Ces meurtres, 81 en Espagne en 2003, seraient le tribut payé à l'indépendance croissante des femmes.

Rupture. Au ministère chargé du Droit de femmes, l'amateurisme atteint des sommets. «Peu importe les chiffres, la violence est inacceptable», dit Nicole Ameline. La ministre se contente donc d'extrapolations publiées par le professeur Henrion à partir de chiffres collectés à l'Institut médico-légal parisien dans les années 90 : une femme décéderait de violences conjugales tous les cinq ou six jours, soit 60 à 88 par an. En Espagne, le nombre de victimes a doublé depuis 1999. En France, des associations féministes avancent le chiffre de 400 femmes tuées par leur compagnon, sans pouvoir étayer ce chiffre. Françoise Cherbit, de la Fédération nationale solidarité femme, affirme que «sur ces trois ou quatre dernières années, il y a de plus en plus de passages à l'acte meurtrier de la part d'ex-conjoints ou d'ex-concubins. Les femmes seraient plus en danger de mort lorsque leurs partenaires perçoivent le caractère irréversible de la rupture et ne l'acceptent pas». Un «sentiment» confirmé par Daniel Welzer-Lang, sociologue, l'un des rares à travailler sur la violence masculine. «La plupart des hommes tuent par jalousie, ou parce que leurs conjointes les a quittés ou parce qu'ils craignent d'être quittés», affirme Patricia Mercader, chercheuse et professeur d'université, auteur de Crime passionnel, crime ordinaire (1). La situation française serait donc comparable à celle de l'Espagne.

En 2000, 192 femmes avaient été victimes d'homicide selon l'Inserm, qui centralise tous les certificats de décès. Mais on ne sait pas qui est leur agresseur. Ce chiffre est «très certainement sous-estimé», précise Eric Jougla, qui dirige ce service: «Les études méthodologiques sur les suicides nous ont montré que cette sous-estimation était de 20 %.»

Il existe par ailleurs une zone d'ombre extensible, celle des homicides camouflés, des disparitions non élucidées, des suicides étranges. En 2000 encore, plus de 6 000 femmes sont mortes de chutes accidentelles et 2 800 se sont suicidées. Annick Houel, professeur de psychologie sociale à Lyon, analyse actuellement les faits divers dans la région Rhône-Alpes. «Les défenestrations sont un vrai souci.» Cette chercheuse, comme ses collègues français, travaille en recoupant les informations de la presse.

«Le cas Orantes». Faute de données, la France n'apparaît donc pas dans les études internationales sur les taux d'homicides conjugaux, où la Roumanie détient le record (12,6 femmes tuées par million d'habitants) et l'Islande ferme la marche avec... zéro tuée. Pour le réseau féministe espagnol, cette absence de chiffres français s'apparente à du «négationnisme», celui que connaissait l'Espagne avant l'assassinat d'Ana Orantes en 1997, brûlée vive par son mari après avoir témoigné de son calvaire conjugal sur une télévision andalouse. Le «cas Orantes» avait déclenché une prise de conscience médiatique et politique, qui se concrétise aujourd'hui avec la «loi intégrale contre la violence de genre» défendue par le gouvernement Zapatero.

    Blandine Grosjean, Libération, 9 septembre 2004, (1) Avec Annick Houel et Helga Sobota. PUF, 2003, http://www.liberation.com/page.php?Article=237390#

 

 

 

 

 

Pourquoi les Français
consomment toujours plus de psychotropes

 

Antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères : ces médicaments voient chaque année leurs ventes progresser, comme l'ont souligné les derniers chiffres de l'assurance-maladie. Cet usage, souvent abusif et de plus en plus chronique, répond à un "mal-être" que les médecins ne peuvent gérer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Docteur, je me sens un peu déprimé" ; "docteur, je suis un peu nerveux" ; "docteur, je ne dors pas très bien". Ces doléances de patients, les médecins généralistes les entendent de plus en plus souvent dans leur cabinet. Les chiffres de consommation des médicaments psychotropes l'attestent. En France, un nombre croissant de patients consultent pour des troubles psychiques. D'après les données publiées jeudi 2 septembre par la Caisse nationale d'assurance-maladie (CNAM), les psychotropes occupent la deuxième position, derrière les antalgiques, les médicaments les plus prescrits.

Les volumes sont impressionnants. Ainsi, en 2003, près de 15 millions de boîtes de Stilnox (somnifère), 11,5 millions de Deroxat (antidépresseur) et plus de 8,5 millions de Temesta (anxiolytique) ont été délivrées et remboursées. Ce n'est pas la première fois que ces produits censés répondre aux troubles du sommeil, aux états dépressifs ou à l'anxiété se retrouvent parmi les vingt-cinq médicaments les plus consommés en France. Mais d'année en année, les prescriptions progressent : + 8,2 % entre 2002 et 2003 pour le Deroxat, + 6,9 % pour le Temesta. Quant aux reculs du Prozac (antidépresseur), du Lexomil, du Xanax (anxiolytiques) et de l'Imovane (somnifère), ils s'expliquent essentiellement par la pénétration de leurs génériques : la prescription de ces molécules n'est pas en régression.

Voilà bientôt dix ans que la surconsommation de psychotropes - cette "explosion de la médicalisation pharmacologique de l'existence", selon les termes du professeur Edouard Zarifian, chargé en 1995 d'un rapport sur la prescription de ces produits - est démontrée sans qu'aucune mesure n'ait été prise par les pouvoirs publics pour inverser la tendance. Selon une étude du Credes publiée en 1996, les Français sont les plus gros consommateurs de psychotropes en Europe.

