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France > Police / Justice > Prison, Histoire, origine des détenus, erreur judiciaire...
Six accusés d'Outreau disculpés par la principale accusatrice
19/11/2005 07h14
PARIS (AFP) - La principale accusatrice de l'affaire de
pédophilie d'Outreau, Myriam Badaoui, a avoué vendredi avoir "menti" et a
disculpé les six accusés rejugés par la cour d'assises de Paris, donnant le coup
de grâce à une accusation déjà très chancelante. Condamnée à 15 ans de prison pour le viols de ses fils, Myriam
Badaoui, 39 ans, avait retiré ses accusations au début du procès de Saint-Omer
avant de réaccuser les mis en cause, perdant toute crédibilité. "A quel moment
doit-on vous croire?", lance la présidente. "Maintenant", lui répond Myriam
Badaoui qui se présente comme une victime, obligée d'"obéir" à un mari violent.
"Il faut que le juge assume aussi des choses. C'est facile de tout mettre sur
mon dos", s'agace devant la cour celle qui a été considérée comme une
"auxiliaire" du juge par la défense. Ses anciens voisins Aurélie Grenon, 25 ans
(condamnée à quatre ans de prison) et David Delplanque, 32 ans, ont eux aussi
accablé le juge "qui reposait toujours la même question jusqu'à" ce qu'ils
changent leur version. "Je les ai inculpés (sic) pour rien. Leur demander pardon
c'est pas la peine, ils en voudront pas", a ajouté David Delplanque. Six accusés d'Outreau disculpés par la principale accusatrice, AFP, 19/11/2005 07h14, http://www.afp.com/francais/news/stories/051119071458.7bkf83ui.html
Procès d'Outreau :
18.11.2005 | 13h42 • Mis à jour le 18.11.2005 | 13h42
D'où est-il parti ? De la gauche, où siègent les avocats généraux, des bancs de droite, où sont regroupés les avocats de la défense, des rangs serrés du public ou de la tribune occupée par la cour et les jurés ? Jeudi 17 novembre, un fou rire irrépressible, libérateur, a saisi la cour d'assises de Paris. A la barre, Christine Condamin, l'une des multiples experts qui avaient été chargés à Saint-Omer (Pas-de-Calais) de l'examen psychologique des enfants d'Outreau, afin de déterminer s'ils présentaient "un traumatisme psychique en lien avec une agression de nature sexuelle", rendait compte de ses conclusions concernant l'un des garçons accusateurs de Dominique Wiel. Avec un infini sérieux, elle tirait de ses dessins d'un
"papillon avec des trous", d'un poisson, de "deux ours qui saignent parce qu'ils
se sont battus" ou d'une "tête de Martien, avec un drôle de nez", des
conclusions définitives selon lesquelles l'enfant présentait des signes de
"victime d'abus sexuels". Le micro resté ouvert de la présidente a renvoyé
l'écho d'un premier fou rire. Mais c'est le très officiel "test du dessin qui
n'est pas beau" qui a emporté les ultimes résistances de la salle. Louche,
forcément louche pour "le contenu intropsychique de l'enfant" était cette
"musaraigne à grosse queue, relevée vers le haut et proéminente". Pendant
quelques secondes, l'affaire d'Outreau fut cette houle convulsive, secouant la
salle d'audience et s'abattant sur une petite femme pointue, stupéfaite. Procès d'Outreau : les experts en psychologie mis à la question par la cour d'assises de Paris, Le Monde, 18.11.2005 | 13h42 • Mis à jour le 18.11.2005 | 13h42, Article paru dans l'édition du 19.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-711672@51-705791,0.html
A Nancy,
10.11.05 | 15h45 • Mis à jour le 10.11.05 | 15h45
Le tribunal administratif de Nancy a fait droit, mercredi 9 novembre, à la requête en "référé constat" introduite par un détenu de la maison d'arrêt Charles-III, qui souhaitait qu'un expert soit mandaté pour décrire "avec précision" ses conditions de détention, qu'il juge "épouvantables".
Une procédure similaire, déposée concomitamment par un prévenu
incarcéré au centre pénitentiaire de Metz-Queuleu (Moselle), est pendante devant
le tribunal administratif de Strasbourg.
"LES NORMES SONT VIOLÉES" "Toutes les obligations et normes en vigueur sont violées de
manière flagrante par l'administration" , considèrent Mes Glock et Boh-Petit,
qui ne cachent pas leur intention, si l'expert devait confirmer leurs
observations, d'engager une procédure en indemnisation pour "conditions de
détention dégradantes" . "La saleté, la surpopulation et la misère s'ajoutent à
l'option du tout-répressif , précise Me Liliane Glock. La prison est devenue la
banlieue des banlieues avec une possibilité que les mêmes causes produisent les
mêmes effets." A Nancy, un détenu obtient qu'un expert examine ses conditions de vie en prison, Nicolas Bastuck, Le Monde, 10.11.2005 | 15h45 • Mis à jour le 10.11.2005 | 15h45, Article paru dans l'édition du 11.11.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-708819@51-681037,0.html
Tableau plus noir derrière les barreaux
En deux ans, la situation carcérale a empiré, selon l'Observatoire international des prisons.
Vendredi 21 octobre 2005
«Les raisons de se laisser gagner par le découragement sont
innombrables mais il y en a une assez forte pour les combattre toutes : les
responsables de cette détestable politique pénitentiaire, eux, ne sont pas
découragés. Ils persistent.» Ces mots commencent le deuxième rapport de
l'Observatoire international des prisons (OIP), publié hier (1). Le précédent,
en 2003, dressait un état des lieux très sombre d'une institution minée par la
surpopulation. En deux ans, la situation n'a fait qu'empirer, constate l'OIP,
qui passe en revue tous les aspects de la vie carcérale. Tableau plus noir derrière les barreaux, Libération, 22.10.2005, http://www.liberation.fr/page.php?Article=332686
Les signalements de dérapages policiers en forte augmentation
Lundi 18 mars 2005
Les incidents signalés à la Commission nationale de
déontologie de la sécurité (CNDS), notamment ceux mettant en cause des
policiers, ont augmenté de 38 % en 2004, selon le rapport annuel de cet
organisme indépendant publié lundi 18 avril.
"ESCALADE DE LA RÉPRESSION" La commission a noté en 2004 une augmentation des affaires
ayant pour origine une infraction contestée au code de la route qui ont dégénéré
et donné lieu à une "escalade de la répression" (procédure d'outrage, conduite
au commissariat). En 2004, elle avait déjà demandé "des réformes de structure importantes", notamment un meilleur encadrement des jeunes policiers inexpérimentés appelés à intervenir dans les quartiers "sensibles". Deux syndicats de police, Alliance et Synergie officiers, avaient alors rejeté ces conclusions et estimé que la plupart des plaintes provenaient de "délinquants tentant de minimiser leur responsabilité pénale". Le Monde, avec AFP et Reuters, 18.4.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-640055,0.html
A l'innocent les mains vides Accusé de viol, Kamel Oueslati est blanchi en 2004 après 5 ans de prison; une erreur judiciaire estimée à... 65 000 euros. Oubliée, la compassion de Perben après l'affaire des acquittés d'Outreau.
Lundi 7 mars 2005
Souvenez-vous, c'était le 2 juillet. Solennel, Dominique
Perben déclarait face à une nuée de caméras : «J'ai été bouleversé, comme
beaucoup de Français, par cette accumulation de souffrances qu'a révélée le
procès d'Outreau.» Le 27 septembre, il tombe dans les bras des innocentés de
cette catastrophe judiciaire reçus avec tous les honneurs et leur promet 100
000 euros chacun. Un simple acompte en réparation de leurs «souffrances», en
attendant les transactions sur le million qu'ils réclament. Des gestes
symboliques censés mettre du baume au coeur de toutes les victimes d'erreurs
judiciaires. Source : 7.3.2005, Dominique Simonnot, Libération, http://www.liberation.com/page.php?Article=280463
Portrait Un juge s'en va Jusqu'au 17 janvier, Laurent Lèguevaque était juge d'instruction à Tours. En démissionnant, fait très rare dans la magistrature, ce franc-tireur de 38 ans entend dénoncer les raideurs du monde judiciaire.
Au bas de sa lettre de démission, adressée au garde des
sceaux, il a écrit : "En vous priant de croire, Monsieur le Ministre, à ma
considération républicaine et distinguée", sans doute pour ajouter à son acte
une pincée de solennité. Au président du tribunal de grande instance de Tours,
dont il était jusqu'alors l'un des trois juges d'instruction, il a simplement
dit : "Je m'en vais." C'était le lundi 17 janvier au matin. Il a rendu son
téléphone portable, son trousseau de clés et sa carte professionnelle, puis il
est rentré chez lui et s'est préparé un café. Laurent Lèguevaque a cessé d'être
magistrat comme on passe une porte : en quelques pas ordinaires, sans avoir
l'impression d'accomplir un acte héroïque ni de devenir différent. "Je me sens
seulement plus libre, confie-t-il à présent. Incroyablement libre." Le conformisme vestimentaire de ses collègues l'agace. La déférence recommandée
pour s'adresser à la hiérarchie l'insupporte. "La courtoisie avec les mis en
examen, elle, peut vous être reprochée, remarque-t-il. Un jour, un collègue m'a
dit avec horreur : "Comment fais-tu pour serrer la main d'un violeur d'enfant ?"
Je lui ai répondu : "Je demande qu'on lui enlève ses menottes."" Ça ne l'a pas
fait rire du tout." Hervé Gattegno, Le Monde, 30.1.2005, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3230,36-396132,0.html
Arnaud Montebourg, député PS, commente les
nominations
Elles avaient beau être moquées et critiquées, le Conseil des
ministres a entériné hier matin des nominations très politiques aux plus hauts
postes de la justice. Jean-Louis Nadal, le procureur général de Paris, remplace
Jean-François Burgelin qui part à la retraite comme procureur général près
la Cour de cassation. Yves Bot, après à peine deux ans au parquet de Paris, est
propulsé procureur général de Paris. Deux magistrats dont les compétences sont
certes reconnues par tous. Mais cette valse de hauts procureurs est sujette à
d'innombrables soupçons de mainmise du pouvoir politique sur le judiciaire en
général, et sur la justice parisienne en particulier.
Avec les nominations annoncées aujourd'hui aux plus hauts postes de la
justice, a-t-on fait un pas de plus vers l'«Etat-UMP» ?
Pourquoi cette «attention» portée au CSM ?
Comment analysez-vous les nominations d'aujourd'hui ?