 

PRESCRIPTIONS NON JUSTIFIÉES

En 2000, près de 25 % des assurés sociaux se sont fait rembourser au moins une fois dans l'année un psychotrope, indique une récente enquête de l'assurance-maladie. Parmi ces consommateurs, 43 % ont reçu une ordonnance de plusieurs types de psychotropes. Les anxiolytiques restent la classe la plus prescrite (17,4 % des assurés sociaux en ont pris en 2000), suivis par les antidépresseurs (9,7 %), qui devancent désormais les hypnotiques (8,8 %). Quant aux consommateurs réguliers (au moins quatre remboursements sur une année pour une même classe thérapeutique), ils représentent 11,2 % des personnes bénéficiant du régime général de Sécurité sociale. Qui consomme ? Les femmes bien davantage que les hommes (31,3 % contre 17,3 %) et les personnes âgées. Après 60 ans, la moitié des femmes et un tiers des hommes ont pris au moins un psychotrope dans l'année.

Une part importante de ces prescriptions apparaît abusive et médicalement non justifiée. "Le taux de consommateurs d'antidépresseurs mesuré (9,7 %) est bien supérieur au taux de prévalence de la dépression, estimé en France à 4,7 %", souligne l'étude de l'assurance-maladie. De plus, près de la moitié des utilisateurs d'antidépresseurs ont une durée de prescription "non conforme à l'autorisation de mise sur le marché" et, en matière d'anxiolytiques et d'hypnotiques, "au moins 40 % des personnes ont eu quatre remboursements et plus dans l'année 2000, ce qui est en contradiction avec les recommandations médicales". Quant aux personnes âgées, leur niveau de consommation est considéré comme "préoccupant" par l'assurance-maladie, notamment à cause des possibles effets secondaires de ces produits : risque accru de chute, troubles confusionnel ou délirant et troubles du rythme cardiaque.

Abandon du mot "folie" au profit du terme "santé mentale" ou "souffrance psychique", puissance de l'industrie pharmaceutique, propension de la société à reconnaître le mal-être, apparition d'entités cliniques mal définies (dépression, stress, anxiété)... de multiples facteurs peuvent être avancés pour tenter d'expliquer pourquoi les Français sont devenus si "accros" aux psychotropes.

"Il n'y a pas plus de gens qui vont mal que dans les années 1950 mais on leur a appris comment cela s'appelait - la dépression - et que des médicaments existaient", estime Philippe Pignarre, auteur deComment la dépression est devenue une épidémie (éd. La Découverte). En l'absence de définition précise de la dépression, le spectre des indications de ces médicaments ne cesse officieusement de s'élargir. "Ces produits ont changé de statut", analyse le sociologue Alain Ehrenberg. "C'est la relation entre le normal et le pathologique qui s'est modifiée", ajoute ce chercheur, dont l'ouvrage La fatigue d'être soi (éd. Odile Jacob) fut, en 1998, salué par la critique.

 

"DÉPENDANCE"

Reste que cette "boulimie" de psychotropes ne peut pas être dissociée du niveau de consommation globale de médicaments. La France arrive en deuxième position, derrière les Etats-Unis, pour les dépenses pharmaceutiques par habitant. Lors du débat parlementaire sur la réforme de l'assurance-maladie, en juillet, peu de place aura été accordée au problème de la prescription. Pourtant, a maintes fois répété le ministre de la santé, Philippe Douste-Blazy, une part importante des économies escomptées pour combler le déficit de la Sécurité sociale repose sur le changement de comportement des patients et des médecins. Or, s'il existe un comportement médical très franco-français, c'est bien celui de la consommation médicamenteuse.

Assistera-t-on, comme c'est le cas pour les antibiotiques, à une campagne d'information grand public pour limiter l'utilisation des psychotropes ? Pour l'instant, rien n'est prévu. "Pour les antibiotiques, les gens étaient mûrs et nous pouvions mettre en avant le problème de la résistance. Sur les psychotropes, la communication est beaucoup plus difficile, on est dans du comportemental et l'arrêt peut être difficile à cause de la dépendance à ces produits", explique-t-on à l'assurance-maladie. Pendant ce temps, l'industrie pharmaceutique tente d'élargir le marché. "La dernière niche à conquérir est celle des enfants et des adolescents", prédit Philippe Pignarre.

    Sandrine Blanchard, Le Monde, 7.6.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-378001,0.html

 

 

 

 

 

1 milliard de chiffre d'affaires en 2001

 

Entre 1980 et 2001, le marché des psychotropes s'est "notablement développé", passant de 317 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel en 1980 à plus de 1 milliard d'euros en 2001, indique une étude de la direction de la recherche, de l'évaluation et des statistiques (Drees) parue en janvier. Cette croissance est surtout le fait des antidépresseurs, qui représentaient, en 2001, près de 50 % des ventes de psychotropes contre 25 % en 1980. Ce boom est dû à l'apparition, dans les années 1980, d'une nouvelle classe d'antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS) - comme le Prozac ou le Deroxat - qui produisent moins d'effets secondaires (confusion mentale, troubles cardiaques...) que les médicaments plus anciens. Au-delà des épisodes dépressifs spécifiques, la prescription des antidépresseurs s'est étendue au concept vague des "troubles de l'humeur".

 Sandrine Blanchard, Le Monde, 7.6.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-378001,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plantu        Le Monde        3.6.2004
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-367240,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Français vivent plus vieux
et rattrapent les Françaises

 

L'espérance de vie continue de progresser pour les deux sexes, mais les hommes comblent leur retard vis-à-vis des femmes. En 2003, l'écart n'était plus que de sept ans.