Marc Moinard, ancien directeur des affaires criminelles et des grâces et
actuel procureur général de Bordeaux, serait aussi pressenti pour être
secrétaire général du ministère de la Justice... Dominique Simonnot, Libération, 21.10.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=247763
Pancho Le Monde 28.9.2004
Reçus par M. Perben,
Ces sept hommes et femmes, dont six ont effectué de longues détentions avant d'être innocentés, réclament une indemnisation par l'Etat pour le préjudice subi. Plutôt qu'une procédure pour faute lourde, hasardeuse, ils souhaitent obtenir un accord direct avec le ministère de la justice. D'abord , la symbolique. Les sept acquittés du procès pour pédophilie d'Outreau doivent être solennellement reçus lundi 27 septembre à la chancellerie, par le garde des sceaux, Dominique Perben. Leurs avocats, qui ont réclamé des "excuses" de l'Etat, les avaient précédés Place Vendôme, le 2 septembre. La question de la faute de l'Etat. Nous venons d'abord pour obtenir la reconnaissance officielle, par la nation, d'une injustice", expliquent les défenseurs des acquittés. Dès le verdict de la cour d'assises de Saint-Omer tombé, le 2 juillet, l'Etat avait adressé un geste à cette modeste troupe de vies brisées. M. Perben leur a fait part de sa "compassion" et de ses "regrets". Puis, le 6 juillet, le ministre de la justice a promis qu'il y aurait des sanctions "si des fautes lourdes" étaient établies dans l'étude du dossier. Le 14 juillet, le chef de l'Etat déclarait à son tour lors de son intervention télévisée : "Que des gens aient été incarcérés pendant un grand nombre de mois pour être finalement reconnus non coupables, c'est inadmissible et (...) profondément choquant." Pour justifier leur demande de réparation, les avocats des acquittés s'appuient sur ces déclarations de Jacques Chirac : "La justice, si elle a fait des erreurs, doit payer elle-même, et cher", avait soutenu le président de la République, douze jours seulement après le verdict. L'heure, cependant, n'est pas à la reconnaissance d'une faute. Le garde des sceaux a indiqué vouloir, lundi, "écouter" ces sept personnes accusées à tort et témoigner de l'attention portée par la chancellerie à leur souffrance. Mais M. Perben souhaite aussi prendre le temps nécessaire pour tirer les leçons d'une affaire complexe, sur laquelle ont travaillé 200 acteurs de l'appareil judiciaire dont plus de 50 magistrats. En optant pour la prudence, M. Perben se démarque de la stratégie qu'avait adoptée en mars 2001 la ministre de la justice d'alors, Marylise Lebranchu, dans l'affaire des disparues de l'Yonne. Tout en choisissant, exceptionnellement, de rendre public un rapport de l'inspection générale des services judiciaires, l'ancienne ministre de la justice avait d'emblée reconnu "un fonctionnement défectueux de l'institution" et engagé plusieurs poursuites disciplinaires contre des magistrats devant le Conseil supérieur de la magistrature. Cependant, l'affaire n'est pas close et les parties civiles n'ont pas encore assigné l'Etat pour dysfonctionnement de la justice. (...) Nathalie Guibert et Acacio Pereira, Le
Monde, 28.9.2004,
Philippe
Valent,
«Depuis 1998, mon client vit isolé. D'abord à Angoulême, où il pouvait voir sa femme, incarcérée dans la même ville. C'est son seul lien affectif, vite rompu. Il a été transféré à la Santé puis à Fresnes, où il est aujourd'hui. Je le vois régulièrement. Il vit au cachot, comme au Moyen Age, selon des règles hors normes dont nul ne se préoccupe. Je passe sur l'hygiène. Si ce n'est l'obligation de dormir la tête à 30 cm de WC à la turque. Il est malade, mais n'a jamais pu aller à l'infirmerie puisqu'il faudrait au moins deux surveillants pour l'y accompagner. Il doit se contenter de la visite médicale hebdomadaire. Pas un membre de la pénitentiaire ne traiterait plus mal son chien. Et les soins dentaires ! L'autre jour, je lui propose un chewing-gum, il refuse, sort de sa bouche des sortes de dents. En fait, des boules de cire qu'il a façonnées pour faire comme s'il avait des dents. Un autre exemple ? A la Santé, lors d'un hiver très froid il n'avait pas de veste et l'aumônier lui a offert un blouson bleu marine. Refusé, car il était de la même couleur que l'uniforme des surveillants. Il a continué de grelotter. Pour l'administration, céder à une demande d'un isolé, c'est se laisser marcher sur les pieds. Ces brimades, ces humiliations, brisent le moral. C'est pathétique, scandaleux. Comme le renouvellement tous les trois mois, depuis six ans, de cet isolement. Sans aucun élément et pour les mêmes motifs depuis six ans, «dangereux, risque d'évasion». Sans que jamais celui qui signe ce renouvellement ait rencontré mon client. Sans qu'aucune règle soit respectée. Il en est venu à refuser d'entamer une procédure contre cet isolement. Pour lui, réclamer ce serait s'humilier. On fait de lui quelqu'un qui refusera la main tendue, si un jour elle se tend.» Dominique Simonnot, Libération, 6.9.2004, http://www.liberation.com/page.php?Article=236517 Articles corollaires : http://www.liberation.com/page.php?Article=236517 http://www.liberation.com/page.php?Article=236518
La prison de Nancy "sourde et aveugle"