L'inégalité entre les sexes face à l'espérance de vie tend à se résorber, selon une étude publiée, mercredi 2 juin, par l'Institut national d'études démographiques. En 2003, l'espérance de vie des femmes était de 82,9 ans, contre 75,9 ans pour les hommes. L'écart n'est donc plus que de 7 ans, après avoir culminé à 8,2 ans dans les années 1980. Au total, pour les deux sexes, l'espérance de vie a progressé, en moyenne, de 0,1 an à 0,25 an chaque année depuis dix ans.

    Le Monde, 3.6.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3208,36-367240,0.html

 

 

 

 

 

Les femmes en situation d'inégalité au travail

 

" Les femmes sont aussi sous-représentées dans la hiérarchie des métiers : les deux tiers des cadres du privé sont des hommes, et moins de deux dirigeants sur dix sont des dirigeantes, qui gagnent un tiers de moins que leurs homologues masculins

L'activité féminine progresse mais le chômage, comme le travail temporaire ou à temps partiel, touche toujours plus fortement les femmes, par ailleurs sous-représentées dans les directions d'entreprise, selon une étude sur la parité de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) à paraître vendredi.

"Le taux de chômage des femmes est de deux points plus élevé que celui des hommes au 1er trimestre 2003. Chez les moins de 25 ans, près d'un quart des jeunes actives sont dans cette situation, pour un jeune homme sur cinq", note l'édition 2004 de "Femmes et hommes, regard sur la parité", publiée quelques jours avant la Journée internationale de la femme du 8 mars.

Les femmes occupent aussi plus souvent des emplois temporaires, comme les CDD ou les stages (11 % contre 6 % d'hommes), ou des emplois à temps partiel (30 %, contre 5,5 %). L'Insee note que "les emplois restent très sexués" : "Les femmes travaillent plus souvent dans le secteur tertiaire. L'industrie et le bâtiment restent à forte dominante masculine. Près de la moitié des femmes sont employées, tandis que plus d'un tiers des hommes sont ouvriers."

 

SOUS-REPRÉSENTATION

Les femmes sont aussi sous-représentées dans la hiérarchie des métiers : les deux tiers des cadres du privé sont des hommes, et moins de deux dirigeants sur dix sont des dirigeantes. En France, sur les 300 000 dirigeants d'entreprise en 2001, seulement 17 % étaient des femmes, alors que les femmes représentent 45 % de la population active. Pour la fonction de PDG, la proportion de dirigeantes tombe à un sur dix, contre 19 % pour les gérantes et 29 % pour les directrices générales (DG).

De plus les femmes dirigeantes de société gagnaient en 2001 un tiers de moins que leurs homologues masculins, un écart plus fort que pour l'ensemble des salariés, indique l'Insee. En 2001, les femmes PDG, gérantes ou directrices générales gagnaient en moyenne 29 500 euros nets par an, contre 44 100 euros pour les hommes, soit un tiers de moins que les dirigeants, selon l'Insee. Mais leur situation s'est un peu améliorée avec le temps, puisque l'écart était de 39 % en 1993.

Quand on ne tient pas compte du secteur d'activité, de la taille, de la forme juridique et de l'âge, le salaire des dirigeantes reste de 20 % inférieur à celui des dirigeants, cet écart étant plus fort que pour l'ensemble des salariés (12 %), selon l'Insee, qui relève que les différences de salaires sont moindres chez les jeunes générations.

Au niveau géographique, les femmes patrons sont mieux payées en Ile-de-France, avec une rémunération moyenne de 36 700 euros en 2001, selon l'Insee. Les femmes dirigeantes sont moins bien payées que les hommes quelle que soit leur fonction, avec un écart de 23 % pour les gérantes, de 30 % pour les PDG et de 40 % pour les DG.

 

PARCOURS PLUS DIFFICILE DANS L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Pourtant, les jeunes filles ont plus souvent le bac ou un diplôme supérieur que les garçons (68 %, contre 53 %). "Mais le parcours des jeunes femmes dans l'enseignement supérieur n'est pas à la hauteur de leurs résultats dans le secondaire", observe l'Insee. "Les garçons s'orientent davantage vers les filières sélectives et prestigieuses telles que les classes préparatoires, et les filles vers l'université."

Autre constat : le taux d'activité féminin baisse considérablement au troisième enfant. Alors que le taux d'activité des mères d'un enfant de moins de trois ans est de 81,4 %, il tombe à 36,2 % pour les mères de trois enfants, dont un à moins de trois ans. A la maison, les femmes consacrent plus de temps aux activités domestiques que leur compagnon (en moyenne en 1999, 4 h 36 contre 2 h 13).

Pour les loisirs, la presse quotidienne reste une activité plutôt masculine, contrairement à la lecture des livres, de même que les sorties culturelles : seules 38 % des femmes de 25-39 ans n'en font jamais, contre 46 % des hommes du même âge.

En revanche, les hommes sont plus impliqués dans la vie associative. Enfin, en 2002, 17 % des femmes contre 11 % des hommes déclarent pratiquer une religion.

"Au 1er janvier 2004, la population française compte 61,7 millions de personnes dont 31,7 millions de femmes", rappelle l'Insee. "Plus nombreux aux âges jeunes, les hommes le sont deux fois moins que les femmes après 75 ans", en raison de l'écart d'espérance de vie : 82,9 ans pour une femme, et 75,9 ans pour un homme. "

    Le Monde, (avec AFP), 5.3.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-355549,0.html

 

 

 

 

 

La disparition des habitations à très bas loyer

La fondation Abbé-Pierre détaille la crise du logement

 

Pour autant, observe la Fondation, février 2004 n'est pas février 1954, date à laquelle l'abbé Pierre lança son premier appel au secours. A l'époque, exceptées les couches très favorisées, tout le pays était mal logé. Il manquait quatre millions de logements et 15 millions de personnes vivaient en situation de surpeuplement.