En détention provisoire, Johnny Agasucci a été battu à mort par deux codétenus, dont l'un devait être jugé en septembre pour des faits de barbarie commis au sein de la même maison d'arrêt. C'est le neuvième homicide commis en cinq ans dans des prisons françaises surpeuplées. Johnny Agasucci, 26 ans, en détention provisoire à la maison d'arrêt Charles-III de Nancy, a été battu à mort par ses deux codétenus, dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 août. Le principal suspect de ces violences devait être jugé en septembre pour une précédente affaire d'actes de barbarie commis contre un détenu de la même prison. La mère de la victime avait constaté, le 18 août, que son fils semblait déjà très marqué par des violences. "Que chacun prenne ses responsabilités, déclare un avocat : ceux qui les ont mis ensemble, ceux qui ne les ont pas surveillés, ceux qui ne les ont pas vus, ceux qui ne les ont pas entendus." Ce meurtre est le 9e commis entre détenus en cinq ans. L'insécurité qui règne dans les prisons, dénoncée par plusieurs rapports, est aggravée par la surpopulation carcérale. Le drame est survenu dans la nuit du mardi 24 au mercredi 25 août, au premier étage de la maison d'arrêt Charles-III de Nancy (Meurthe-et-Moselle). Une prison ancienne du centre-ville où les murs sont si épais qu'on n'y a pas entendu les cris de Johnny Agasucci, 26 ans, battu à mort par ses deux codétenus. Selon le médecin légiste, le décès serait survenu entre 22 heures et 23 heures. Mais ce n'est qu'à 2 heures du matin que Sébastien Schwartz, 18 ans, et Sébastien Simonnet, 28 ans, ont donné l'alerte. Ce dernier, condamné à plusieurs reprises pour des actes de violences, devait comparaître en septembre devant la cour d'assises de Meurthe-et-Moselle pour des faits de "torture et actes de barbarie en réunion" dénoncés par un ancien codétenu, en 1999, dans la même prison. Quand les surveillants ont fait irruption dans la cellule, ils ont été épouvantés devant ce corps ensanglanté, rendu méconnaissable à force de coups. "Un policier m'a dit que mon fils avait été massacré", rapportait, vendredi 27 août, Liliane Meyer, la mère de la victime, femme de ménage à Sarrebourg (Moselle). "Ils l'ont frappé jusqu'à ce qu'il meure, et personne n'a rien entendu : ni le surveillant de l'étage, ni les occupants des cellules voisines. Il est mort d'une accumulation de coups. Les responsabilités réciproques ne sont pas encore établies", a déclaré, vendredi, M. Michel Senthille, procureur de Nancy, qui a qualifié cette affaire de "gravissime". Les codétenus ont été mis en examen pour "homicide volontaire précédé d'actes de torture et de barbarie"et transférés dans d'autres établissements.
"DES BLEUS AVEC UNE ANGINE" Dès le lendemain du drame, deux inspecteurs de l'administration centrale pénitentiaire se sont rendus à la prison pour ouvrir une enquête administrative tandis que la police judiciaire de Nancy entendait les détenus, les surveillants et même le juge d'instruction messin qui avait demandé le placement en détention provisoire de Johnny Agasucci, il y a trois mois, dans le cadre d'une affaire de trafic de stupéfiants impliquant également son frère aîné. Sa dernière audition devant ce juge avait eu lieu le 18 août. "Il était pâle, amaigri, avec des bleus au visage et plusieurs dents cassées. Il pouvait à peine parler, marchait comme un vieillard et avait le cou tout gonflé", relate la mère de la victime, présente lors de cette confrontation. "Je lui ai dit : 'Johnny, ça va ?' Il m'a répondu : 'Oui, oui, c'est juste une angine.' Mais moi, je sais bien qu'on attrape pas des bleus avec une angine. Le juge lui a demandé ce qui était arrivé. Johnny a répondu qu'il avait été pris dans une bagarre pour une histoire de cigarettes. Il lui a proposé de changer de prison, mais mon fils a dit : 'Non, non, ça ira...' Johnny, il garde tout à l'intérieur." Johnny Agasucci partageait avec deux autres détenus une cellule prévue pour six. En mai, le dossier sur les violences commises en prison par Sébastien Simonnet avait été appelé devant la cour d'assises puis finalement renvoyé en raison d'un nombre trop important de témoins. Selon Me Hélène Strohmann, son avocate, Sébastien Simonnet supportait mal le report de ce procès et la lenteur de la procédure, initialement classée par le parquet. S'agissant du meurtre de Johnny Agasucci, Me Strohmann indique qu'il existait entre son client et la victime une "incompatibilité de personnalités". "Cela a débouché sur cette rixe et le drame que l'on sait", a-t-elle déploré. Sébastien Simonnet aurait demandé à être séparé de Johnny Agasucci, peu après son arrivée. "Manifestement, celui-ci avait déjà été battu. Vu ce qu'on lui reproche, mon client craignait qu'on lui mette ça sur le dos", rapporte Me Strohmann. "Nous n'avons été saisis d'aucune demande - de changement de cellule -, écrite ou orale", s'est défendu le procureur. Mais vendredi 27 août, les avocats de toutes les parties s'interrogeaient sur l'absence de précautions de l'administration pénitentiaire, compte tenu des antécédents de Sébastien Simonnet. Le parquet de Nancy a fait valoir que l'intéressé, qui avait été remis en liberté en cours d'instruction avant d'être réincarcéré en 2002 pour des vols, ne "s'était pas fait remarquer défavorablement", depuis son retour en prison.
"LA TAILLE DES SERVIETTES" Me Gérard Michel, l'avocat du deuxième codétenu, Sébastien Schwartz, 18 ans, condamné pour des vols de voitures et théoriquement libérable en mai 2005, dénonce un "dysfonctionnement général du système pénitentiaire". "Comment peut-on mettre dans la même cellule un gosse condamné pour un petit délit avec un homme accusé d'actes de torture et de barbarie ? Mon client était détenu pour vol, le voici impliqué dans un meurtre ! Sans parler de la victime, qui ressort de prison dans un cercueil. A présent, que chacun prenne ses responsabilités : ceux qui les ont mis ensemble, ceux qui ne les ont pas surveillés, ceux qui ne les ont pas vus, ceux qui n'ont rien entendu." Lucien Agasucci, le père de Johnny, actuellement au chômage, explose : "Cette histoire, c'est une bavure judiciaire et administrative ! On a mis un agneau avec des loups et voilà ! Mais ça ne se passera pas comme ça. On va porter plainte, on va se battre !" Il s'indigne : "Où étaient les gardiens ? Et les rondes de nuit, à quoi elles servent ? J'ai fait de la taule, j'ai pas honte de le dire, je connais les lois de la prison. Si tu l'ouvres, on te mate. Mon aîné, c'est un caïd, il sait se défendre, mais Johnny, c'était plutôt le genre souffre-douleur..." Représentante locale de l'Observatoire international des prisons (OIP), Me Dominique Boh-Petit fustigeait vendredi une "administration sourde et aveugle". "A la prison de Metz, une note interne vient de sortir interdisant aux détenues de porter des claquettes et de détenir des serviettes en éponge de plus de 120 cm. Au lieu de mesurer la taille des serviettes, l'administration ferait mieux d'assurer la sécurité des personnes qui lui sont confiées." Nicolas Bastuck et Monique Raux, Le Monde, 29.8.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-377007,0.html
Huit homicides précédents en cinq ans
20 septembre 1999 : un détenu du centre de détention de Nantes est étranglé par un autre prisonnier, dans une aile de la prison réservée aux condamnés pour des affaires de mœurs, en difficultés psychiques ou qui font l'objet de menaces. 25 décembre 2000 : un Croate de 54 ans tue son codétenu, un Serbe de 50 ans, à coups de tabouret à la maison d'arrêt de Nice (Alpes-Maritimes). "Je ne le supportais plus", a expliqué le prisonnier aux gardiens. 8 février 2001 : Nicolas Eichacker, 23 ans, étrangle avec une cordelette son codétenu, Pascal Froidefond, 35 ans, à la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). Dans leur cellule de 9 m2, les codétenus avaient ingéré un mélange de médicaments et s'étaient disputés. 15 mars 2001 : Michel Lestage passait sa dernière nuit en prison lorsqu'il a été tué par son codétenu, Guislain Yakoro, à la maison d'arrêt de Gradignan (Gironde). Ce dernier, atteint de troubles psychiatriques avérés, sortait d'un séjour de trois semaines au quartier disciplinaire pour avoir sauvagement agressé son précédent codétenu. 4 décembre 2002 : condamné à deux mois de prison pour vol avec violence, Christian Abbest est retrouvé mort dans la cellule de la maison d'arrêt de Saint-Paul (Rhône) qu'il partageait depuis le début de l'après-midi avec Sergio Savorani, atteint de graves troubles mentaux, retrouvé pendu dans sa cellule quelques jours plus tard. 15 février 2003 : un détenu de 25 ans est égorgé dans un couloir du centre de détention de Salon-de-Provence, lors d'une rixe qui avait éclaté pour un motif futile. 15 septembre 2003 : un détenu de 19 ans de la maison d'arrêt de Metz-Queuleu (Moselle) tue son compagnon de cellule après une dispute concernant le choix du programme de télévision. La victime, condamnée pour des délits mineurs, était libérable au 1er octobre. 4 juillet 2004 : un détenu de 36 ans de la maison centrale de Saint-Maur (Indre) attire dans sa cellule un codétenu qui lui distribuait le dîner, lui fracasse le crâne à l'aide d'un cendrier, puis, dans un acte de cannibalisme, commence à lui manger la cervelle. Il avait été condamné, en mars 2000, pour des faits déjà accompagnés d'actes de barbarie et de cannibalisme. Encadré de l'article de Nicolas Bastuck et Monique Raux, Le Monde, 29.8.2004, http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3226,36-377007,0.html
Une prison
sous le choc
Détenus et surveillants de la prison de Saint Maur (Indre) sont sous le choc, après l'agression d'une exceptionnelle gravité qui s'est produite dimanche 4 juillet dans l'établissement. L'un des prisonniers de la maison centrale a été mis en examen, mardi 6 juillet, à Chateauroux, pour "meurtre accompagné d'actes de barbarie", "violence ayant entraîné une incapacité temporaire de travail supérieure à huit jours avec armes" et "violence avec arme n'ayant pas entraîné d'incapacité sur fonctionnement pénitentiaire". En début de soirée, dimanche, l'homme a attiré dans sa cellule située au deuxième étage un codétenu, lui a fracassé le crane à l'aide d'un cendrier, puis dans un acte de cannibalisme, a commencé à lui manger la cervelle. Le drame s'est produit alors que deux détenus, accompagnés de deux surveillants, se trouvent devant la porte ouverte de la cellule pour la distribution du diner. L'agresseur, âgé de 36 ans et de forte stature, a maîtrisé l'un des codétenus en le blessant grièvement, et a saisi le second avant de le frapper à mort. Les deux surveillants sont aussitôt partis chercher du renfort. A leur retour, la victime était morte. Tandis qu'une enquête judiciaire était ouverte, l'administration pénitentiaire a dépêché une inspection, lundi et mardi. Les personnels ont été examinés par des psychologues. Le service medico-psychologique régional a également été proposé aux détenus, que plusieurs d'entre eux ont accepté. Au total, sept médecins ont été mis à la disposition des témoins directs ou indirects de la scène. Les syndicats de surveillants font état de personnels "traumatisés". L'agresseur purge une peine de trente ans de réclusion criminel. il a été condamné pour