La France a mis une trentaine d'années pour parvenir à une situation équilibrée en construisant massivement : 550 000 logements pour la seule année 1975. Considérant que les besoins étaient pour l'essentiel satisfaits, les pouvoirs publics ont levé le pied progressivement notamment sur la construction de HLM. La production de logements est désormais pour l'essentiel le fait du privé qui vise la clientèle solvable. Conséquence : l'offre manque pour les personnes défavorisées : salariés en CDD, intérimaires, employés à temps partiel non choisi. «L'habitat devient (...) le miroir et le révélateur des mutations économiques et sociales de la période», note le rapport. Les revenus de ces familles se sont précarisés, et de façon concomitante le nombre de logements bon marché n'a cessé de régresser avec la disparition progressive de la loi 48, qui maintenait à des niveaux bas les loyers du privé. «1,7 million de logements locatifs à très bas loyers ont disparu en huit ans» sans être remplacés par une offre équivalente. Du coup tous les ménages pauvres se tournent vers le logement social. Le parc HLM est «soumis à de graves tensions» : 1,05 million de ménages attendent une attribution. 1,8 million de personnes vivent dans des situations inacceptables : hébergement par des proches, habitat de fortune (squats, cabanes, caravanes, etc.),chambre d'hôtel à l'année...

Décentralisation. Le manque de logements bon marché est estimé à 600 000 unités en particulier dans les grandes agglomérations. Mais au lieu de s'activer, nombre d'élus locaux se lancent dans des combats douteux contre la construction de HLM ou de foyers pour SDF. Les politiques de proximité ne sont pas toujours vertueuses contrairement à ce que tend à faire croire l'actuel débat sur la décentralisation.

    Tonino Serafini, Libération, 28.1.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=174357

Source primaire : L'Etat du mal-logement en France, fondation Abbé-Pierre.
Ce rapport est "distribué gratuitement sur simple demande".
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/home_flash.html
http://www.fondation-abbe-pierre.fr/home_flash.html

Lire aussi : La crise du logement social s'aggrave dans l'agglomération lyonnaise : La communauté urbaine enregistre quelque 40  000 demandeurs de logement. L'attrait de la ville pèse sur les prix de l'immobilier, qui flambent depuis cinq ans. Les bailleurs sociaux ont de plus en plus de difficultés pour équilibrer les nouvelles opérations d'aménagement, Sophie Landrin, Le Monde, 27.1.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3228,36-350525,0.html

 

 

 

 

 

102 000 étrangers
sont entrés sur le marché du travail en 2001

 

Depuis dix ans, quelque 90 000 étrangers entrent chaque année sur le marché du travail. Cette tendance connaîtrait une hausse depuis deux ans : en 2001, le flux atteint 102 000 actifs étrangers, représentant 14 % de l'ensemble de la population accédant à un emploi.

Telles sont les conclusions majeures d'une étude publiée récemment par l'Agence pour le développement des relations interculturelles (ADRI).

Rédigée par Jean-François Léger, chercheur associé à l'université René-Descartes - Paris-IV, pour le compte de la direction des populations et des migrations (DPM) du ministère des affaires sociales, l'étude a tenté d'évaluer le poids des actifs étrangers venus de l'extérieur ou déjà présents sur le territoire.

    Sylvia Zappi, Le Monde, 28.1.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-350653,0.html

 

 

 

 

 

Immigration : l'Ined balaie des contrevérités


L'Institut d'études démographiques
fait le point sur les régularisations, la fécondité...

 

Contre les chiffres farfelus et les préjugés. La nouvelle fournée du bulletin Population et sociétés, rédigé par le directeur de l'Ined (Institut national d'études démographiques), François Héran, tord le cou à «cinq idées reçues sur l'immigration».

 

La France ne constitue pas un «pays d'immigration massive».

L'image d'un pays en plein déclin démographique, «pris d'assaut par une vague montante de l'immigration» persiste. Elle est fausse. L'Hexagone est devenu le pays d'Europe où la croissance démographique dépend le moins de l'immigration : 20 % en France contre 47 % aux Pays-Bas, 82 % en Espagne (en 2001). «Rien à voir avec les migrations massives que l'Allemagne a accueillies en provenance de l'ex-Union soviétique et de l'ex-Yougoslavie.»

 

Le taux de fécondité de la France n'est pas massivement dû aux familles immigrées.

«L'écart entre la fécondité des immigrées et celle des Françaises natives est très inférieur aux chiffres qui circulent.» Les immigrées ne représentent que le douzième des femmes en âge d'avoir des enfants, et sont trop peu nombreuses pour pouvoir relever le taux de fécondité générale. «Les jeunes issus de l'immigration, et désormais visibles dans l'espace public, sont nés il y a quinze ou vingt ans. Ils sont le fruit d'un régime de fécondité largement révolu.»

 

L'immigration irrégulière n'est pas «innombrable».

Selon François Héran, «on surestime toujours le nombre de sans-papiers». La France a régularisé, en 1982,132 000 immigrés et satisfait en 1997-1998, 90 000 demandes sur 130 000 (une fois décomptées les demandes déposées en double). «On est loin des opérations de régularisation de très grande envergure qu'ont dû mener l'Espagne, l'Italie et la Grèce ces cinq dernières années, avec des effectifs de demandeurs qui ont parfois excédé le demi-million.»

 

La statistique publique serait impuissante à comptabiliser les immigrés.