meurtre par la cour d'assises de la Corrèze en mars 2000, pour des faits, commis en 1997, déjà accompagnés d'actes de barbarie et de cannibalisme. L'homme avait été jugé responsables de ses actes. Il est arrivé à Saint Maur en septembre 2001, après un séjour au centre national d'orientation de Fresnes (Val de Marne), qui est chargé de répartir les condamnés à de longues peines entre les établissements en fonction de leur personnalité. Il bénéficiait à Saint Maur d'un suivi psychiatrique. Cependant, il semble qu'il avait récemment interrompu son traitement. Dimanche, aucun signe avant-coureur n'avait été enregistré avant son passage à l'acte. L'homme aurait même joué aux cartes avec sa victime, sans incident. Les meurtres en prison sont rarissimes. "Dans le cas de tels détenus, il n'est pas certain qu'un établissement pénitentiaire soit bien adapté. Et nous savons que la psychiatrie en prison souffre d'un manque de moyens encore plus crucial qu'à l'extérieur", souligne Remi Carrier, secrétaire général adjoint du Syndicat national pénitentiaire FO. Dans un communiqué, cette organisation parle "d'incident majeur" et "alerte le ministère de la justice sur la gestion des détenus longue peine".¨Pour sa part, l'UFAP compte "interpeller très sérieusement le ministre de la justice", Dominique Perben, sur "la question de fond posée par les détenus au profil psychiatrique lourd". Inquiets, détenus et surveillants constatent que "les prisons sont devenus des asiles de fous". Nathalie Guibert, Le Monde, 9.7.2004, http://www.lemonde.fr/web/recherche_resumedoc/1,13-0,37-860742,0.html?message=redirection_article
Le nombre des violences
policières
"Depuis 19 mois, il n'y a pas eu une seule bavure", s'était avancé un peu vite le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, dans l'émission "100 minutes pour convaincre", le 20 novembre, sur France 2. Pourtant, l'année 2003 a été la sixième année consécutive de hausse des violences policières. Le total des saisines s'élève à 611, contre 560 en 2002 et 517 en 2001. Dix cas de blessures mortelles ont été enregistrés, contre 7 en 2002. Le nombre de blessures ayant entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) de plus de 8 jours est stable (87, contre 82 en 2002). En revanche, les cas de violences et blessures légères, avec des ITT de moins de 8 jours ou sans ITT, ont fortement augmenté, passant de 471 en 2002 à 514 l'an passé. L'institution policière et les associations dans les quartiers difficiles ont, sans surprise, une lecture radicalement différente de cette évolution. Pour ces dernières, elle est une conséquence du traitement strictement répressif de la délinquance par le gouvernement ; pour la première, les violences illégitimes constituent des dommages collatéraux dans la reconquête des "zones de non-droit" mais ne portent en rien atteinte à la vertu policière. (...) La police a payé "un lourd tribut", selon M. Sarkozy, à la lutte contre la délinquance. En 2003, 3 754 policiers ont été blessés et 9 autres sont morts. Piotr Smolar, Le Monde, 28.1.2004,
Surpopulation carcérale en France
C'est au-delà du pire. Plus accablant encore que tout ce qui a pu être dit et écrit sur les prisons françaises : «En France, les conditions de détention s'apparentent parfois à des traitements inhumains et dégradants», affirment dans leur rapport les experts du Comité européen de prévention de la torture (1) après une visite d'une semaine, au mois de juin, dans deux maisons d'arrêt et une centrale de haute sécurité. La visite de cette institution, émanation du Conseil de l'Europe, ne devait rien au hasard. Au contraire. Elle se trouvait «exigée par les circonstances», explique le CPT, en raison de «l'augmentation récente et alarmante du surpeuplement des maisons d'arrêt ainsi que du nombre de suicides». Le diagnostic alarmant du CPT rejoint celui dressé depuis des mois par les syndicats pénitentiaires, les organisations de défense des détenus et des droits de l'homme. A Loos, près de Lille, le CPT a décompté 1 103 détenus (dont 25 mineurs) dans 461 places, soit un taux d'occupation de 239 %. A Toulon, il a constaté la présence de 348 prisonniers pour 145 places 240 % d'occupation. Les conséquences de cette inflation carcérale sont «critiques» : à Loos, «les détenus vivent confinés à trois dans des cellules de 9 m2, ou au quartier des femmes, à quatre voire à cinq dans 12 m2». Les locaux sont «vétustes, mal entretenus et pour certains, dont le cabinet dentaire, insalubres». Dans les coursives, «des containers débordant d'immondices malodorantes étaient laissés plusieurs heures à l'entrée des sections par là même où étaient acheminés les chariots repas».. Promiscuité. Même chose à Toulon, où les détenus dorment sur des matelas posés à même le sol, où les cellules sont «délabrées et mal entretenues» mais où, au moins, un effort d'entretien maintient les parties communes «en état de propreté convenable». Bien sûr, étant donné le ratio surveillants/détenus, il est très difficile, pour ne pas dire impossible, de prendre des douches, qui doivent être accompagnées. Quant aux parloirs, ils sont écourtés et parfois supprimés. Sans parler de la «pauvreté» des programmes d'ateliers ou de travail qui relèguent l'immense majorité des prisonniers dans l'oisiveté totale. «Unanimes», les détenus et les surveillants ont raconté au CPT ce qu'entraînait cette promiscuité forcée : «la tension croissante dans les relations» tant entre détenus et surveillants qu'entre codétenus. Et la délégation a «de visu» observé «la mission quasi impossible pour les surveillant(e)s de devoir assumer seul(e)s la prise en charge de plus d'une centaine de détenus». En résumé, il s'agit là de conditions «intolérables». A Clairvaux, centrale où sont purgées les longues peines, pas de surpeuplement. Le problème est ailleurs : dans le système sécuritaire renforcé au printemps 2003, sur ordre du garde de Sceaux, par la fermeture des portes des cellules dans la journée. Du coup, impossible aux détenus de se rencontrer et d'avoir accès aux salles communes de télévision. Pourtant, dès 2000, le CPT avait souligné devant les autorités françaises «la nécessité d'offrir aux détenus purgeant de longues peines des régimes compensant de manière positive et proactive les effets désocialisants de la réclusion de longue durée (...). Pour stimuler leur sens d'autonomie et de responsabilité personnelle». En pure perte. Comment en est-on arrivé là en si peu de temps ? En 2000, comme le rappelle Patrick Marest, de l'Observatoire international des prisons, les élus de tous bords qualifiaient pourtant «d'humiliation pour la République» l'état des prisons. Tous s'accordaient pour les dépeupler et adoptaient la loi sur la présomption d'innocence ; la droite jugeant même qu'elle n'allait pas assez loin. Mais depuis deux ans, l'inflation carcérale a été sans précédent en France. Et sur le sujet, le CPT met directement en cause la politique du gouvernement Raffarin : «A la différence des responsables politiques qui soutiennent que l'augmentation de la population carcérale s'explique par l'aggravation de la délinquance (...), les hauts responsables de l'administration pénitentiaire et les interlocuteurs rencontrés» ont assuré que c'était le résultat d'une «politique pénale répressive», «de la tolérance zéro, de la sévérité accrue des parquets, de l'adoption d'un arsenal législatif répressif». Le tout conduisant à «ce taux d'incarcération galopant». (...) (1) Institution du Conseil de l'Europe dont les 35 membres (magistrats, juristes, psys, etc.) contrôlent les lieux où des personnes sont privées de liberté (prisons, centres de rétention, centres pour mineurs...). «Traitements inhumains» dans les prisons
françaises :
Population carcérale en France
Au premier février 1999, 51 206 personnes étaient incarcérées en métropole. Il s'agit d'une population essentiellement masculine, 49 189 hommes pour 2 017 femmes, soit moins de 4 %. Les maisons d'arrêt reçoivent les prévenus (détenus en attente de jugement ou dont la condamnation n'est pas définitive), et les condamnés dont le reliquat de peine est inférieur à un an. Les centres de détention accueillent les condamnés présentant les perspectives de réinsertion les meilleures. Enfin, les condamnés à une longue peine sont détenus dans les maisons centrales. Les centres de semi-liberté autonomes permettent aux condamnés d'exercer une activité professionnelle." Enquête sur l'histoire familiale d'un
échantillon de détenus,
Origine sociale des détenus en France
Un quart des détenus a quitté l'école avant d'avoir 16 ans, trois quarts avant 18 ans. Les indicateurs socio-démographiques (profession, âge de fin d'études) indiquent une sur-représentation des catégories sociales les plus démunies en prison. La probabilité d'être incarcéré diminue très nettement avec la longueur des études poursuivies : elle est dix fois plus faible pour les hommes ayant terminé leurs études après 25 ans que pour ceux qui les ont interrompues avant 18 ans. Parmi les hommes incarcérés de moins de trente ans, la moitié a fini ses études avant 18 ans, soit trois ans plus tôt que pour la population générale. Source secondaire : Observatoire des inégalités. Source primaire :
Enquête sur
l'histoire familiale d'un échantillon de détenus,
Mineurs en prison en France
(...) 800 mineurs actuellement détenus dans les prisons françaises. Libération, p. 17, 22.12.2003.
Conditions de détention en France
Aujourd'hui, la priorité à laquelle la majorité des détenus se trouve soumise n'est pas d'exercer des droits mais d'assurer leur survie. Frappant désormais tous les types d'établissements pénitentiaires, la surpopulation, touchant trois détenus sur quatre, rend dérisoires l'ensemble des projets et des actions qui n'ont pas d'effet immédiat sur la vie quotidienne. (...) Pour ces personnes, chaque nouveau jour annonce une lutte vouée à l'échec contre le bruit, la saleté, les mauvaises odeurs, l'étouffement et, par voie de conséquence, la haine des autres et de soi. En 2002, 122 personnes se sont tuées en prison et, en 2003, le chiffre était déjà de 73 au 31 juillet. (...) Dans un pareil contexte, n'importe quelle politique de protection des droits et de retour à la vie normale ne pourrait qu'échouer. Les règles édictées par la loi dans ces deux domaines ont donc été contournées, délaissées et, dans certains cas, purement et simplement supprimées. Extrait de la préface de Thierry Lévy
Les
conditions de détention en France. Rapport 2003.
Procédures lourdes et discriminatoires Les prisons françaises,
Cent quatre-vingt-sept prisons en France, cent quatre-vingt-sept règlements différents. Ou absences de règlement. Les détenus le savent bien, qui lors d’une affectation ou d’un transfert prient pour ne pas tomber dans la mare au diable. Tous l’affirment : la vie quotidienne d’un établissement pénitentiaire reflète avant tout la personnalité de son directeur. Autant dire qu’une fois jugé, s’il est condamné à l’écrou, un prévenu, encadré par la gendarmerie, quitte en même temps que le prétoire la sphère du droit pour pénétrer dans celle de l’arbitraire administratif. (...) Dans la plupart des établissements pénitentiaires, où la seule règle qui demeure est de surveiller et punir, c’est le dernier des soucis. Débarrasser, peu importe comment finalement, la société de ses « déchets » ? Dans ce cas, c’est gagné. « Au total, la commission d’enquête a pu constater que les conditions de détention dans les maisons d’arrêt étaient souvent indignes d’un pays qui se targue de donner des leçons à l’extérieur dans le domaine des droits de l’homme et qui a été condamné à plusieurs reprises par les instances européennes, justement sourcilleuses en ce domaine. » Là encore, et pourtant peu suspect d’idées progressistes, c’est le Sénat qui parle (10). Il y a vingt ans, la peine de mort a été abolie en France. Pas le suicide.