Les démographes peuvent utiliser différentes sources pour contourner les difficultés de la statistique (notamment la non-prise en compte des minorités ethniques), estime l'Ined. Changer les modes de recensement, rendre obligatoire l'enregistrement des immigrés ne serait, selon François Héran, qu'un retour au régime de Vichy. Il ne faut pas trop encadrer la statistique publique, plaide-t-il. Exemple : une partie des personnes âgées, ayant migré en France il y a longtemps, tend à se déclarer rétrospectivement «Françaises de naissance», au lieu d'indiquer qu'elles ont acquis la nationalité. «Il serait absurde de dénoncer là une fausse déclaration et de sommer l'Insee d'y mettre bon ordre : c'est, à l'évidence, un signe d'intégration accomplie», estime Héran.

 

Accueillir l'immigration ne signifie pas accueillir la misère du monde.

Les migrants se situent rarement au plus bas de l'échelle sociale de leur pays d'origine. Ni «massive», ni «majoritairement clandestine», ni «prolifique», ni «misérable» ou «insaisissable», selon François Héran, l'immigration «reste à découvrir». "

    Charlotte Rotman, Libération, 21.1.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=172576

Lire aussi l'article du Monde sur le même sujet :
Immigration : un rapport de l'INED bouscule les idées reçues
, avec AFP, 20.1.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-349855,0.html

 

 

 

 

 

Délinquance:
des statistiques presque trop flatteuses

3,4% de moins qu'en 2002
mais les atteintes aux personnes augmentent.
 

" Selon les chiffres révélés par le Figaro d'hier, le nombre de crimes et de délits a baissé de 3,4 % en 2003 avec 3 970 000 faits recensés l'an dernier contre 4 113 882 en 2002. Si l'on tient compte des infractions issues de la loi sur la sécurité intérieure en 2003 (rassemblement dans les halls d'immeubles, racolages passifs, etc.), la baisse de la délinquance est plus précisément de 3,38 %, selon des sources proches du ministère de l'Intérieur citées par l'AFP. En revanche, si l'on raisonne «à périmètre constant», sans comptabiliser ces infractions pour se livrer à une comparaison «chiffres pour chiffres», la baisse «atteint 3,61 %», selon les mêmes sources.

Symbolique. «Le nombre d'actes de délinquance est repassé sous la barre des quatre millions», écrit Jean-Marc Leclerc, journaliste du Figaro (également membre du conseil d'orientation de l'Observatoire national de la délinquance, intronisé par le ministre de l'Intérieur, le 4 novembre dernier). Le seuil des quatre millions est un chiffre hautement symbolique : il avait été franchi à la hausse en 2001 par le gouvernement de Lionel Jospin avec 4 061 792 infractions. A l'époque, ce sombre bilan avait plombé le candidat PS à l'Elysée qui, en 1997, avait bombardé la sécurité au rang de seconde priorité du gouvernement après l'emploi (Libération du 29 janvier 2002).

Les chiffres que Nicolas Sarkozy doit présenter demain matin, lors d'une conférence de presse place Beauvau, confirmeraient le premier recul de l'insécurité enregistré depuis 1997. En 2002, la hausse était de 1,28 % contre 7,69 % en 2001 et 5,72 % en 2000. Autre «grande nouveauté», la baisse de la délinquance concerne aussi bien les zones urbaines - dévolues à la police nationale (2 830 000 faits enregistrés) - que rurales - où oeuvre traditionnellement la gendarmerie (environ 1 140 000 faits, selon l'évaluation du Figaro)."

    Jacky Durand, Libération, 13.1.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=170830    

Lire aussi l'article du Monde : Bilan en demi-teinte des chiffres de la délinquance en France, i la délinquance a diminué de 3,38 % en 2003 par rapport à 2002, les actes de violence contre les personnes marquent une hausse sensible de 7,30 %, en particulier les coups et blessures volontaires (+ 7,68 %), ainsi que les menaces et chantages, (avec AFP), 14.1.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-349152,0.html

 

 

 

 

 

Ce que perçoivent les chômeurs

 

Le régime d'assurance-chômage, qui indemnise plus de la moitié des chômeurs (53,7 %), leur verse des allocations dont le montant, calculé notamment en fonction du dernier salaire, varie de quelque 382 euros à quelque 2 329 euros par mois. Selon les statistiques de l'Unedic, qui portent sur la fin juin 2003, 95 % des chômeurs pris en charge par l'assurance-chômage percevaient une allocation mensuelle inférieure à 2 329 euros. 50 % touchaient moins de 1 097 euros par mois, 10 % moins de 510 euros par mois. et 5 % moins de 382 euros par mois.

Ceux d'entre eux qui vont basculer "en fin de droits" et relever soit du RMI soit de l'ASS, toucheront, dans le premier cas 411,70 euros par mois (pour une personne seule) et 406,80 euros par mois dans le second. Pour bénéficier de l'allocation spécifique de solidarité, un chômeur doit remplir une double condition : ne pas dépasser un plafond de ressources mensuelles de 949,20 euros pour une personne seule et de 1 491,60 euros pour un couple et justifier de cinq ans d'activité salariée dans les 10 ans précédant la fin de leur contrat de travail.

    Encadré, Le Monde, 30.12.2003.
Article principal : En 2004, des milliers de chômeurs vont perdre leurs droits, Claire Guélaud.
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-347417,0.html

 

 

 

 

 

RMI, ASS, AME  :
les dispositifs d'aide aux démunis limités

 

"Décidées par le gouvernement, les réformes de ces prestations seront appliquées en 2004

En dehors de l'assurance-chômage, dont les règles ont été modifiées par les partenaires sociaux en décembre 2002, trois autres dispositifs, dédiés aux publics en difficulté, subissent des transformations profondes, à l'initiative, cette fois-ci, du gouvernement : le revenu minimum d'insertion (RMI), l'allocation de solidarité spécifique (ASS) et l'aide médicale d'Etat (AME). De telles réformes vont bouleverser - et aggraver, selon de nombreuses associations - le quotidien de centaines de milliers de personnes en situation vulnérable."