EDGAR ROSKIS, journaliste, Le Monde Diplomatique, juillet 2001, pp. 16-17 (10) Prisons : une humiliation
française pour la République,
rapport
n° 449, 1999-2000, Voir aussi www.senat.fr
Organisation de la justice en France http://www.justice.gouv.fr/justorg/justorg.htm
Carnets de justice > Chronique de Dominique Simonnot dans Libération ****
E n criant, le très jeune procureur réclame deux ans ferme contre un dealer de crack : «Nous en avons assez de cette mort que vous vendez !» Pendant la plaidoirie, le président examine les dossiers suivants. Le dealer prend deux ans et les policiers font lever Adrian, Juliana et Iliona, des Roumains, qui auraient écumé des parfumeries avec des cartes bancaires volées. «Vous faites quoi de ces parfums ?», demande le président à Iliona, 22 ans : «Je les envoie à mes soeurs en Roumanie.» Le président s'esclaffe : «Eh ben ! Elles sont parfumées pour le reste de leurs jours. Et que donniez-vous en échange de ces cartes bancaires volées ?» «De l'argent, mais je ne sais plus combien.» «Naturellement vous ne savez pas à qui !», poursuit le juge. Il passe à Juliana, 30 ans, déjà condamnée. «Et vous, pourquoi êtes-vous encore là, malgré une interdiction du territoire ? Et puis vous conduisiez la voiture, vous voyiez votre amie entrer dans six magasins, ressortir avec des sacs remplis et vous dites ignorer ce qu'elle faisait ?» Juliana dit être restée dans la voiture. «Bien sûr, ironise le juge, vous savez qu'elle est très riche, donc vous ne vous étonnez pas et vous rangez les sacs dans le coffre...» Iliona intervient : «Elle ne savait rien !» Le président sourit : «Devant les policiers et le procureur, vous avez toujours dit qu'elle savait. Seulement c'est plus difficile, là, devant elle !» Iliona baisse les yeux. Pour Adrian, le juge remarque : «Contre lui, la procédure ne tient pas.» Mais le procureur réclame six mois ferme pour tous : «Tout est faux chez ces trois-là !» L'avocat bondit : «C'est quoi, ce petit jeu ? On écarte d'un trait ce qui innocente ? On met tout le monde à égalité ! Ce garçon n'a pas de casier et, contre lui, aucune preuve ! Elle, Juliana, n'est pas entrée dans les magasins, et si elle a été condamnée, vous avez au dossier une fiche expliquant que son identité avait été usurpée.» Le président l'interrompt : «Maître, vous ne pouvez pas dire n'importe quoi !» Et l'avocat proteste : «Monsieur le président, la défense est libre.» Le juge montre le ciel noir : «Libre à vous de dire qu'il fait jour...» L'avocat enrage : «Vous jugerez après, je crois que ça se passe comme ça devant un tribunal...» Le président hausse les sourcils : «Le tribunal souhaite que les arguments de la défense soient solides et non qu'on ait la preuve au dossier qu'il s'agit de contre-vérités.» L'avocat s'époumone: «J'en rendrai compte au bâtonnier !» Il se tourne vers un confrère : «Appelle l'Ordre, je te prie !» «Maître, ordonne le président, allez manifester vos humeurs dehors !» L'avocat tourne les talons. Relaxe pour Adrian. Six mois dont quatre avec sursis pour Iliona. Six mois pour Juliana qui souffle: «Six mois !»Et voilà Giovanni, un Italien, l'air bien embêté. Gare du Nord, à son retour d'Amsterdam, les douaniers ont trouvé 260 grammes de cocaïne dans chacune de ses chaussures. «Vous lui dites, demande le président à l'interprète, que s'il choisit d'être jugé plus tard pour préparer sa défense, il risque d'aller en prison de suite.» Giovanni choisit d'être jugé tout de suite. «J'étais à Amsterdam pour deux jours de vacances, raconte-t-il. Dans un bar, j'ai rencontré un homme qui m'a hébergé, il m'a donné ces chaussures que je devais remettre à quelqu'un à Paris, mais j'ignorais ce qu'il y avait dedans...» Le président résume : «Vous ne connaissez, bien sûr, ni le nom ni l'adresse de cet homme qui vous prie de mettre des chaussures, dont je lis que vous les trouviez très inconfortables, et je vois aussi qu'en échange de ce service, il vous a passé de l'argent...» Le procureur réclame trois ans ferme. L'avocat est gêné : «Ma position est inconfortable car mon client m'a donné une autre version que je ne peux vous livrer, étant lié par le secret ! Mais je peux vous dire qu'il préfère aller en prison, car s'il parle, il signe son arrêt de mort. Ne nous leurrons pas, il n'est que le maillon d'une chaîne.» Nul ne s'étonne qu'une telle affaire n'ait pas été envoyée devant un juge d'instruction. Et Giovanni part dix-huit mois en prison. "Maître, vous ne pouvez pas dire n'importe quoi", Page société de Libération :
Discours de Badinter à
l'Assemblée nationale Abolition de la peine de mort
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"Monsieur le président, mesdames, messieurs les députés, j'ai l'honneur au nom du Gouvernement de la République, de demander à l'Assemblée nationale l'abolition de la peine de mort en France."
http://www.peinedemort.org/National/France/an-Badinter.php http://www.ac-reims.fr/datice/hist-geo/textes/national/Abolitionpeinemort.htm http://www.peinedemort.com/robert_badinter.php http://www.ladocfrancaise.gouv.fr/dossier_actualite/abolition_peine/questions.shtml
Guerre de 1914-1918 > Fusillés pour l'exemple
http://www.france5.fr/reperes/006062/10/99821.cfm
Victor Hugo > Contre la peine de mort
http://expositions.bnf.fr/hugo/arret/peine.htm http://expositions.bnf.fr/hugo/pedago/dossiers/mort/pistes/proces.htm http://expositions.bnf.fr/hugo/pedago/dossiers/mort/pistes/proces.htm
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