    Bertrand Bissuel, Le Monde, 29.12.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-347418,0.html    

 

 

 

 

 

Plus de 200 000 personnes
vont être exclues de l'assurance-chômage
au 1er janvier

 

"La réforme du système d'indemnisation et le protocole spécifique aux intermittents du spectacle doivent entrer en vigueur à cette date. Radiés, ces demandeurs d'emploi disparaîtront des statistiques du chômage. Deux tiers d'entre eux passeront directement au RMI.

 

Les chiffres sont considérables. A compter du 1er janvier, 180 000 demandeurs d'emploi seront exclus de l'assurance-chômage en raison de la réforme du système d'indemnisation, selon des chiffres de l'Unedic. D'ici à 2006, le durcissement de l'indemnisation entraînera l'exclusion de 613 000 chômeurs, toujours selon les projections du régime d'assurance-chômage, géré par les partenaires sociaux.

Ces prévisions sont confirmées par la note de conjoncture de décembre de l'Insee. L'institut prévoit une baisse de 13 % du nombre des allocataires de l'Unedic dès janvier et précise que la proportion de chômeurs indemnisés tombera à 45 %, contre 53 % avant la réforme. Parallèlement, l'Insee prévoit que le nombre des demandeurs d'emploi va continuer à croître au premier semestre 2004, sans toutefois franchir les 10 % de la population active."

    Le Monde (avec Reuters), 29.12.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-347389,0.html

 

 

 

 

 

Les enfants de 4 à 14 ans passent un peu plus
de deux heures par jour devant la télévision,
soit deux fois moins que les plus de 50 ans

 

Il convient de rappeler qu'en termes de temps la télévision est le premier des loisirs à domicile des Français, le loisir n'excluant pas, bien entendu, la culture et la connaissance. C'est parce que la télévision est un loisir que sa consommation en dix ans est en progression constante et régulière dans le monde entier. Un Américain du Nord regarde en moyenne la télévision quatre heures par jour, un Européen la regarde un peu moins de trois heures et demi. En Asie pacifique le public y consacre un peu moins de deux heures et demi par jour. Au-delà des offres et des modes de vie différents de ces grandes zones géographiques, il est intéressant de remarquer que, quelle que soit la zone, près de la moitié de la population regarde la télévision à l'heure de grande écoute.

Les enfants de 4 à 14 ans passent un peu plus de deux heures par jour devant la télévision, soit deux fois moins que les plus de 50 ans. Ils regardent bien sûr plus la télévision qu'avant, mais ceci dans les mêmes proportions que leurs aînés : cette durée a augmenté de 10 % au cours des dix dernières années.

Première table ronde : quels contenus ?

Mme Jacqueline Aglietta, président-directeur général de Médiamétrie

In Rapport N° 352 - SÉNAT - SESSION ORDINAIRE DE 2002-2003
Annexe au procès-verbal de la séance du 11 juin 2003
RAPPORT D'INFORMATION FAIT au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le contenu des programmes de télévision, par M. Jacques VALADE,  Sénateur.
http://www.senat.fr/rap/r02-352/r02-3520.html

 

 

 

 

 

Un million d'enfants
vivent sous le seuil de pauvreté en France

 

Le rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) diffusé mardi préconise "un programme national de lutte contre la pauvreté des enfants", affirmant que "l'accent principal doit être mis sur l'amélioration de l'emploi" car "le chômage et le sous-emploi sont la cause première de la pauvreté en général et plus particulièrement de la pauvreté des enfants".

Un million d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté en France - qui correspond à la moitié du niveau de vie médian, soit environ 650 euros par mois - selon un rapport du Conseil de l'emploi, des revenus et de la cohésion sociale (CERC) diffusé mardi 17 février.

    Le Monde (avec AFP et Reuters), 17.2.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-353250,0.html

 

 

 

 

Après un léger recul de 1996 à 1999,
la pauvreté se stabilise

Une étude de l'Insee montre que l'amélioration
a surtout profité aux "actifs pauvres".

 

Une enquête de l'Insee ("De 1996 à 2000, la pauvreté relative baisse puis se stabilise", Insee première, n° 942), publiée mardi 23 décembre, illustre cette constante, même si le nombre de pauvres a un peu reculé entre 1996 et 1999, pour se stabiliser en 2000. Et sans doute repartir à la hausse en 2002.

En 1996, la France comptait 4,1 millions de personnes (7,2 % de la population) vivant sous le "seuil de pauvreté monétaire relative" (545 euros par mois pour une personne seule) ; quatre ans plus tard, 3,7 millions de personnes vivaient avec moins de 579 euros (personne seule) et de 869 euros (couple sans enfant), soit 6,5 % de la population. "Cette diminution s'est ralentie entre 1999 et 2000", notent les deux auteurs de l'étude.

Ces 3,7 millions d'individus avaient alors un niveau de vie représentant 50 % au maximum du niveau de vie médian (celui de la moitié de la population), qui était de 1 158 euros. En retenant un seuil de 60 %, l'Insee a évalué le nombre de pauvres à 7,6 millions en 1996 et à 7,3 millions en 2000. Que l'on retienne l'un ou l'autre critère, le recul de la pauvreté n'aura bénéficié qu'à 300 000 ou 350 000 personnes, un résultat modeste en période de forte croissance économique.

Jean-Michel Bezat, Le Monde, 27.12.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-347192,0.html     

 

 

 

 

Le nombre de sans-emplois
a peu augmenté en octobre,
mais la durée du chômage s'allonge

La France compte 2 440 000 demandeurs d'emploi,
dont 729 300 chômeurs de longue durée.

 

Comme l'espérait le ministre des affaires sociales, François Fillon, le taux de chômage, qui est passé de 9,6 % à 9,7 % en octobre, devrait rester en 2003 en dessous de la barre fatidique des 10 %. Les dernières statistiques du ministère, publiées vendredi 28 novembre, font état, en effet, d'une augmentation de 0,2 % (+ 4 300 personnes) du nombre des demandeurs d'emploi de catégorie 1."

    29.11.2003, Claire Guélaud, Le Monde, http://www.lemonde.fr/txt/article/0,1-0@2-3224,36-343795,0.html    

 

 

 

 

Après deux années de baisse,
le nombre de RMistes a augmenté en 2002

 

Six millons de personnes vivent actuellement grâce au minima sociaux. Selon une étude de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la santé publiée le 23 décembre, près de 3,3 millions de personnes bénéficiaient, entre autres, du revenu minimum d'insertion (RMI) ou de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS), fin 2002, soit 6 millions (enfants et conjoints des bénéficiaires compris). En léger recul (- 0,4 %) par rapport à la fin 2001, le nombre d'allocataires des minima sociaux connaît cependant des évolutions contrastées selon les prestations.

Alors qu'il avait diminué en 2000 et 2001, le nombre des RMistes (30 % des allocataires de minima) est reparti à la hausse à partir du deuxième trimestre 2002, progressant de 1,3 % sur l'année. Cette augmentation s'est poursuivie au début de 2003. En juin 2003, ils étaient environ 1,07 million dont 965 000 en métropole. Les moins de 30 ans sont les premiers touchés par ce renversement de tendance, ne disposant souvent pas de durées de cotisations suffisantes pour bénéficier de droits à l'assurance chômage.

    Laetitia Van Eeckhout, Le Monde, 24.12.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3224,36-346892,0.html    

 

 

 

 

6,7 millions d'arrêts maladie en 2000

 

74 % des arrêts maladies sont prescrits par les médecins généralistes. Quand les salariés de moins de 40 ans consomment en moyenne 28 jours d'arrêt maladie par an, les plus de 50 ans en totalisent 67. Les 40-45 ans, eux, se sont vus prescrire 45 jours par an. 31 % des arrêts durent moins de 15 jours, 38 % de 1 à 6 mois, 5,2 % de 6 mois à un an, et 4,5 % plus d'un an. En tout, 6,7 millions d'arrêts de travail ont été distribués en 2002 (chiffres extraits du rapport de l'Igas).

    Libération, 15.12.2003, http://www.liberation.fr/page.php?Article=165122    

 

 

 

 

Un quart des Français
a consommé des psychotropes en 2000

 

Selon la Cnam, près de 25% des 41 millions d'assurés sociaux ont bénéficié au moins une fois du remboursement d'une prescription de psychotropes en 2000.

On savait que les Français étaient les plus grands consommateurs de psychotropes en Europe. La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) confirme. Plus de 150 millions de boîtes de psychotropes ont été remboursées en 2002 pour les assurés du régime général (hors fonctionnaires et étudiants). Ce qui représente une dépense de remboursement de  plus de 950 millions d'euros (+6,5% par rapport à 2001).

 

11% d'utilisateurs réguliers

D'après une étude, réalisée en 2000 à partir d'un échantillon représentatif de 4 millions de personnes, la Cnam affirme que près de 25% des 41 millions d'assurés sociaux relevant du régime général ont bénéficié au moins une fois du remboursement d'une prescription de psychotropes cette année-là. 11% sont des utilisateurs réguliers (plus de 4 remboursements par an).

Par ailleurs, note la Cnam, 9,7% des assurés se sont fait rembourser des antidépresseurs, soit nettement plus que le nombre de personnes considérées dépressives : 4,7% de la population, selon les estimations. Selon l'enquête, les psychotropes les plus utilisés sont les anxiolytiques (17,4% de la  population a bénéficié d'une prescription d'anxiolytiques au moins une fois dans l'année) suivis notamment des antidépresseurs (9,7%), des pilules pour dormir, les hypnotiques (8,8%), des neuroleptiques (2,7%).

 

Mise en garde

D'une façon générale, cette consommation "augmente avec l'âge" et elle est plus importante chez les femmes que chez les hommes de plus de 70 ans. "L'augmentation de la consommation de psychotropes avec l'âge ne repose sur aucune donnée médicale", s'inquiète toutefois l'assurance maladie d'autant qu'"on estime qu'ils sont responsables d'environ 20 à 30% des chutes des personnes âgées", qu'ils peuvent occasionner des troubles confusionnels et, pour certains d'entre  eux, des effets secondaires cardiaques.

    LCI, 7 novembre 2003, http://np.www.lci.fr/news/sciences/0,,1450494-VU5WX0lEIDUy,00.html    

 

 

 

 

La pauvreté recule en France
mais touche plus de retraités

 

Le nombre d'actifs pauvres (disposant d'un emploi ou chômeurs) a diminué de 17 % entre 1996 et 2000, relève l'Insee, dans son édition 2003 de "France, portrait social" publiée ce jeudi. En revanche, parmi les inactifs pauvres, les retraités pauvres ont constitué une population en expansion constante depuis 1996. De même, les effectifs des familles monoparentales et des adultes handicapés, et dont le taux de pauvreté est très élevé - de l'ordre de 15 % - ont crû sur la même période

La pauvreté a touché moins de personnes en 2000 qu'en 1996, un phénomène marqué par une baisse importante du nombre des "actifs pauvres" mais aussi par une hausse des retraités pauvres, selon l'édition 2003 de "France, portrait social", publiée jeudi 30 octobre par l'Insee.

En 1996, la France métropolitaine comptait près de 4,1 millions de personnes sous le seuil de pauvreté, soit 7,2 % de la population ; elles n'étaient plus que 3,7 millions en 2000, soit 6,5 %. Le seuil de pauvreté, qui se situe à 50 % de la médiane des niveaux de vie et progresse donc en fonction de ces derniers, s'établissait en 1996 à 545 euros par mois pour une personne seule, et à 579 euros en 2000, soit une augmentation de 6 %.

    Le Monde.fr (avec AFP), 30.10.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-340042,0.html    

 

 

 

 

Accidents de la route

http://www.interieur.gouv.fr/rubriques/a/a3_statistiques

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serguei        Le Monde        31.12.2003

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Probablement moins de 6 000 tués en 2003 :

Les automobilistes
ont modifié leur attitude au volant.
Le nombre de tués sur la route
a baissé de 23 % entre 2002 et 2003.

 

Le nombre de morts sur les routes françaises devrait être nettement inférieur à 6 000 en 2003, selon l'Observatoire national interministériel de sécurité routière. Si l'on considère les onze premiers mois de 2003 par rapport à la même période en 2002, le nombre d'accidents corporels a diminué de 18 %, le nombre de tués de 22 % et celui des blessés de 20 %.

500 000 personnes ont perdu la vie sur les routes depuis quarante ans, et 11 millions ont été blessées. Depuis 1972 (où un pic de 16 545 morts a été atteint), le nombre de victimes enregistre une lente décrue. En 2001 la France détenait le record d'Europe du nombre de tués sur la route rapporté à sa population, soit 138,2 morts pour 1 million d'habitants. Le Royaume-Uni a, quant à lui, le taux le plus faible (60,2 tués pour 1 million d'habitants).

Le Monde, encadré, 31.12.2003.
Article principal :
Les conducteurs ont changé de comportement sur les routes, Philippe Bernard, Le Monde, 31.12.2003
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-347506,0.html    

Lire aussi :

Avec 5 732 personnes tuées, la mortalité sur les routes françaises a diminué de 21 % en 2003 : 1 510 vies sauvées, des accidents (- 17,5 %) et des blessés (- 19,4 %) en baisse : en dévoilant ce bilan lors de ses vœux à la presse, lundi 12 janvier, M. Raffarin a salué "les efforts" des Français, Philippe Bernard, Le Monde, 14.1.2003, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-348952,0.html

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pessin        Le Monde        7.2.2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plus de 3 000 personnes âgées
se suicident chaque année en silence

A l'occasion
des Journées nationales pour la prévention du suicide,
des médecins de l'hôpital Valvert de Marseille
expliquent comment resocialiser les anciens en mal de vivre

 

Reportage

 

"La personne âgée déprimée ne gêne personne tant qu'elle ne s'agite pas..."

Plus d'une fois, dans sa petite chambre de la maison de retraite, elle y a pensé. Cacher ses somnifères, dans la boîte à pilules, pour les avaler tous d'un coup, et tout oublier. Institutrice à la retraite, très active toute sa vie, Marie, à 70 ans, ne supportait plus de traîner sa vieillesse comme une maladie "honteuse".

Parce qu'on lui interdisait de fumer, de sortir. Et d'aimer. Affaiblie par des problèmes de santé, ses fils s'éloignant, elle avait choisi d'aller en institution. Elle y avait rencontré "un amoureux", son voisin de chambre. Ils avaient uni leurs solitudes. "Avec lui, je discutais de tout, il me donnait de l'affection, sourit-elle, tristement. Et puis, un jour, la directrice nous a vus faire un bisou. Ça ne lui a pas plu. Alors elle m'a demandé de partir. C'était choquant de faire ça à mon âge..." Ce qui l'a "sauvée" ? L'hôpital Valvert, à Marseille, qui l'accueille en journée deux fois par semaine – le premier en France à avoir créé un service de géronto-psychiatrie. "Ils sont encore rares sur le territoire, à l'image du peu d'intérêt que la société, qui hypervalorise l'image de la jeunesse, porte aux personnes âgées", regrette le chef de service, René Arnaud-Castiglioni, intervenant aux Journées nationales pour la prévention du suicide, qui devaient s'achever vendredi 6 février, à Toulon (Var).

Mais combien sont-elles, ces personnes âgées qui n'ont pas la force d'aller jusqu'au bout ? 3 232 de plus de 65 ans, sur 10 837 cas en 2000. Quand le suicide des jeunes bouleverse, indigne, celui de leurs aînés suscite plus de fatalisme, alors que la France est l'un des pays européens où les vieillards se suicident le plus. La pendaison, l'arme à feu ou la noyade comme seules issues. Une mort radicale, après une première tentative souvent fatale, tandis que, chez les jeunes garçons de 20 ans, par exemple, on compte 22 tentatives pour un suicide "réussi".

    Delphine Saubaber, Le Monde, 7.2.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-351960,0.html

 

 

 

 

Mortalité par suicide chez les jeunes
en France en 1997 et évolution depuis 1980

http://www.invs.sante.fr/beh/2000/0009/    

 

 

 

 

France > indicateurs économiques

http://www.finances.gouv.fr/minefi/chiffres/index.htm

http://www.finances.gouv.fr/minefi/publique/budget_etat/index.htm    

 

 

 

 

La France en faits et chiffres

http://www.insee.fr/fr/ffc/liste_theme.asp?theme_id=3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancho        Le Monde        4.2.2004

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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